Citation :
Questions au Gouvernement, mercredi 18 mai 2005
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VIOLENCE EN CORSE
M. Paul Giacobbi - Ma question sadresse au ministre de lintérieur, dont la rare présence me réjouit : à force de se prendre pour le Roi-soleil, je craignais quil ne devînt un ministre à éclipse (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) !
En une nuit, plus de vingt attentats ; un matin, cent kilos dexplosifs à la gendarmerie de Corte. La criminalité organisée na jamais autant dominé la Corse. Vous prétendez rester au Gouvernement pour garantir la sécurité des Français, mais vos erreurs livrent la Corse à la violence ! Vous dites vous inspirer de la tolérance zéro chère à un ancien maire de New York, mais la majorité des faits restent impunis ! Tantôt ce sont des coups de feu que lon tire en pleine nuit sur le conseil général de Haute-Corse : simple plaisanterie, dit-on, ce sont des armes de petit calibre. Tantôt cest la porte et les fenêtres dune maison de Venaco qui mest chère que lon fait sauter, au péril de la vie de deux enfants : le dossier est vite délaissé après un simulacre denquête. Les exemples de ce genre abondent.
Toujours dans cet esprit de démission, vous avez décapité les services de sécurité en supprimant le poste de préfet de police, pourtant détenu par des policiers de premier ordre, en vous fondant sur « lexcellent situation de la sécurité dans lîle » ! Pire encore : depuis deux ans, vous manifestez un étrange laxisme vis-à-vis de la criminalité organisée. Plusieurs députés UMP - La question !
M. Paul Giacobbi - Il y a deux ans, jévoquais déjà ici-même un parquet de cour dassises qui restait scandaleusement passif lorsquil sagissait de contraindre les témoins à faire leur devoir. Aujourdhui, les poursuites fiscales et judiciaires sont absentes de léconomie corse, dominée par largent sale. Certains parquets plaident même lacquittement, à la stupéfaction générale !
M. le Président Posez votre question, Monsieur Giacobbi.
M. Paul Giacobbi - Face à la grande criminalité, vous renversez ladage : il devient : de maximis non curat praetor ! Face à un tel fiasco (Protestations sur les bancs du groupe UMP), aurez-vous le temps, Monsieur le ministre entre tournées électorales et coups tordus, ou entre la présidence de lUMP et le conseil général des Hauts-de-Seine de quitter le rêve éveillé de la France daprès pour vous occuper de la sécurité de la Corse daujourdhui ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) M. Nicolas Sarkozy, ministre dEtat, ministre de lintérieur et de laménagement du territoire - La Corse mérite mieux que des polémiques (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste). Je ne vous répondrai donc pas sur le même ton je connais dailleurs votre calme habituel. Il ne sagit sans doute aujourdhui que dune petite colère passagère
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) En 2002, cest en Amérique du Sud que vous cherchiez lassassin du préfet Erignac, qui résidait pourtant à une trentaine de kilomètres dAjaccio : était-ce une erreur de boussole ? La Corse elle-même, fière, honnête et victime des attentats, portait comme une tache la cavale de M. Colonna (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste). La Corse elle-même avait honte pour lÉtat français quon nait pas arrêté lassassin présumé du préfet Erignac (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste). Cette arrestation a eu lieu. Vous men aviez dailleurs félicité avec beaucoup dhonnêteté (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste).
M. le Président Je vous en prie ! Ecoutez M. Sarkozy !
M. Nicolas Sarkozy, ministre dÉtat, ministre de lintérieur et de laménagement du territoire - Il y a mieux. M. Giacobbi préside le conseil général de Haute-Corse, département où un homme peu recommandable, M. Pieri, tenait le haut du pavé. Je lavais désigné comme le Al Capone corse au petit pied. Aujourdhui, M. Pieri est en prison : les services de police lont mis à la disposition de la justice (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; protestations sur les bancs du groupe socialiste). Vous qui êtes un féru dhistoire, Monsieur le président Giacobbi, pourquoi remontez-vous au Roi-Soleil quand on pourrait se contenter de remonter à 1997 ? Entre 1997 et 2001, il y a eu 926 attentats en Corse. En 2004 et en 2005, leur nombre a diminué dun tiers (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste). Construisons ensemble la Corse de demain, Monsieur Giacobbi, loin des polémiques et du bilan désastreux que vous et vos amis avez affiché (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
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SATISTIQUES DE LA DELINQUANCE
M. Jean-Pierre Blazy - Ma question sadresse au ministre de lintérieur que, pour un ministre serein, jai trouvé tout à lheure plutôt énervé lorsquil a répondu à notre collègue Giacobbi (Exclamations sur les bancs du groupe UMP). Jespère, Monsieur le ministre, que ma question concernant les chiffres de la délinquance ne vous énervera pas et que nous aurons droit à une réponse sereine. Il y a quelque temps, vous déclariez ici même que nos concitoyens les plus modestes attendaient de vous des résultats en matière de sécurité et que vous étiez en train de les obtenir. La présentation de votre plan de prévention de la délinquance, mercredi dernier en commission, en présence de la presse, sest apparentée plutôt à une opération de communication. Vous avez déclaré que le problème de la violence existe au quotidien pour des centaines de milliers de nos concitoyens. Nous sommes daccord, mais vous êtes au pouvoir depuis quatre ans !
