McBerd BadgerBadgerBadger | Bon, le vendredi est un bon jour pour poster, ou pas.
En spoiler, si vous permettez.
Je garantis la quantité (4 pages word), mais pas le reste ...
Edit : les edits, c'est des corrections d'orthographe ou de trucs bizarres, plus que le reste .
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Spoiler :
"Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini", me dit-elle.
Ce dont je n'avais strictement rien à foutre, n'ayant jamais mis les pieds à Rimini, ni en Italie.
Ah si, peut-être une fois, en vacances vers le bassin (méditerranéen, pas d'Arcachon, hélas), pour aller m'acheter une rolex à Vintimille et à quartz.
Cette camelote m'a duré 2 mois, mais ça m'a permis de constater que non, une montre n'est pas un aspirateur à gonzesse. Et pourtant, les gonzesses, ce n'est pas ce qui manque là-bas. Quel étalage l'été !
Ca ressemble à une foire aux bestiaux oui !
J'ai connu des bovins qui avaient plus d'humanité dans leurs grands yeux que ces cagoles-là !
Mais passons, je m'énerve, je parle sans rien dire, et ça n'avance pas.
"Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini", me dit-elle donc.
Quand on parle d'Italie triste, ça me fait penser à un certain soir, où elle n'avait pas à être triste, l'Italie.
Un match presque aussi décevant que toutes les finales, avec peu de buts pendant la partie, peu d'actions, et des tirs aux buts prouvant qu'une sphère peut passer à travers un rectangle à partir du moment où ce dernier est plus grand qu'elle.
Ah si, pour sauver la soirée, un coup de tête providentiel qui restera dans les annales (mais à la poitrine), et permettra aux perdants de faire bonne figure en demandant l'expulsion de la victime qui a offensé l'agresseur, et aux vainqueurs de pérorer un peu plus fort en clamant partout que, c'est pas normal, que quelques commentaires, fussent-ils désobligeants, ne justifient nullement une telle action, et qu'un footballeur, fut-il une légende sur pattes (à crampons, les pattes), ne doit pas s'abaisser à de tels actes.
Moi, de toute façon, j'aime pas le foot, et ce genre de conneries, c'est pas comme si c'était grave. Ca ressemblait pourtant à une défaite nationale, et on en parlera pendant longtemps encore, si vous voulez mon avis. En attendant, "En avant Guingamp !", comme disait un de mes ex-amis, lorsqu'il culbutait Miss Bretagne (fort mal à mon avis, mais c'est peut-être par pure jalousie, encore que je ne l'ai point vue) alors qu'elle n'avait pas été élue reine des choux-fleurs et avait encore des mensurations honnêtes.
"Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini", me dit-elle toujours.
Rimini, je ne connais pas, mais ça me fait penser au maître nageur qui m'a appris la brasse, parce qu'il avait un nom qui ressemblait à ça.
Il était petit (même pour moi qui n'était pas grand), pompier, pas très pédagogue, plutôt pénible, mais j'ai quand même appris à nager. Pas mal. La brasse.
Je le revois encore s'époumoner sur le bord, à crier "plus loin les bras, et plus tendues les jambes !".
Ouais ouais, des bras j'en ai 2, des jambes aussi, c'est déjà pas mal, et dans un milieu aussi hostile que celui d'une piscine municipale, quand on ne sait pas nager, on ne va pas démultiplier ses membres comme un encornet. C'est assez bon dans son encre, cette bestiole, d'ailleurs.
Bref, il était pénible, j'étais un peu son souffre-douleur, mais maintenant ça va mieux, merci. Enfin rien ne dit que si je le revoyais, je ne le balancerai pas dans la piscine attaché à un radiateur. En fonte d'acier hein, parce que les petits machins électriques de maintenant, c'est de la foutaise. Ou alors le donner à un pitbull. Après l'avoir attrapé avec un grappin. Dauphinois, le grappin, c'est important. Ce serait le grappin qui l'aurait choisi. Parce que l'important, c'est le choix du grappin. Et lorsque le grappin l'a choisi, un monde meilleur s'offre à lui, si j'ai bien compris .
"Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini", me dit-elle.
Je lui aurai dit "Arrête de dire toujours ça", mais là c'est moi qui le répète, pas elle.
Elle. Elle. Elle.
Elle a beau parfois m'énerver, me décevoir, me faire mal, c'est elle. Je me cloîtrerai volontiers avec elle. Je m'imagine une vie solitaire (à deux), dans un monastère. Mais pas dans un carmel, parce qu'il me semble que nous aurions un peu de mal avec la règle du silence. Surtout elle. Quand elle a bu de l'alcool, un peu. Ca n'est pas désagréable, parce qu'en général, ça peut dégénérer. Le duvet devient alors rapidement trop étroit. Je ne rentrerai pas dans les détails. Vous devez connaitre ça. Ou pas. Dans ce cas, voici quelques indices : menottes, radiateur (mais pas toujours ), framboises, bandeau sur les yeux, trique, tourne-toi, transpiration, amour, et ça recommence.
