Tetedeiench Head Of God | Sisi.
Voici une nouvelle écrite d'une traite dont je ne conseille la lecture à personne. Violente et choquante, voici sa description. C'est un premier jet, et je pense que je ne vais pas y toucher beaucoup. Par contre, je viens d'y passer plus d'une heure, et j'ai la flemme de corriger les fautes. Je la mets carrément en spoiler !
Spoiler :
Seul. Je suis seul. Perdu dans une étendue noire, sombre, sans aucun bruit. Seul face à moi-même. Perdu dans mes pensées. Je dois avoir une vingtaine d'année maintenant. Mon nom importe peu. J'ai froid. Je ne ressens rien. Une odeur salée parvient à mes narines. Je suis adossé à une paroi dont la texture me rapelle celle du bois.
Mes derniers souvenirs sont confus. J'ai par contre une idée plus claire de mon passé.
Je me souviens d'une maison de briques à la campagne, un peu à l'écart du village, avec pour seuls bruits le pépiement des oiseaux, les airs inconstants que joue le vent dans les branches. Je me trouve devant cette maison, jouant avec un dragon auquel il manque une aile et un chevalier manchot. Mon père, un homme grand, légèrement bedonnant, aux joues piquées et perpétuellement rouges, est parti se trouver des petits boulots, ma mère s'abrutit devant la télévision et sa pâtée prédigérée qu'elle ingurgite continuellement. Elle n'arrête pas de grossir, et elle n'est guère plus à mes yeux qu'une extension de ce canapé. Heureux ? Non, je ne le suis pas. Je suis toujours seul, mais étrangement, c'est ce qui se rapproche le plus du bonheur. J'ai horreur de la soirée. Maudite soirée, où je dois affronter mes parents en face, au dîner. Je remercie Dieu de ne m'avoir jamais imposé de repas du midi : nous mangeons ce que nous trouvons dans le réfigérateur, sans se rassembler. Par contre, quand mon père rentre le soir, la chanson est toute autre.
Je profite de ce bel après-midi de printemps pour jouer, m'évader de ce quotidien qui m'oppresse, de la jalousie qui me ronge face à tous ces garçons de mon âge que je vois heureux. Je donnerai tant pour n'avoir qu'une fraction de ce qu'ils ont... la jalousie me ronge, et me fait monter les larmes aux yeux.
Il m'est arrivé beaucoup d'aventures aujourd'hui : Rackham le rouge a pris d'assaut l'île de la crevette pour y déterrer le trésor. Néanmoins, Rackham a oublié son ancre au port, et le courant a emporté son bateau au loin. Quel idiot de pirate, ce Rackham ! Peu de temps après, je suis acclamé par le public pour mes talents de jongleur, peaufinés par l'entrainement. J'arrive même à jongler avec 4 pierres... pas longtemps certes, mais pour un enfant de 9 ans, c'est pas mal. Vainqueur du 110 mètres haies comme ce sportif américain dont le nom m'échappe à l'instant, je brandit la coupe, une magnifique cagette pleine de poussière, et suis acclamé par le pays en folie devant mon exploit. Pour tous applaudissements, je ne recois que des bruits d'insectes, mais je n'en ai cure.
Hélas, le soir vient trop rapidement. Une voix hurle mon nom à l'intérieur. Réticent, j'y vais quand même : ne pas obéir serait trop risqué. La punition est trop sévère. Mieux vaut obéir et subit. Si il y a bien quelque chose que j'ai compris au fil des années, c'est bien cela.
Je rentre dans la cuisine, et m'assois devant mon assiette. Maman a préparé du riz au Corned Beef. Trop cuit, beaucoup trop cuit, et surtout très bon marché. C'est impressionnant la texture que peut prendre ce plat, finalement, quand c'est trop cuit. Mon père est déjà en train de manger, et ma mère oscille péniblement entre l'évier et la table : marcher est même devenu difficile pour elle.
Néanmoins, malgré mon dégoût pour ce plat, je mange. Ne pas manger est une erreur que je ne referai jamais plus. C'est étrange, finalement, comme les adultes peuvent avoir des fixations irrationelles : que je ne mange pas le midi, tout le monde s'en fiche, mais le soir, ah ça non, hors de question. Soit.