Vous voulez faire croire que la délinquance baisse et que le taux délucidation na jamais été aussi élevé quaujourdhui. Mais vous faites monter ce taux avec lusage de stupéfiants et les infractions à lentrée et au séjour des étrangers, où lon compte plus de faits élucidés que de faits constatés ! Vous navouez pas aux Français, en revanche, que seulement 10 % des vols violents et des cambriolages sont élucidés ! Vos effets dannonce ne suffisent pas à enrayer une délinquance toujours plus violente. Les Français ont toujours autant besoin de sécurité.
Il y a quatre ans, vous nous disiez : « La prévention, cela fait trente ans quon essaie. Si ça marchait, ça se saurait. Il faut maintenant passer à autre chose. » Vous êtes effectivement passé à autre chose. Vous avez démantelé la police de proximité. Vous avez creusé le fossé entre la police et les citoyens, en particulier les jeunes. Vous avez abandonné toute politique de prévention. Vous avez supprimé les subventions aux associations (Exclamations sur les bancs du groupe UMP).
Nous attendons depuis trois ans votre projet de loi sur la prévention de la délinquance. Mais vous navez pas encore obtenu les arbitrages favorables du Premier ministre. Les chiffres parlent deux-mêmes. Alors que vous êtes depuis quatre ans au pouvoir, on constate un pic des violences physiques aux personnes, avec près de 420 000 faits constatés sur les douze derniers mois (« La question ! » sur les bancs du groupe UMP), soit une hausse de 8 % par rapport à lannée précédente
M. le Président Posez votre question !
M. Jean-Pierre Blazy - Vous ne pouvez plus nous dire, Monsieur le ministre, que vous navez pas eu le temps pour agir (« La question, la question ! » sur les bancs du groupe UMP)
Je comprends que ce que je dis gêne la majorité
M. le Président Posez votre question, Monsieur Blazy !
M. Jean-Pierre Blazy - Reconnaissez-vous, Monsieur le ministre, la réalité des chiffres qui traduisent léchec de votre politique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste) M. Nicolas Sarkozy, ministre dÉtat, ministre de lintérieur et de laménagement du territoire Vous êtes un spécialiste de ces questions, vous les suivez avec beaucoup de sérieux et jai toujours plaisir à débattre avec vous, en commission des lois, des différences qui existent entre ce que vous proposez et ce que nous mettons en uvre. Vous ne men voudrez pas cependant davoir deux désaccords avec vous, Monsieur Blazy. Tout dabord, je ne pense pas du tout quun fossé sépare la population de la police et de la gendarmerie. Je veux défendre les fonctionnaires de la police et les militaires de la gendarmerie ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) Jamais sans doute, dans lhistoire récente de notre République, les Français nont été autant mobilisés derrière la compétence et le dévouement des policiers et des gendarmes (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP), dont lattitude fut remarquable lors des événements de novembre 2005 et lors des manifestations anti-CPE, durant lesquelles aucune brutalité ne fut à déplorer. Je vous remercie, Monsieur Blazy, de me donner loccasion de le souligner.
Les chiffres, ensuite. Cela fait quarante ans que le ministère a le même indicateur statistique. Si les chiffres sont justes pour mon bilan, ils le sont aussi pour le vôtre. Or, cet indicateur statistique montre quentre 1997 et 2001, la délinquance a augmenté de 15 %. Et le même indicateur statistique dit quentre 2002 et 2005, la délinquance a diminué de 8, 2 % ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP, vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste) M. Daniel Vaillant - Cest faux !
M. le Ministre dÉtat Cela fait donc 23 % de différence entre vous et nous ! (Protestations sur les bancs du groupe socialiste) La réalité, cest que votre bilan en matière de sécurité est absolument déplorable (Protestations sur les bancs du groupe socialiste) et que le nôtre marque une rupture totale. Merci de mavoir donné loccasion de rappeler cette réalité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)
http://www.assemblee-nationale.fr/ [...] p#P79_1312
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