LES PARTIS POLITIQUES
Il y a toujours eu des factions, des divisions mais les partis politiques sont inhérents à une certaine forme de démocratie apparue à la fin du XIX° siècle. Les partis sont nés après la création de la République ; le premier parti, le parti radical est crée en 1895.
La conception gauche/droite est née de la Révolution.
La III° République voit lapparition de tendances : monarchistes, républicains, socialistes de la Commune
qui ne sont pas organisés au niveau national. A partir de 1875 chaque député est élu suivant les arrondissements et les députés surgissent de la base. Ceux de la droite sont les châtelains locaux et ceux de la gauche sont des notables libéraux ou des ouvriers (extrême gauche).
Ils siègent tous à Paris et chacun vote selon leur conscience. Peu à peu ils se constituent en groupes parlementaires et mettent en commun (se fédèrent) leurs comités de soutien. En 1895 né le parti radical et en 1905 la SFIO. La droite se fédère plus tardivement, au début des Ligues puis de véritables partis dans les années 20 (partis fascistes). Après la Seconde Guerre mondiale le RPF rassemble les gaullistes.
Il y a une dichotomie entre la base et le sommet : les députés sont des émanations de la base mais celle-ci devient de plus en plus quun comité de soutien.
*René Rémond La droite en France : il examine létat de la droite en France. Il y a au moins 3 droites conséquences de lHistoire. Le courant légitimiste visait à rétablir lAncien Régime. Lorsque la monarchie a été rétablie ce fut une monarchie constituante (orléanistes). Entre ces deux courants le courant bonapartiste ne crée pas daristocratie mais une noblesse de mérite ; la meilleure application fut le règne de Napoléon III (caste de hauts fonctionnaires).
Ces familles structurent encore aujourdhui les divisions dans les partis de droite :
· légitimistes > extrême-droite
· orléanistes > giscardisme, Madelin
· bonapartisme > gaullisme
Il ny a pas de courant démocrate-chrétien, agrarien, fasciste.
De même il y a 3 familles à gauche. Les radicaux représentent la classe moyenne, leur libéralisme économique les rapprocherait de la droite et leur libéralisme culturel de la gauche.
A la Libération le parti est privé de ses cadres (qui avaient voté les pleins pouvoir à Pétain) et a explosé dans les années 70 : une moitié, le PRG sest allié au PS, une autre moitié à lUDF car il ny avait pas de place pour eux dans un système bipolaire. Pour Rémond ils restent une grande famille de la gauche mais qui ne se manifeste pas dans les faits.
Le socialisme avec la création de la SFIO en 1905. Au congrès de Tours une majorité font scission en créant la SFIC (futur PC). La SFIO deviendra PS lors du congrès dEpinay de 1971.
Enfin le communisme qui a suivi les positions de lURSS. A la Libération il était le plus gros parti de la gauche puis a progressivement décliné. A partir des années 60 il se rapproche du PS.
La situation de la gauche est beaucoup moins claire que celle de la droite. A lintérieur du PS il y a des divisions (Mitterrand/Rocard aujourdhui Hollande) entre les libéraux culturels et économiques et les non libéraux.
De plus il y a eu lapparition du courant écologiste dans les années 70. La stratégie dAntoine Waechter ni droite ni gauche na pas fonctionné et les Verts se sont associés à la gauche.
*les partis de masse / de cadres Maurice Duverger. Les partis sont structurés en fonction de leurs ambitions. Les premiers partis sont fondés par les élus qui recherchent le plus possibles délu > partis de cadres. A linverse les partis de masse comme le PC ne se proposait pas jusquaux années 70 de prendre le pouvoir par la voie démocratique et le « grand soir » nécessitait beaucoup de monde et peu délus. Jusquaux débuts des années 90 le PC avait autant de membres que tous les autres partis réunis et le PC italien comptait près de 2 millions dadhérents.
A droite le RPF a suivi ce modèle.
Aujourdhui les partis de masse se sont effondrés et les partis dépassent difficilement les 100.000 adhérents.
*le statut juridique des partis.
Pendant extrêmement longtemps il nont pas eu dexistence légale. Selon la Constitution les partis se formaient librement et navaient pas à se faire déclarer. Dès lors les partis fondaient des associations factices pour pouvoir gérer leur patrimoine et leur budget.
