1/Dans le numéro 304 de LA RECHERCHE, le neurologue Oliver Sachs expose une conception « cinématographique » de la conscience. Pour lui la conscience, à tout le moins la partie visuelle du champ de conscience serait produite par la succession de substrats aboutissant chacun à la production dune image fixe. Ainsi le spectacle animé que nous découvrons par les yeux proviendrait comme sur lécran de cinéma de la projection successive dimages de conscience fixes et instantanées.
2/Cette conception des choses inscrit le champ de conscience dans une double discontinuité. Temporelle bien sûr, cest la thèse même soutenue par Sachs. Mais spatiale aussi car le substrat instantané serait produit par une population de neurones conjointement excités, neurones par nature séparés les uns des autres.
3/Lopinion que je voudrais expliquer ici est passablement différente. Elle est celle que le substrat du champ de conscience naurait pas de discontinuité spatiale pour la raison quil naurait pas de dimension spatiale et quil naurait pas de discontinuité temporelle pour la raison que sa constitution même sappuierait sur une continuité de temps.
4/Sachs parlait de cinéma. Je parlerai de télévision. Dans lun et lautre cas on a la présence dun écran. Sur ces deux écrans une image complète en noir et blanc, ne compliquons pas les choses- est dessinée en un vingt-quatrième de seconde. Mais si je considère un temps beaucoup plus court un vingt millionième de seconde environ en loccurrence- là où au cinéma se trouve toujours théoriquement une image complète, sur le téléviseur nexiste plus quun point lumineux dune précise nuance de gris. Lécran du téléviseur est pour moi une assez bonne métaphore du champ de conscience où dans un temps extrêmement court- nexisterait quune quantité de sensation pure, sans autre qualité quaffective, cest à dire plaisante ou douloureuse. Et de même que la successivité des points lumineux instantanés finit par constituer sur lécran une image complète, de même la séquence particulière dintensités de plaisir ou de douleur ressenties successivement pendant une fraction de seconde donnerait sa physionomie propre au champ de conscience instantanément perçu, en serait le substrat direct.
5/La succession des points sur une ligne de limage télévisuelle présente une discontinuité car chaque point correspond à un trou dune grille sur laquelle atterrit le faisceau délectrons. Mais cette discontinuité peut être négligée car elle nexiste ni au niveau de la variation dénergie du faisceau délectrons ni au niveau de la variation de fréquence du signal vidéo reçu par le téléviseur. La modulation de la fréquence pendant un vingt-cinquième de seconde induira point par point et ligne à ligne- limage constituée que notre il découvrira.
6/La modulation de fréquence du signal est transformée dans le tube cathodique en une modulation dintensité électrique. On aurait donc bien, au cas où mon hypothèse serait juste, et dans le téléviseur et dans le cerveau, une modulation dintensité dénergie. Dans le téléviseur une transformation dénergie sera nécessaire pour constituer limage. On devra passer de lénergie électrique à lénergie lumineuse. Sans cela bien évidemment limage reçue par le téléviseur resterait invisible sur lécran. Dans le cerveau une transformation analogue de lénergie électrochimique en énergie psycho-affective apparaît nécessaire. Pour lécran du téléviseur lintermédiaire est connu. Il sappelle le luminophore et se présente sous la forme dun minuscule rectangle de substance phosphorescente qui a la propriété de devenir lumineux à proportion de lintensité dénergie quil reçoit des électrons qui le frappent. Et pour le cerveau, quel serait léquivalent du luminophore ?
7/Pour les neuro-biologistes, disons-le tout net, il ny en a pas. Les phénomènes qui induisent la constitution de tout état de conscience sont essentiellement des phénomènes électrochimiques. Les potentiels daction dune part, ces courants de dépolarisation qui parcourent laxone en sens unique. Lactivité chimique des neurotransmetteurs dautre part. Comme les neurotransmetteurs ne font que transmettre dun neurone aux neurones voisins une excitation qui se concrétisera par lémission de nouveaux potentiels daction, on peut réduire aux seuls potentiels daction les phénomènes inducteurs de conscience tels quon les repère actuellement. Or, pas plus que le courant électrique ne peut être la matière de limage faite par nature de lumière, les potentiels daction, phénomènes simplement et purement physiques, ne peuvent être considérés comme la matière de la conscience car cela aboutirait à nier sa réalité même.
