Reprise du message précédent :

Le nom me fait flipper maintenant. Remarque il s'est bien purgé avant ton passage, donc peut être moins de risques  

Oui je sais Mais tout le terrain était stable

Discussion avec un pote d’aventures en début d’année pour des projets Alpins, nos vies « trépidantes » mettent en pause les idées. Petit courriel pendant l’été, une semaine qui semble se libérer au début du mois de septembre et nos rêves de parcourir la géosphère d’altitude réémergent. Les noms de l’Eiger et du Cervin fusent, parce qu’il faut rêver haut! Direction donc les Alpes Suisses, et Grindelwald parce que c’est de là que l’on aperçoit la majestueuse face Nord de l’Eiger, le mythe qui a accompagné de nombreuses lectures de montagne. Pas de face Nord au programme, parce qu’elle ne se parcourt plus qu’en hivernale… et peut-être aussi parce qu’elle reste réservée à un petit groupe talentueux
 
L’objectif est donc l’arête Mittellegi, course d’arête d’un peu plus de 600 mètres mais dont la redescente est réputée bien plus longue que la montée. Arrivée le vendredi soir chez des Suisses très peu accueillant pour les gens en vans, l’objectif est de monter au refuge le samedi pour essayer le sommet le lendemain, dernière week-end d’ouverture du refuge et une fenêtre météo qui semble stable. Je vis en bord de mer, pas de temps pour l’acclimatation, on va serrer les dents et espérer que le corps suive!
 
L’aventure commence au terminal de Grindelwald. On prend une télécabine puis on arrive pour prendre le très célèbre train à crémaillère qui entre dans l’Eiger pour ressortir à la Jungfraujoch. Beaucoup de touristes, mais on les abandonne dans le tunnel, à Eismeer Station. On parcourt les boyaux de la montagne jusqu’à une petite porte de bois, qui ouvre sur le glacier, un petit rappel et nous voilà prêt pour l’aventure.  
 

 
Le glacier est couvert de pierres, gros éboulement début juin et ça continue à caillasser. On apprendra au dîner, que deux personnes sont mortes ici le mois dernier, les corps toujours sous les gravats. Direction plein Est, il est 13h, on remonte le glacier rapidement. Quelques crevasses, des séracs qui pètent un peu plus loin, des cailloux qui tombent, on est tout de suite dans l’ambiance. On arrive au bas d’une petite paroi équipée, deux petites longueurs pour arriver sur des vires diagonales. C’est du 4+, pas bien difficile, mais en grosse avec les sacs et des prises bien polies, on est content des points. Progression ensuite sur rocher, c’est absolument paumatoire, quelques rares cairns, des petits éboulis un peu partout, on met beaucoup les mains et on arrive finalement vers 15h30 au refuge. L’arête Mittellegi est juste devant nous, impressionnante de finesse, le sommet est caché derrière une antécime, on sait déjà qu’on effleurera la face Nord tout en haut. Sur la gauche bien visible, on aperçoit également l’arête Sud de redescente dont la longueur n’est pas à sous-estimer.  
 

 
L’heure du petit-déjeuner est fixée par la gardienne, par groupe, on sera les derniers, départ vers 6h du matin. Mauvaise nuit, pas de sommeil entre un léger mal d’altitude et l’appréhension du lendemain. On ingurgite rapidement quelque chose, les cordes sont lovées, il est 6h10, l’aventure commence. Le soleil commence à colorer timidement le ciel derrière le Schrekhorn.  
 

 
Progression rocher, il faut être à l’aise, même s’il n’y a pas de grandes difficultés il n’y a pas non plus de point. On place un friend de temps en temps, progression en simultanée avec 10-15 mètres de corde entre nous. Pas mal de verticalité, et des cordes fixes pour les passages plus techniques, beaucoup de cordes fixes. Arrivée à la Grosser Turm, embouteillage sur un rappel et une corde fixe qui semble ne jamais s’arrêter de l’autre côté. On grimpe encore, et la neige de la face Nord nous force aux crampons, puis le sommet avant 10 heures. Grand ciel bleu, tout sourire. L’altitude commence à faire son effet et la fatigue physique me fait un petit salut.  
 

