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Auteur Sujet :

A votre avis qu'est-ce-que l'intolérance ?

n°5779556
Leg9
Fire walk with me
Posté le 07-06-2005 à 09:21:34  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

LLo a écrit :

Tu ferais bien de le mettre le bout du nez toi!


Un interprète je vous prie... un interpète dans la salle?
 

LLo a écrit :


Bac littéraire avec mention en ce qui concerne l'expression. Tu te prends pour qui ?


Comme quoi, preuve est faite que le bac on le file vraiment à tout le monde. [:prodigy]

mood
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Posté le 07-06-2005 à 09:21:34  profilanswer
 

n°5779590
Silk
Canard Laqué
Posté le 07-06-2005 à 09:29:42  profilanswer
 

LLo a écrit :

Cela ne fait pas tout je pense! J'associerai cette notion à l'idée d'un esprit étroit et riguoureux. Instinctivement l'on rejette ce que l'on ne comprend pas !


 
mouhahaha, c'est beau un lueur de lucidité de temps en temps  [:petrus75]  
 
 
Dommage que les oeillères soient si bien vissées en place  [:punky4]


---------------
"[rombière, insipide et] radasse qui a raté une belle carrière de mère supérieure de bénédictines" dixit guigui le 17 juin 02      [:xx_xx]                 :love: Joce c'est un super coup! MANGEZ-EN !  
n°5781296
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 13:05:55  profilanswer
 

L'intolérance est parfois (voir souvent) considérée comme un signe de force ,
le fort qui ne respecte pas le faible , inversement le respect , la tolérance , souvent perçus comme un signe de faiblesse ( "je suis tolérant car je n'ose m'opposer a plus fort que moi" ).
Le méchant on lui marche pas sur les pieds , le gentil se fait exploiter .
D'ou la tactique fréquemment employée par certains pour se faire passer (auprés des autres)  pour des leaders , des forts, en maltraitant le faible (ou le supposé faible).
Dans les prisons c'est classique il parait .
 
Bon , il y a aussi le coté plus noble du respect "sportif" (celui des forts entre eux : que le meilleur gagne)
Egalement , il faut parfois du courage et de la noblesse pour etre intolérant , certains misanthropes sont respectables .
 
Je me demande toutefois ou classer les empathiques .
 
 
 

n°5781341
[Toine]
A la demande générale...
Posté le 07-06-2005 à 13:12:59  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

Bon , il y a aussi le coté plus noble du respect "sportif" (celui des forts entre eux : que le meilleur gagne)


 
Tu trouves ça noble toi, un concours de bite? [:petrus75]

n°5781350
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 13:13:59  profilanswer
 

L'intolérance est une réaction de défense épidermique en cas d'invasion d'idées étrangères allant à l'encontre de ses valeurs.
En inséminant ses idées de façon plus subtiles (fourbes?) nous pouvons passer à travers les anticorps pour mieux propager  le virus :D


---------------
Hazukashii serifu kinshi!
n°5781374
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 13:17:23  profilanswer
 

[Toine] a écrit :

Tu trouves ça noble toi, un concours de bite? [:petrus75]

J'ai jamais considéré le sexe comme un sport , toi si ?
:ouch:
 

n°5781380
power600
Toujours grognon
Posté le 07-06-2005 à 13:18:54  profilanswer
 

WhatDe a écrit :

Quel topic pourri. Faut vraiment être shtarbé pour écrire un truc pareil.

[:twixy]  
Rien de tel qu'une démonstration, non?  [:ddr555]

n°5781383
[Toine]
A la demande générale...
Posté le 07-06-2005 à 13:19:08  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

J'ai jamais considéré le sexe comme un sport , toi si ?
:ouch:


Ah. En plus il comprend rien, nous voilà beaux :D .

n°5781393
show
Posté le 07-06-2005 à 13:21:13  profilanswer
 

[Toine] a écrit :

Tu trouves ça noble toi, un concours de bite? [:petrus75]


lorsque c'est un homme qui en a une très petite qui le lance, oui :o

n°5781408
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 13:22:19  profilanswer
 

On ne peut pas tolérer l'intolérance (de je ne sais plus qui).
La tolérance, c'est bien sympa, mais ça a des limites qui remettent en cause certaines valeurs morales.
Oui il y a des choses intolérables.
Oui, nous devons être intolérants envers certaines valeurs.


---------------
Hazukashii serifu kinshi!
mood
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Posté le 07-06-2005 à 13:22:19  profilanswer
 

n°5781430
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 13:24:45  profilanswer
 

Pyrus a écrit :

On ne peut pas tolérer l'intolérance (de je ne sais plus qui).
La tolérance, c'est bien sympa, mais ça a des limites qui remettent en cause certaines valeurs morales.
Oui il y a des choses intolérables.
Oui, nous devons être intolérants envers certaines valeurs.


C'est tout c'que j'ai dit  :p  (et pas seulement)


Message édité par le penseur fou le 07-06-2005 à 13:26:18
n°5781458
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:27:49  answer
 

L'intolérence est simplement une réaction mimétique d'une idée ou action qui nous agresse. En cela elle est inéfficace car elle répond comme une déclaration de guerre à celui qui est à l'origine de ce comportement. Elle n'est donc en rien constructive, un comportement humain par excellence.

n°5781508
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 13:32:41  profilanswer
 


Suivant une formule que j'utilise souvent :
On nait intolérant et on devient (parfois) tolérant .
On peut meme distinguer 2 sortes de tolérance:
-la pragmatique  
-la compréhensive
 
 

n°5781567
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:37:50  answer
 

pas de tolérance sans un minimum d'incarnation comportementale de ce lui que l'on est tenté de juger, car il s'agit bien de cela, se positionner en juge sur un fait qui ne nous visait pas particulièrement. Je ne pense pas que le pragmatisme aide spécialement à la tolérence car il inclu une donnée d'autosufisance. Le pragmatisme étant une variable dont les qualités varient celon les personnes, les cultures... Je te rejoindrais d'avantage sur la notion de compréhensive quoi qu'un peu flou


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 13:41:43
n°5781590
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 13:40:17  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

C'est tout c'que j'ai dit  :p  (et pas seulement)


J'ai pas tout lu et tes réponses un peu ampoulé font que ma lecture diagonale passe parfois complètement au travers.
 