8/A partir de là toutes les spéculations sont possibles. On peut faire de chaque neurone excité léquivalent dun luminophore qui transformerait un potentiel daction en une quantité dintensité de conscience dune certaine forme, une variété de lumière grise par exemple. Et comme tous ces neurones excités sont dans la même enveloppe crânienne, on en déduirait quils forment conjointement limage dont lorigine nous tracasse. On en revient ainsi à peu près à lidée de Sachs. On peut dire aussi que cette image na aucun substrat localisable, quelle est le pur produit de lactivité cybernétique de notre cerveau, quelle est un concept fait de lintégration dinformations. Je dois dire que cette idée ne mest pas plus supportable que celle de Sachs car ce que nous percevons du monde, même par ce sens si intellectuel quest la vue, nest pas une réalité abstraite mais une pâte concrète, sensuelle où les découpes même des objets ont plus de présence immédiate et moins de rigidité que les idées. Que cette pâte-là ait un substrat direct inscrit de façon précise et sûre ou dans lespace ou dans le temps, cela me paraît indubitable.
9/Mon idée est quil y a bien dans le cerveau léquivalent dun luminophore et quil ny en a quun. Ce serait ce quon pourrait appeler un « cristal sensible ». Jentends par là une structure ordonnée et fixe qui pourrait avoir la taille dune macromolécule et qui, au niveau infra-atomique présenterait un espace sensible à certaines influences spécifiques. Cette sensibilité se manifesterait par une réaction psycho-affective spontanée. Et elle dépendrait de certaines propriétés de la matière fondamentale.
10/Cette hypothèse, il est vrai, quel que soit le flou dont je lentoure, nest pas a priori facile. La première réaction psycho-affective connue, cest la douleur. Or les sensations douloureuses ne sont pas produites sui generis mais à partir de stimulus qui empruntent certaines voies, mettent en jeu certains neurones de telle façon quil en résultera sûrement une douleur. On mécrase le pied, cela affecte dans cet organe des cellules sensibles à lécrasement des tissus qui envoient des potentiels daction dans des axones du nerf sciatique le long de ma jambe jusquà la moelle épinière et puis, après plusieurs relais, jusquaux neurones de mon cortex. Il ny a pas de douleur qui ne soit immédiatement précédée par lactivité de certains neurones reliés à la cause de cette douleur. Je peux très bien situer où je veux le lieu où la sensation douloureuse sera effectivement produite mais à condition que linformation en provenance de neurones activés puisse lui parvenir. Or des deux voies connues par lesquelles les neurones peuvent transmettre ces informations aucune ne pourrait leur permettre de communiquer avec mon cristal sensible, quel que soit le lieu où je le situe. Les neurotransmetteurs sont des molécules volumineuses. La section des plus fins axones a un diamètre supérieur à chaque dimension que jenvisage pour mon cristal.
11/Alors quoi ? renoncer à mon hypothèse incompatible avec le connaissances actuelles ou en faire une autre en complément ? Les neurones ont deux voies pour transmettre les informations : pourquoi nen auraient-ils pas trois ? Et la troisième voie ce serait
la voie ondulatoire. Voilà les neurones transformés par mon imagination en micro-émetteurs dondes ! Mais avant que lon parle dhypothèse farfelue, je voudrais dire mon étonnement devant une chose. La voie de communication biochimique des neurones par neurotransmetteurs ne me pose pas de problème. Elle est pratiquement la même que celle utilisée par lA.D.N. pour transmettre ses informations. Mais pour la voie axonale je suis passablement intrigué. Cette façon dont les potentiels daction se transmettent, pas vraiment en modulant sans doute mais au moins en régulant leur fréquence, me paraît trop inventive dans la logique dévolution du vivant. Jai linvincible sentiment que cela a été copié quelque part ou, mieux, que cela témoigne dune adaptation à un système différent qui aurait eu à lorigine la primauté. Ce système serait bien entendu celui de la communication ondulatoire. Enfin, pour simplifier, mon intuition serait que les neurones ont été au début de lévolution des émetteurs (et peut-être des récepteurs) dondes avant dêtre des fabricateurs de potentiels daction. Mon intuition est aussi pour rassurer certains !- que cette activité radio des neurones serait sans influence du moins pour sa partie inconsciente qui est grande- sur lactivité cybernétique du cerveau.
12/Lactivité radio des neurones parallèle à leur activité électrique pourrait en avoir la simplicité. Un neurone excité pourrait émettre un train dondes aussi régulier que la succession des potentiels daction. Cependant il nest pas utile de concevoir lexistence dun tel système si cest pour envisager que les neurones émettent de façon semblable. Lintérêt serait au contraire que chaque neurone module son rayonnement de façon particulière pour que la provenance de celui-ci soit immédiatement reconnue par un quelconque récepteur. Mon cristal serait justement ce récepteur-là. Et la seule information à laquelle il serait sensible, ce serait lénergie et la forme du rayonnement lui-même, énergie et forme qui donneraient conjointement et lintensité de la douleur : « jai très mal » et sa particularité : « au pied ».
