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Etape 1 – Jus de canne ou mélasse
En règle générale, on distingue les rhums issus de la distillation de jus de canne (vesou) de ceux provenant de la mélasse. Obtenu à partir du broyage de la canne à sucre, le jus de canne s’altère très vite : il doit être mis très rapidement à fermenter, puis à distiller, pour produire le rhum agricole. Résidu du raffinage du sucre de canne, la mélasse est un sirop épais et visqueux qui peut entrer dans la composition de desserts et friandises, mais est aussi utilisée pour l’élaboration de nombreux rhums.
La canne à sucre (« Saccharum officinarum ») pousse en zone équatoriale en région tropicale. On la trouve en Floride, au Texas, en Louisiane, aux Antilles, à Hawaï, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, mais aussi en Indonésie, en Thaïlande, aux Philippines, en Chine, en Inde, dans les îles de l’Océan Indien, en Australie, ainsi qu’au sud de l’Espagne. Il en existe de nombreuses variétés plus ou moins résistantes aux maladies et avec des teneurs en sucre variables. La canne est composée d’eau, de fibres et de saccharose. C’est à la base de la canne que le saccharose se concentre.
Âgée de 11 mois, la canne est récoltée avant sa floraison, de façon manuelle ou mécanique. Les feuilles et le sommet des cannes sont abandonnés dans les champs. Seule la base est transférée rapidement à la sucrerie, pour éviter toute perte de sucre. Une fois la base de la canne réduite en fibres, on lui ajoute de l’eau chaude afin d’en extraire le jus sucré. De ce pressage naissent deux produits : le jus de canne pour la production de rhum et la bagasse, composée des résidus fibreux de la canne et utilisée ensuite comme combustible.
Dans le cas de rhum de mélasse, le jus de canne (vesou) est appauvri en sucre par extraction, puis transformé en mélasse.
Etape 2 – Le vin de canne et la fermentation
Sous l’action des levures, le moût (mélasse diluée avec de l’eau ou le vesou) est mis à fermenter et se transforme progressivement en alcool, jusqu’à produire un vin de canne titrant 8% à 10% d’alcool en moyenne. Étape fondamentale dans la production des arômes du futur rhum, la fermentation du vin de canne peut revêtir différents visages selon la région du monde dans laquelle elle est réalisée, pour aboutir à un panel aromatique très varié.
On distingue trois types de fermentation :
La fermentation spontanée : Elle dépend des levures et micro-organismes ambiants présents dans l’atmosphère ou naturellement présents dans le jus de canne. Cette fermentation est réalisée dans des cuves à ciel ouvert et peut durer entre 1 et 2 semaines. Les petites distilleries, notamment celles d’Haïti, pratiquent encore la fermentation spontanée.
La fermentation contrôlée (en batch) : Le plus souvent effectuée en ‘batch’, cette fermentation fait appel à des levures cultivées en laboratoire puis mises en contact avec le liquide sucré. Certaines distilleries entretiennent et cultivent leurs propres souches, qu’elles protègent comme une marque de fabrique. Ce type de fermentation s’étale sur 2 à 3 jours et permet de reproduire de façon constante une concentration alcoolique et un panel d’arômes.
La fermentation contrôlée (en continu) : Cette tendance se développe dans l’industrie du rhum. Il s’agit de garder une cuve de fermentation pleine en permanence, en l’alimentant de mélasse. Cela permet de garder les levures actives, en soustrayant en différents point une quantité de moût dont les sucres ont déjà été digérés par les levures.
Etape 3 – Le choix de l'alambic
À l’instar de nombreux autres alcools, la distillation du rhum peut être réalisée au moyen d’un alambic à colonne, en continu ou bien à repasse (pour les producteurs les plus traditionnels). La pratique de l’une ou de l’autre forme de distillation est souvent influencée par l’histoire coloniale du pays. Ainsi, les anciennes colonies britanniques et françaises utilisent encore des alambics à repasse en cuivre, tandis que les anciennes possessions espagnoles recourent principalement à l’alambic à colonne. Le type de rhum produit dépend beaucoup du mode de distillation : de façon schématique, les rhums les plus lourds sont souvent issus d’alambics à repasse (en raison d’un distillat dont le cœur est recueilli entre 68 et 70%) et les rhums les plus légers d’alambics à colonne (le distillat recueilli à plus de 90%, laissant peu de place aux volatiles les plus chargés).