La tolérance n'est pas une attitude passive qui laisserait entendre que toutes les valeurs sont égales. Elle peut inclure un classement (quel être humain ne classe jamais les choses ?) mais reconnait à toutes le droit d'exister.
Attitude tout à fait honorable si certaines n'avait pour but sa destruction.
 
Pour défendre la tolérance, il faut donc parfois "prendre les armes".
Bizarre, ça me rappelle la méthode américaine  :sweat:  
L'homme n'est pas à une aberration prêt  :pt1cable:


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Hazukashii serifu kinshi!
n°5781627
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:44:46  answer
 

Pyrus a écrit :

J'ai pas tout lu et tes réponses un peu ampoulé font que ma lecture diagonale passe parfois complètement au travers.
 
La tolérance n'est pas une attitude passive qui laisserait entendre que toutes les valeurs sont égales. Elle peut inclure un classement (quel être humain ne classe jamais les choses ?) mais reconnait à toutes le droit d'exister.
Attitude tout à fait honorable si certaines n'avait pour but sa destruction.
 
Pour défendre la tolérance, il faut donc parfois "prendre les armes".
Bizarre, ça me rappelle la méthode américaine  :sweat:  
L'homme n'est pas à une aberration prêt  :pt1cable:


Je pense que tu confonds avec la valeur d'"atolérance" qui est un revert à une forme d'idéologie autotolérante.

n°5781648
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 13:46:29  profilanswer
 

Pyrus a écrit :

J'ai pas tout lu et tes réponses un peu ampoulé font que ma lecture diagonale passe parfois complètement au travers.
 


Quoi! Quoi! quoi! " un peu ampoulées" mes réponses!? :o  
(ça me fait penser au poissonnier d'asterix : "il est pas frais mon poisson!?"


Message édité par le penseur fou le 07-06-2005 à 13:46:57
n°5781651
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 13:46:40  profilanswer
 


Euh ... je ne connais pas ces termes de atolérance et autotolérance.
Je peux essayer de deviner le sens d'un point de vue sémantique mais je ne suis pas sûr de ne pas partir en live  :pt1cable:  


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Hazukashii serifu kinshi!
n°5781677
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:49:28  answer
 

en fait un régime peu tout à fait être autotolérant, envers une idéologie qui elle inclue par exemple une notion d'intolérance (la plupart du temps occidentale) vis à vis de sa population. Comme la Corée du Nord par exemple, on ne peu dans ce cas pas parler de comportement "intolérant" de la part des pays capitalistes mais d'"atolérance". Car en politique la notion de tolérance occidentale est grandement basé sur les droits de l'Homme. Droits que ne reconnaissent pas la plupart des pays orientaux.


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 13:51:39
n°5781747
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 13:54:25  profilanswer
 

Unz sorte de zone de non droit en fait ?
On ne tolère pas vraiment mais on ne rejette pas non plus ?


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Hazukashii serifu kinshi!
n°5781748
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:54:27  answer
 

Dans le cas des politiques françaises ou autre qui font fi de ces droits on peu par contre parler d'intolérance, de condéscendance :D

n°5781787
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 13:57:50  answer
 

Pyrus a écrit :

Unz sorte de zone de non droit en fait ?
On ne tolère pas vraiment mais on ne rejette pas non plus ?


Pas vraiment car il faut se dire que se qui est un droit pour nous occidentaux ne l'est naturellement pas par exemple en Corée du Nord.
Ce pays est donc en droit d'exercer ce qui est du domaine de l'intolérance chez nous et inversement, ce qu'oubli bon nombre de diplomates américains qui se font une vision éthno-centrée de leur univers politique. D'ailleurs le cas américain mériterait que l'on si penche avec plus de précautions.


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 14:03:43
n°5781819
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 14:00:47  answer
 

C'est triste à dire mais quand les Népalais se pleignent de l'invasion chinoise il se place dans une vision européenne de la tolérance et des droits à l'indépendance. Manifestement la tolérance serait d'étudier les moeurs politiques et historiques de la région pour pouvoir en juger, autrement nous nous retrouverions à notre tour en position d'atolérance :D


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 14:03:13
n°5781867
Pyrus
Pas de cravate ? Erreur 1017
Posté le 07-06-2005 à 14:06:03  profilanswer
 


Donc c'est de la tolérance "pure" alors ?
On tolère que d'autres ne soient pas "tolérants".
Quoique je pense que la tolérance est quand même une notion objective.
Soit on tolère, soit on ne tolère pas. Il n'y a pas de semi notion.
Un mari bat sa femme et ses enfants. On tolère ou on ne tolère pas.
Le coup du "c'est toléré dans certaines cultures, pas dans d'autres", c'est juste pour embrouiller les pistes  :o


---------------
Hazukashii serifu kinshi!
n°5781928
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 14:13:49  answer
 

tu as raison, si on mèle tolérance et justice les choix s'en trouvent relativement réduits, on agit ou pas. L'ennui c'est que trouver quelque chose intolérable et ne pas agir relève à dire que l'on est en conflit avec sa notion culurelle de la tolérance fait qui arrive de plus en plus dans notre société actuelle dite évoluée et pacifiste. Le paradoxe est que l'on est en droit de montrer pacifiquement notre désaccord aux autorités ce qui est également de moins en moins vrai. A contrario un pays dont la politique est de tolérer l'intolérance est jusqu'a preuve du contraire en accord avec lui même.


