Avertissement : Cet antiponcif est de pur bon sens, pas de chiffres et pas vraiment de sources, mais ça peut éventuellement se faire avec plus de temps et ça se fera (toujours une question de temps). En contrepartie il est illustré
Il y a 2 parties, la 1ere traite du mythe de la société individualiste, et montre que c'est un idéal absurde. Ensuite on parle de la question des choix de société en terme de répartition ou de concentration des richesses, c'est à mon avis le seul grand choix politique à faire, si on en est pas conscient on mélange tout et on sombre dans la poncivité chronique.
**Même si je pense que ce petit essai est exempt de poncivité, on ne sait jamais, s'il s'en était glissé j'aimerais bien être tenu informé
1° Déponcification de l'individualisme
Pour que naisse une société il faut qu'une grande force unisse un ensemble d'individus, ce lien est pour ainsi dire dans les gènes de toute société. Pour former société, il faut donc non seulement se côtoyer physiquement, mais aussi travailler ensemble à ce qui grosso-modo assure la survie de l'entité sociale prise comme telle.
Exemples :
Où se côtoie-t'on mais où on ne forme pas société ?
Voir le cas des touristes qui débarquent dans les pays pauvres, ou celui du travailleur blanc de la grande multinationale en mission dans une république bananière. Les exemples plus quotidiens sont à tirer de la société à 2 vitesses, le grand rêve des bourgeois, où la société bourgeoise côtoient la masse domestique mais sans aucun mélange.
Où a-t'on un exemple montrant la société comme groupe d'individu lié en une entité supérieure dont chacun place la survie à un plus haut degré que la vie individuelle ?
Il suffit de voir que les pays ont tous une armée. La vie humaine peut bien aller jusqu'à être sacrifiée pour la survie de la société.
Une société individualiste n'est donc fondamentalement qu'un poncif de plus. Mais entre les mains du monde médiatico-politique ce vulgaire poncif peut devenir un instrument de pouvoir remarquable...
Le dogme individualiste s'avère très efficace en perfusion au sein d'une démocratie dans le but de diminuer l'aptitude de ses citoyens à former des groupes contestant l'ordre établi, ou réorientant efficacement la société. C'est qu'en démocratie on ne gagne pas contre une opinion publique soudée, mais on peut toujours la dessouder !
Pour faire court : un individualiste ne fait pas la grève. On comprend donc que la com' sarkozyste (calquée sur celle de Bush avant elle) se soit fait une spécialité de nous resservir à toutes les sauces le mythe très diviseur du bon et du mauvais français, du bon travailleur et du vilain chômeur, de la bonne protestation du privé contre les accablants privilèges de la fonction publique etc.. (les fidèles de TF1 13h auront une source inépuisable de poncifs du même acabit).
Et ces fables qui sèment la discorde ne reposent au fonds que sur un seul socle : celui d'un individualisme primaire et si possible haineux, entraînant le plus grand nombre dans l'antisocialité qui lui fait perdre la capacité à entrer en synergie pour réaliser les choix sociaux quotidiens que la démocratie autorise. Autorise en théorie, sauf quand plus personne n'a plus vraiment envie de vivre avec son voisin, comme c'est la tendance en ce moment.
Évidemment cet affaiblissement de l'expression démocratique est un crime qui profite à la droite, on voit la scène se dérouler sous nos yeux, mais tous ceux qui sont du pouvoir, même à gauche, profitent de la vague, car il est quand même tentant de sentir qu'une fois au pouvoir il n'y a plus de comptes à rendre et personne pour vous en déloger. Il n'y a plus qu'à se voter de bonnes grosses augmentations de salaire et faire le clown sur sa chaîne préférée. La prolifération tranquille de cette nouvelle politic-attitude frôlant le scandale permanent dans l'impuissance généralisée, est le seul bienfait de l'individualisme. Et comme de très logique, ce n'est pas un bienfait pour la société mais pour un petit nombre.
2° Expression du choix de société en termes non poncifs
Cet ajout est de dernière minute même si j'en ai fait le titre du coup, car je voulais préciser autre chose, et l'exprimer dans des termes frappés du minimum de poncivité possible conformément à l'esprit du topic, enfin j'espère .
Il n'est pas facile de se représenter simplement quel choix de société on a fait en mettant sarko au pouvoir en France. Ce n'est pas simple parce qu'on est pas habitué à s'inquiéter de la marche de la société dans ce pays, ça a tendance à tourner tout seul, et il y a tellement d'institutions qu'il faut avoir fait au moins sciences-po pour dire qui fait quoi et de quel droit au juste. Bon je pense que c'est évident que Sarko a rompu avec la tradition française, qui est celle d'une société de répartition, et qu'il s'aligne sur le modèle de la société de concentration.
Mais j'ai une petite animation là pour montrer d'un coup de quoi il s'agit Le dessin ne suffira peut-être pas alors je vais quand même faire un tout petit peu théorique en dessous. Mais très simple, pas de quoi s'affoler.
