CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape Jean Paul II a passé une nuit tranquille à l'hôpital Gemelli de Rome où il a été conduit en urgence mardi soir pour des troubles respiratoires.
Le souverain pontife, qui est âgé de 84 ans, souffrait auparavant d'une grippe qui, apparemment, s'est soudainement aggravée, justifiant sa première hospitalisation depuis huit ans.
Le pape, déjà affaibli par la maladie de Parkinson, a été conduit en ambulance à l'hôpital, mais le Vatican a dit mardi soir que son état n'avait pas justifié son placement dans une unité de soins intensifs.
Depuis son élection au Saint-Siège, il y a 26 ans, Jean Paul II a été soigné à au moins six reprises à Gemelli, où il dispose d'une suite privée, au 10e étage de l'établissement, en banlieue de Rome.
Cette première hospitalisation de Jean Paul II depuis huit ans relance les spéculations sur la possible fin prochaine d'un pontificat qui s'annonce déjà comme l'un des plus longs et des plus marquants sur le plan historique.
Mais des responsables du Vatican se sont voulus rassurants mercredi, assurant que l'état de santé du pape n'était pas alarmant.
"Le pape s'est bien reposé. Restons mesurés", a déclaré un prêtre du Vatican, qui a souhaité rester anonyme.
Les médecins qui le soignent devaient initialement publier un bulletin de santé sur l'état du pape à 09h00 (08h00 GMT), mais le personnel de l'hôpital Gemelli a fait savoir qu'il ne ferait aucune déclaration.
"Nous n'avons rien à dire sur l'état de santé du pape et nulle part où le dire", a déclaré le porte-parole de l'hôpital, Nicola Cerbino.
Le Vatican a annoncé pour sa part qu'il préparait un communiqué, sans préciser quand il serait rendu public.
SPECULATIONS
Le Saint-Siège avait déclaré mardi soir que le pape souffrait d'un laryngospasme aigu, autrement dit d'une fermeture du larynx, qui contrôle le passage de l'air dans les poumons.
Selon des experts médicaux un laryngospasme aigu est très rarement fatal, mais l'âge et la mauvaise santé du pape rendent sa situation plus délicate.
Depuis qu'il a commencé à souffrir de la maladie de Parkinson, il y a une dizaine d'années, Jean Paul II a eu de temps à autres des difficultés à respirer. La maladie de Parkinson peut affecter l'activité musculaire de la poitrine et la grippe a apparemment compliqué son état.
A l'annonce de l'hospitalisation du pape, quelque fidèles ont bravé le froid pour se réunir devant les grilles de l'hôpital Gemelli dans la nuit de mardi à mercredi.
La première hospitalisation de Jean Paul II à Gemelli, considéré comme l'un des meilleurs établissements médicaux d'Italie, remonte au 13 mai 1981, lorsque le Turc Mehmet Ali Agça a tiré sur lui sur la place Saint-Pierre.
Les médecins ont pu le sauver au terme d'une opération qui a duré cinq heures, mais le pape a dû retourner à l'hôpital la même année en raison d'une infection qui lui avait été transmise par une transfusion sanguine.
En 1992, Karol Wojtyla a été opéré d'une tumeur intestinale. Les médecins ont précisé qu'elle avait la taille d'une orange et qu'elle commençait à devenir cancéreuse.
Le pape est retourné à l'hôpital deux ans plus tard après avoir glissé dans sa salle de bain et s'être cassé le fémur droit. Après cet accident, il n'a plus jamais remarché normalement.
En 1996, Jean Paul II a été opéré de l'appendicite.
Mis àjour
Le pape pourrait subir une trachéotomie
LEMONDE.FR | 24.02.05 | 12h48 MIS A JOUR LE 24.02.05 | 20h00
Jean Paul II, 84 ans, a été hospitalisé, jeudi, "à la suite d'une rechute mercredi de la grippe", selon le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
Les médecins traitant le pape Jean Paul II à l'hôpital Gemelli examinaient jeudi soir 24 février la possibilité de pratiquer une trachéotomie pour aider le pape à respirer, selon l'agence ANSA qui cite des sources médicales de l'hôpital romain.