Je m'aggrippe donc au bord de la table et me force à manger, malgré les contractions de mon estomac. Je bois beaucoup pour faire passer le goût. Et surtout, en bon garçon, je vais me servir tout seul au robinet : cela me permet de nettoyer un peu mon verre en passant. Durant cette messe obligatoire, aucun mot n'est échangé. Mes parents n'ont d'yeux que pour leur assiette... et me surveillent discrètement. je suis sûr qu'ils attendent que je fasse une bêtise, qu'ils trouvent un prétexte pour me réprimander, réprimande qui, de toute facon, finira en combat entre eux.
Ayant enfin fini mon assiette, je me lève de la table, et me dirige vers ma chambre. Plutôt dormir tôt que de vivre une soirée avec mes parents.
Ma chambre n'est rien de plus qu'une petite pièce dans laquelle seul un lit se tient, et une armoire de guingois contenant mes affaires. Je me déshabille, tire mes rideaux, et me glisse dans mes draps rêches. Je m'endors toujours très rapidement. Je suis réveillé en sursaut par des cris. le soleil s'est couché, et il doit être, je pense, bientôt minuit. Encore un conflit entre mes parents. Cris, pleurs, larmes coups de poings sur la table sont échangés. C'est une routine que j'ai l'habitude de vivre, finalement.
Les cris s'arrêtent brutalement, et j'entends alors mon père grimper quatre à quatre les escaliers, de sa démarche pataude mais ferme, beaucoup plus rapide que ma mère qui est incapable de tenir le rythme de toute facon. Je l'entends s'enfermer dans la chambre conjugale.Il y a longtemps que ma mère ne dors plus avec lui. Je n'ai pas souvenir de les avoir vus ensemble. Je commence alors lentement à me rendormir, quand j'entends ma porte s'ouvrir doucement, avec son grincement caractéristique. Pris de panique, je me mets alors à compter rapidement les jours... 3 ou 4 ? Oh non, c'est bien le 4ème jour... La terreur m'emplit alors, m'agrippe les entrailles de ses griffes froides et douloureuses. Mon estomac se contracte, tellement que le fond de la gorge me brule. Je déglutis péniblement, et ouvre les yeux : mon père se tient devant la porte, l'air décidé. Je vois de la sueur perler sur son front luisant. Il n'est habillé que de son sempiternel calecon à rayures.
Il s'avance nonchalamment vers mon lit, soulève mes couvertures, me soulève rudement dans ses bras et me positionne ventre sur le matelas, les jambes pendant dans le vide. Transi de terreur, connaissant la punition si je me rebelle, je me laisse faire, comme un pantin désarticulé. Il m'abaisse mon pantalon de force, avec un mouvement brusque et ferme, et ses cals me griffent les cuisses. Je l'entends cracher, et je me raidis alors, me préparant à la douleur habituelle. Celle-ci est irréelle : elle mets du temps à se propager. On la sent réellement remonter dans la colonne vertébrale. Comme une onde de choc, comme une vague avancant inexorablement vers la plage. Quand elle atteint le cerveau, cela me donne l'impression d'un millier d'aiguilles qui pénètrent par le dessous, en un picotis lancinant. Puis mon corps se contracte violemment, et je me retrouve alors dans cette place familière, cet environnement intégralement noir où trône juste le coffre de Rackham le rouge. C'est un coffre en bois luisant, vernis, cerclé d'or, décoré par des dragons aux yeux de saphyr et des hydres dont les têtes s'enchevètrent en d'inextricables noeuds. Le coffre est entouré d'algues, et je peux même sentir l'odeur salée de la mer. J'ouvre alors ce coffre avec la clé que je suis le seul à posséder. Je l'ouvre lentement, anxieux, et dés que l'ouverture est assez grande, j'y jette tout : douleur, peur, dégoût de moi même, haine, colère... tout ce que je ne veux pas ressentir. je le ferme alors vite, donne un tour de clé et m'assois dessus. le coffre s'agite de soubresauts, tremble, se déplace même comme si une bête sauvage voulait en sortir pour me dévorer. Je m'y aggrippe désespérément, perché dessus, espérant empêcher son ouverture par mon seul poids. La bataille semble durer une éternité, mais finalement, le coffre se calme enfin. Soulagé, le noir s'estompe, mais, contrairement à d'habitude, le coffre reste là, en face de mes yeux, en surimpression, comme une image que l'on aurait collée sur des lunettes. Mon père est parti, me laissant hagard sur mon lit. A ce moment là, la douleur revient à moi. Je file immédiatement aux toilettes : si jamais mes intestins se vident comme la dernière fois sur le sol, la punition sera terrible. Arrivé dans les toilettes, je me vide de tout ce qui me reste dans mon corps. C'est extrèmement douloureux, comme une aiguille à vif qui me transperce à chaque fois que je contracte mes mucles. J'essaie donc les contracter le moins possible, mais les réflexes m'en empêchent.