(Désolé c'est un peu facile ).
Ce n'est pas que ça, l'amour, mais ça y contribue, comme on dit de l'argent et du bonheur.
A défaut de monastère, on a trouvé un chalet pour les vacances.
Un genre de chalet en bois, avec le confort moderne, mais une déco plus ou moins toute pourrie pour faire déco ancienne. Ca fait plutôt déco moche, mais ce n'est pas trop grave. Pour un nid d'amour, ça allait. L'amour et le kitsch, ça peut aller ensemble assez bien, surtout au début et à la fin.
Je me demandais quand même si les 2 manteaux en poil de chameau mangés aux mites, des presque-guenilles, qui trainaient sur le porte-manteau faisaient partie de la déco, ou s'ils avaient été oubliés là par un locataire négligent. Finalement je décidai que je m'en moquais, ils allaient assez bien avec le reste.
La marmite posée dans la cheminée, le tapis en peau de tigre synthétique, les champignons tout aussi synthétiques et plus ou moins hallucinogènes reposant sur un support moussu pour imiter le sous-bois sur la table en vrai bois d'arbre vieilli à la main, le téléphone de campagne datant au moins de l'époque pré-bolchevique. On s'y croyait. Je ne sais pas trop où, mais on s'y croyait.
Nous n'étions cependant pas là pour la déco. Ma mie et moi avions pris quelques vacances afin d'être enfin un peu seuls ensemble. Et pour ne pas être gênés par les congères pendant les congés, nous sommes partis l'été.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'a pas été gêné par la neige. Ni par grand-chose d'autre d'ailleurs. Nous sommes arrivés par une chaleur d'enfer, sous un ciel bas et lourd, pesant comme une cotte de maille, pour changer.
Des bourrasques de vent faisaient rouler des buissons comme dans les western, et claquer la porte du poulailler désaffecté attenant au chalet, et manquaient nous renverser à chaque pas. Des dentirostres quelconques tournoyaient au-dessus de nos têtes, visiblement dérangés dans leur solitude montagnarde par notre arrivée, mais pas plus embêtés que ça par la tempête qui se préparait...
Elle les regarda d'un air piteux et déclara qu'elle n'aimait pas ces bestiaux.
"C'est parce que tu n'as connu que les pigeons de Paris", lui répondis-je au passé simple et d'un air moqueur (cerise, merle, rossignol, tout ça...).
L'orage éclata miraculeusement un peu après que nous ayons fini de débarrasser la voiture de nos affaires. Nous étions encore en train de faire le tour du propriétaire, quand un éclair digne des meilleurs films de série Z illumina le jour noir. La pluie ne tarda pas à étaler ses immenses trainées, nous emprisonnant derrière ses barreaux liquides (et mouillés, je tiens à le signaler).
Nous n'avions plus qu'à nous installer comme nous pouvions, à manger ce que nous trouvions, et à se réfugier dans les bras l'un de l'autre pour se réconforter mutuellement, à moins que nous ne fassions plutôt des sudokus.
Le premier fut assez vite fait. Le second fut un peu plus délicat. Nous avions beau avoir apporté quelque menue pitance, l'hétérogénéité de notre menu était assez déstabilisante. En fouillant un peu, nous avons bien trouvé un pot de mayonnaise, qui, c'est bien connu, permet de masquer le goût des aliments afin de mieux les marier.
En l'ouvrant, cependant, elle s'écria "Mais cette mayonnaise pue !". Ce qui était ma foi vrai... Pas de tartinage de mayo en perspective, donc. De toute façon c'est gras, c'est mauvais pour les chakras, ça dissocie le jivâtman et le paramâtman, et c'est donc incompatible avec les expériences de téléportation tantrique auxquelles nous voulions nous adonner. Ca ne veut rien dire, mais c'est assez amusant à pratiquer.
Et quand on peut se téléporter dans les toilettes, c'est encore plus fantasmoutrique. Certes, ce mot n'existe pas, mais il exprime assez bien ce que je veux dire. Bref, je comprends mieux l'extase de Sainte Thérèse, celle qui rit quand... on lui transperce le coeur (la pauvre, si elle savait qu'elle figurerait un jour ici ).
Nous nous étions donc tantriquement et tant bien que mal téléportés dans les toilettes, quand l'extase nous figea également.
Dieu (car c'était lui), apparu donc, trempé comme une soupe car la tempête faisait rage au-dehors. Tout Dieu qu'il est, il n'échappe pas à la furie des éléments. En revanche il peut apparaitre comme il veut où il veut.
"'Scusez-moi du dérangement", dit-il en dégoulinant sur le carrelage, et c'était bien la moindre des choses de s'excuser alors que nous étions en pleine téléportation.
