Intro :
Après avoir réalisé l’adaptation de l’excellent « Gone baby gone » tiré du livre de Dennis Lehane au cinéma, Ben Affleck ancienne cible des tabloïds et considéré par beaucoup de ses détracteurs comme étant un comédien de seconde zone nous revient avec « The Town ». Seulement depuis qu’il est passé à la réalisation en 2007, Ben Affleck dévoile petit à petit un visage que l’on n’aurait jamais deviné il y a quelques années, celui d’être un excellent réalisateur de cinéma.
Il dit lui-même avoir eu le déclic après avoir brillamment incarné Georges Reeves dans le très bon Hollywoodland. Jouant un personnage fort émotionnellement dans un registre dramatique, Hollywoodland réalisé par Allen Coulter lui a valu d’être nommé en tant que meilleur interprétation masculine à la 63ème Mostra de Venise. C’est une voie que l’acteur décide donc de suivre en passant derrière la caméra avec « Gone Baby Gone » où il dit avoir décidé d’affronter « le mal absolu » à travers le rapt d’enfants mais aussi les thèmes forts de la maltraitance. Malgré un succès critique plus que public il nous tardait de savoir se que valait Ben Affleck surtout lorsque l’on a apprit en 2008 que son prochain projet lui fera porter la double casquette d’acteur et de metteur en scène.
Ma ville, mon sang :
Entièrement tourné à Boston au cœur du quartier de Charlestown (ville au record mondiale de braquage à main armé), Ben Affleck se sent alors comme à la maison. Le réalisateur immortalise après « Gone baby gone » se qu’il connaît le mieux, sa ville, ces habitants et ses bas-fonds. En réalité « The Town » fait parti de ces films qui n’existent plus sans l’ambiance que peut apporter une ville au sein d’un récit. Une mise en image pleine de vie, où le réalisateur filme chaque rues, chaque figurants hommes femmes et enfants avec justesse. On sent Ben Affleck particulièrement attentionné, portant énormément d’affection à travers ces différents portraits à l’image de l’introduction de « Gone Baby gone », tout juste sublime !
Réalisation/Interprétation:
Après les premières photos et la diffusion des bandes annonces, la presse vend le film comme étant le nouveau « Heat » réalisé par Michael Mann en 1995 que l’on ne présente plus. Pourtant en ressortant de la projection on constate que ce n’est définitivement pas le cas. Une étiquette de comparaison que le film va devoir malgré lui trainer pendant un moment car oui « The Town » ce présente effectivement comme un film policier qui raconte une histoire de braqueurs saupoudré d’une love story, mais les intentions de Ben Affleck sont ici clairement différentes. Le réalisateur préfère en effet situer son histoire dans un contexte sociologique intimiste à travers le portrait d’une communauté. C’est ici que Ben Affleck est intelligent car il évite déjà de se prendre pour ce qu’il n’est pas et par la même occasion il évite surtout de tomber dans les sentiers banalisés du genre. Prenant effectivement pour file rouge les codes des films de braquages, laissant très vite place au vrai cœur de « The Town » qui en réalité, se pose davantage plus comme un drame familial et humaniste.
En ce qui concerne la réalisation, il est intéressant de voir la nette évolution du jeune réalisateur. Toujours avec un certain sens du détail, la mise en scène de Ben Affleck s’avère sobre mais efficace dans la droite ligné de « Gone Baby Gone ». Les trois grosses séquences d’actions sont toutes de très bonnes factures car lisible, bien découpé servit par une incroyable intensité (l’introduction fou littéralement une claque en pleine tronche). De même que la séquence de braquages où nos antihéros sont déguisés en bonne-sœur, une scène impressionnante par sa qualité et son sens du rythme avec une chute absolument géniale car complètement inattendu et drôle en même temps. Pour une deuxième réalisation, Ben Affleck livre avec « The Town » une copie presque sans failles, montrant une réelle maitrise de l’espace, de la narration et du rythme car les 2h filent vraiment à toute berzingue !
En prenant soin de sa réalisation, Ben Affleck prend aussi soin de sa direction d’acteur. Après avoir été nominé dans « Démineurs », Jeremy Renner profite une fois de plus de son physique de type « sympa, bonne gueule » pour jouer les durs à cuire. A travers James Coughlin (frère de cœur du héro), Jeremy Renner rappel assez bien l’un des thèmes chères à Ben Affleck et Matt Daemon que l’on peut retrouver dans Will Hunting à savoir le thème de l’amitié viril. Deuxième point d’orgue du film, la relation entre ces deux personnages est juste poignante. Il y a ensuite la magnifique Rebecca Hall. Dans le registre classique de la femme traumatisée, elle s’en sort plutôt bien en évitant d’en faire des caisses mention spéciale à la scène du café. La sublime Black Lively livre elle aussi une superbe prestation, un personnage au destin complètement anéanti que l’on regrette de ne pas voir plus souvent dans le métrage. Jon Hamm de la série « Mad Men » en flic prêt à tout jusqu'à la manipulation pour épingler la bande de Doug. Classique dans le registre du policier contemporain de cinéma mais n’éprouvant néanmoins absolument aucune compassion pour nos petit bambins braqueurs. Et enfin Doug MacRay, héro en quête de rédemption brillamment joué par Ben Affleck car transpirant d’authenticité. L’acteur/réalisateur livre une belle interprétation connaissant à la perfection l’univers et le contexte dans lesquels évolue son personnage se qui le rend encore plus crédible.
Conclusion :
Après « Gone Baby gone », Ben Affleck vient confirmer avec « The Town » tout le bien que l’on pensait de lui en tant que réalisateur. Même si le métrage utilise des ressorts scénaristiques et dramatiques « déjà-vu » on ne cesse de trouver au film un cachet unique, lié en grande partie à Ben Affleck qui a lui-même grandi à Cambridge ville voisine de Boston. Au finale « The Town » est plus une peinture de la ville dans laquelle a grandit le réalisateur. Comme M.Night Shyamalan (6ème sens, Incassable…) et ses histoires fantastiques ancrées dans son Philadelphie, Ben Affleck sera dorénavant indissociable de sa petite ville ouvrière de Boston.
Passionnant à défaut d’être parfait à l’image d’une fin peut-être un peu conventionnelle, l’acteur/réalisateur raconte une histoire de Cinéma simple, sans prétention, honnête mais foutrement bien réalisé. A travers sa personnalité le jeune metteur en scène nous présente les rues et ces habitants qu’il a vu grandir et à qui il rend hommage lors de son générique de fin. Dressant une esquisse à la fois magnifique mais tragique de sa communauté prisonnière d’une ville ou la loi du silence règne, Ben Affleck touche en plein cœur !
Rédigé par Vincent N.Van du groupe Madealone : http://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] 8353_1.htm
Message édité par counter143 le 20-10-2010 à 02:42:57