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 14:14:50
n°5783901
l'Antichri​st
Posté le 07-06-2005 à 17:03:20  profilanswer
 

Citation :

Déjà je ne pense pas que l'opposé de l'intolérance (tolérance?) soit pour autant un terme "positif", dans le sens où il incarnerait des valeurs socialement reconnues : bonté, justesse ...  
Que signifie tolérer ? Est-ce que tolérer signifie accepter l'autre ? Je n'en suis pas sûre. L'intolérance n'est qu'une facette de la tolérance, qui ne serait malheureusement qu'une indifférence... [mauvaise formulation : vous semblez vouloir dire que la tolérance ne serait que de l'indifférence ce qui empêche alors l’intolérance d’être une modalité de la tolérance puisque celle-ci ne s’oppose pas d’abord à l’intolérance mais bien à l’indifférence...] d'un certain point de vue bien sûr.  
On peut peut-être se dire que c'est un moindre mal (mieux vaut l'indifférence que la guerre) ... ?  
 
On pourrait alors hiérarchiser ainsi :  
- Indifférence [≠ intolérance] / Tolérance [altruisme, sympathie, amour]  
- Intolérance : autrui ne m'est plus indifférent, mais il empiète sur mon être (dimension sociologique que je n'aborde pas dans le commentaire qui suit...)  
- Intolérance [non respect de la différence] / [tolérance =] Acceptation d'autrui : reconnaissance de l'autre comme un autre soi-même (la question est de savoir si c'est réellement possible... peut-être dans l'amour ?)


 
La question de fond est de savoir si l’on peut respecter l’autre homme " comme un autre soi-même ", l’accepter comme tel et non pas seulement en tant qu’il serait l’incarnation ou l’exemplification de la loi morale (cf. Kant : Fondements de la métaphysique des moeurs, première section) ou pire en tant qu’il " incarnerait des valeurs socialement reconnues : bonté, justesse ... ", ce qui revient à adopter une stratégie, à se constituer une extériorité artificielle mais efficace (comme le montre Nicole dans son ouvrage Essais de la charité et de l’amour-propre) ? Le problème est donc bien celui de l’amour. Dans un monde où la tolérance comme marque de respect (comme masque ou comme respect pour la loi morale accomplie), dans un monde du respect, l’amour a-t-il encore sa place ? Quel est le sens de la fusion amoureuse dans le monde du respect ?
 
Dans la relation amoureuse, la distance s’abolit. Je ne cherche pas à tenir l’autre en respect mais je cherche à l’intérioriser. Je veux le tenir près de moi, et même en moi. Dans l’amour s’effectue un passage entre le même et l’autre : la fusion amoureuse demande que l’autre soit dans le même, et que le même ne porte aucune altérité. Mais si l’attitude de la conscience est celle qui veut intérioriser, qui veut fondre l’autre en soi, peut-on dire qu’elle est respectueuse de l’autre en tant qu’autre, en tant qu’instance de l’altérité ? Non puisque l’amour cherche à fusionner, à assimiler, à abolir toute distance.
 
De cette position naît en effet un conflit larvé au sein de l’amour : la fin de l’amour (c’est-à-dire sa finalité et son arrêt) serait la possession. Or, cela est-il sûr ? Si la fin de l’amour est la possession, comment éviter la dérive vers le mépris de l’autre ? Si je l’intériorise, est-il aimé (ou même encore aimable) par moi ? Dans la fusion amoureuse, l’acceptation de l’autre ne semble pas avoir sa place. Or le présupposé ici engagé est le suivant : aimer serait lié uniquement à la possession. Mais cela est précisément le point à interroger à la lumière de la tolérance conçue comme respect de l’autre dans sa différence : si j’aime, et que cet amour relève de la possession, alors ne suis-je pas irrespectueux puisque je ne considère pas l’autre en tant qu’autre mais en tant que je le possède ? Cette structure de l’ " amour-possession " est-elle inéluctable ? Si tel est le cas, alors le soupçon est le suivant : est-il possible d’aimer sans respecter ? Or cela pose problème : quand j’aime, m’est-il impossible de respecter ce que j’aime ? Etre deux, est-ce nécessairement être irrespectueux vis-à-vis de celui qu’on aime ? Le fait d’aimer corrompt-il le support sur lequel se porte le sentiment amoureux ? Dans l’amour qui vise la possession, aime-t-on l’autre ou bien aime-t-on l’image de l’autre ? Que veut-on ou que cherche-t-on à posséder au sein de cet amour ?
 
La distance entre l’amant et l’aimé est à entendre au point de vue dynamique, au point de vue d’un effort à produire plutôt que d’une structure figée. Si le sentiment amoureux est une fusion intégrale, comment dissocier ce qui aime et ce qui est aimé ? Et comment savoir si j’aime l’autre et non l’autre en tant qu’il est en moi ? Dans la fusion intégrale, le danger est grand de sombrer dans un égoïsme raffiné. Le raffinement serait le suivant : être égoïste en compagnie d’un autre que j’aime quand il est en moi, quand il est moi. Or l’effort à produire est de se distancier de l’être aimé et d’aimer dans le creux de cette distance. C’est en ce sens que nous pouvons parler de la volupté comme le creux de cette distance. Ainsi faut-il entendre la position de Levinas : " La volupté, comme coïncidence de l’amant et de l’aimé, se nourrit de leur dualité : simultanément fusion et distinction " (cf. Totalité et infini, " La subjectivité de l’Eros " ). La différence entre l’amant et l’aimé, est le lieu du respect dans l’amour. La fusion amoureuse ne serait pas à entendre au sens d’une possession mais au sens de la volupté, qui en serait son contraire. Celle-ci, au sens de Levinas c’est-à-dire au sens de la coïncidence de l’amant et de l’aimé, est une fusion distinctive. Cette expression, sous l’apparence d’un oxymore, permet de lier le respect de la différence et l’amour, et plus précisément la différence dans l’amour.
 