 
La redescente est réputée pour sa longueur, on s’y met rapidement. La description parlait de seulement deux rappels, au bout du 7eme ou 8eme j’arrête de compter. Ça nous mène après encore un peu de désescalade sur l’arête Sud qu’il va falloir remonter. Deux plaques de glace très moches nous contemplent également, avant de ré-accéder au glacier sous le Moine et la fin des vraies difficultés.
 
L’escalade sur les premiers piliers est surprenante encore une fois, pas difficile mais pas non plus si simple que ça. Je commence à tourner au radar, le corps n’a plus grand-chose dans le réservoir. Première plaque de glace, neige noire très dure, faut pas déconner, mais ça passe tranquillement. On poursuit avec de l’escalade dans des cheminées, très ludique, puis un passage autour d’un angle marrant avec une écaille main droite qui sonne très très creuse. On commence à apercevoir la fin des difficultés et cette dernière langue de glace vraiment suspecte. Il ne reste plus de neige, juste une fine couche noire accrochée au rocher. On ne traînera pas dessus…
 

 
On met enfin les pieds sur le glacier, on peut souffler. Ça tombe bien parce que je commence à vraiment avoir du mal à retrouver mon souffle. Il reste encore 1h30 de progression sur un glacier pas trop crevassé avec une belle trace. La dernière montée jusque sous le refuge du Mönch terminera la réserve d’énergie et c’est avec plaisir que les derniers mètres seront sur une piste damée… 10h de course, avec un peu d’embouteillage pour ce qui sera sûrement l’un des derniers week-ends de la saison. On s’embrasse, on s’enlace, on se sent vivant et on s’émerveille de ce que la Terre a créé d’écosystèmes magnifiques.
 

 
Le temps malheureusement tournera, et le Cervin se couvrira de neige le lendemain, donc pas de possibilité d’enchaîner. On redescendra dans les Aravis pour quelques grandes voies d’escalade paisible avant que la pluie ne nous chasse encore... et on aura la chance d'observer un gypaète barbu dans son élément, nous survolant à flanc de paroi  
 
Le Cervin, ça sera l’an prochain !

Mais quelle classe!  

Super CR, merci !

L'arète Mitellegi c'est une des plus belles courses qui soit accessible AMHA. Super CR.
 
(drapal caché)

Merci pour le CR  

Drap!

Cet été je vais marcher autour de Briançon. Le Thabor, ça vaut le coup ? La vue a l'air chouette, mais la montagne elle-même ça m'a l'air d'être un tas de cailloux pelé, bof bof

Direction les Ecrins dans 10 jours. Vu la quantité de neige, ca risque d'être compliqué...

Je vais aussi dans les Alpes fin juin, j’hésitais entre les Écrins et Chamonix.  
 
Je sais pas trop, faut que j’épluche les topos pour voir ce qu’on peut faire.

Écrins, sans hésitation.

 
Ca depend des objectifs. Si c'est enchainer les 4000, c'est plus dur dans les Ecrins  

Rochebrune est sympa et rapide, un point de vue magnifique (par contre tas de cailloux, comme le Thabor ).

 
Oui, Cham me parait plus polyvalent en objectif escalade / alpi, mais je connais pas du tout les Écrins donc je me plante peut être.

Les Ecrins c'est le paradis. Chamonix c'est plein de poseurs et de touristes, mais les sommets y sont plus mythiques. Donc ca va dependre ce que tu veux y faire. Long/Court, Rocher/Neige/Glace. Mais bon, ca semble le bordel avec l'enneigement, j'attends un retour du bureau des guides des Ecrins pour comprendre ce qui peut passer sans ski et si le rocher surnage dans certains endroits.

Ce post contient une part de 2nd degré...

Pas grande fan de neige (pas de ski de rando), donc plutôt rocher.

Pour le moment j’ai fait plein de trucs sympas avec guide sur Cham mais la on part seuls. 1er contact avec le coin pour mon conjoint, donc on cherche des trucs sympas pour qu’il se familiarise avec le style du coin, donc courses relativement à simples, escalade équipé ou trad mais dans le 5 du coup, et plutôt à la journée pour cette fois ci.

Essaie de trouver le magnifique topo Chamonix de Rockfax pour trouver des idées. Néanmoins, vu l'enneigement très important actuellement, le topo des Aiguilles Rouges sera surement une meilleure idée si tu vas sur Cham.