13/Ce grossier exemple suffit à cerner ce qui est pour moi la dualité fondamentale de la conscience sensible : réalité à la fois actuelle et mémorielle. La pure actualité de la conscience cest une intensité brute de douleur, de plaisir, peut-être deffort aussi. Mais et cest là le point délicat- je ne serais pas conscient de cette actualité par nature instantanée, je ne serais conscient que du souvenir dinstants purs, je ne serais conscient que dune durée immédiatement passée faite de la succession continue dintensités brutes. Or, avec lhypothèse du cristal sensible à une onde, cette durée se concrétiserait sur une étendue de conscience forcément ondulée. Et la physionomie de londulation, ce serait la « couleur », la particularité de la sensation qui distingue, en loccurrence, lécrasement du pied dun pincement au bras. La façon dont je scindais plus haut la phrase : « jai mal au pied » séparant le groupe verbal : « jai mal » du complément dobjet : « au pied » pourrait laisser entendre que je considère comme deux constituants de la conscience et linstantanéité pure de lintensité brute et la reconnaissance de sa modulation dans la durée. Non, en fait. Pour moi, la conscience instantanée, ça nexiste pas. Je ne suis jamais conscient dun instant de conscience. Si je figurais par une courbe lintensité modulée de la douleur, le « jai mal » rendrait compte de son intégrale plutôt que de lordonnée dun de ses points. Le « jai mal » renvoie à une durée minimum en deçà de laquelle toute conscience sévanouit. Et si cette durée minimum donnait la dimension et la dimension unique- de ce quil est convenu dappeler le « champ » de conscience ?
14/Je le crois mais, avant de parler de la dimension de ce champ, peut-être conviendrait-il den appréhender mieux la matière. Or mon mal au pied est une chose parmi des milliards dautres qui peuvent entrer dans ce champ-là. On y trouverait des sensations et des formes, des objets et des idées, la tiédeur de ce matin de juin, mon bol de café au lait, la tartine de gelée de groseilles et son arôme aigu et sombre. Et ma pensée qui sémiette sur la feuille. Des milliards dobjets, dis-je. Et autant de substances distinctes ? Et si cétait deux ou trois seulement ?
15/Evidemment au point de vue de certains physiciens mes interrogations sont oiseuses. Pour eux la matière du champ de conscience cest lénergie des potentiels daction. Point. Mais ce quil mintéresse de saisir cest ce qui compose la spécificité à lévidence si forte des êtres de ma conscience, non des phénomènes qui en induisent lexistence dans mon cerveau. Ce qui mintéresse cest la composition dune matière psychique considérée dans sa distinction radicale avec la matière physique. Or mon intuition est quil y a là analogie. Je me souviens de mon étonnement denfant si sensible à la particularité des choses quand on mapprit que la matière de la vitre ou du bois, du granit ou de la craie, de la mousse ou de lacier, du fil de soie ou du fil dor était faite des trois mêmes particules seulement différemment combinées. Davoir dû penser contre cet étonnement-là ma peut-être aidé à trouver naturel que le plaisir, la douleur et leffort soient les constituants uniques de tous les objets de ma conscience comme lélectron, le proton et le neutron le sont pour les objets du monde. Du mal au pied que jévoquais aux sensations somesthésiques localisées de façon plus ou moins nettes à lintérieur du corps et dont la nature affective, plaisir ou douleur, apparaît souvent confuse la distance est réelle mais pas infranchissable. De ces sensations somesthésiques aux sensations tactiles, là encore la transition peut se faire. Comme des sensations tactiles aux sensations gustatives et des sensations gustatives aux sensations olfactives. Après, pour les sonores et encore plus pour les visuelles, la transition nest plus concevable. Sauf pour le poète :
« Il est des parfums frais comme les chairs denfant,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies
. »
16/Mais on peut penser que les neurones spécialisés dans le traitement des informations auditives, et plus encore visuelles émettent des ondes de longueur beaucoup plus petite que les autres neurones « sensitifs », ce qui, lié à la spécificité de modulations respectives, accentuerait la différentiation subjective des sensations sonores dune part et visuelles de lautre. En même temps dailleurs que cela permettrait de faire tenir en plus grand nombre ces unités de modulation dans la même étendue « linéaire » du champ de conscience.
17/Il y a une étendue de temps, qui pourrait être comprise entre une moitié et un vingtième de seconde, pendant laquelle toutes les modulations affectives successives du cristal sensible seraient perçues à la fois. Ces modulations seraient la résultante directe de lactivité radio des neurones que jai supposée. Ces modulations du cristal sensible feraient donc apparaître dans létendue du temps le profil dune onde de synthèse à amplitude (de plaisir ou de douleur) modulée. Mon intuition est alors quil y aurait identité entre létendue perçue de cette onde et ce dont je suis conscient à linstant qui correspond.