Faisons un petit retour en arrière pour préciser les conditions du problème : la tolérance ne serait rien de plus au départ qu’une marque de respect, le signe du bon fonctionnement des relations sociales. Peut-on être respectueux de façon désintéressée ? Le mot d’ordre serait pragmatique : la tolérance serait purement et simplement le fruit du calcul suivant : " Puisque je veux être respecté, alors je vais montrer aux autres que je les respecte ". Respecter consisterait donc à montrer une marque d’égard par rapport à autrui pour que celui-ci à son tour me considère. Tel est justement le problème posé par Pierre Nicole dans son ouvrage Essais de la charité et de l’amour-propre. La tolérance n’est qu’un masque que l’hypocrite revêt pour que les autres, la compagnie du vivre-ensemble, ne le heurtent pas. Ce problème est lié à la présence des autres : ce sont d’abord eux qui doivent me respecter. Le lien social réside dans le fait de tenir en respect. L’homme aime la domination et la marque de celle-ci que constitue le respect mais voit que les autres ne veulent pas être dominés. Il s’agit donc d’adopter une stratégie : il s’agit que les autres me respectent et que donc j’entre dans une stratégie de respect envers eux. Or cette stratégie que je marque pour l’autre est précisément ce qui va le séduire. L’homme que je respecte est séduit (au sens latin) c’est-à-dire qu’il est trompé. La socialité du Monde est conçue comme dans le petit monde des salons. Il ne s’agit pas de ne pas faire mal à l’autre mais de ne pas le heurter c’est-à-dire de respecter son imaginaire. Il s’agit de supprimer mon amour-propre de la surface de mes actes et de mes discours. Il s’agit de casser la visibilité entre la cause de mon comportement et ce comportement. L’amour-propre des autres est blessé par mon amour-propre. Je dois les respecter (c’est-à-dire respecter leur amour-propre) pour qu’ils me respectent. Nous avons alors un raffinement de l’égoïsme : si les autres me voient égoïste ou méchant, alors je ne peux rien en tirer. D’où trois attitudes que la stratégie du respect contraint d’adopter : je dois dissimuler mon amour-propre et mon désir de respect, je dois respecter les autres c’est-à-dire satisfaire leur  amour-propre, je dois enfin cacher que ma flatterie est flatterie, que je dissimule ma dissimulation. Ainsi puis-je constituer une extériorité artificielle mais efficace. Pour donner l’illusion que je respecte l’autre, il faut que je me départisse de toute manifestation de l’égoïsme. D’où la conservation du respect qui passe par la conversation : je parle de mathématiques avec le mathématicien, de jardins avec le jardinier...
 
Mais que voulons-nous dans cette attitude ? Veut-on seulement le respect ? Si je respecte les autres, c’est certes pour qu’ils m'honorent et se montrent à leur tour tolérant à mon égard. Mais plus profondément je veux qu’ils croient à ma stratégie : qu’ils aiment ce que je leur présente (qu’ils croient que ce que je présente s’identifie avec ce que je suis, avec mon intériorité " aimable " au sens fort du terme) mais que je sais n’être que mon image (mon extériorité artificielle). Vouloir le respect, c’est vouloir l’amour. Ainsi Nicole écrit-il : " La plus grande inclination qui naisse de l’amour-propre est le désir d’être aimé ". Or je ne peux jamais m’assurer que les autres m’aiment. Dans l’amour, l’inquiétude ne peut être surmontée. Le problème rebondit alors : les institutions garantissent les marques de respect (en droit sinon toujours en fait puisque nous connaissons des actes irrespectueux) mais elles ne peuvent pas garantir ce qui sous-tend l’amour-propre c’est-à-dire la visée d’amour. Mais peut-on ainsi lier l’amour et le respect ? Les motivations de l’amour et du respect sont-elles les mêmes ?
 
Dire que le respect vise l’amour, n’est-ce pas poser le problème d’une prétendue ruse de l’amour-propre qui met en place les apparats (les marques de respect) en vue de l’amour ? Or n’y a-t-il pas une grande différence entre l’amour et son désir fusionnel d’une part et la distance qu’instaure le respect d’autre part ? Cette distance semble particulièrement bien marquée par l’expression " tenir en respect ". Quand je tiens en respect un homme, je le tiens à distance de moi. Que je sois dans la position forte ou dans la position faible, je suis à distance de l’autre. Je ne veux pas me mélanger avec lui. En ce sens, quand je fais preuve de tolérance, il n’y a rien en moi d’empathique. Le respect est donc un sentiment antipathique, c’est-à-dire anti-pathos. A cette antipathie s’ajoute un aspect conservateur : il s’agit de geler les postures. Chaque position est sclérosée, le mouvement est gelé. Le mot d’ordre du respect n’est donc pas celui de l’amour et de la fusion (" aime-moi ", " touche-moi ", " approche-toi " ) mais celui d’une mise à distance : " Si tu ne m’aimes pas, au moins respecte-moi ". Ce mot d’ordre est donc minimal. Cela pose précisément la scission entre la surface et la profondeur. La mise à distance respectueuse est le mot d’ordre minimal face à l’impossibilité d’une fusion amoureuse. Demander la tolérance, n’est-ce pas inquiétant ? Il s’agit de demander que la façade, la surface soit sauve parce que le fond (les véritables sentiments, l’amour) importe peu.
 
Le respect porterait donc l’expérience d’un sentiment qui mettrait en place un processus qui ne réaliserait pas la fin désirée : je veux être aimé mais le respect est l’obstacle de cet amour dans la mesure où il instaure nécessairement une distance. L’expérience est alors troublante : vouloir être respecté, c’est vouloir être aimé et c’est porter en même temps (et tel est le point nodal du drame) l’obstacle qui empêche la réalisation de cette fin ultime.
 