Coté Ecrins, j'ai envoyé un message au bureau des guides pour comprendre la situation. J'appelerai Jeudi si pas de retour, mais il y a un risque à être surtout autour d'Ailefroide et dans les vallées en dessous, ce qui est un peu dommage, même si ca reste un coin tres cool avec beaucoup de possibilités.

 
 
Plutôt dans les aiguilles rouges donc ? Il y a encore beaucoup de neige en altitude, regarde les webcam de l’index etc…  
 
Avec les crampons ça passe le matin mais ça devient vite pénible pour le retour

Neige ça passe quand même, mais pas un itinéraire ski de rando quoi.  
 
Je commande le topo ce soir (j’en ai déjà mais plus orientés escalade pure), je regarderai.  
Je pense qu’on va rester sur Cham dans l’idée, j’aime bien la ville aussi, mon guide habituel pourra aussi bien nous conseiller. Je ferai un retour.

J'ai toujours eu des mauvais échos sur l'éthique des topos Rockfax : en gros, repompages des topos locaux (équipeur/club/fédé) sans aucune participation a l'effort local (entretien, équipements).

 
64 comme le département ? On est ptêt voisins alors    (vallée d'Ossau ici   )
 
Je profite de passer pour un petit CR qui date de fin avril   Cette hiver j'ai fait quelques courses courtes et pédagogiques en couloirs, forcément j'ai aimé et ça m'a donné des envies... En en discutant avec un copain, un WE de super condis se profilant à l'horizon, il me donne rendez-vous à Gavarnie pour aller chercher le grand Asatzou par le couloir Swan    
 
Le topo C2C
 
Course très classique dans le coin, hyper esthétique, le couloir est comme la reliure d'un livre entre le grand et le petit Astazou, et on ne voit que lui depuis le centre de Gavarnie.

Depuis le plateau de Pailla
 
On se rencarde vers 8h sur le parking, c'est très tard mais la météo est extrêmement favorable. C'est ma première course de cette ampleur, et ce sera ma première sur glace également... Et niveau matos je suis un peu léger; les crampons passent encore, ce sont des bons acier récemment affutés, par contre en pioches je ne suis pas très équipé. Je ferais donc la course avec un Sum'tec flambant neuf dans une main, et un petit Gully (heureusement avec la cale pour la main !). C'est pas idéal, mais je suis en second et les conditions sont au top, je vais juste en chier un peu plus    
 
Décollage à 8h30, on commence par s'échauffer en baskets jusqu'au plateau de Pailla. On planque les baskets et on chausse les skis, environ  550m de déniv avec les peaux. On traverse quelques vieilles coulées bien pénibles mais globalement ça se monte bien et on arrive au pied du couloir une bonne heure plus tard. Skis sur le sac, on s'équipe et on part à l'assaut des 450m de couloir.

Au pied du couloir
 
On arrive rapidement au départ de L1, en super conditions effectivement. Une fois mon leader en place, je me lance ! C'est pas si raide au final, et surtout ça tient super bien ! Je prends mon temps et j'arrive au premier relais assez content.

L1
 
Le début de L2 est par contre bien redressé, quelques mètres à 70°, ce sera le crux de la voie. A mi-longeur on retrouve la neige, bien couic comme il faut, c'est un régal. L3 plus facile, assez peu de glace, et puis j'ai vite pris confiance !

L2
 
On range les cordes une fois au dernier relais, et en levant les yeux je vois qu'il reste encore un gros bout en neige à avaler, bien 250/300m. Mais c'est bien tracé, j'ai la caisse, la météo est top, y'a plus qu'à profiter. La pente à 50° en haut de L3 s'adoucit progressivement, on passe au soleil et on sue à grosses gouttes   Sortie au col à 15h30, panorama de dingue, on est félicités par les deux cordées espagnoles qui étaient devant nous. On est que 6, étonnant pour un samedi aux conditions si parfaites, mais on va pas se plaindre.

Sortie !
 

Mont Perdu et Cylindre
 
Quitte à être là, on se fait l'aller-retour au sommet du grand Astazou, puis on se cale une bonne pause pour refaire du jus. En effet, le retour n'est pas compliqué mais il va prendre un bon moment !

