Je reprend mon post du fil Asperger avec quelques trucs en plus.
Le nerd (j'en suis un cas pathologique : passer toute la journée devant l'ordi au boulot plus le soir regarder les infos sur internet, les forum, mes logs d'astronomie, mes simulateurs de vol jusque minuit et tout le week end facile 12 heures par jour) préfère les ordinateurs aux contacts humains parce que l'ordinateur n'a pas de sautes
d'humeurs, de particularités de comportements incompréhensibles.
Il n'y a pas que ça.
Pour d'autres raisons qui n'ont rien à voir, l'informatique est fascinante, en particulier par la place qu'il prend dans l'histoire humaine, mais c'est hors sujet. Quand j'en étais à être fasciné par la capacité des ordinateurs à faire des calculs scientifiques puissant genre simulations d'astronomie, les autres s'en servaient pour faire mumuse à des jeux programmés très grossièrement, pour rester poli. Ca m'a toujours choqué.
Je vois un psychiatre régulièrement depuis des années. Je suis en dépression et soigné aux anti depresseurs et anxyolitiques depuis 2000.
J'ai tous les syndromes de l'Asperger du sondage.
Je n'ai jamais été capable d'avoir d'amis avec qui sortir le soir, le week end, etc.
Ce genre de sortie, je n'ai commencé à apprécier qu'en sortant avec des collègues que je connaissais depuis des années.
Je suis incapable de tomber amoureux de quelqu'un d'autre que des collègues avec qui je travaille depuis des années.
Ma petite amie est une collègue, nous travaillions dans les memes services dans le meme hopital et nous entendons à merveille, comme deux siamois.
Quand je suis en famille (réveillons) je m'endors au bout d'une heure. Leur conversation est pour moi non pas stimulante mais soporifique, elle me berce et m'endors plus surement que du somnifère. 40 ans que je les connais, 40 ans que leurs discussions sont toujours des répétitions exactes, toujours les mêmes, sans surprise, que je connais par coeur.
Je ne supporte pas les gens de mon age et les plus jeune dans leur vie privée.
Paradoxalement au boulot je m'entend bien avec tout le monde mais dans la vie privée je ne les supporte plus pour la grande majorité. Un peu comme dans mon premier post un peu plus haut.
Même si j'aime bien mes voisins de paliers et que je m'entend bien avec eux et qu'apparemment ils me trouvent sympas au point qu'on se tutoie et nous faisons la bise, que pour l'informatique je les aide et pour le bricolage ils m'aident, sorti de là, impossible pour moi d'imaginer les inviter à un repas ou d'aller chez eux autrement que pour les dépanner.
Ce qui est paradoxal, c'est que autant je panique et suis incapable de rentrer dans une salle où les collègues font un pot, un spectacle, une cérémonie, autant quand je fais un cours de formation d'informatique à mes collègues ou que j'ai rendez vous avec ma directrice du personnel ou la directrice de l'hopital, je suis ultra zen et parfaitement à l'aise. Cela vient peut être que nous n'avons que des rapports professionnels et que j'apprécie énormément ces deux personnes.
Paradoxalement, autant dans les lieux publics ou ailleurs je me sens partout chez moi, autant quand quelqu'un de plus jeune ou de mon âge me cause, je deviens stressé et paniqué, voir agressif et je fous le camp. Alors que quand quelqu'un de grisonnant ou plus vieux me parles, je suis totalement détendu et à mon aise, nous sommes pratiquement toujours sur la même longueur d'onde.
Encore paradoxalement, autant dans les situations genre sorties au ciné ou au restaurant je m'emmerde 9 fois sur 10 à un point qu'il n'y a pas de mot pour le dire et que je fuis ces sorties là, à tel point que les gens me traitent de sauvage et de pas cultivé, autant j'ai passé ma jeunesse de 17 à 22 ans, tous les week end et vacances dans un club de vol à voile à faire du planeur et à faire partie d'un petit groupe de pilotes en jeans basquettes, parmi lesquels des pilotes de ligne, des pilote de chasse, une recodwomen du monde de vitesse en planeur, notre championne du monde de voltige, on faisait un groupe soudé inséparable et faisions des gags énormes quand nous ne volions pas. Nous ne parlions qu'aviation et jamais de rien d'autre.