N’est-ce pas en ce sens que s’impose la figure de Socrate ? Celle-ci apparaît comme une figure de l’obéissance sans respect. Socrate obéit certes à la loi athénienne mais ne la respecte pas. Il les respecte en un sens c’est-à-dire qu’il les suit (parce qu’il serait injuste de ne plus suivre des lois considérées bonnes jusqu’à présent) mais il ne les respecte pas fondamentalement. Par le geste qui consiste à se donner la mort, et qui est comme une scène inaugurale de la philosophie, il soumet à discussion les lois athéniennes. Respecter sans soumettre à discussion, n’est-ce pas une faiblesse de la raison ? Pour répondre à cette question, Socrate s’impose comme figure de la subversion (sub-version, version par-dessous) : par son respect, il invite à l’irrespect. Il s’agit de la subversion la plus subtile. Il utilise la façade de respect (ou le respect de façade) pour fonder la philosophie. Il s’agit de respecter les lois pour montrer précisément que les lois athéniennes ne sont pas respectables, tolérables. Le respect aveugle (respecter " pour respecter " ) semble comporter une dose d’obscurantisme. C’est en effet refuser d’interroger les fondements de l’obéissance. Le respect porte en puissance l’inhumanité ? Certains individus renoncent à leur liberté individuelle et ne sont que des défenseurs forcenés d’un ordre social qui édicte des lois iniques : contribuer à la ségrégation ou à la discrimination raciale. Le respect inconditionnel pour une loi ou pour une cause peut engendrer les pires actes : tant que l’institution les protège, certains hommes s’asservissent. La fonction du bourreau dans les exécutions capitales prouve que des individus sont capables d’exécuter froidement un être humain suivant la demande de la société et moyennant salaire. L’inconditionnalité du respect peut engendrer l’aveuglement et le fanatisme : le respect pour le gourou, pour le chef, pour le Führer ou pour une quelconque autorité engendre le sommeil de la raison. Il se passe comme un renversement des valeurs : le respect peut obnubiler et hypnotiser la raison qui au lieu d’objecter ne fait qu’accepter. Or la loi et le droit existent pour les hommes, pas le contraire. Cette optique est précisément défendue par Thoreau dans La désobéissance civile : " La loi n’a jamais rendu les hommes plus justes d’un iota ; et à cause du respect qu’ils lui marquent, les êtres bien disposés eux-mêmes deviennent les agents de l’injustice ". Ce respect indu pour la loi conduit in fine à un fanatisme rampant et à une démission de la raison comme instance qui fait retour, qui réfléchit et donc qui conteste. Respecter la loi " parce que c’est la loi ", " parce qu’il le faut ", est un discours de domestique essayant maladroitement de cacher sa faiblesse derrière de pseudo-arguments. En présence d’une loi inique que l’on ne peut réformer, la désobéissance civile relève, non de la convenance personnelle, mais d’une exigence rationnelle. Que l’on soit du côté de Socrate ou du côté de Thoreau, on use de sa raison pour montrer l’absurdité du respect inconditionnel. De celui-ci naît le sommeil de la raison, celui-là même qui engendre des monstres.
 
Il y aurait donc, en réciproque à cette position, une valeur positive de l’irrespect et de l’intolérance. Ne pas respecter de façon aveugle ce qui est établi, ce qui semble normal dans une communauté, n’est-ce pas le fondement de l’utilisation de la raison ? La raison paresseuse ou en sommeil dans le respect inconditionnel de ce qui est imposé, établi ou ordonné pose problème. Cette position est-elle tenable en permanence ? Elle rappelle certes l’importance de l’insolence et le fait que l’homme se construit dans l’avenir en niant l’omnipotence et l’omniprésence du passé. Mais dans le rapport des hommes entre eux, dans le lien social et moral,  la tolérance a-t-elle plus de valeur que l’intolérance ? Il s'agit de débusquer la contradiction de l’être et du paraître. Mais si l’irrespect peut porter une valeur positive, est-ce à dire pourtant que le respect n’est qu’une simple apparence de moralité dont la vraie moralité devrait se moquer ? Si être tolérant, c'est respecter l'autre, qu’est-ce que le " respect authentique " ? Nous saisissons et nous critiquons l’image du respect mais au nom de quelle authenticité ? N’est-ce pas la morale, comme lien authentique, qui appelle le respect ?
 
Au sens moral, se montrer tolérant consiste en une action faite par devoir. Le devoir est en effet " la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi " (cf. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, première section). Le recours au respect n’est pas anodin : à la différence de l’inclination ou de la crainte, le respect n’est pas reçu par influence mais est un sentiment spontané produit par un concept de la raison. En quel sens ? En ce sens que ma raison reconnaît immédiatement la loi en tant qu’elle me concerne individuellement ou plutôt personnellement. Qu’est-ce donc que le respect dans cette optique ? Il s’agit de la conscience que ma volonté se subordonne naturellement à la loi morale. En ce sens, je ne suis pas la loi à cause du respect mais ce dernier est l’effet de la loi sur le sujet. C’est dans cette optique que Kant note la tension entre le respect et l’amour-propre : " A proprement parler, le respect est la représentation d’une valeur qui porte préjudice à mon amour-propre " (Ibidem). La loi morale agit sur moi et me contraint en quelque sorte au respect. Elle force le respect et va à l’encontre de la convenance personnelle. Plus précisément, elle fait comme si ma convenance n’avait aucune importance. En un sens, elle n’a aucune importance puisqu’il n’est possible de respecter que la loi. Respecter ce n’est à strictement parler que respecter la loi morale. Pourquoi cela ? Parce que l’amour-propre interfère dans toutes nos actions sauf en ce qui concerne la loi : nous sommes contraints de nous plier à la loi. L’amour-propre n’a pas à être consulté. Nous ne respectons pas une personne pour elle-même : nous respectons la loi dont cette personne nous fournit l’exemple. A la limite, l’être humain n’est pas respecté pour lui-même mais comme l’exemple d’une incarnation de la loi. Nous respectons des personnes par leur conduite ou par leurs talents qui sont des symboles de la loi accomplie. Ce que nous respectons in fine réside dans la loi en tant qu’elle est incarnée dans le symbole fournit par une personne.
 