Sommet   Tour, Casque, brèche de Roland et Taillon
 

De l'autre côté
 

Le couloir en revenant du sommet
 
On commence par descendre à ski sous le versant S, en neige bien pourrie... Chaque virage est une corvée, heureusement qu'on a pas besoin d'en faire trop   Arrivés sous la brèche de Tuquerouye, on déchausse pour faire à pied les 50m qui y mènent. De l'autre côté, changement radical d'ambiance, le couloir du Tuquerouye est vitré, on va pas se faire trop plaisir. Malgré les cuisses déjà bien entamées on arrive à faire quelques virages qui font grincer les carres, pour sortir enfin du couloir 200m plus bas.
 
On peut enfin faire du ski sympa en se laissant glisser sous le pic rouge de Pailla, puis il faut repeauter pour passer la Hourquette d'Alans. On tire un peu la langue, mais on avale les derniers 250m du jour dans la bonne humeur ! Encore un magnifique point de vue à la Hourquette, et du ski pas si pire dans de la moquette de fin de journée sur ce versant Ouest. Retour aux baskets, on a la banane dans la descente vers Gavarnie.

Depuis la Hourquette d'Alans
 
Ca se finira autour d'une pizza et d'une pinte, dans le seul établissement ouvert  

Joli, le plus court c'est de redescendre le couloir avec un grand rappel pour passer la goulotte.
On avait comme ça en plein hiver

Oui, c'est ce qu'on fait les deux cordées espagnoles. Mais on dira qu'on avait envie de voir un peu du pays  

 
Non, je suis à la ville moi
 
Jolie course en tout cas!
 
Bon j'ai réservé Cham pour la dernière semaine de juin, au moins si la météo est pas dingue, on aura plus de trucs à faire et je connais mieux.

Salut,

En août je vais grimper sur le pic nord de la Font Sancte (Queyras). Il y a un passage exposé aux chutes de pierre, casque recommandé. J'ai pas de casque d'escalade, seulement un casque de ski et des casques de vélo. Lequel vous semble le plus adapté ?

edit : je connais HFR : non, je n'achèterai pas de casque d'escalade car à part ce jour-là, je n'en aurai pas l'utilité

Les casques de vélo ont vraiment la même construction que ceux d’alpi.
Quand je le compare à mon Meteor, j’me dis même que le casque de vélo a l’air plus costaud.

Coque externe en plastoc souple, intérieur en polystyrène, moi non plus je ne vois pas grande différence, si ce n'est la forme plus couvrante pour les casques de ski/d'alpi.

C'est pas la même norme, donc difficile de comparer. Les casques de vélo sont faits pour protéger la tête qui tombe par terre, les casques d'alpi ont plutôt vocation à protéger du caillou qui tombe d'au-dessus. C'est pour ça qu'on a pas trop d'aérations sur les dessus des casques d'alpi/escalade, alors que sur un casque de vélo ça ne pose pas de soucis.

Ceci étant dit, comme pour tout c'est une gestion du risque. Je ne connais pas la Font Sancte, mais j'imagine qu'il ne s'agit pas de pluie de pierres en continu non plus. Quel que soit le casque il faut voir comment tu peux réduire l'exposition à ce risque (viser un horaire moins fréquenté, passer rapidement sur la zone exposée, etc...). Et après ça, un casque de vélo sera toujours mieux que rien du tout.

Mercredi j'accompagnais justement trois potes sur une rando avec une petite cheminée à escalader. J'ai fais l'approche de chez moi au point de RDV à vélo, j'allais pas me trimballer deux casques. La cheminée fait 20m, on s'est arrangé pour y être à un moment où il n'y aurait personne, j'ai estimé que le casque de vélo ferait l'affaire:

Bonus:

J'ai un pote qui va me prêter un casque d'alpi.
Et en effet je partirai de bonne heure pour qu'il n'y ait personne au-dessus de moi, lorsque j'arriverai dans le passage compliqué.

Petit retour sur ma semaine à Cham. On a pas fait beaucoup d’alpi, surtout de l’escalade.  
 
Tentative avortée de l’arête des Cosmiques pour cause de météo pourrie.  
 
