Jackyl a écrit :
Les groupes "faits pour vendre" sont une grosse minorité, mais ils font le maximum de bruit. Vive le bastonnage médiatique! On mentionne les majors sans parler des labels indépendants qui font la plupart du temps un boulot remarquable pour produire de nouveaux talents. Pour une "Star'Ac" (qui est simplement un mix entre le phénomène Karaoké qui a cartonné il y a quelques années et la surmédiatisation de parfaits inconnus de type Loft Story - ils font du fric avec ils seraient cons de s'en priver, surtout avec la manne de moutons prêts à suivre derrière et acheter leurs disques), tu as 100 groupes qui tous les jours frappent à la porte de radios périphériques ou de la bande FM en tentant leur chance avec un produit (un disque un vrai) et se font jeter la plupart du temps... D'abord ce sont les radios de type NRJ, FUN ou autres M6/AZ qui font la pluie et le beau temps et non les majors comme tout le monde semble le croire. Ils se contentent de bastonner une 50aine de titres toutes les semaines, sans aucun critère artistique mais simplement ce qu'ils estiment être le plus apte à s'arracher dans les bacs des grandes surfaces (on crée des tubes, on est forc"ment la meilleure radio... 2 briques la seconde de pub qui veut ? vite ca passe à 3 dans 1 semaine!), et les majors suivent. Si demain un gars te dis qu'il t'achète 20 tonnes de pommes cash, tu ne lui proposera pas des fraises.
Dire que tu peux vivre de concerts lorsque tu n'est absolument pas dans le circuit commercial du disque est une héresie. Concerts = Management = Retour de fond... et rien ne génère plus de fonds que l'industrie du disque et la production. Les concerts ne rapportent que des retombées publicitaires comparé aux revenus que génèrent les droits SACEM/SDRM, EDITION!!, Diffusion radio/TV ou autres droits voisins, et sont un vivier de problèmes en tout genre (heh je te souhaites d'être régisseur un jour). Tout çà pour dire que si tu tombes sur de "vrais" artistes (!) qui ne vivent que de concerts:
1) soit ils sont intermittents du spectacle et leurs concerts leurs génèrent des revenus assedic indirectement avec leurs déclarations de dates...(A ce sujet on verra la gueule de la culture en France d'ici deux ans avec leur texte scélerat du 26 juin)... 2) soit ce sont des artistes supers riches capables de prendre des risques en investissant dans la régie de concerts qu'ils ne sont pas surs de remplir à 100% (heh, ils ne font pas de disques non ? ils sont donc dans le plus complet anonymats ou ont plein de potes dans toutes les villes de France)
3) soit tu ne connais pas bien le circuit. Faire des concerts dans les bars de province, ok.. mais de là à en vivre... hum... propose à ces artistes une production une vraie demain matin, on verra ce qu'ils te répondront. Tu ne vis pas du "disque" mais le disque te fais trés certainement vivre, ne serait-ce que par les droits d'auteurs qu'il est en mesure de génerer, incomparable avec le maigre cachets des concerts, à moins d'en faire 300 par ans ou de s'appeler Johnny. Mais dans ce cas tu sera vite signé pour 3 albums t'inquiètes, et tu ne sombreras pas forcément dans la médiocrité si tu commence à vendre, et surtout si tu est tellement bercé d'illusions que tu penses pouvoir retourner la tendance blaireautisante française qui consiste à aduler ce qui est entendu 50 fois par heure à la radio et vu 100 fois à la TV, avec des oeuvres vendables en masse d'une qualité artistique incomparable.
Pour ce qui est de la différence entre enregistrer une cassette d'un morceau à la radio et copier un album en P2P ca n'a rien à voir. Les radios payent une redevance à la SACEM pour les morceaux diffusés. Ca ajouté à la taxe sur les cassettes vierges , le système n'etait pas vraiment en péril il y a quelques années. Si le type aimait le morceau diffusé, il courait acheter l'album, avec une qualité audio bien meilleure, et repayait des droits sur l'oeuvre (droits de reproduction mécanique inclus dans le prix du disque). Tout le monde s'y retrouvait, le producteur s'engraissait et mettait des billes dans des projets plus risqués, avec des artistes excellents.
Aujourd'hui c'est tout bonnement l'abnégation de l'étape "achat" qui met en péril tout le système. Que ce soit la Star'Ac ou le dernier BAC+10 qui fait un album de musique intello-grégorienne et voient leurs albums diffusés en toute illégalité sur le net, c'est une manne de droits d'auteurs qui part en fumée, une manne que les majors autant que les editeurs, labels et artistes en bout de chaîne (sans parler des intervenants) vont devoir se passer. Résultat = on produit plus de commercial, moins de qualité, en espérant que d'ici 10 ans il n'y aura pas encore assez d'ordinateurs en france et de P2P sur les réseaux pour continuer à vivre grassement de la production musicale. Les producteurs ne vont plus comme avant prendre de risques sur un album de qualité qui aurait pu faire 20,000 exemplaires il y a quelques années pour 5000 aujourd'hui et 1 million de copies illicites sur le net. "Merci monsieur mais l'époque ne nous permet pas de prendre le risque d'investir sur vous. Au revoir". Effectivement on vivra mieux de concerts dans les bars que de production de disques de qualité c'est clair! Continuez le P2P les mecs!.. Quand l'industrie du disque sera devenue un no-man's land, vous n'aurez qu'à apprendre à jouer de la gratte et faire vos albums vous-mêmes.
PS: moi aussi je prétend connaître trés bien ce milieu, en toute modestie, puisque j'en vis directement (pas pour longtemps visiblement).
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