cappa a écrit :
Ecoute, si toi-même tu ne peux pas te souvenir de ton cours suffisamment pour le citer avec précision, comment tu peux raisonner dessus?
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Ce n'est pas parce que je ne me souviens pas des termes précis utilisés que je ne me souviens pas de la mécanique. Cette théorie, basée tout d'abord sur un "biais de l'après coup" s'est vérifiée statistiquement. C'est exactement ce que tu dis
Citation :
qu'on hérite de la situation dans laquelle on grandit
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. Des parents qui ne lisent jamais, qui foutent rien de leur journée -> la lecture, les livres, un stylo... n'évoqueront rien au gosse parce que l'objet ou l'action ne sera pas ramené à une expérience investie émotionnellement, parce que l'objet ou l'action n'aura aucun "sens" et parce que son milieu social est très (trop) homogène. Le gosse de riche ou de lettré aura plus de chances de réussir parce que les parents feront intervenir leur réseau social, parce que les cours particuliers seront fiancés, parce que la lecture ou l'écriture se fait quotidiennement, devant le gosse... C'est la familiarité qui va donner du sens, et donc faciliter l'apprentissage ou la "tendance à..." Ce qui est corroboré par la théorie de "l'empreinte sociale"
Ca a été mesuré statistiquement, coulé en théorie sociologique pour donner la théorie de l'hérédité de la mobilité sociale.
cappa a écrit :
Et une théorie sociologique c'est quand même pas de la mécanique. Donc j'insiste, à toi de prouver ce que tu dis. S'il s'agit simplement de dire que l'accès des banlieusards à l'école et la promotion sociale est bancale, on est d'accord, pas besoin de sociologue pour l'apprendre.
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Si, la sociologie, c'est de la logique, des stats, et un peu de branlette intellectuelle. C'est le comportement des gens qui est irrationnel, la socio est, elle, rationnelle.
Quand à prouver ce que j'avance, je répète que ce que j'écris ici, c'est basé sur des théories, je ne ponds pas tout ça tout seul dans mon coin. J'en ai pas non plus la prétention...
Cela dit, tu avances aussi pas mal de choses sous couvert de l'évidence sans trop justifier non plus, m'enfin soit, y a pire...
Pour l'accès bancal des banlieusards à l'école, oui, d'une certaine manière, parce que si les gens ne parviennent pas (pour quelque raison que ce soit) à faire qqch de leur vie, il faut alors que l'état supplée, et c'est pas le cas.
Je veux dire que cette fameuse hérédité sociale négative, elle est multi-factorielle. Des facteurs environnementaux, sociaux, psychologiques s'entremêlent pour créer cette bouillie, cet immonde échec social des banlieues. Et si échec il y a, il est du, en partie (je n'en connais pas le %) à la volonté ou au manque de volonté des groupes lésés.
Pour parler des émigrés et du chômage: les émigrés, conformément à la théorie, se racrapottent sur leur culture, sur leur cartier, sur leur religion, parce que la réalité du choc culturel est trop dure à assumer. De là, certaines personnes prennent l'ascendance et deviennent des figures d'autorité (en général des représentants religieux). Et étant donné leur pouvoir ou l'influence qu'ils ont alors sur les personnes de leur groupe, ils ont le devoir moral de tout faire pour arranger les choses. Ils devraient collaborer avec l'état et les autres groupes sociaux pour essayer de régler les choses, et c'est pas (assez) le cas. Les gens eux-même, individuellement, par respect pour les autres, par soumission sociale, par conformisme ou parce que trop névrosés par la situation invivable, ne font pas le nécessaire pour s'en tirer non plus. Mais encore une fois, c'est à l'état alors à mettre en place un accompagnement pour remettre ces personnes sur les rails, et c'est pas le cas non plus, encore une fois.
cappa a écrit :
Quand je dis que je me moque des incivilités, c'est comme cible du problème. Le problème c'est l'égalité des chances, après les ados des banlieues seront les mêmes têtes à claques que ceux du 16ème et réciproquement, comme tout ado qui se respecte. On croierait que tu as déjà vu des ados vraiment angéliques, ça sort d'où ce fantasme?
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Je connais un paquet d'ados qui ne poignardent pas pour voler un GSM ou une paire de baskettes, oui.
Et le problème n'est pas uniquement l'égalité des chances. Ca c'est la vision Marxiste du problème des banlieues.
La banlieue et les kets qui foutent la merde, ce n'est pas juste la lutte des classes. C'est aussi la volonté de se rebeller (par des moyens qui portent préjudice à leur propre groupe puisque ça les stigmatise) face à une situation qu'ils n'acceptent pas: être fauché et total looser alors que la norme c'est l'argent et la réussite facile. C'est se rebeller // à la police parce que, via le processus d'identification, être banlieusard, c'est casser du flic (oui oui, aussi, on peut en discuter plus tard). C'est aussi se rebeller // à une population que l'on stigmatise comme responsable de leur état puant: les bons français bien blanc (je ne dis pas dans tous les cas, mais ça joue aussi).