On a par contre fait la traversée des aiguilles Marbrées au départ de la pointe Hellbronner côté italien, c’était notre première sortie en autonomie tous les 2, et une première en alpi pour mon conjoint dans ce style (il fait plutôt des couloirs de neige).
C’était très sympa, pas difficile, joli panorama, itinéraire assez évident (c’est quand même fréquenté), mais avec moyen de prendre des variantes un peu plus exotiques.  
Une sympathique première qui nous a donné envie de poursuivre.

Ah les Aravis. De longues histoires avec elles, en été comme en hiver, mais il est un projet qui ne s’est jamais bien déroulé, la Pointe Percée. J’y suis allé à trois reprises pour ses grandes voies, et à chaque fois un souci intervenait me forçant à quitter les lieux avant d’avoir pu même y poser un orteil.
 
Comme tous les ans, un pote organise une grosse fête avec d’anciens amis de boulot autour du 15 aout, il vit proche des Aravis. Je me dis que c’est une bonne occasion d’y retourner pour croiser du monde et puis, pourquoi pas, apercevoir cette Pointe qui ne veut pas de moi. Billets de trains réservés en juin, coup de fil de mon pote début Juillet. Accident de parapente, multiples fractures, pas de chouille cette année. Et merde ! Surtout pour lui. Les billets étant pris, je me dis que me trouver une petite auberge dans un coin que je connais bien, le Grand-Bo, peut être une bonne idée. Deux jours complets sur place, plus deux demi-journées de part et d’autre. Et pourquoi ne pas retenter cette Pointe Percée… La fenêtre d’opportunité est limitée et mon envie de voir des amis la réduit encore plus. Seul le mercredi sera libre.  
 
Mardi soir, je croise ma cousine qui vit sur Annecy. Retrouvailles sur les bords du lac pour un diner en terrasse. Des nuages très noirs s’amoncellent dans le coin de mon œil. Il est 19.00 et un superbe son et lumière commence sur le lac, trois heures de gros vent, pluie battante et éclairs. On se croirait sous une tempête Bretonne.  
 

 
Tout est trempé, les routes pour retourner au Grand-Bo sont partiellement fermées, arbres sur la chaussée, rivières qui sortent de leur lit. Merde, j’ai encore amené le chat noir avec moi, déjà en juin j’arrivais dans les Ecrins le vendredi 21 juin. Tout est mouillé quand j’arrive à l’auberge, et le calcaire mouillé, ça glisse. Je pars me coucher en pensant que cette Pointe Percée se dérobera encore, mais je mets quand même le réveil à 7.00.
 
Bip bidip Boudip Doupdidoup ! 7.00, je me lève j’ouvre les rideaux. Quelques nuages à l’horizon, un ciel légèrement voilé mais ça semble à peu près sec. La météo annonce des orages à partir de 14.00. C’est possible.  
Direction le Col des Annes trente minutes plus tard. Un rayon de soleil vient frapper la chaine, ah qu’elles sont belles mes Aravis.
 

 
La Pointe Percée siège impériale devant moi, immuable au regard d’une vie humaine. On monte tranquillement, sur une piste de ski puis un sentier paisible. Les nuages s’amoncellent, les premières gouttes commencent à marquer le calcaire qui s’assombrit à l’image du ciel.  
 

 
Alors que le Refuge de Gramusset devient visible un peu au-dessus, une forte pluie commence et avec elle l’érosion de ce projet d’ascension de la Pointe Percée. La pluie forcit, on arrive sous une battante dans le refuge, et on se pose pour un café, humide, lorgnant ces nuages noires et l’eau qui coule sur les vitres. Un guide discute à côté de moi et au détour d’une phrase, je commence à échanger avec lui. Il revient de la Pointe de Chombas par l’arête, du 3+/4 en escalade. Je n’ai aucun matos avec moi, étant parti pour la voie normale, mais il me signale que Chombas passe (si on le répète trois fois, ça donne un effet comique) même mouillée et que tant qu’à être là, autant faire quelque chose. Il est 10.45, la pluie se calme un peu, et l’on part en traversée dans un grand lapiaz pour arriver sous la face et remonter une vire en diagonale. La pluie cesse, les nuages se dispersent, deux bouquetins viennent nous voir. Arrivée sur le plateau sommital, le vent repousse un peu les nuages et nous donne une vue superbe sur l’autre versant avec le massif du Mont-Blanc dans le fond. C’est beau, et ça valait le coup.
 