Un journaliste de la télévision publique italienne RAI avait indiqué également dans la soirée que le pape aurait été placé sous assistance respiratoire avec un masque à oxygène et qu'une trachéotomie n'était pas exclue.
"Un trachéotomie comporte de sérieux risques d'infection. On ouvre un trou dans la gorge mais on élimine de cette manière un filtre naturel", a averti le professeur Giovanni d'Urso, spécialiste des maladies respiratoires, interrogé par la troisième chaîne de la RAI.
Le pape a été hospitalisé d'urgence jeudi en fin de matinée à la suite d'une rechute de ses problèmes respiratoires à l'origine de sa première hospitalisation au début du mois. "Dans l'après-midi d'hier, le Saint Père a subi une rechute du syndrome de la grippe dont il a été victime ces dernières semaines. Pour cette raison il a été hospitalisé ce matin à l'hôpital Gemelli, pour recevoir une assistance spécialisée et subir des examens", a déclaré le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
Le pape est arrivé conscient vers 10 heures 30 à l'hôpital, où il dispose d'une appartement privé au dixième étage, transporté sur un brancard mais pas complètement allongé, selon l'agence. Il y est arrivé à bord de la même ambulance sans signe distinctif qui l'avait transporté au début du mois et qui l'accompagne dans tous ses déplacements. "Qui l'a vu dit que le pape avait le visage plutôt détendu", écrit également ANSA. Selon la chaîne de télévision Sky TG24, un premier bulletin de santé est attendu pour vendredi.
ALTÉRATION DE LA FONCTION PULMONAIRE
Le souverain pontife avait été hospitalisé une première fois le 1er février en raison de graves problèmes respiratoires causés par une mauvaise grippe. Il est resté à l'hôpital Gemelli pendant dix jours. A l'origine des problèmes de santé de Jean Paul II, une grippe qui s'est compliquée d'une laryngo-trachéite aiguë (inflammation) et de "crises de spasmes du larynx", gênant la respiration.
Selon des sources médicales, le souverain pontife a dû être intubé lors de cette première hospitalisation afin de pouvoir respirer.
L'altération de la fonction pulmonaire et des muscles respiratoires est fréquente chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, comme Jean Paul II. De nombreux médecins ont prévenu dès sa première hospitalisation qu'un risque de rechute existait.
Le souverain pontife n'est pas à l'abri "d'une rechute analogue dans l'avenir", avait affirmé il y a quinze jours le professeur Corrado Manni, médecin anesthésiste du pape lors de six interventions chirurgicales subies dans le passé. "La maladie de Parkinson ne se soigne pas, au maximum on peut la ralentir. Et cela comporte une série de risques, parmi lesquels ceux que nous avons connus ces jours-ci", avait-il ajouté.
Plusieurs médecins s'étaient également élevés contre la présence du pape, lors de diverses cérémonies religieuses, devant une fenêtre ouverte, alors que l'Italie a traversé une période de grand froid ces dernières semaines. Il a ainsi donné une fois sa bénédiction depuis la fenêtre de sa chambre d'hôpital, puis depuis le Vatican a plusieurs reprises.
Son entourage avait pourtant allégé le programme du souverain pontife après sa sortie d'hôpital pour lui faciliter la convalescence, annulant plusieurs rendez-vous de son agenda.
Le pape a ainsi renoncé mercredi à l'audience générale et s'est adressé par liaison vidéo aux fidèles venus au Vatican. Les images montraient Jean Paul II parlant d'une voix rauque mais surtout cherchant avec difficulté son souffle.
Pour la première fois, Jean Paul II n'a pas présidé, jeudi matin, un consistoire qu'il avait convoqué au Vatican pour demander l'avis des cardinaux sur la canonisation de cinq bienheureux. Le pape avait délégué le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano afin de présider le consistoire en son nom. Au cours de la cérémonie, les cardinaux ont prié pour la santé du souverain pontife.
Après l'annonce de l'hospitalisation du pape, l'hôpital Gemelli a immédiatement renforcé les mesures de sécurité avec l'arrivée de policiers et de carabiniers et a improvisé une salle de presse à l'entrée principale du bâtiment.
Avec AFP et Reuters
Message édité par crvt le 04-04-2005 à 15:28:37