Explication littérale :
Du point de vue économique, dans son évolution quotidienne l'activité de la société se traduit essentiellement par des transferts de richesses.
Essentiellement il y a 2 phénomènes concurrents importants qui déterminent la vie économique du pays, la concentration des richesses ou la répartition des richesses.
Le communisme (à part les problèmes du pouvoir totalitaire que Staline a abusivement institué comme norme et déjà cité par DocMaboul un peu avant) le communisme donc, poussait le curseur de la répartition des richesses à fond.
De façon volontairement simplifiée, disons qu'en permanence les richesses ne pouvaient se concentrer sur un individu mais qu'elles se distribuait instantanément dans l'ensemble de la société. En principe c'est plutôt juste, puisque la société n'a pas vocation à l'individualisme, et qu'il est compréhensible de rémunérer la société pour les conditions de vie qu'elle offre, surtout quand tous les services publics sont gratuits. Le problème est d'ordre psychologique, les humains sont restés un peu primaires et aiment croire en l'enrichissement personnel. Du coup la production altruiste sur le mode coco a pu se traduire par un zèle plus que modéré de la main-d'oeuvre. Enfin si la chose a été vraie dans les usines en URSS elle était fausse en sciences par contre (la science fondamentale en URSS était de très haut niveau), à ceci près que la science a une tendance naturelle à se détacher de l'économie, c'est même recommandé! Bon.
A côté de cela , il y a le capitalisme états-unien qui, lui, pousse le curseur de la concentration des richesses à fond. 5% de la population avec 95% des richesses du pays, ce slogan parle de lui-même. Mais ce qui a rendu ça possible aux États-Unis est une particularité historique de ce pays. Les États-Unis actuels sont un territoire colonisé sauvagement où on a longtemps pu s'approprier les richesses du simple fait de savoir planter une clôture et d'avoir un bon fusil pour la défendre. Ensuite, les colons étaient des exilés plutôt protestants et le culte protestant autorise une doctrine spéciale en disant que « si tu es pauvre c'est de ta faute » : de quoi décourager les élans de répartissions des richesses puisque les pauvres ne méritent même pas moralement la compassion, ils sont fautifs.
Bref, la société concentrationniste est fondamentalement inégalitaire mais à l'opposé du régime communiste de l'Est, aux États-Unis la psychologie est boostée. Les gens se gargarisent de rêve américain et ça roule. La contrepartie psychologique de l'individualisme sauvage, compréhensible historiquement aux États-Unis et dangereuse pour toute société normalement constituée, devait s'avérer redoutablement puissante. On en subit les effets quotidiennement. Qui a dit qu'il fallait sous-estimer une croyance?
Enfin entre les 2, il y a un équilibre. Le modèle français a longtemps été celui de cet équilibre savant entre redistribution des richesses et concentration possible mais avec un impôt proportionnel. Avant en France on disait encore : soyez aussi riche que Crésus, soit, ce qui veut dire que le système français tournera pour vous, que vous serez catapulté élite du pays, et que l'énergie de la société convergera fortement pour votre plus grand bien, et on vous le reconnaît, mais en revanche : contribuez à la pérennité de ce pays par un impôt juste, indexé sur le revenu, impôt qui soit dit en passant, est l'impôt le plus équitable qui ait jamais été inventé.
Comprendre la société française qu'on avait alors, c'est prendre conscience qu'une société forme un tout. Quel que soit le génie financier d'un individu isolé (bien que le plus souvent ce soit une question d'héritage et non de génie), il ne parviendra à accumuler de biens que si la société tout entière le lui permet. C'est aussi cette société qui lui assure la sécurité et des débouchés. C'est pour cela qu'en général, riches ou pauvres aimaient la France. Et faire ses études gratuitement en France et aller travailler pour les États-Unis est une nouveauté qui doit sa généralisation au dogme individualiste grandissant. En Inde (sources : Capital sur M6) des diplômés très doués (comme ce pays en fabrique à la pelle), reviennent au pays sur simple appel, dès que ce pays a un projet intéressant à proposer, et ce avec un sacrifice de salaire conséquent.
Pourtant aujourd'hui Sarko va jusqu'à défendre que la génétique justifie la concentration des richesses dans les quelques poches qui le méritent, ce qui n'est rien sinon une adaptation de la morale protestante états-unienne.
Bref, et tout ça pour répondre à la question : quelle choix de société avons-nous fait en votant sarko ?
eh bien, non pas le sauvetage de la France et de ses traditions sociales et économiques, mais le basculement inédit dans le concentrationisme des richesses et du pouvoir. Le choix d'une démocratie affaiblie, et de la mise au pas du pays pour qu'il trime pour les grands pontes, génétiquement déterminés comme on nous dit.
En démocratie on peut donc aussi voter contre l'intérêt du peuple et pour celui de quelques privilégiés, et je trouvais important que l'on en ait au moins conscience. C'était le but de cet antiponcif un peu longuet
Message édité par cappa le 22-09-2008 à 15:50:00
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Tester le 1er multisondage HFR ---> MULTISONDAGE.