Distillation à repasse - batch : cette technique de distillation dite de ‘batch’ nécessite d’interrompre régulièrement l’alambic pour le nettoyer et le laisser reposer, avant de charger la nouvelle session prête à être distillée. C’est le mode de distillation le plus traditionnel.
Distillation à colonne - en continu : souvent équipé de deux ou quatre colonnes qui s’autoalimentent, ce type de distillation ne nécessite aucune interruption dès lors que les colonnes sont alimentées. Composées de différents plateaux de concentration au travers desquels les vapeurs circulent, cette technique permet de contrôler et d’orienter le profil aromatique d’un rhum. Ainsi, les vapeurs les moins chargées en arômes sont celles qui atteignent le dernier plateau de la colonne. Les plus lourdes restent dans les plateaux inférieurs.
Etape 4 – Le vieillissement
Faute de cadre légal, le vieillissement du rhum et les appellations attachées à ce vieillissement diffèrent d’un producteur à l’autre. Si le vieillissement s’effectue principalement en ex-fûts de bourbon, il arrive qu’il soit réalisé à partir d’ex-fûts de cognac et de fûts de chêne neufs. Les affinages, plutôt rares, sont surtout le fait de négociants italiens ou français, qui le proposent en fûts de banyul, de porto, de xérès ou de madère. Si aucune période minimale n’est imposée, peu de rhums affichent plus de 8 ou 12 ans d’âge. Elevées sur leurs lieux de production, les barriques sont soumises à des conditions climatiques extrêmes, causes d’une évaporation considérable.
La question de l’évaporation : les conditions de vieillissement dans les Caraïbes, sous un climat tropical, sont particulières. Le chêne étant perméable aux molécules d’alcool qui sont elles-mêmes hydrophiles, la conjugaison d’une température élevée et d’une hygrométrie importante provoque une évaporation conséquente et une maturation plus rapide.
Vieillir sous un climat tropical, c’est accepter de perdre annuellement entre 6 et 8% du contenu d’un fût, contre 2% sous un climat tempéré comme celui de l’Écosse ou de l’Irlande.
Ainsi, ne restent que 65% du contenu initial d’un fût au bout de 5 ans de maturation, environ 45% au bout de 10 ans, et 30% au bout de 15 ans. En Écosse, il faudrait attendre 55 ans de vieillissement pour obtenir un tel taux.
Mais si l’évaporation est importante, l’accélération du processus de vieillissement sous ces climats tropicaux est réelle. Deux années de vieillissement dans les Caraïbes équivalent à 6 à 8 années en Écosse.
Plusieurs solutions ont été envisagées pour enrayer ce problème d’évaporation, notamment celle consistant à transférer les barriques de rhum en Europe pour leur vieillissement, sans que l’appellation n’en soit affectée. Deux courants s’opposent : les partisans du vieillissement dans le pays d’origine et les partisans du vieillissement en Europe qui souhaitent profiter d’un processus d’estérification et d’oxydation plus lent.
Les 2 catégories de rhum (source guide-rhum.com) :
Pour fabriquer du rhum, il n’y a pas une seule méthode, mais deux méthodes de fabrication qui s’opposent depuis toujours et donnent :
- du rhum agricole
- du rhum industriel, traditionnel (rhum de mélasse ou rhum de sucrerie)
Quelle est la différence entre ces deux méthodes d’élaboration ?
La grande différence entre ces deux méthodes de fabrication du rhum se situe au niveau de l’utilisation de la matière première.
Après la récolte de la canne à sucre, celle-ci est broyée. Le résultat obtenu est le vésou, c’est-à-dire le jus de la canne à sucre.
1° Pour la fabrication du rhum agricole, c’est le vésou (ou jus sucré de la canne) qui est directement fermenté puis distillé.
2° Pour la fabrication du rhum industriel (ou rhum de mélasse ou encore rhum de sucrerie), c’est la mélasse de canne à sucre qui est utilisée.
La mélasse de canne à sucre est le sous-produit issu du raffinage du sucre de canne après cristallisation. La mélasse est une substance très épaisse, collante, et d’une couleur brun très foncé.
En effet, le rhum industriel ou traditionnel est appelé comme ça car il est issu du processus industriel de production du sucre. La mélasse de canne à sucre fluidifiée est ainsi mise en fermentation puis distillée.
L'âge d'un rhum
Les rhums blancs
Qu’ils soient de vesou ou de mélasse, les rhums blancs (plus légers en arômes que les rhums ambrés) constituent une très bonne base pour la confection de cocktails. Beaucoup offrent un degré alcoolique supérieur à 40% et ont pu séjourner dans des cuves en inox ou foudres pendant plusieurs semaines afin d’arrondir leur arômes.
