Pour la troisième année consécutive Ernst & Young a interrogé les dirigeants internationaux sur leurs projets d?implantation et d?investissements en Europe et sur leurs perceptions et attentes par rapport à la France.
Les points clés du baromètre 2003 :
l?Attractivité comparée des pays européens
? Baisse du nombre des implantations internationales en Europe pour la deuxième année consécutive : 1895 opérations en 2002 contre 1974 en 2001, soit une diminution de 4 %, avec pour conséquence une chute de 29 % des emplois créés ou sauvegardés par les investisseurs directs étrangers.
? Prime aux leaders : le Royaume-Uni et la France restent en tête des pays européens et accueillent respectivement 19 % et 13 % des implantations internationales.
? Progression considérable des pays d'Europe centrale et orientale (+ 21 %) : ils confirment leur attractivité déjà observée en 2001 en accueillant certes des sites de production mais également des fonctions tertiaires.
? Chute significative des implantations internationales pour l'Allemagne, l'Espagne, le Benelux et l'Irlande qui semblent être les principaux ?perdants? d'une redistribution des cartes
en 2002, au bénéfice d?une Europe qui s?est considérablement élargie à l?Est.
? Avancée de la position française sur les fonctions tertiaires (sièges sociaux, centres de R&D, services support) même si le Royaume-Uni reste en tête pour ces fonctions stratégiques. La France conserve néanmoins sa première place pour les implantations industrielles.
 
L?Attractivité du site France
? Maintien des handicaps historiques du site France, aux premiers rangs desquels les charges fiscales de l'entreprise, les coûts salariaux et la non-flexibilité du droit du travail.
? Amélioration sensible de l?image du site France et de la confiance des dirigeants à son égard, notamment pour son climat social et son environnement administratif.
? Net recul des intentions de délocalisation, seulement 11 % des dirigeants annoncent en 2003 une volonté de délocaliser tout ou partie de leurs activités en France.
? Stabilité des intentions d'implantation future en France, site potentiel pour une entreprise sur deux.
? Fortes attentes sur l'avenir, deux tiers des dirigeants restent prudents quant à l'attractivité du site France à 3 ans.
 
La France à la croisée des chemins.
Dans un climat économique de crise, La France a réussi à progresser et à améliorer son attractivité, même si elle reste encore loin derrière le Royaume Uni. Le site France bénéficie
d?un climat de confiance de la part des investisseurs, est-ce le résultat d?un effet d?image ?
La France, après une baisse continue de son attractivité en 2000 et 2001, s?apprête-elle à opérer un rebond en 2003, lorsque la reprise se présentera ?
La France, à la croisée des chemins, saura-t-elle en 2004 répondre aux attentes des dirigeants par des mesures visibles et à fort impact pour les entreprises, notamment dans la sphère fiscale et réglementaire ?
Méthodologie
Ernst & Young exerce une veille permanente de l?attractivité du site France et de sa place par rapport à ses voisins européens.
L?édition 2003 du baromètre « Attractivité du site France » évalue les attentes et les perceptions de plus de 200 décideurs internationaux sur les critères qui conduisent au choix d?implantation ainsi que sur les intentions d?investissements.
Le baromètre utilise également la base de données « Ernst & Young European Investment Monitor », qui recense chaque année depuis 1997 le nombre d?implantations internationales en
Europe.
Avec une expertise déployée dans 22 bureaux en France, Ernst & Young offre à ses clients un savoir-faire de haut niveau, des techniques éprouvées et des expériences sectorielles dans ses
différents métiers, l'Audit, le Droit et la Finance.
Ernst & Young apporte la vision internationale d'un réseau présent dans 134 pays et répond aux problématiques des entreprises confrontées aux fluctuations et à la complexité du paysage économique mondial.

En premier lieu, le thème du déclin de la France n’est pas neuf. Il est au contraire récurrent dans le débat intellectuel et politique. Il est l’occasion pour les uns et les autres de faire montre de capacités rhétoriques plus ou moins manifestes. Surtout, il fonctionne comme un "marqueur idéologique" distinguant assez sûrement les personnalités se réclamant de mouvements d’inspiration progressiste des individus qualifiés de conservateurs voire de réactionnaires. Les premiers sont généralement enclins à réfuter la thèse du déclin. Les seconds sont réputés la soutenir.
 
En deuxième lieu, le consensus est d’autant moins possible sur la réalité ou non du déclin de la France qu’il n’y a d’accord ni sur une définition commune du déclin ni sur les indicateurs propres à démontrer ou réfuter un tel déclin.
 
Chroniques et difficiles à trancher, les discussions sur le déclin de la France n’en sont pas moins symptomatiques des moments historiques où elles se développent. Aujourd’hui, sans doute trahissent-elles les atermoiements d’une société française confrontée au changement et à la nécessité de réforme.
(...)
En France, le XIX° siècle qui apparaît jusqu’à aujourd’hui comme une véritable matrice politique et idéologique a été taraudé par la question du déclin. En littérature et dans les arts, les romantiques ont fourni dès les premières années du siècle un arrière-plan crépusculaire très propice. Dans le long sillage politiquement et diplomatiquement mouvementé de la Révolution française, de Chateaubriand à Péguy en passant par Victor Hugo, la grandeur menacée de la nation française a accompagné tout le siècle comme un leitmotiv.
 
Ainsi, le XIXe siècle nous enseigne que le déclin est le revers obligé des ambitions de grandeur. L’épopée napoléonienne en a donné un exemple caricatural. Surtout, ce siècle a posé la question du déclin de la France comme un marqueur idéologique opposant les tenants du progressisme et du mouvement à ceux de la réaction contre-révolutionnaire puis du conservatisme bourgeois ou républicain. Schématiquement, elle opposerait les tenants du "bord du gouffre" à ceux de l’avenir radieux et des grands soirs.
 
L’entre-deux-guerres puis l’Etat français de Vichy ont confirmé cette "polarité". Le heurt des nationalismes et des idéologies messianiques, la saignée infligée par la guerre 14-18, la crise économique et l’avènement de la jeune puissance américaine ont ravivé le débat sur le déclin de la France. Ce débat doit d’ailleurs être replacé dans le cadre plus large d’un questionnement sur le déclin de l’Occident dans son ensemble. C’est en 1931 qu’Oswald Spengler (1880-1936) publie Le déclin de l’Occident : esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle (Nouvelle Revue Française, 1931-1933). Dans cet ouvrage marquant, le philosophe allemand propose une conception cyclique de l’histoire selon laquelle la civilisation, dernier stade d’évolution des sociétés, est annonciatrice d’un inéluctable déclin.