"Mais on m'a signalé que les chiottes étaient bouchées, et comme il faudrait un miracle pour faire monter un plombier ici par ce temps, je me suis dit que j'allais le faire moi-même."
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il sortit son furet, et commença à machiner dans le truc comme un forcené, en tout bien tout honneur.
Quelques minutes après, alors que nous étions encore saisis par l'extase de la simultanéité de son apparition et de la téléportation -tantrique, faut-il le rappeler- il se releva, nous déclara "Ca y est, c'est fait. Vous pourrez vous rendre, l'esprit dégagé, dans l'endroit au monde où tout être humain peut et doit se retrouver seul et isolé de ses contemporains, sans attendre l'heure de la sieste. À Moi."
Et il disparut comme il était apparu, laissant une flaque d'eau derrière lui.
Le reste du séjour se déroula sans autre incident.
"Le soir, quand l'Italie est triste, elle ressemble à Rimini", me disait-elle.
Je ne suis pas italien, mais je suis triste, et non, je ne ressemble pas à Rimini, lâchez-moi avec ça, non mais ! Pas parce que c'est Noël, c'est plutôt sympa en général Noël, chez moi.
Je suis juste triste parce qu'elle est partie. Elle m'a offert des jours parmi les plus vivant que j'aie eus. Et je l'en remercie. Mais Noël est néanmoins morose.
Bon, il y a quand même la grand-mère, la seule qui reste, qu'on adore tous et qui râle en permanence (pas un râle d'expiration, hein, un râle grognon qui signale qu'elle est à peu près en bonne santé).
Il y a aussi les parents, plutôt sympas, même s'ils sont parfois un peu envahissants, c'est parce qu'ils se préoccupent de nous. Le frère, le petit frère qui a presque tout fait avant moi, que j'aime beaucoup depuis qu'on est plus obligé de vivre ensemble, et qui m'apprends toujours plein de trucs intéressants. Un peu comme un grand frère, en fait.
Les oncles et tantes, plutôt bons vivants, avec qui on est en général assuré de passer un bon repas, amusant, pas polémique ou alors le minimum, et pas prise de tête.
Les cousins, souvent un peu plus jeunes, cools, avec parfois un peu d'autres préoccupations que les nôtres. On est heureux de les retrouver, mais il arrive qu'on soit à court de sujets de conversation en commun.
Tous les ingrédients sont réunis, y compris la bonne chère, pour que Noël soit sympa.
Mes pensées dérivent quand même dans un certain spleen. Le chasse-spleen aide sans guérir. Je fais bonne figure, mais je ne suis pas tout à fait là.
A la messe de Noël, parce que c'est une institution qu'on ne rate pas ici, je chanterai quand même de tout choeur, à défaut de coeur...
Parce que bon, Dieu, depuis que je l'ai vu en plombier dans les toilettes, je suis bien forcé d'y croire, même si ça ne faisait pas très sérieux. J'ai hésité à offrir à tout le monde un crucifix en tuyaux de laiton, mais j'aurai sans doute été forcé de m'expliquer, et je ne tiens pas tout de suite à finir avec un entonnoir sur la tête et une chemise qui s'attache dans le dos.
Du coup, hop, pinard pour ceux qui aiment, chocolats pour les autres, un truc un peu différent pour les très proches dont je sais ce qui pourrait leur faire plaisir.
Les cadeaux, c'est quand même sympa, mais la magie de quand j'étais petit n'y est plus, et le spleen n'y est pour rien.
Tiens, un appareil de réception de TSF miniaturisé qui se recharge en le secouant ! Ca c'est une petite surprise amusante et inattendue, qui répond à mon côté vaguement écolo bonne conscience. Bon, encore un truc qui va me servir 2 fois par ans, mais c'est amusant.
Des livres tiens, avec ça je ne suis jamais déçu. En plus je suis trop bon public pour les bouquins. A partir du moment où ça se lit, je le lis. Avec plus ou moins d'enthousiasme, mais c'est assez rare que je n'arrive pas au bout. Tous ces livres remplissent bien la main d'un honnête homme.
Allez, la distribution est finie, les remerciements divers et variés également, à table maintenant.
"T'aurais quand même pu te laver les mains avant !", vitupère ma grand-mère à l'attention de je ne sais quel petit-enfant, peut-être moi.
Le reste n'est que ripaille de bon aloi, accompagné de vins de bordeaux plutôt bien choisi, parce que la famille a des caves assez bien fournies, et qu'on est dans la bonne région, non mais. Avec des discussions sympas et des éclats de rire tout à fait bienvenus, chacun se moquant gentiment des défauts des autres, avec quelques anecdotes savoureuses. Parfois les repas en famille alourdissent l'estomac et le foie, mais permettent quand même d'alléger un peu l'âme... |
Message édité par McBerd le 09-02-2007 à 22:41:50 ---------------
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