Nous respectons le " symbole " (le " sumbolon " ) : la bribe qui relie l’apparence et la vérité. L’exemple d’une personne morale offre le spectacle d’un " universel-concret ", c’est-à-dire d’une loi qui se présente en acte, d’un intelligible (la loi) exemplifié dans le sensible (la personne). Nous respectons certaines personnes en tant qu’elles offrent le symbole de la loi accomplie. La personne morale est une bribe sensible qui incarne l’intelligible de la loi. La bonne action ou le beau talent prennent place dans une structure qui lie l’intelligible de la loi et le sensible dans lequel s’ancre l’action. La personne vertueuse fonctionne ici comme un pont : elle force le respect dans la mesure où elle symbolise la loi morale. Plus précisément, elle symbolise dans la mesure où elle est une bribe sensible qui réalise concrètement l’impératif de la loi morale. Ce que nous respectons réside dans la vision de l’intelligible de la loi à l’oeuvre dans notre monde sensible. Nous vivons ici l’expérience selon laquelle le symbole est cet intermédiaire entre deux niveaux de réel à savoir l’intelligible (réel puisqu’il se réalise) et le sensible (comme lieu de réalisation de l’intelligible). En ce sens, le respect est la vertu non encore comprise : il s’agit d’une copie imparfaite. Le sensible est une manifestation de l’intelligible et n’en est pas le contraire : c’est cela que nous prouve l’existence du symbole pour lequel nous ressentons du respect. Cependant, copie ne signifie pas simulacre c’est-à-dire un moyen destiné à me dispenser de produire l’effort moral. Le  " Je respecte " entendu comme un slogan serait un moyen commode ne pas faire mon devoir mais d’agir conformément au devoir. Or, ce discours se détruit lui-même si je procède à un examen de conscience. Je ne peux pas faire autrement que d’accepter que les autres agissent en suivant l’image du respect : sans doute le monde est-il respectueux envers moi parce que des règles régissent nos rapports et qu’il est plus profitable de montrer du respect que de l’irrespect. Mais ce raisonnement ne vaut que parce que je ne connais pas les intentions d’autrui. Or, je suis le seul placé pour juger du sens et de la valeur de mes intentions. Dans cette optique, puis-je me contenter d’agir en conformité avec la loi morale ? Les autres ont sans doute le droit de n’être que respectueux (se contenter des règles de l’étiquette, du décorum, des formules de politesse et des rituels du respect) mais, quant à moi, j’ai le devoir d’être vertueux. Il existe donc une apparence permise en morale pour reprendre le titre et la problématique du paragraphe 14 de l’Anthropologie d’un point de vue pragmatique. Se contenter pour soi de l’apparence en matière de moralité représente une marque d’immoralité. Si j’avance masqué, avec ce masque du respect que nous avons analysé, je ne suis pas respectueux. Cette situation où les autres peuvent se laisser prendre, peuvent tomber dans le piège, n’est pas soutenable pour moi. Cela engage mon devoir.
 
C'est alors que nous pouvons comprendre l'intolérance (le non-respect de...) comme refus de l'intolérable (le non-droit). La force du droit est en effet une question de principe : éprouver la force du droit, ressaisir dans le droit en tant que droit une telle vertu affirmative, ce n'est pas être gagné par la vigueur ou l'autorité d'un droit déterminé, ni être convaincu pragmatiquement ou mû passionnellement par l'utilité vitale du droit en général, mais s'élever au souci d'un idéal. La force du droit concerne l'idée même du droit, le droit comme idée, le droit comme principe, comme exigence absolue et par conséquent intransigeante et inconditionnelle, tout à fait au-delà de la sphère empirique, concrète et prosaïque de l'intérêt ou de la crainte. La force du droit est celle d'une exigence désintéressée. L'idée même du droit dont relève cette force est une affirmation sans compromis ni demi-mesures, nullement lié au fait que nous pourrions en tirer parti pour quelque usage propre. La force du droit consiste dans l'impossibilité où nous sommes, en dehors de toute question d'intérêt, de ne pas voir dans le droit un exigible, quelque chose qui doit être, sous peine de quelque manquement grave. Et c'est pourquoi, de même que nous nous enthousiasmons pour l'établissement ou le rétablissement du droit, de même nous nous indignons de tout ce qui porte atteinte au droit, de ce qui se fait au " mépris du droit ".
 
Expérimenter la force du droit c'est être pénétré du caractère d'exigibilité d'une règle supérieure contre ce qui s'oppose à elle, par exemple d'une règle supérieure de justice contre l'arbitraire de la pure violence. C'est en éprouver le caractère suprêmement respectable. L'enthousiasme et/ou l'indignation pour telle ou telle règle particulière, limitée et localisée ne peuvent tirer leur valeur que de ce respect. Kant dira d'ailleurs qu'il est l'unique sentiment ayant valeur morale. Mais précisément, il est clair maintenant que la force du respect pour la loi est celle d'un principe de nature pratique c'est-à-dire morale. Dans cet idéal de respect on reconnaît une valeur éthique.
 
La force du droit nourrit donc une conviction et une conduite d'abord foncièrement morale et comme telles intransigeantes, intolérantes, sans concessions : la force du droit fait le caractère détestable voire odieux du non-droit, de l'arbitraire : ceux-ci sont inacceptables, inconcevables, non pas même à subir, mais simplement à voir, comme ce qui en aucun cas ne peut être admis, comme ce qui toujours doit être proscrit !
 