Le coffre est toujours là, devant mes yeux. Et il se met à trembler. De plus en plus violemment. Pris de panique, j'essaie de me ruer sur lui, mais il semble innaccessible, il reste perpétuellement à la même distance de moi. J'espère de tous mes voeux que la serrure tienne le choc. Pitié, par pitié, tiens, garde ton contenu, tiens le choc... D'un bruit métallique qui se répercute à l'infini dans ma tête, elle céda. J'entends encore les échos de ce bruit. Comme un bruit de pièce qui tombe sur la pierre, mais dont la force serait décuplée. Le couvercle du coffre rond est éjecté et se brise à quelques mètres du coffre. une lumière rouge s'en échappe, d'un rouge malfaisant, tremblant, comme si un démon allait en sortir. Cette lumière grandit en intensité, grandit, grandit encore plus...
Aveuglé, j'essaie de fermer les paupières, mais c'est comme si cette lumière émanait de l'intérieur même de mes yeux. Impossible d'y échapper. J'ai l'impression que cela ne dure qu'une minute, tout au plus, et lentement, son intensité décroit, décroit... jusqu'à ce que je puisse voir de nouveau, mais cette lumière reste présente et donne un éclat rouge à ma vision, comme si on avait remplacé le blanc par le rouge dans un très vieux film. Je suis dans la chambre de mon père, que je n'ai jamais vue que de temps à autre. Je tiens un objet lourds dan la main droite, je le regarde : il s'agit d'un tisonnier que mon père a récupéré et stocké dans la remise. Il est plein de sang. Je lève les yeux et je vois mon père, allongé dans une position improbable, le torse couvert de son propre sang, dégoulinant de l'oeil qui aurait dû se trouver là. Bizarrement, je ne ressens rien en le voyant ainsi. Je me lève tel un automate, et descend les escaliers. Je réalise alors que la lumière s'abaisse, comme si l'ampoule diffusant le film rouge et blanc baissait d'intensité. Mes pieds sont poisseux, maculés de sang, et le bruit qu'ils font en se détachant de chaque marche est curieux, comme un bruit de succion. Arrivé dans le salon, éclairé seulement par la télévision, je vois ma mère qui gît sur le col, à quelques mètres de la télévision. Elle a rampé depuis le canapé, et a laissé une trainée de sang. Je ne vois que son incroyable masse, face contre le parquet usé, et ses cheveux. La lumière faiblit encore. Je me retire alors dans la cuisine, je m'assois sur ma chaise, et regarde par la fenêtre. La lumière s'affaiblit de plus en plus vite. Je ne distingue plus que les contours des objets qui m'entourent. Ces contours s'affaiblissent, deviennent de moins en moins net, et il ne reste plus que le noir, le noir dans lequel je suis plongé, perpétuellement, le noir dans lequel je me trouve toujours... conscient du temps qui passe, seul, perdu au milieu de nulle part. J'y reste sans bouger, adossé à ce coffre. Ici, au moins, je ne souffre pas. Personne ne peut m'atteindre. Comme je ne ressens rien, je n'ai rien à mettre dans le coffre. Mon seul but maintenant, est d'attendre, d'attendre que la mort m'emporte, lentement. Me suicider serait douloureux, car je devrais revenir à la conscience, et souffrir, encore et toujours. Donc j'attends. J'ignore ce qui me maintiens en vie depuis si longtemps. Je ne sais pas où je suis. Je m'en fiche. Toute curiosité est bannie de mon esprit. Je ne fais qu'attendre. Dans le noir. Attendre la mort... |
Si vous avez eu le courage de lire l'bazar, hésitez pas à donner vos impressions ! Je n'ai, de toute manière, aucune prétention dans ce domaine. Message édité par Tetedeiench le 19-04-2007 à 22:54:40 ---------------
L'ingénieur chipset nortiaux : Une iFricandelle svp ! "Spa du pâté, hin!" ©®Janfynette | "La plus grosse collec vivante de bans abusifs sur pattes" | OCCT v12 OUT !
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