Les jeunes banlieusards qui foutent la merde, c'est aussi parce qu'ils s'identifient au groupe des laissés pour compte.
Le cas de la religion maintenant: l'islam est devenue la religion des opprimés (c'est pas pour rien que la plus part des convertis sont aussi issus des cartiers difficiles et défavorisés) de par le monde, et étant donné la rapidité et l'efficacité des moyens de communication d'aujourd'hui, et étant donné la prégnance de l'identité religieuse dans ces populations qui n'ont rien d'autre à quoi se rattacher, cette identité religieuse tend à prendre l'ascendant sur l'identité nationale, et parfois même ethnique, dans certaines conditions.
Tout ça va faire, aussi, que les musulmans des banlieues seront moins facilement "intégrés" que les autres, parce que cette identité religieuse traverse les frontières (rapport aux TIC dont je parle plus haut) et qu'un pet en Israël provoquera un raz de marée ici en Europe. Les représentations sociales diffusées alors par les "représentants", par les médiats... vont cristalliser ici des problèmes qui n'existent qu'ailleurs.
Tout ça crée deux blocs homogènes qui interagissent et qui déteignent sur les gens.
Cette prégnance de l'identité, avec toutes les idées et représentations qu'elle véhicule, activera, à la moindre frustration, des sentiments d'injustice, et plus souvent qu'à son tour, et donc, provoquera des actes de rébellions face à tout ce qui représente l'agresseur 'l'école, les flics, les gens qui gueules sur l'incivilité...).
Et comme tout est relégué par les TIC, chaque évènement prend des proportions démesurées, et va alimenter les représentations, les sentiments, les frustrations...
La solution, c'est arrêter de mettre en avant les différences, arrêter de parler des "actes de rébellion" et des plaintes des autres, et créer des lieux communs, des lieux "neutres" désinvestis émotionnellement. C'est créer- voir forcer- le dialogue en poussant les personnes influentes à positiver les relations et à collaborer avec les instances étatiques, de manière à ce que les gens se focalisent sur cette collaboration et ce vivre ensemble possible.
Donc non, le couvre feux n'est pas la solution. Cela dit, moralement, on ne peut laisser passer des actes inciviques simplement parce que la punition ne fera rien changer. La punition est aporétique et a aussi un rôle symbolique. La punition pose les jalons du vivre ensemble, protège les libertés individuelles et impressionne, donc éduque et prévient le passage à l'acte chez les autres.
(ce que je résume ici, c'est, à mon avis, une dissert. de 20/30 pages minimum, alors svp lisez sans vos aprioris et ne me prêtez pas des intentions qui ne sont pas les miennes. J'ai posé le problème +/- tel qu'il m'apparait, c.a.d hyper complexe, et où tout le monde à une part de responsabilité)
cappa a écrit :
Bon, reprenons à zéro, es-tu pour imposer tes "valeurs" (valeurs quoi? financières? morales?) ou bien pour donner ses chances à chacun? C'est déjà une base pour se comprendre, il y a comme un malentendu sinon.
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Si tu as lu correctement, tu as ta réponse. J'ai juste dit que j'avais des valeurs (morales, éthiques, économiques, philosophiques...). Je ne cherche pas à les imposer plus qu'il ne faut m'imposer les valeurs des autres. Je dis juste qu'il n'existe pas de discours débarrassé des valeurs de celui qui l'exprime!
Ibo_Simon a écrit :
ah non mais l'avalanche de propos orduriers (maghrebistes et cie), tu ne m'en voudras pas, mais je vais éviter.
Quand tu seras un peu moins incivil, on pourra se comprendre.
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vas t'acheter une bonne dose de second degré, toi
Ibo_Simon a écrit :
non mais il y a quasiment une horreur (logique, sociologique, etc) par ligne dans son truc, et il vient nous faire de l'analyse socio-proof ensuite.
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t'es bien chaud pour critiquer et jouer à la vierge effarouchée, mais tu donnes plutôt l'impression de pas piper un mot de ce que j'ai écrit, vu ton argumentaire!
En fait, t'as juste l'arrogance, le dédain et l'agressivité de celui qui croit savoir et qui se sent supérieur aux autres cons, par ce qu'il sait.
Spoiler :
En fait, t'as juste lu 3 bouquins et tu te sens investi du devoir de défendre les opprimes dans ton complexe de toute puissance. Complexe teinté du paternalisme bienveillant du colonial des années 40. |