Dans cette optique, nous  respectons les personnes en tant qu’elles sont le symbole de la loi morale. Ce qui autorise l'intolérance à l'égard du non-droit. Mais cette position est plus inquiétante que celle qui consiste à dénoncer les apparences du respect au nom de rapports humains authentiques. Si l’on avance l’idée selon laquelle le respect n’est que respect pour la loi, alors est-il impossible de penser un respect pour l’autre homme en tant qu’autre homme ? Peut-on respecter l’autre homme sans l’intermédiaire de la loi ? Peut-il exister un rapport à l’autre homme fondé sur une forme de respect qui ne passerait pas par la loi morale ? Y a-t-il une autre voie que la morale qui permette une sympathie avec un autre homme sans passer par l’instance légale ? Une forme de respect ayant pour sujet un être humain et non pour objet un être en tant qu’il symbolise une loi est-elle possible ? Peut-on respecter autre chose que le symbole ?
 
Revenons donc au thème de l'amour. La demande d’amour ne peut être remplie que si la carcasse de l’amour-propre n’existe plus. Cela demande un effort : faire exploser la structure de mon amour-propre, puisqu’elle empêche le don, n’est-il pas le moyen pour se situer dans la sphère de la " volupté " ? Derrière ce terme, se cache le don que les amants se font mutuellement : il faut que l’autre soit investie par moi d’une façon qui le préserve et je dois m’ouvrir à l’autre (me donner) pour être le terrain sur lequel il pourra se situer. Pour qu’il y ait coïncidence, il est nécessaire que le coïncidé et le coïncidant se retrouvent sur le même terrain et sur le même plan. Celui-ci n’est accessible que dans l’offrande que chacun fait à l’autre. La volupté permet de se retrouver comme le soi d’un autre et non pas seulement comme le soi de soi-même. N’est-ce pas alors le respect que nous découvrons dans l’amour ? Si l’amour existe, c’est parce qu’une communauté se produit entre deux amants. C’est sans doute dans cette communauté (ou cette communication) de sentiment offert ou donné que le respect trouve son lieu.
 
Dans l’amour comme fusion distante, je m’abandonne d’abord à moi-même. Je m’oublie moi-même mais pour me retrouver dans l’autre. Il existe donc bien une distance puisque ma subjectivité est déplacée de moi vers " moi-dans-l’autre ". C’est cela que nous signifions quand nous affirmons que nous sommes désarmés face à l’être aimé. Je m’oublie mais je me retrouve. Je suis séparé de moi mais je me déplace pour me retrouver au sein de l’autre. Il existe donc en même temps (" simultanément " écrit Levinas) la fusion et la distinction. En ce sens, respecter c’est donner. Plus précisément, le don permet le respect : il en est le vecteur. Quand je donne, je respecte dans la mesure où le don se désintéresse du retour ; non pas que le don n’appelle pas le rendu ou le retour mais dans la mesure où il n’exige pas de dette. Dans cette optique, la donation est le refuge du respect. Quand je donne, quand j’aime donc, je suis dans une certaine distance puisque je me sais donateur. Mais cette distance s’abolit dans le don effectué ici et maintenant dans la mesure où il est véritablement don c’est-à-dire sans dette. Donc le respect fait vivre un monde commun entre celui qui a donné et celui qui a reçu. A l’intérieur de ce monde commun (la fusion), je suis relié à l’autre mais il ne se confond pas avec moi. De mon côté, je m’identifie certes avec mon don : je m’offre à l’autre. Mais ce dernier ne se réduit pas à une image. Il est plutôt celui qui excède les images. Donner véritablement consiste donc à respecter au-delà de toutes les images puisque cela consiste à ne pas corrompre l’intégrité de l’autre. Voir l’autre comme une image ou comme un symbole, n’est-ce pas le corrompre ? Donner véritablement, c’est engager un amour qui rencontre le respect non d’une image ou d’une bribe qui symboliserait une totalité mais d’une véritable totalité. Dans l’amour, je m’offre tout entier, je me donne. Ouvrir cette brèche en moi permet qu’un amour entre en moi et que je sois comblé par une donation. En ce sens, le propre de l’amour n’est pas l’amour-propre puisque ce dernier vise la dette : les autres me doivent le respect. Or quand je me donne, j’offre par-dessus le marché mon respect et j’en fais l’offrande dans la structure amoureuse. Ce n’est qu’ainsi que je peux m’ouvrir au possible retour de respect que l’autre m’offre. Le respect ouvre une brèche dans mon amour-propre : je ne présente plus ma façade artificielle à autrui mais j’accepte de m’offrir dans ma pureté. Le premier pas d’acceptation est le respect que j’offre. Respecter revient donc à faire l’expérience que le propre de l’amour ne réside pas dans l’amour-propre mais dans le don qui ouvre les possibles et dont la récompense est un amour respectueux ou un respect amoureux.


Message édité par l'Antichrist le 07-06-2005 à 19:45:20
n°5784004
Profil sup​primé
Posté le 07-06-2005 à 17:10:58  answer
 

:ouch: Merci d'avoir reformulé ce que je voulais dire au tout début
C'est très intéressant il faut que je relise plus attentivement ce commentaire : j'ai des questions qui se bousculent au sujet de la Fondation de la métaphysique des moeurs justement  
 
Franchement, merci


Message édité par Profil supprimé le 07-06-2005 à 17:12:29
n°5784022
show
Posté le 07-06-2005 à 17:12:48  profilanswer
 

bravo à l'Antichrist pour ce superbe pavé riche en enseignements :)
je crois que tout est dit...

n°5785619
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 20:04:18  profilanswer
 

Silk a écrit :

mouhahaha, c'est beau un lueur de lucidité de temps en temps  [:petrus75]  
 
 
Dommage que les oeillères soient si bien vissées en place  [:punky4]


 
ouais ouais c'est ça... lueur : n, f. pâle clarté. Pour toi ce doit être l'ombre complète alors! T'as déjà vu des oeillères vissées toi espèce de bourrique d'âne  [:alvas] ?


