Ache immatriculé-conception | le penseur fou a écrit :
Ache,
Je retiens essentiellement de tes interventions , la conception spinoziste du Bien et du Mal :
Le Bien c'est ce qui permet de persévérer dans son etre , de grandir , ce qui maximise ton potentiel , ce qui te fais aller de l'avant .
Le mal c'est ce qui te diminue , contrarie ta progression , te fait stagner , régresser ...
En fait , pour Spinoza , le Mal c'est les passions tristes qui te tirent vers le bas .
( sur ce postulat , je me demande si pour certains , le Mal ce ne serait pas les femmes , le sentiment d'infériorité qu'éprouvent certains hommes devant la beauté/perfection de certaines femmes , d'ou peut etre le désir de les dissimuler a leur vue).
Mais quelle est la place de l'egoiste/narcissique dans la conception Spinoziste ?
Je suis pas sur qu'un tel individu éprouve les passions tristes .
D'un autre coté , un individu qui n'éprouverait que des passions joyeuses , qui n'auraient pour seul but que de persévérer dans son etre et d'éliminer drastiquement tout ce qui peu contrarier ce but (comme la tristesse devant la souffrance des autres etres,l'empathie ) ne serait ,pour moi ,qu'une personne indifférente et insensible .
Le Spinozisme n'arrive pas a me convaincre totalement .
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Bonjour Ce sujet est vaste, trop
Je te rejoins un peu dans tes interrogations
Mais avant dexprimer une position, et pour éviter la statistique IPSOS, je tiendrais à préciser deux points :
1 - Je pense que cest sentêter inutilement que de penser le bien et le mal en ignorant les données et les recherches en sciences qui ont lHomme pour objet détude : en premier lieu, les sciences de la vie, les sciences cognitives, puis, la sociologie.
2 - Et pour dépasser justement le caractère « object-ivisé » de la neurobiologie par exemple, la réflexion philosophique est indispensable pour sonder le mouvement et les tendances de lesprit-même.
Hephaestos a plus ou moins exposé le cheminement dune réflexion, disons, « bio-éthique ». Cest à dire qui insiste sur le primat de la nécessité du maintien, dont découle, à posteriori, lémergence des valeurs morales.
Déjà, deux point sont soulevés : Il y a une différence entre la « morale » et « léthique » ; et, il y a une profonde notion, celle de « lémergence » (au passage, le dernier HS de Sciences et Avenir sur lémergence est édifiant).
Les valeurs morales, qui situent (souvent par tradition, héritages, sélection, etc) le Bien et le Mal, posent demblée, à léchelle de vie de lindividu, une espèce de pré-existence du Bien et du Mal. Si on réfléchit notre comportement pour agir, nous nous confrontons à devoir définir et circonscrire ces valeurs, ces vertus. Et dès quil y a pensée, dès quil y a effort pour saviser avant de se comporter, je pense quon adopte du coup une posture éthique. Autrement dit, léthique est le cheminement « raisonnable » qui justifie du comportement.
Donc, au niveau de nos civilisations, il y a tout un tas dorientation dites morales, qui peuvent être inadaptées, faciles, ravageuses ou autres : il y alors nécessité de régler ces problèmes, sachant que nous partons de notions comme le « bien » et le « mal ».
Puisquil sagit de réfléchir, on sefforce alors de se doter de la matière nécessaire. Il peut sagir de sa propre expérience. Mais nous tentons un pseudo-universel, et cest à ce stade que les sciences cognitives par exemple peuvent nous offrir un « substrat de législation », cest à dire une connaissance de loutil et du moyen qui nous sert de juge : lesprit (parce que nous supposons quil émerge du cerveau). Et cette connaissance, même incomplète, nous enseigne le primat de la survie, la nécessité de la performance autopoïétique (!) ,etc, tout cela sous légide du si cher principe de parcimonie : le moins de fioritures possibles. Et que nous disent principalement (sur le sujet) les sciences de la vie ? Elles disent que nous tendons vers ce qui « bon » pour nous (entendez-le bien sûr avec, par exemple, le vocabulaire de Varela : le maintien du système autopoïétique). Et, ce que je trouve fabuleux, et là où sarticule la philosophie, cest : Que nous dit Spinoza ? Il nous dit quil ny pas de Bien et de Mal - mais quil y a du bon et du mauvais. Il y a laffect, cest à dire leffectuation dune puissance. La joie, quand on est bien, cest remplir une puissance ! Et le méchant, cest celui qui empêche la puissance de lautre. Et le plus bas degré de la puissance, cest le pouvoir
Mais alors, où est la vertu ? Où est le vice ? Si tout le monde ne fait que poursuivre son mouvement dêtre, si tout le monde ne fait que son bien, où est la vertu ? Pourtant, face à certaines personnes, face à certains témoignages, on est bien en peine de nier la générosité dun vertueux
Où est la vertu alors ? La vertu qui est lattribut même de la morale ?
Mais Spinoza nécrit pas la morale : il écrit lEthique ! Et nous lui demandons, à lui et à certains autres, de nous expliquer la vertu ! Autrement dit :
La morale somme léthique de sexpliquer.
Le penseur fou (!), cest, je pense, dans cette affirmation où se trouve ton insatisfaction, dis-tu, du Spinozisme. La question est, je pense, plus ouverte que déjà circonscrite. Pourtant, si on revient à la science, nous pouvons avoir des données qui nous éclairent, par exemple la théorie des jeux, dans la régulation des comportements entre les individus (même simplistes). Ou à linteractionnisme en sociologie.
Quand tu parles du narcissique, puis de lhédoniste en fait, je ne vois pas du tout le spinozisme comme « encouragement » à ces attitudes, qui peuvent, comme tu dis, générer une insensibilité justement « peu vertueuse ».
Et Spinoza somme lui-même peu de chose : il sefforce dexpliquer nos tendances, celles de lesprit, de lhumain. Alors oui, lempathie possède un seuil et un caractère dintégration variables selon les individus, influés de plus par léducation, lencouragement, la punition,
mais cest croire quune société de vertueux est possible
je ne mavance pas sur le sujet
je dis juste que la philosophie et la recherche scientifique déblaient grandement le terrain, sondent le potentiel même de nos comportements, déparasitent tout fondement inexact ou superstitieux, et forcent donc la posture éthique. Personnellement, je my efforce, mais la lucidité biologique rattrape souvent
Un pessimisme jubilatoire en somme !
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Parcours étrange
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