18/Je mexplique un peu. Il fait nuit encore. Je regarde le ciel par les vitres de la véranda. La lune, pleine, se trouve un peu en bas et à gauche de mon champ de vision. Des neurones sensitifs bipolaires connectés aux cônes et bâtonnets éclairés par la lumière blanche et situés un peu en haut (il y a inversion) et à gauche de ma rétine vont envoyer des potentiels daction codant la couleur et lintensité lumineuse aux neurones du cortex auxquels ils sont liés par des axones dans le nerf optique. Voilà, très approximativement, ce quon sait. Pour moi maintenant les neurones concernés vont envoyer des signaux radio réguliers dont la modulation va coder la couleur blanche, lintensité assez vive et lemplacement dans mon champ de vision un peu en bas et à gauche- de la surface lunaire. Ces signaux vont faire réagir corrélativement le cristal sensible et modifier le profil de londe de synthèse de façon telle que je vais voir une surface blanche un peu en bas et à gauche de mon champ de vision.
19/Que je puisse juger que cette surface est ronde, que je puisse penser quelle est celle de la lune etc., tout cela pourra se faire par des processus dont la complexité me dépasse énormément mais qui à un moment ou à un autre passeront certainement par une phase de synthèse analogue. Synthèse dont il ne faut pas être grand clerc pour comprendre quelle peut être dune souplesse infinie.
20/Vous me direz que les inflexions de londe de synthèse doivent être extrêmement nombreuses et rapprochées pour que, en une demie seconde au maximum, la richesse des images perçues puisse être modelée toute entière. Il faudrait pour cela que les réactions du cristal sensible varient de façon significative dans un espace de temps qui pourrait être celui du milliardième de seconde, voire encore beaucoup moins. Cela ne me gêne pas. Pour les phénomènes neurobiologiques le temps minimum semble être celui de la miliseconde mais, mais pour les phénomènes à léchelle atomique qui seraient fondamentaux dans le cristal sensible, le temps minimum est le temps de Planck, soit 10 41 seconde. Il y a de la marge. Le temps médian dans lunivers, cest à dire celui qui tient le milieu entre le phénomène le plus long (la durée de vie de lunivers lui-même quon peut estimer à 100 milliards dannées, soit 10 +23 secondes) et le phénomène le plus court (le temps de Planck) est de 10 18 seconde, un milliardième de milliardième de seconde. Le problème serait plutôt de voir comment le temps neurobiologique et le temps atomique peuvent sarticuler malgré la différence déchelle.
21/Tout, en définitive, est bien un problème darticulation. Les neurobiologistes connaissent bien le fonctionnement du cerveau. Celui-ci est bien comme on le répète à lenvi un merveilleux ordinateur. Cet ordinateur induit bien de façon réglée les phénomènes de conscience. Si les neurones émettent des rayonnements comme je le conçois, ce ne peut être que dune façon régulière par la cybernétique des connections. Sans cette cybernétique le cristal sensible nous offrirait du monde une image infiniment particulière mais totalement inanalysable. Mais, sans le cristal sensible, notre cerveau ne serait à mon sens quun « merveilleux ordinateur » connecté à la « merveilleuse machine » de notre corps. Le somnambulisme et dautres expériences montrent dailleurs que, hors de toute conscience, notre corps et notre cerveau peuvent fonctionner ensemble à peu près bien.
22/Mais ce sur quoi je voudrais insister avant de conclure, cest que la conscience nécessite forcément lexistence dune matière, dune substance propre à elle. Et que cette substance doit constituer un objet de synthèse continu dont la forme puisse être pliée instantanément à la variété et à la richesse des sensations perçues comme à nos sentiments et à nos pensées. Les biologistes pour lheure ne me semblent pas avoir découvert cet objet-là et je ne vois pas où il pourrait se situer hors de londe de synthèse que jenvisage. Il ne peut pas être dans plusieurs neurones à la fois car, à ce moment-là, ce ne serait pas un objet continu. Il ne peut pas se trouver à lintérieur dun axone qui ne peut transporter des informations que pauvrement modulées. On peut parler de « connections réciproques entre diverses aires » comme on le fait, on raffine ainsi dans la connaissance dun fonctionnement cybernétique mais on approche en rien de la connaissance dun véritable objet de synthèse sur laquelle sappuierait notre perception immédiate et synthétique du monde.
23/Cet objet de synthèse tel que je le vois se mettrait en place dans lévolution dès lapparition du premier être sensible. De sa sensibilité sourde à la subtilité de la nôtre, le trajet est long mais le mécanisme qui induit la conscience pour moi ne varie pas. Resterait à montrer comment ce mécanisme intègre la volonté, comment lactivité rayonnante des neurones qui produit londe de synthèse pourrait être influencée par cette onde de synthèse elle-même. Mais encore faudrait-il prouver avant que lactivité radio des neurones existe et quelle est individualisée. Avant de chercher des signaux radio-électriques venus dexoplanètes, on pourrait peut-être en chercher dans notre propre cerveau !
Clément Dousset