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Pourquoi la routine est-elle si importante pour le chat ? Mardi 27 Mai 2014 | Conseils Comprendre son chat chat Suivre chaque jour les mêmes rituels est extrêmement important pour les chats. Et le moindre changement, de rythme ou d'environnement peut les perturber très profondèmement. Mais pourquoi la routine est-elle si importante pour nos chats domestiques ? Marie-Hélène Bonnet, comportementaliste du chat, nous explique comment la domestication du chat a rendu cette ritualisation nécessaire, afin de lutter contre le stress : Quand nous parlons d’éthologie, on parle de chat à l’état sauvage, non domestiqué, ce que nous appelons chat Haret (Félis silvestris catus) de façon un peu technique. Je ne parle généralement jamais de technique dans mes articles, afin que tout le monde puisse comprendre sans avoir une encyclopédie sur les genoux ! Toutefois, vu le sujet traité, il est indispensable de revenir sur quelques points. De la vie sauvage au confort d'une maison Autrefois donc, notre chat Haret vivait sur un territoire, qu'il gardait à vie, en effet, le chat n’est pas un nomade. La majeure partie de la journée, et de la nuit, le chat doit chasser, il faut en moyenne une vingtaine de petites proies par jour pour survivre. Cela prend du temps. Beaucoup de temps. Le chat va parcourir des kilomètres pour trouver de quoi se nourrir normalement. Entre 2 proies, il se repose, afin de récupérer toute son agilité et sa rapidité pour la prochaine proie. Il préfèrera chasser de nuit, ce qui le favorise : la structure de son œil lui permet de voir la nuit, à la seule lueur d’une étoile, comme en plein jour. Les proies n’ayant pas cette faculté, il en profitera pour les attraper mieux et plus vite. Ceci n’est qu’une parenthèse pour expliquer que certains chats préfèrent manger ou jouer la nuit. Puis le chat voit l’homme sédentarisé : il vit sur un territoire sans en changer, comme le chat. L’homme se protège des intempéries, il éloigne les prédateurs, et les proies habituelles du chat sont légions dans son sillage… Toutefois, l’homme tente de se débarrasser de ces délicieuses proies bien dodues… Et si le chat venait aider ce bipède ? Il pourrait être nourri facilement en rendant service, et en contre partie, il pourra profiter d’un toit et de murs, le protégeant du froid et de la pluie, mais aussi il sera hors de portée des prédateurs ! Voilà notre chat Haret dans une grange, à courir derrière des mulots, des souris, des rats, et à attraper les oiseaux nichant dans l’étable… Plus de renards, de belettes ou autres prédateurs, et surtout plus besoin de chercher un abri en cas de froid ! Seulement voilà, que faire de la journée ? Ses 20 proies quotidiennes, pas besoin de faire des kilomètres pour les trouver, quelques heures suffisent, et le reste du temps ? Ritualiser la journée pour s'occuper Et voilà encore un autre souci pour notre chat Haret, un voisin aussi a établi domicile dans la grange, et en bon chat, on ne cohabite pas… Dilemme… rester et supporter l’intrus ou repartir et mourir de faim et de froid ? Tant pis, on reste, le sacrifice n’est pas si énorme, même s’il est fait à contre cœur… Reste à savoir quoi faire de la journée, qui parait bien longue à notre pauvre chat Haret, plus vraiment sauvage, mais de plus en plus domestique. Et là notre ami chat va regarder autour de lui. Que font les bipèdes de leurs journées, eux qui vivent comme des chats ou presque ? Ils ont un rythme fixe, refaisant jour après jours les mêmes gestes aux mêmes moments. La solution est là pour notre chat : s’occuper. C’est là que le chat va commencer à ritualiser sa journée, refaisant toujours les mêmes choses aux mêmes moments précis. Bien sûr il y a des variations dans le temps, en fonction de l’âge de la météo, des autres animaux etc. Mais la trame journalière, elle, elle reste en place. Les années passent pour notre chat de ferme devenu domestique. Les villes se créent, se remplissent, et les humains apportent les chats avec eux. Toujours dans le souci premier d’éliminer la vermine, avant de penser à la compagnie. Les chats se multiplient dans les villes, s’appropriant les rues, se nourrissant dans les poubelles quand les rats ne sont pas assez nombreux. La nourriture est de plus en plus facile à trouver et le temps de plus en plus long et difficile à combler. Et dans les années 60/70, le chat rentre dans les appartements, se fait nourrir de pâtés et de croquettes, prenant encore moins de temps à être trouvées. Progressivement, les humains verront même d’un mauvais œil de laisser un chat chasser et se nourrir de souris et autres rongeurs. Les tapettes et autres pièges remplacent les chats dans cette fonction. Le chat devient notre ami et confident, plus le chasseur de vermine. Il devient le compagnon idéal des personnes seules, des enfants et des personnes âgées. Il rentre dans tous les foyers, mêmes les hommes célibataires ont souvent un chat pour leur tenir compagnie. Et les journées du chat, seul dans la maison, ou l’appartement, sont longues, très longues. Siestes, toilettes, quelques croquettes, le griffoir, jeux, siestes, croquettes, litières… la journée n’en finit pas. L’humain arrive, et là on réclame son lot de caresses quotidiennes, mais bien vite le bipède part dormir et la nuit aussi va être longue… notre petit félin aurait tôt fait de sombrer dans la déprime étant ainsi désœuvré. Sans routine, le chat angoisse La ritualisation devient de plus en plus intense, ne laissant quasiment plus de temps aux temps morts. Et dès que cette routine s’interrompt, le chat s’angoisse. Cela devient une obsession : remplir sa journée, faire ce qui doit être fait quand il le faut. Passer du griffoir au canapé en montant par le bon accoudoir… Ne pas oublier de se frotter long de la porte en rentrant dans le couloir… Faire sa toilette après les 3 croquettes de 13h30… Un tourment sans fin pour notre petit compagnon. Et s’il doit partager sa vie avec un autre chat, il faut prendre soin de ne pas créer d’interactions entre les manies de chacun. Mais là, il s’agit d’un autre sujet ! On considère donc que nos chats souffrent de TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs). Aussi, pour faciliter la vie de Félix, évitez de changer les meubles de place, voir de changer les meubles, pensez à laisser les choses à leurs places pour ne pas le stopper dans sa course contre l’angoisse, sinon on court droit au stress. Ce stress que le bien heureux chat Haret ne connaît pas et n’a pas le temps de tester… Ce stress qui est le prix à payer pour nos chats pour vivre au chaud et sans disettes. Il peut paraître un modeste sacrifice face aux nombreux avantages de la domestication, mais certains chats ne s’y font jamais. Aussi, aidons-les du mieux que nous le pouvons en mettant à disposition suffisamment d’activités pour que les rituels puissent être nombreux et variés. Pensez aussi à préparer les changements de rythme de vie à l’avance. > Déménagement, bébé, nouveauté : comment préparer son chat au changement ? Et aux premiers signes de stress de votre chat, réagissez. Inutile de brancher des diffuseurs ou autres sprays aux résultats douteux, mais observez, et tentez de comprendre. N’oubliez pas que là encore les comportementalistes peuvent vous aider. Vous avez un doute ? N’attendez pas que Félix tombe dans la dépression. Parfois un simple coup de fil peut vous aider à comprendre ou vous rassurer sur ce que vous devez faire ou éviter de faire. Marie-Hélène Bonnet Comportementaliste du chat www.comportement-chat.com Mots clés : comportementaliste
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