Elessar777 a écrit :
Rocadur t'es bien gentil avec tes fariboles parascientifiques ..... mais faut arreter 5 minutes avec l'obscurantisme et la branlette intellectuelle
je vais citer une source qui risque de pas te faire plaisir, malgré le copyright qu'il y a normalement dessus, je ne resiste pas a l'envie de demystifier les anneries que tu racontes....
"Émile Fradin, bientôt aidé par un médecin de Vichy, le docteur Morlet, et par un instituteur, Benoît Clément, mit au jour environ 3000 objets, que l'on peut voir à Glozel dans un petit musée privé. Une partie de ces objets évoquent l'époque paléolithique, il y a 15000 ans : galets gravés représentant des rennes, harpons, statuettes en os. D'autres relèvent plutôt du Néolithique, il y a environ 6000 ans : haches grossièrement polies, poteries parfois décorées d'un visage, figurines en argile, représentations de sexes masculins et féminins. Enfin un certain nombre de grandes tablettes d'argile sont gravées de signes d'une écriture inconnue mais qui évoque fortement les premiers alphabets phéniciens et certains signes ibériques, datés entre le VIIe et le Ier siècle avant notre ère ; ces mêmes signes, associés parfois à des rennes, peuvent également être gravés sur des objets d'« allure préhistorique » : galets, outils en os, bracelets.
L'affaire fit grand bruit. Accepté sans discussions, le site de Glozel démontrerait que l'écriture, sous une forme très proche de celle qu'elle prendra 10000 ans plus tard, aurait été inventée par des populations de chasseurs paléolithiques en Europe occidentale, chasseurs qui auraient en outre pratiqué la poterie connue seulement au Néolithique. Le directeur du musée des Antiquités nationales, Salomon Reinach, soutint immédiatement Glozel : il dénonçait depuis longtemps le « mirage oriental », cette tendance à situer au Proche-Orient toutes les grandes inventions de l'humanité.
2. Polémiques et procès Mais la plupart des préhistoriens, tout comme le spécialiste de l'écriture phénicienne, René Dussaud, dénoncèrent une supercherie. La Société préhistorique française déposa même une plainte pour escroquerie, puisque les Fradin réclamaient un droit d'entrée pour la visite du musée, plainte qui aboutit à une perquisition destinée à rechercher un atelier de faussaires.
Une commission internationale fut constituée pour mener des fouilles de contrôle sur le site, comprenant des préhistoriens indiscutés, français (Denis Peyrony, l'abbé Pierre-Marcel Favret) et étrangers (les Suisses Robert Forrer et Eugène Pittard, la Britannique Dorothy Garrod, l'Espagnol Pedro Bosch-Gimpera, le Belge Joseph Hamal-Nandrin). Les fouilles furent émaillées de nombreux incidents mais le rapport de la commission conclut formellement au faux, tout comme un rapport de l'identité judiciaire de Lyon. On relevait entre autres que certains objets semblaient avoir été introduits, que certaines tablettes gravées se dissolvaient dans l'eau et que des traces d'outils métalliques et de colorants industriels avaient été détectées.
Néanmoins aucune charge ne put être retenue contre Émile Fradin, qui se trouva disculpé par les tribunaux et gagna même un procès en diffamation contre René Dussaud, pourtant défendu par le célèbre avocat Maurice Garçon. Une contre-commission, suscitée par les partisans de Glozel, vint appuyer leurs thèses ; à défaut de préhistoriens connus, elle comptait parmi ses membres le célèbre ethnographe Arnold Van Gennep. Le feuilleton glozelien faisait évidemment les délices de la presse quotidienne et de ses caricaturistes, mais certains enjeux idéologiques étaient aussi relevés, telle cette réhabilitation du « génie européen » que constituait l'antériorité de l'invention de l'écriture à Glozel. Puis l'affaire retomba à partir du début des années 1930, mais Glozel fut pendant l'Occupation un lieu de visite des dignitaires de Vichy, ville toute proche.
3. Glozel redécouvert
Après un oubli de plus de quarante années, deux faits contribuèrent à relancer la polémique à partir des années 1970. Une nouvelle méthode permettant de dater l'âge de cuisson des poteries, la thermoluminescence, venait d'être inventée et des laboratoires eurent l'idée, pour la promouvoir, de l'essayer sur des objets glozeliens. Si quelques-uns se révélèrent d'époque moderne, une bonne partie d'entre eux furent datés des derniers siècles avant notre ère, plus précisément entre -700 et +200. Par ailleurs un mouvement de pensée lié à l'extrême-droite française, la « Nouvelle Droite », crut pouvoir tirer parti de Glozel pour démontrer la supériorité de la civilisation européenne, qui aurait inventé l'écriture bien avant les Phéniciens, des Sémites. Une campagne de presse fut ainsi orchestrée pour réclamer la réouverture des fouilles.