Message édité par LLo le 07-06-2005 à 20:05:07

---------------
LLo
n°5785670
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 20:10:53  profilanswer
 

[quotemsg=5779556,123,28571 Un interprète je vous prie... un interpète dans la salle?
 
Il faut peut-être lire tous les posts d'abord, je pense! C'est assez clair il me semble...
 
Comme quoi, preuve est faite que le bac on le file vraiment à tout le monde. [:prodigy][/quotemsg]
 
Eh! bien pour toi c'est pas gagné alors! et J'ai même un gros doute que tu l'ai obtenu un jour, sinon cela confirmerait ce post. :lol: :pt1cable:


Message édité par LLo le 07-06-2005 à 20:13:42

---------------
LLo
n°5785965
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 20:50:59  profilanswer
 

llo, faut pas trop faire attention, ils s'amusent de ta volubilité , c'est pas sérieux tout ça .
L'antichrist , lui , il est sérieux , le problème c'est que l'on peut pas lui répondre tout de suite .

n°5786249
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 21:14:33  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

llo, faut pas trop faire attention, ils s'amusent de ta volubilité , c'est pas sérieux tout ça .
L'antichrist , lui , il est sérieux , le problème c'est que l'on peut pas lui répondre tout de suite .


 
Je te remercie Le penseur pour ta sollicitude (tu vois bien qu'il existe de bons misanthropes... mais si, mais si!), il est vrai que je suis une personne assujétie à ses passions, tempérement fougueux que j'ai parfois du mal à réfrener... Sinon Bravo à l'Antécrist, je suis impressionnée!  :jap:


Message édité par LLo le 07-06-2005 à 21:35:53

---------------
LLo
n°5786349
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 21:22:26  profilanswer
 

LLo a écrit :

Je te remercie Le penseur pour ta sollicitude (tu vois bien qu'il existe de bons misanthrope... mais si, mais si!), il est vrai que je suis une personne assujétie à ses passions, tempérement fougueux que j'ai parfois du mal à réfrener... Sinon Bravo à l'Antécrist, je suis impressionnée!  :jap:


Oh mais je n'en ai jamais douté , faut lire Molière .
Quand tu as (trés) soif de dialogue , certains autres pensent que c'est a leurs dépends .

n°5786707
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 21:50:35  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

Oh mais je n'en ai jamais douté , faut lire Molière .
Quand tu as (trés) soif de dialogue , certains autres pensent que c'est a leurs dépends .


 
Merci pour l'info, je ne comprends tout de même toujours pas ce mode de fonctionnement chez l'individu. Je ne savais pas que la volubilité pouvait engendrer ce type de réaction primaire d'agressivité chez certains. Je ne cherche pas à me positionner dans un rôle de suprématie non plus selon moi, consciente des limites de mes connaissances personnelles, je suis seulement d'un naturel curieux, inquisiteur et volubile, je n'attends rien de l'autre exactement, je cherche simplement à scuciter des émotions, de préférence sympatiques...


Message édité par LLo le 07-06-2005 à 21:51:17

---------------
LLo
n°5786768
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 21:54:25  profilanswer
 

LLo a écrit :

Merci pour l'info, je ne comprends tout de même toujours pas ce mode de fonctionnement chez l'individu. Je ne savais pas que la volubilité pouvait engendrer ce type de réaction primaire d'agressivité chez certains. Je ne cherche pas à me positionner dans un rôle de suprématie non plus selon moi, consciente des limites de mes connaissances personnelles, je suis seulement d'un naturel curieux, inquisiteur et volubile, je n'attends rien de l'autre exactement, je cherche simplement à scuciter des émotions, de préférence sympatiques...


Tu veux pouvoir trouver les gens qu'il faut pour écouter et provoquer (gentiment) tout ce que tu as a dire .
Par l'echange intelligent on arrive parfois a accoucher de soi-meme.

n°5786835
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 22:00:36  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

Tu veux pouvoir trouver les gens qu'il faut pour écouter et provoquer (gentiment) tout ce que tu as a dire .
Par l'echange intelligent on arrive parfois a accoucher de soi-meme.


 
-Qui es-tu ?


---------------
LLo
n°5786871
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 22:03:45  profilanswer
 

LLo a écrit :

-Qui es-tu ?


Oh moi rien ...qu'un mage (non je déconne)

n°5787498
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 22:58:14  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

Oh moi rien ...qu'un mage (non je déconne)


Moi je n'en doute pas ! Il est vrai que tu as l'art de disparaître et de réapparaître toujours à bon escient .... furtive et subtile empreinte...


---------------
LLo
n°5787614
le penseur​ fou
Posté le 07-06-2005 à 23:06:14  profilanswer
 

LLo a écrit :

Moi je n'en doute pas ! Il est vrai que tu as l'art de disparaître et de réapparaître toujours à bon escient .... furtive et subtile empreinte...


Quand on est plus un enfant , c'est pas bon de croire en la magie .
Croyons en l'homme ou a son dépassement , ça vaudrait beaucoup mieux pour tout le monde .

n°5787667
biboo_
\o/
Posté le 07-06-2005 à 23:10:03  profilanswer
 

l'intolérance , ce n'est pas d'accepter que l'autre ne soit pas d'accord avec vous

n°5787736
LLo
C\\\'est ainsi
Posté le 07-06-2005 à 23:13:30  profilanswer
 

le penseur fou a écrit :

Quand on est plus un enfant , c'est pas bon de croire en la magie .
Croyons en l'homme ou a son dépassement , ça vaudrait beaucoup mieux pour tout le monde .


 
De part ma nature fantasque, il m'est parfois difficile de pouvoir adhérer à ce concept.


---------------
LLo
mood
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