Citation :
Lascenseur trembla légèrement. Une infime secousse. Je regardais autour de moi et ne vis que les visages froids et fermés des derniers employés à quitter le bâtiment. Visiblement, ils navaient rien senti. Ou alors, ils ne le montraient pas. Une fois de plus, je regardai ma montre. 19h32. Encore des heures sup qui ne seraient pas payées. Javais faim, jétais fatigué et pressé de rentrer chez moi. Jétais en train de penser à ce qui mattendais, mon fauteuil douillet, un bon repas chaud et
Cette fois-ci jen étais sûr, cétait bien une secousse ! Et une forte ! Tout lascenseur se mit à trembler et les six autres occupants de lascenseur des hommes en costard-cravate et des femmes en tailleur jetèrent des yeux inquiets autour deux, tâchant toutefois de garder une certaine assurance même en ces circonstances. Puis, les secousses cessèrent et la cabine simmobilisa. Les lumières au plafond clignotèrent quelques instants, mais ne séteignirent pas. Mon dieu ! Oh, mon dieu ! Nous sommes coincés, geignit une femme dâge mûr. Calmez vous
Ce nest rien, dis-je dun air blasé. Il ny a quà appuyer sur le bouton dappel.
Et jappuyais sur le gros bouton vert, celui avec une cloche dessinée dessus.
Oh, mais vous croyez ?! me demanda la femme dun air suppliant. Vous croyez vraiment que quelquun va venir nous sortir de là ?!
Oui, parce quil est un peu tard là, fit remarquer une jeune femme. On doit être les derniers ici
Mais non, expliquai-je dun air qui se voulait rassurant. lappel doit arriver à la boite de surveillance qui gère çà
Et ils doivent être ouverts 24 heures sur 24.
Hunh
Vous êtes sûr ? me demanda un homme aux cheveux grisonnants.
Oh non
Oh non
Je suis claustrophobe, pleurnicha la femme. Je ne
Je ne vais pas pouvoir garder mon calme très
Hé dites donc, vous !
Elle foudroya du regard lhomme qui faisait mine dallumer une cigarette, aussitôt imitée par les autres occupants.
Un peu de respect, cest interdit de fumer, ici ! dit la claustrophobe dun air révolté.
Ouais
Ouais cest vrai çà
Zallez pas commencer à fumer ! grondèrent les autres personnes.
Lhomme écarta le briquet de sa cigarette sans lallumer et les regarda tour à tour dun air amusé.
Hé bien, au moins çà vous aura fait oublier votre claustrophobie ! railla til. Je souris, mais linquiétude commençait à me gagner aussi. Et si effectivement personne navait entendu lappel ? Je réalisai quon était vendredi soir. Et si ce foutu ascenseur avait décidé de nous faire passer tout le week-end ici ? Et si
Une nouvelle secousse, plus violente que les autres, interrompit le cours de mes pensées et lascenseur se remit à descendre. Oh, pas longtemps ! Un mètre tout au plus. Puis, il y eut encore une secousse et la cabine sarrêta définitivement. La claustrophobe, complètement hystérique, se mit à hurler et les autres occupants se plaquèrent les mains sur les oreilles avec une grimace de douleur. Finalement, les portes souvrirent et les hurlements sarrêtèrent. Je constatai comme les autres quil ny avait quun mur en face de nous et lhystérique de service se remit à pleurnicher. Ah non, il ny avait pas quun mur : en baissant les yeux, on pouvait voir le haut de létage den-dessous. Louverture était trop petite pour que lun de nous puisse sy faufiler mais
Regardez, on pourrait sortir par là, dis-je. Vous voyez bien que cest trop petit, coupa lhomme aux cheveux grisonnants.
On na quà sauter, tous ensemble et peut être que lascenseur descendra assez pour quon puisse passer
Non mais çà va pas vous ?! cria lhystérique. Cest dangereux ! Et si lascenseur tombe pour de bon ?! Non, il ne
Bon, ceux qui sont daccord, avec moi, continuai-je en lignorant. A trois ! Un, deux
Non, arrêtez !!
TROIS !!!
Nous sautâmes. Moi et les cinq occupants non hystériques. La cabine sébranla puis descendit de cinq centimètres environ.
Ca marche, mécriai je. Allez encore ! Un, deux
Oh non
Oh non
TROIS !!!
Encore cinq centimètres. Nous recommençâmes et bientôt lhystérico-claustrophobe se joignit à nous. Quelques instants plus tard, nous pûmes nous glisser à travers louverture et nous laisser tomber sur le sol. Puis, comme si de rien nétait, nous nous séparâmes et rejoignîmes chacun notre véhicule, pressés de rentrer chez nous, pressés dêtre en week-end.
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