Des fouilles minutieuses, assorties de toutes les techniques requises, furent donc entreprises en 1983 et 1984, sous l'autorité d'une commission scientifique présidée par le préhistorien Jean Guilaine, professeur au Collège de France. Aucune trace d'occupation préhistorique ne fut découverte, le substrat sableux géologique se rencontrant directement sous la mince couche d'humus. Seule une occupation de verriers du XVIIIe siècle fut mise en évidence - la fosse originellement découverte par Émile Fradin ayant très probablement été un four de verrier. De nouvelles analyses par thermoluminescence, certaines sur des objets précédemment datés, donnèrent, grâce à la précision de cette méthode, des dates réparties entre le XIIe et le XVIIIe siècle de notre ère, ainsi que plusieurs dates modernes, mais aucune date d'époque préhistorique. En outre, les mesures d'acidité du sol montrèrent que des objets en os ne pourraient s'y conserver très longtemps. Des sondages menés sur trois autres sites voisins, qui avaient fourni quelques objets « glozeliens », furent tout aussi négatifs.
Ces résultats, qui à la fin du siècle n'avaient encore fait l'objet que de publications préliminaires (le ministère de la Culture ne souhaitant pas entretenir la polémique) permettent d'avancer plusieurs conclusions.
4. Verriers et créateurs
La première est qu'actuellement rien ne vient confirmer l'hypothèse d'un Glozel préhistorique. Aucune datation physico-chimique antérieure aux derniers siècles avant notre ère n'a été obtenue ; aucun objet glozelien ne ressemble aux dizaines de milliers d'objets livrés par l'ensemble des sites préhistoriques français ; en plus de soixante-quinze ans, aucun autre site glozelien n'a été découvert en France ni ailleurs ; le sol très acide ne permet pas la conservation des objets en os ni celle des objets en argile insuffisamment cuits ; aucune couche archéologique préhistorique n'a pu être retrouvée sur le site ; enfin, contrairement à tout autre site archéologique connu, Glozel n'a livré que des objets entiers ou presque entiers. Une hypothèse intermédiaire pourrait faire de Glozel l'officine d'une sorcière gallo-romaine, ce qui expliquerait à la fois certaines datations obtenues par thermoluminescence (à une époque où cette technique était encore balbutiante) et l'étrangeté des objets. Ce fut un temps l'hypothèse du grand historien Camille Jullian, qui s'était essayé à traduire les tablettes glozeliennes ; mais aucun objet gallo-romain n'a été découvert au cours des fouilles.
La deuxième conclusion est qu'il a existé de manière certaine un atelier de verriers à proximité de Glozel, peut-être dès la fin du Moyen Âge et de toute façon au XVIIIe siècle. Certains objets glozeliens pourraient s'expliquer par des pratiques magiques liées à la verrerie, comme en possédaient de nombreux artisanats traditionnels.
La troisième conclusion est qu'il existe des objets manifestement faux, c'est-à-dire fabriqués à date très récente, non seulement d'un point de vue stylistique (les harpons ou les haches polies de Glozel, bien que rappelant des exemplaires préhistoriques authentiques, sont de facture très maladroite et ne sont pas utilisables), ce que confirme la datation par thermoluminescence. Néanmoins, aucun faussaire n'a jamais été démasqué. Ce point n'est cependant pas spécifique à Glozel : l'un des plus célèbres faux préhistoriques du XXe siècle, le crâne de l'homme de Piltdown (Sussex, Grande-Bretagne), reste sans auteur identifié. En 1988, lors d'une affaire très semblable et qui connut à l'époque un grand écho médiatique, celle dite des « grotesques d'Amiens », les faussaires n'avaient pu être démasqués que parce que l'un d'eux s'était dénoncé et possédait des photographies montrant la fabrication des faux.
5. Une histoire exemplaire
L'hypothèse la plus vraisemblable concernant le site de Glozel est donc que, à partir d'un matériel authentique exhumé fortuitement et lié à des pratiques de verrerie relativement récentes, des esprits imaginatifs ont fabriqué, puis enfoui dans le sol, un certain nombre d'objets inspirés des connaissances préhistoriques que l'on avait alors.
Mais aucun des faits issus des fouilles et des analyses récentes n'a entamé les certitudes des partisans de Glozel. C'est pourquoi l'aspect le plus intéressant de cette affaire n'est pas la question de l'authenticité du site, que ne soutient aucun préhistorien professionnel, mais sa signification sociologique. Elle offre en effet le scénario exemplaire de la lutte de l'amateur éclairé contre la « science officielle » qui, voyant ses certitudes ébranlées, s'efforcerait de dissimuler la vérité. De fait, la plupart des émissions de radio ou de télévision qui sont, régulièrement, consacrées à cette « affaire Dreyfus de l'archéologie » prennent fait et cause pour Glozel - comme c'est le cas dans presque toutes les affaires parascientifiques. L'une des plus caractéristiques fut, par exemple, en 1992, celle de la chaîne de télévision T.F. 1, dans le cadre de sa série Mystères. Un bref film de fiction retraçait l'histoire, en reprenant à la lettre l'ensemble des thèse glozeliennes. Il était accompagné d'un débat que l'on pouvait croire en direct, mais où la plupart des interventions critiques de l'archéologue invité avaient été supprimées au montage ! C'est à la fois l'attrait entretenu du mystère, mais aussi ce combat de l'inventeur solitaire contre l'institution scientifique qui explique la sympathie des médias pour les parasciences en général et pour Glozel en particulier.
Pas plus que les soucoupes volantes ou le yéti, Glozel ne relève d'une démarche scientifique mais d'une croyance parascientifique en une civilisation mystérieuse, croyance qui n'a aucune raison de s'éteindre. Glozel appartient désormais à l'histoire de l'archéologie et c'est à ce titre que ses collections doivent être protégées."
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