 
Et puis l’on pivote légèrement sur notre gauche et la Pointe Percée nous nargue, un peu sous le soleil. On voit bien les coulures de l’eau sur le calcaire, si proche et pourtant si loin.  
 

 
L’impression du devoir accompli on redescend tranquillement par le même chemin, et à mesure que l’on se rapproche du refuge l’idée de remonter germe. Il est 13.00, la météo annonce maintenant l’orage pour 16.00, mais les images satellites nous montrent que les fronts orageux devraient passer de par et d’autres de la chaine. Ma compagne sourit, je souris. Allez, on essaye et s’il faut renoncer, on le fera de bon cœur.
On commence donc par suivre les marques rouges, départ 13.30 du refuge, on repart sur le grand lapiaz mais sur la gauche cette fois. La paroi se relève à mesure qu’on approche, des gros nuages passent au-dessus du sommet mais sans s’accrocher, on va garder l’œil et l’ouïe pour les grondements.
 

 
La voie normale est considérée comme une rando technique, il faut un peu mettre les mains, il y a un peu d’expo mais rien de difficile. On progresse rapidement. On avale les mètres, le regard vers le ciel pour le sommet, et les nuages. Jusque-là tout va bien…  
 

 

 
On suit les points rouges, on monte et puis alors qu’on arrive sur une antécime, la croix de bois qui orne le sommet apparaît. Plus qu’une petite progression sur une arête assez large et nous voila en haut. La chaîne en dessous, rien au-dessus si ce n'est trois gypaètes barbus qui tournent tranquillement. Le voila donc le sommet de cette Pointe Percée ! Un peu comme un rêve de gosse, simple. On se sourit, on s’enlace.
 

 
Les nuages sont toujours là, donc on ne traîne pas trop. On reprend le même chemin pour redescendre et on est de retour au refuge un peu avant 17.00. Le ciel s’assombrit, une pluie battante, quelques petits grondements. Et alors qu’on sourit de notre chance en buvant un soda, on se dit que finalement le sommet aura bien voulu de nous aujourd’hui. Après une attente d’une petite demi-heure, la pluie se calme et on redescend vers notre Col des Années, le cœur plein de souvenirs, le sourire large et l’œil pétillant.
 
Pointe Percée, je reviendrais, avec tout le matos d’escalade et je l’espère, tu me permettras encore une fois de te fouler.  
 

 
PS: Faudrait aussi que je vienne raconter les Ecrins en Juin, quelques courses d’alpi sympathiques juste après les glissements de terrains et torrents destructeurs… Toujours dans les meilleurs coups    

Ca me rappelle que j'y suis monté il y a 8 ans avec mon pote et son petit chien
Et nos casques de vélo

La vue était pas mal d'en haut

 
Sympa comme inversion  

Merci pour le CR ! ça donne envie !

Sur une autre planète, Killian Jornet enchaîne les 82 sommets Alpins de plus de 4000m en 19 jours, en se déplaçant à vélo. Il y a une journée avec 18 4000... Le planning des 16 étapes est impressionant. Il semble "légèrement" fatigué à la fin  du push, l'honneur est sauf    
 
https://www.ukclimbing.com/news/202 [...] days-73782

C'est un scandale, je suis sûr qu'il est extra-terrestre

J'ai du mal à m'enthousiasmer pour ses performances, mais j'ai aussi du mal à expliquer pourquoi.

Peut être son côté "robotique" extérieur qui n'échoue jamais peut être.
Mais j'ai vu le doc sur lui (qui date de plusieurs années) sur Netflix, il a plutôt un bon état d'esprit de montagnard

Oui. Aussi le fait que c'est pas tellement le côté vitesse qui m'impressionne pour ce genre de trucs, mais plus les premières fois et les conditions extrêmes. Evidemment c'est subjectif.

La vitesse en montagne c'est pas ma tasse de thé, je préfère prendre mon temps et m'en mettre plein les yeux.
 
Mais l'idée de faire Chamonix/Mont-Blanc/Chamonix en moins de 5 heures, je trouve ça complètement fou. Plus de 1000 m de D+ à l'heure