Nico [PPC] a écrit :
Bon, je suis en Normandie et je rentre à Paris demain... J'ai assisté à pratiquement toutes les cérémonies. Voici mon point de vue car j'ai pas mal de chose à dire.
Le 5 juin, à Ouistreham, j'ai pu rencontrer les vétérans de tous les pays et notamment ceux du Commando Kieffer (France) qui ne sont plus qu'une dizaine aujourd'hui. Un d'eux m'a raconté son histoire et je n'ai pas honte de le dire, j'avais plus que les larmes aux yeux. Je lui ai fait part de toute ma reconnaissance même si je n'ai pas connu cette époque et du fait que j'étais très attristé par le fait qu'il ne reçoive la Légion d'Honneur que 60 ans après (et oui, de nos jours il vaut mieux taper dans un ballon, gagner une coupe ou présenter à la télévision que débarquer sur une plage où on vous dire dessus entre autres au mortier ou à la MG42 afin de libérer votre patrie...!). Par la suite, je me suis en suite rendu à "Pegasus bridge" où le prince Charles est allé vers 13h30 pour une inauguration. Malgré le fait que je pouvais entrer grâce au laisser-passer, je n'y suis pas allé : un vétéran anglais s'est vu refuser l'accès au musée, parce qu'il avait oublié son accréditation. Celle qui était à la barrière (avec plusieurs policiers dont 2 en civil lui rabâchait en anglais "j'ai des ordres, je ne peux pas vous laisser entrer sans carton" m'a donné la nausée devant cet homme qui arborait une bonne dizaine de médailles dont la gold star américaine... Vu que j'en avais un peu rien à faire de Charles et que je n'étais là pour voir des parachutistes sauter et des hélicos faire de la voltige au départ, j'ai laissé mon carton au "papy" en lui promettant que j'allais faire savoir la façon dont il avait été traité... Quant à l'autre, devenue aussi pourpre que son tailleur lorsque je lui ai demandé son nom et sa fonction, je pense qu'elle a du réfléchir à deux fois avant d'appliquer strictement le protocole : comme lui a dit le vétéran, "nous, quand un ordre nous semblait stupide on passait outre" ). Avant de partir, je me suis assuré que mon vétéran-papy-sympathique avait bien pu entrer (alors que le Charles n'était même pas arrivé et que le vétéran voulait juste visiter le musée.. tout ça pour ça ).
Sur la route je me suis arrêté à un endroit où un super frelon avait atterri, entouré de monde (ben oui, ils recrutent dans l'armée, ils ratissent au maximum ). j'ai discuté avec le pilote et les mécaniciens quelques instants puis je suis allé au cimetière de Colleville (qui surplombe Omaha Beach "La sanglante" ) où j'ai fleuri une tombe d'un soldat mort le six juin 1944 et que mon grand-père avait de son vivant parrainé la tombe. Je lui avais promis de reprendre le flambeau, je l'ai fait.... et j'ai pleuré devant toutes ces tombes.. Puis je rentré après le feu d'artifice rougit par le soleil (alors que je suis censé ne pas avoir le droit de m'y exposer ;/
Le 6 juin aujourd'hui... enfin plutôt demain vu l'heure à laquelle j'écris (), journée faste. Mais alors... quel merdier. La police et les gendarmes n'étaient pas du coin bien sûr (ceux avec qui j'ai discuté venaient de Paris, du Mans, de Lyon...). On en voyait partout, dans les airs, le long des routes départementales en moto, fourgons, nationales et même sur les ponts qui jonchent la A13.. Je ne parle même pas des plongeurs sur leurs Zodiac, des démineurs, des équipes cynophiles présentes sur place. C'est la première fois que je vois un tel déploiement de forces sur une zone aussi vaste (plusieurs centaines de Km2, Evian à côté, et je vais y revenir plus loin) c'était un "simple" contrôle routier...Là il fallait présenter invitations, carte d'identité et tout le toutim tous les je ne sais combien de kilomètres. Pendant ce temps ils regardaient sous la voiture avec leur glace, etc.) Bref je me suis rendu à la cérémonie d'Arromanches (extrêmement émouvante malgré la présence de Bush...). Je n'ai pu retenir mes larmes lorsque la chanson des partisans à été chantée par un choeur et lorsqu'ils ont parlé de la résistance. Défilé aérien sobre, des Rafale, des Mirage, des F16 belges et d'autres... La cérémonie fut ouverte part l'équivalent de notre Patrouille de France mais version anglaise ... Il y avait aussi plusieurs bateaux, dont le Cassard et le Charles de Gaulle.
Avec beaucoup de retard, Jacques Chirac et le Chancelier allemand son arrivés à Caen, au mémorial de la Paix. Il ont inauguré une plaque, puis ont signé je ne sais quoi, se sont exprimés, chacun leur tour et se pris dans les bras à deux reprises. Je ne sais pas si cela à été montré à la télévision (nous avions des écrans géant mais je n'y ai pas prêté attention, en plus avec le soleil qui tapait ce n'était pas trop facile pour les voir) mais le Président a piqué une colère parce que ses deux micros ne fonctionnaient pas, qu'il y avait des larsens sans arrêt, etc. : "Débrouillez-vous, ça doit marcher !" à-t-il lancé au techniciens... Voudrais pas être à leur place ce soir [;toto le hros] (s'ils l'ont toujours, leur place ).
Le plus triste dans tout ça, c'est le fait que très peu d'attention a été manifesté envers nos vétérans, énormément d'invités se sont pleins de l'accueil : pour exemple, certains vétérans ont dû marcher trois ou quatre kilomètres sous un soleil de plomb parce qu'on les avait fait descendre des navettes trop tôt alors que le bus en lui même arborait le badge des officiels et était réservé par le comité d'organisation...
On le montrera probablement pas à la télévision ça, mais un de ces vétérans a été violemment bousculé par le SPPR (Service de Protection de la Présidence de la République). Notez que l'accueil à Caen a tout de même été assez froid vis-à-vis du Chancelier (certains vétérans continuaient à les appeler boches ou autres...), pas d'applaudissement après l'hymne national allemand, contrairement à la Marseillaise).
Bref, organisation plus que médiocre, parfois honteuse... Tout à l'heure lorsque je suis rentré à Caen, sur le parking du centre Commercial Mondeville2 (où tous les invités devaient se garer et être transférés par des navettes escortées (vu que l'accès pour le public via les véhicules particuliers était interdit sur toutes les côtes Normandes concernées, à savoir de Ste-Mère-Eglise à Ouistreham en longueur et jusqu'à Caen en largeur -c'est dire le nombre de gendarmes/policiers/militaires nécessaires-) ). Je vous ai parlé d'Evian... Lorsque je suis revenu, il y avait dans la navette un Commandant de police avec qui j'ai parlé... lui-même m'a avoué que cette commémoration était bien plus politique qu'historique...
J'ai encore pas mal de choses à raconter mais là je suis vraiment trop S'il y a des fautes c'est normal, je suis un peu fatigué et pas le temps de me relire
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