J'ai envie de balancer une comparaison un peu provocatrice: Freud serait le Newton de la psychologie, alors que Jung serait Einstein... D'ailleurs, Jung a longuement échangé avec l'un des grands physiciens modernes, Wolfgang Pauli, père de la physique quantique. Ils ont écrit des ouvrages ensemble, dont « Synchronicité comme principe de connexions a-causales ».
Sérieusement, le grand apport de Jung est sans doute de considérer le « moi » non comme le centre de l'être, mais comme un « complexe » dont le centre est plutôt ce qu'il appelle le Soi. L'individuation, à ce titre, serait la prise de conscience progressive de la relation entre le moi et le Soi. Il faut cesser peu à peu de s'identifier au moi et, surtout, à ce que Jung appelle la « persona », qui n'est que le masque social qui nous permet de nous adapter au monde, pour intégrer les aspects de notre être qui sont au-delà de la conscience, qui ne représente que la partie émergée de l'iceberg.
Jung n'est pas irréprochable, ceux qui l'accusent de faire dans le mysticisme n'ont pas tort, mais c'est très certainement l'un des grands penseurs du 20e siècle, dont on commence tout juste à mesurer l'apport. Les Français ont malheureusement l'esprit complètement fermé - ils préfèrent s'accrocher à Freud et à Lacan - mais ailleurs, son influence ne cesse de croître, et pas seulement dans le milieu de la psychologie.
Fait méconnu, il a fortement inspiré le mouvement des Alcooliques Anonymes, mais aussi un test de personnalité très utilisé dans le monde du travail, le MBTI.