Le groupe a craqué quand certains se sont mariés (la jeune épousaillée : c'est moi ou c'est le planeur !) et quand il a commencé à y avoir des histoires de fesses.
Depuis je fais un énorme blocage sur le mariage et les histoires de fesses. Dès que les gens commencent à parler de leurs enfants, mariage, maris, etc, je fous le camps en supersonique. Ca me hérisse !
Un de nos copain pilote de chasse a eu le coup de foudre pour une grande brune très classe, très hautes écoles. Elle lui a demandé d'arreter de voler sinon elle partait. Il a démissionné. Depuis il s'emmerde à un tel point qu'il est sous antidépresseurs.
Les ados, autant quand ils s'amusent je m'entend bien avec eux et rigole avec eux, autant les ados dans la famille, une fois rentrés dans leur cocon familial j'ai envie de les baffer et je n'ai vraiment rien à leur dire.
Je suis allergique aux copains et copines de l'école et de l'armée. Ceux et celles que j'ai connus au collège et au lycée, rien que d'y penser j'en suis malade, je ne veux plus en entendre parler. Quand j'en revois un ou une dans la rue, c'est l'horreur. Je les revois tels qu'ils étaient il y a 30 ans. La folle qui nous disait qu'elle était voyante et qu'elle faisait plier les petites cuillers par son regard, ceux qui sont devenus clodos, celles qui se sont mariés à des beaufs, celles qui sont cocues, celui qui fait les 3*8 heures à l'usine et qui est content, voleurs de voitures, proxenetes, celui qui est devenu avocat et qui a une fille différente dans son lit toutes les semaines, le vigile fachiste et raciste, et j'en passe et des meilleurs.
En plus je ne supporte pas qu'on me regarde dans les yeux. Quand je suis de bonne humeur et avec quelqu'un que j'apprécie vraiment j'y arrive, sinon ce n'est pas la peine d'essayer.
Et de ne pas surporter le bruit. Plus il y a de bruit autour de moi, plus j'ai l'impression que ma cervelle se bloque, se fige, que mon champs de vision rétrécit, que j'ai du mal à respirer.
Et quand le silence se fait, quel soulagement, je peux me reconcentrer sur mon boulot et penser et faire des tas de choses en une heure que je n'ai pas réussis à faire pendant la journée de travail.
Je ne pense pas les avoir naturellement ces symptomes, innés, mais par l'acquis, à cause du comportement des gens autour de moi qui me déroute en permanence. Je dois faire un effort considérable pour comprendre leurs mimiques, si c'est de l'humour, s'il se plante, s'il fait son cinéma, etc. 5 minutes de bavardage hors boulot et hors ma copine = 2 jours pour m'en remettre.
Quelqu'un qui veut m'annoncer quelque chose en tournant autour du pot, en prennant des précautions oratoires, je ne supporte pas et je l'agresse en lui demandant directement l'information !
Je suis toujours surpris de la tournure que prennent les conversations, on commence sur un sujet de boulot et ça se barre sur n'importe quoi qui n'a rien à voir. Je dois faire un effort tel pour suivre que je ne dis plus rien.
C'est pourquoi l'ordinateur est relaxant pour moi. J'ai l'impression de retrouver mes esprits quand j'écris ou modifie un programme.
On lui programme un calcul, il le fait et répond toujours la même chose à la même question.
Alors que l'humain, c'est totalement aléatoire, selon son humeur, sa fatigue, s'il a envie d'être sérieux ou de de payer votre fiole, s'il connait la réponse ou pas, selon la personnalité, son expérience.
Autant donner une réponse au hasard, on est plus sur d'avoir la bonne !
J'ai été aide soignant pendant 15 ans.
C'est à dire un métier totalement basé sur le contact humain.