Ils étaient financés par les cotisations des adhérents fixées par le parti (faible ou en fonction du salaire). Mais les campagnes ont coûté de plus en plus chères et il a fallu trouver dautres sources :
-droite : appel au patronat (par crainte de nationalisations de la gauche)
-gauche : adhérents + participation de lURSS pour le PC et les entreprises au niveau local.
1/3 des Français se classe à gauche, 1/3 à droite et ¼ ne se classe pas doù lélaboration de diverses théories :
-« théorie du marais » = partie de lélectorat imprécise. Il sagit de personnes peu diplômées, peu actives, pas intéressées par la politique ; ils ont un vote réactif.
-« théorie de loffre » = lélecteur se détermine comme un consommateur.
Lensemble des électeurs peut changer en fonction de divers aspects :
-la conjoncture : en cas de menaces extérieures le population fait bloc derrière le gouvernement.
En cas de problèmes internes la majorité des électeurs est toujours mécontente de la majorité sortante.
-le sexe : en 1946 (institution du vote des femmes) on pensait que les femmes votaient « génétiquement » à droite. En fait il sagissait dun électoral relativement âgé et inactif.
De nos jours la population féminine est active et à partir de 1980 on note une inversion : malgré le corps dâge, les femmes votent plus à gauche, le vote des jeunes à gauche compensant nettement le vote à droite des plus âgées. Cette inversion est due :
· à leurs professions : portées vers le relationnel =\ production
· au fait quelles soient plus touchées par le chômage.
· En 1981 « effet Mitterrand ».
-lâge : pendant très longtemps on a tracé une corrélation entre lâge et le vote ; une rupture sest faite à la fin des années 80. Les personnes âgées ont un vote conservateur, les jeunes enregistrent des taux forts pour le FN ou les Verts.
57% des jeunes ont voté pour Mitterrand en 1988.
55% Chirac 1995.
Le vote conservateur des personnes âgées à été brisé une seule fois par « leffet Mitterrand ».
La moyenne dâge de lélectoral vieilli = 46 ans
-la région : les modes de communication ont bouleversé les cartes politiques qui étaient basées sur la géographie (nature des sols). On constate quils ne jouent plus : il ny a plus de forteresse, de villes imprenables. Au niveau micro-régional le foncier élevé vote à droite : contre-exemple de Paris.
Cela provoque un lissage politique : majorités courtes partout qui peuvent être renversées partout doù lapparition de « vagues ».
Mais la mobilité géographique de la population modifie léquilibre.
· « Politiquement correct » : tout le monde reçoit les mêmes informations qui gomment les différences.
· Le rapport à lautorité : tendance soumise/rebelle clivage qui provient du modèle familial
Lorsque lélément géographique existe lélément culturel domine.
-les CSP : catégories socio-professionnelles.
1) Les agriculteurs : vote très fortement à droite (70%), attachés à la propriété.
2) Les artisans, commerçants, chefs dentreprise : orienté à droite (70%) sauf pour les artisans (50% droite 50% gauche). Les commerçants votent massivement à droite et surtout extrême-droite (30% > insécurité, fiscalité).
3) Les professions intellectuelles supérieures : vote à droite (60%). Les professions libérales votent faiblement à lextrême droite.
Les 3 premières catégories votent à droite : ce sont des non-salariés, attachés à la propriété, libéraux. Les cadres supérieurs sont partagés (ils sont salariés), les enseignants vote majoritairement à gauche (2/3).
4) Les professions intermédiaires : vote 50% à gauche.
5) Les employés : vote à gauche de façon stable > 55-60%.
6) Les ouvriers : traditionnellement à gauche 60%. Mais les ouvriers spécialisés votent à droite et lextrême droite dépasse les 20% : 2 théories :
1. exacerbation du vote traditionnel à droite des ouvriers les plus diplômés.
2. au contraire cest un vote des ouvriers les plus en bas de léchelle concurrencés par les immigrés et qui nont aucun espoir dévolution.
Il sagit souvent dun vote extrême droite au 1er tour et à gauche au 2nd (vote anti-immigrés mais défense du SMIC et des nationalisations).
7) Les retraités : vote fortement à droite (au 2/3). Sauf 1981 « effet Mitterrand ».
8) Les inactifs : vote fortement à droite. Les étudiants légère majorité à gauche avec clivage Lettres, Sciences (gauche) et Droit, Médecine (droite).
