Mon opinion (ou peut être simplement mon sentiment) est que les deux conceptions doivent cohabiter, la position de la ligne de partage étant finalement la difficulté de l'exercice.
Le liberalisme ou, plus largement, l'idée que le bien de l'ensemble passe par une inégalité des individus, est probablement juste. On ne fait pas d'omelettes sans casser les oeufs. Si on regarde une famille aisée, même si l'enfant sage sera sans doute favorisé par rapport à celui, même le plus "laissé pour compte" des deux s'en sortira mieux que le plus chanceux d'une famille d'un ghetto quelconque; Ce n'est pas encore de l'injustice. Dans une entreprise (surtout une petite entreprise), si celle ci marche bien, le moins bien payé s'en sortira (normalement) mieux qu'un chômeur. L'idée est que l'individu profite du bien être de l'ensemble. On voit bien que plus l'ensemble de départ est grand, plus cette idée devient fausse. Au niveau de la planête, elle devient carrément injuste, quand 5 milliards de personnes sont de toute façon trop pauvres pour profiter du résultat d'une économie libérale. La taille de la population mise sur le carreau est trop grande par rapport à la faible proportion qui en récolte les bénéfices.
On peut donc imaginer de faire vivre plusieurs groupes, fonctionnant en interne sur un modèle libéral, mais avec des relations entre les groupes sur un mode interventioniste (ce qui me semblerait être un modèle assez proche de la vision de certains socialistes).
Mais on peut également envisager des groupes égalitaires fonctionnant entre eux sur le modèle d'entreprises privées. Je rapprocherai ça du fonctionnement d'une famille solidaire dans un environnement d'économie de marché. Ce qui est je pense une vision un peu moins commune (peut être à rapprocher des Kibboutz israeliens, je ne suis pas sûr). Cela permet de mettre en compétition des groupes profitant de la synergie entre les individus. Les variations vont alors dépendre de la taille des groupes (à l'échelle d'une foyer ? d'une famille ? D'une quartier ? D'une ville ?).
Tout ça paraitra peut être une reflexion gratuite mais je n'arrive pas à me faire à une vision binaire gauche/droite ou libéralisme/socialisme. Je pense qu'aucune de ces conceptions n'est acceptable à elle seule, mais qu'un compromis entre les deux peut apporter un fonctionnement acceptable, même sans jamais être parfait pour tout le monde.
Le problème actuel est que les modèles politiques et culturels viennent d'une des nations les plus riches du monde, qui donc une des moins sensibles à l'idée même si on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, c'est quand même très con d'être l'oeuf.