1 million de fois plus épuisant pour moi que pour les autres, ayant besoin de me concentrer considérablement pour comprendre le comportement des autres.
Epuisement qui m'a ramené à ma propre vie, mon passé, ma famille, me confrontant à un univers et un mode de fonctionnement des autres qui m'échappe totalement, des priorités qu'ils ont et qui ne sont pas du tout les mêmes pour moi etc, et résultat une bonne grosse dépression.
Et rien que de remettre les pieds dans un service de soins, boule d'angoisse dans la gorge, impression de rentrer dans une ruche bruyante et assomante où tout le monde court partout, 36 personnes vous parlent de 36 choses différentes en même temps, courent partout, apparaissent d'on ne sait d'où, repartent presque aussitôt, impossible de suivre, envie de vomir de stress, migraine de stress, blocages intellectuels, comme si ma cervelle court circuitait de partout. Incapable de faire les choses que je savais faire sans problème avant, incapable de parler.
Ainsi au début de journée en arrivant au travail, totalement dérouté par le comportement des collègues, moi préférant me mettre au travail tranquillement.
M'humanisant peu à peu au fil des heures.
Mais épuisé vers le milieu de journée au point qu'incapable d'ouvrir la bouche autrement que pour donner des informations professionnelles et pour parler aux patients.
Par contre, comme décrit dans le premier post, autant j'ai l'impression certaine que je suis profondément antipathique et inefficace, autant je suis surpris qu'on me dise que je suis gentil, sympathique et efficace au travail au point que pendant un moment quand j'arrivais les collègues disaient "ha voilà notre sauveur".
Ca me déroute completement.
J'ai vraiment l'impression qu'on se fout de ma gueule.
?????
Le soir, en rentrant chez moi, soulagement physique du SILENCE total.
Impression physique que l'étau qui serrait mon crane se relache, les céphalées et accouphènes qui disparaissent en quelques minute pratiquement totalement, que la montagne que je portais sur mes épaules s'enleve, que ma cervelle recommence à fonctionner à fond, à respirer de l'oxygene pur et à tout recomprendre facilement.
Ca amene au paradoxe que j'ai un besoin de silence absolument obligatoire et que je travaille mille fois mieux quand je suis seul, mais que j'ai énormément besoin des collègues que j'adore et que très souvent je vais les voir, comme ça juste histoire d'aller les voir et hop, je retourne bosser, content.
Quelque chose qui m'a mis définitivement en une sorte de traumatisme vis à vis de ma famille : J'ai une soeur, des tas de cousines, des neveux. Hors chaque fois que dans ma famille il y a une naissance, on l'annonce au reste de la famille par une carte, une ou deux semaines après l'accouchement.
Hors avec mes collègues c'est l'inverse, dès qu'elles savent qu'elles sont enceintes, viennent me chercher, m'emmenent dans un endroit discret et me l'annonce avec émotion. Elles me montrent leur ventre et me le font toucher comme si c'était moi le responsable !
Séquence émtion forte et grand bonheur.
Quel contraste saisissant et déroutant entre la famille et les collègues !
Je n'arrive pas à résoudre le problème, à comprendre pourquoi. C'est une énigme.
Alors un jour par blog interposé, je leur ai envoyé dans les dents que : "en 15 ans d'aide soignant j'avais connu des milliers de fois plus de contacts humains avec mes collègues et les patients qu'en 40 ans avec toute ma famille !"
Ils n'ont pas apprécié, je m'en fous royalement.
Et pourtant j'ai une petite amie, et on rigole bien ensemble,on sort ensemble, mais souvent dans la journée je dois m'enfermer dans mon monde, quelques minutes par heure ça suffit, et de me faire engueuler parce qu'elle parle et je ne l'écoute pas.
Mais très heureux et très social avec elle, elle me traite même souvent de clown tellement je la fais rigoler.
C'est très éprouvant, usant, tous ces contrastes et paradoxes.
Message édité par halman le 11-02-2007 à 18:58:56
---------------
Les avions sont comme l'âme, ils ont des ailes et prolongent la vie. Marcel Dassault