Le vote des CSP fait ressortir des clivages suivant divers paramètres :
-salariés / non-salariés
-nature de lemploi : salariés du privé / public.
-inactivité / activité : le vote des chômeurs est anti-système (27% extrême droite ; 10% extrême gauche).
Cependant les CSP ne reflètent pas les niveaux de revenus :
-droite : « effet de pince » : revenus les plus élevés, les bas et les plus bas (extrême droite)
-gauche : revenus moyens.
Limportant nest pas limportance du revenu mais sa provenance (salariés / non-salariés public / privé).
-la pratique religieuse :
1) catholiques pratiquants (1 fois par mois à la messe) : vote très majoritaire à droite (75-80%).
2) Catholiques irréguliers (1 fois par an à la messe) : vote 2/3 à droite
3) Catholiques non-pratiquants (ils se définissent comme catholiques mais ne vont pas à lEglise) : vote partagé gauche/droite.
4) Les non-catholiques : fortement à gauche (75%). On na pas détude sur les musulmans. Les protestants votent au 2/3 à gauche. Les juifs votaient traditionnellement à gauche mais la tendance à changé et aujourdhui il doit être majoritairement à droite.
5) Les sans religion : fortement à gauche.
A part quelques sujets (IVG) lEglise ne prend pas parti. Le vote des catholiques sexplique par le fait que ce sont des personnes âgées, vivant dans le monde rural, dans des petites communes, non-salariés mais dont le vote extrême droite est faible.
*dautres effets :
-effet patrimoine : plus on en a plus le vote à droite est massif (uvres dart, bijoux, actions) 54% des Français sont propriétaires de leur logement.
-questionnaires CEVIPOF qui élaborent 4 catégories politiques : libéraux / non-libéraux sur les plans économiques / culturel.
1) pas libéraux économiques pas libéraux culturels = 35% des Français (on trouve les ouvriers). 2/3 à gauche, extrême droite forte
2) libéraux économiques pas libéraux culturels = agriculteurs et commerçants. 81% à droite.
3) Libéraux culturels pas libéraux économiques = 25% des Français. 89% à gauche.
4) Libéraux culturels libéraux économiques = 14% des Français. 50% à droite, 50% à gauche.
Ces catégories constituent le cur des tendances et le clivage porte sur 2 niveaux très différents : il y a 2 manières dêtre à gauche et à droite.
*dautres schémas
-gauche / droite molle / dure.
-la filiation > hérédité du vote ?
2/3 votent comme leurs parents
16% comme un de leur parent
11% au contraire de leurs parents
5% ne votent pas
-le vote est-il du à lenvironnement économique ? culturel ? conscience ?
*Est-ce que la division gauche/droite est pertinente ?
De plus en plus de Français la mettent en cause (61%). Il faut des catégories plus fines (il y a la conscience de soutenir une idéologie).
Depuis 1981 la succession entre la gauche et la droite na pas eu deffet contre le chômage et la politique des gouvernements sest ressemblée sur certains points.
Le débat sest détourné sur le symbolique : laïcité, libertés.
-nouveaux clivages : permissif / autoritaire
libertaire / étatique
Palestine / Israël
*Lévolution des variables.
Elles peuvent être remises en question, sinverser ou saffaiblir (variable sexe). Le diplôme détermine un vote plus stable, moins extrémiste. Les chômeurs ont un vote anti-système (cette variable nexistait pas il y a 30 ans).
Le comportement des électeurs est de plus en plus instable : les électeurs font la différence suivant les élections en fonction de loffre et de la situation. Les évènements locaux et les personnes pèsent de plus en plus dautant plus que les idéologies samenuisent.
En 1992 lors des élections régionales et cantonales qui ont eu lieu le même jour, 20% des électeurs ont eu un vote différent entre les 2 élections.
La droite et la gauche nont pas mené de changements réels lorsquils étaient au pouvoir : lélecteur devient plus mobile et il na pas le sentiment de trahir.
On a une baisse de la tradition, de la pression sociale de leffet patrimoine.
Dans le même temps loffre se déconnecte de la demande ; dans un système à 2 tours il faut rassembler son camps au premier et élargir au second.
Selon TODD il demeure des classes sociales / dautres pensent que les clivages de classes ont laissé à une large classe moyenne.
*La pondération des variables.
La France des « sans ». Limportant est laddition des variables : chômeur, sans diplôme aura tendance à plus voter aux extrêmes.