Les rhums ambrés
Ces rhums ont généralement séjourné 18 mois en fûts de chêne, le plus souvent ayant contenu précédemment du bourbon. Mais leur couleur peut aussi être influencée par la présence de caramel. Ces rhums sont à la croisée des chemins entre rhums de cocktails et rhums de dégustation.
Les dark rhums
Entrant directement dans la catégorie des rhums de dégustation, les Dark Rhum sont issus d’un vieillissement de 2 ans et plus en fûts de chêne. Pour les rhums vieillis sur leur lieu de production, les conditions climatiques sont telles que 4 ans en fûts de chêne suffisent pour obtenir un rhum vieux, au profil aromatique complexe.
Les rhums vieux
Pour bénéficier de l’appellation Rhum Vieux, le rhum doit séjourner dans des fûts de chêne 3 ans minimum pour un rhum VO, 4 ans pour un VSOP, voire 6 ans pour un rhum vieux XO ou millésimé. C’est du tanin du bois qu’il acquerra sa chaude coloration tandis que son goût se transformera au fil du temps
Qu'est-ce que la méthode SOLERA ? (source guide-rhum.com)
La méthode Solera est un procédé de vieillissement des liquides tels que le vin , le vinaigre et l’eau de vie , par mélange fractionné de manière à ce que le produit fini est un mélange d’âges, l’âge moyen augmentant progressivement à mesure que le processus se poursuit depuis plusieurs années. Une solera est littéralement l’ensemble des fûts ou autres récipients utilisés dans le processus (traduit de la version wikipedia anglophone).
Les fût sont donc entreposés en formant des étages de 3, 4, 5 et jusqu’à 8 niveaux. La solera est le niveau situé au sol d’où on soutire le rhum pour la mise en bouteille, c’est donc l’assemblage de rhum le plus âgé. L’ajout de rhum jeune se fait uniquement par le dernier niveau de fût (criadera) situés tout en haut. La mise à niveau des rangées intermédiaires se fait par soutirage de la rangée située immédiatement au dessus.
Les espagnols qui ont mis au point cette méthode pour le vin de Xéres, disent que le vieux éduque le jeune. Le nombre d’étages de la solera ne donne aucune indication sur l’âge moyen de l’assemblage final, puisqu’il est possible d’alimenter tous les 6 mois, tous les ans mais aussi tous les 3 trois ans si on le souhaite. C’est le Maestro ronero qui le décide en fonction de l’assemblage souhaité.
AUTRES
Les millésimes et affinages
Certains négociants-éleveurs de rhum proposent des mises en bouteille millésimées avec un affinage en fûts d’origine plus ou moins « exotique ». Cette pratique, largement héritée de l’industrie du whisky, ne donne aucune garantie quant à la qualité du rhum, dans la mesure où la notion de millésime n’existe pas. Quant à l’affinage, sa maîtrise relève directement de la compétence du maître de chai.
Les overproofs
Populaires dans les Caraïbes et utilisés pour les cocktails, les rhums « overproof » peuvent titrer 70% d’alcool et constituent une curiosité au sein de la catégorie des rhums. Ils sont souvent plébiscités pour l’élaboration des punchs.
Les spiced rhum ou « rhums arrangés »
Ces rhums résultent de la macération d’épices (gingembre, cannelle, …) et d’aromates dans un rhum blanc, offrant ainsi une kyrielle d’arômes et de saveurs pour tous les goûts.
Si vous êtes intéressés par l'élaboration de votre propre rhum arrangé alors il existe un topic dédié sur HFR : Rhum arrangé
Si vous désirez davantage de "reviews" des consommateurs je vous conseille les sites suivants :
POLEMIQUE SUR L'AJOUT ARTIFICIELLE DE SUCRE
Certaines maisons ajoutent du sucre dans leur rhum afin de répondre aux goûts de consommateurs.
Le débat fait rage chez les puristes qui estiment que le sucre atténue les arômes et la complexité des rhums.
Un projet s'est d'ailleurs monté afin de calculé méthodiquement la quantité de sucre ajouté dans chaque rhum afin de pointer du doigts les maisons qui abusent de cette pratique. Voilà le forum en question : Capn Jimbo's Rum Project Forum
Je vous invite également à lire cet excellent article sur le blog DuRhum :
http://durhum.com/saccharhum/