Bien, comme le chapitre 1 n'arrivera pas avant un bon petit moment , dsl, je vous met le chapitre 1 de mon autre roman, celui qui est déjà très bien entamé et qui est mon objectif primaire.
Sachez que les relectures n'ont pas encore été faites (juste une rapide) et que ce roman n'a aucun rapport avec le prologue que vous avez pu lire auparavant !
Bonne lecture à tous et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
CHAPITRE 1
DES RETROUVAILLES INATTENDUES
La brume enveloppait le petit village de Vallée verte, et une grosse pluie tombait, scintillant sur les carreaux des fenêtres à colombage. Les gouttelettes saccumulaient lentement sur les larges rebords de pierre, débordaient des gouttières et dégoulinaient le long des murs avant de se rassembler en flaque dans les cours. Un léger vent soufflait, animant funestement les tombeaux de feuilles mortes qui flottaient sur les mares deau ondulantes. Au loin les arbres dansaient et craquaient dangereusement à chaque bourrasque.
Dans les rues, personne nosait saventurer, et la lumière qui échappait des maisonnettes ne constituait pas plus quun minuscule halo dans la tempête. La majeur partie du peuple sétait précipitamment réfugié dans les tavernes, délaissant ainsi leur petites maisons lorsque Dragnan, le magicien du village avait annoncé la venue dune puissante et imminente tempête.
Cétait le mois daoût, la saison des orages, et lon avait pour coutume de se tasser dans les auberges lorsque les premières ondées irriguaient les champs et les premiers éclairs illuminaient lespace dun instant le ciel noir. Et aujourdhui, ca navait pas manquer. Le peuple riait et dansait avec entrain dans lune des trois auberges de Vallée verte, et lon mangeait avec appétit tout ce qui se présentait aux yeux. Certains chapardaient même dans les assiettes alentours, mais cétait toujours avec le sourire que lon sexpliquait.
Des joyeuses clameurs retentissaient, couvrant ainsi le bruit plus triste de la pluie qui sabattait sur les vitres. Lambiance était telle quil en devenait même difficile de communiquer avec une personne, même assise à côté de soi ! Les salles étaient bondées, certaines personnes étaient même allongées sur le sol, et les aubergistes avaient un mal fou à satisfaire lappétit de chacun. Pourtant, lon vivait chaque orage comme une fête et lon priait pour quun autre sabatte rapidement sur la région.
Sewin et Tédan étaient assis dans la salle principale du « Lapin grillé », lauberge la plus au Nord du village. Ils partageait la table avec deux marchands de légumes, un épicier et Dragnan. La conversation avait débuté une heure auparavant, à la tombée de la nuit, lorsque la tempête avait débuté, et tournait autour de la nourriture. Lépicier expliquait aux marchands de légumes comment préparer des carottes cuites tout en ajoutant quelques ingrédients quil possédait dans son magasin.
Bien sûr, pendant la cuisson il faut surveiller le tout, car lon pourrait facilement avoir de mauvaises surprises lors de la dégustation, disait lépicier.
Les deux marchands hochèrent gravement la tête à ces propos.
A gauche, Sewin se rapprocha de Tedan et lui glissa :
On dirait que Jular va réussir à leur refiler quelques épices.
Tedan sourit et partit dun rire bon enfant qui ne troubla nullement la conversation des trois hommes.
Dragnan assis à la droite de Sewin somnolait presque, et ne semblait pas du tout se préoccuper des autres. Entouré dune cape noire, déteinte avec le temps pour devenir grise foncée, on aurait pu le croire sombre personnage si son regard ne trahissait pas une grande délicatesse et une joie de vivre inégalée. Ses yeux bleus brillaient de malice et sa longue barbe de neige attirait tout les enfants du village. Ils venaient en courant ennuyé le vieil homme en tirant dessus. Son crâne était presque dénudé de cheveux, ce qui contrastait énormément avec ses sourcils touffus, toujours dun blanc éclatant. Une pipe reposait au coin de sa bouche, et un filet de fumée clair sen échappait.
De temps à autre il ouvrait un il, ôtait la pipe de sa bouche, et mangeait un morceau de lapin. Aussitôt fait, il se rappuyait contre le dossier de sa chaise et fermait les yeux. On aurait dit que le bruit de la salle laidait à sendormir.
En voilà un qui ne se soucis guère des épices, ricana Tedan.
Ho que oui ! approuva Sewin.
Et il se mit à rire, encouragé par le brouhaha. A chaque fois quil se retrouvait dans ces salles, cétait toujours la même chose, il ne pouvait sempêcher de rire, insouciant quil était.
Plus tard dans la soirée, alors que le dessert était terminé et que les conversations samenuisaient, certains décidèrent de sortir des cartes et de jouer. Bientôt, toute la salle sétait réunie autour de la table des protagonistes, et attendait patiemment pour jouer. Un petit tournoi sétait donc instauré.
Tu vas joué ? demanda Tedan.
Non, ces jeux ne sont pas pour moi ! dit Sewin en riant. Je nai jamais eu le coup de patte pour tricher convenablement.
Tedan lui jeta un regard outré, aussitôt remplacé par un sourire. Puis il gagna la table où les hostilités étaient déjà lancées. Une véritable marée bordait les joueurs, et des cris sélevaient lorsquun lun dentre eux perdait et laissait place à un autre homme.
Dans un coin de la pièce, les enfants jouaient en silence, les filles assises en rond, jouant avec des poupées et les garçons debout, brandissant des épées en bois. Sewin ne put sempêcher de sourire en voyant sa jeunesse.
A sa table, ne demeurait plus que Dragnan, toujours à moitié endormit. Sa pipe avait fini pas séteindre, mais elle pendait toujours à ses lèvres. Les trois autres étaient partis pour participer au petit tournoi.
Sewin soupira en voyant le mage aussi compétent et aussi insoucieux. Dragnan était très réputé dans la région pour ses dons de voyance et de guérison, mais il arborait une extraordinaire simplicité. Il participait à la vie du village, et se liait damitié avec tout le monde, contrairement à dautres magiciens qui restaient calfeutrés dans leurs maisons, le nez dans les livres et les mains aux expériences.
Sewin resta un bon moment à rêvasser, tandis que la file des participants se rétrécissait et que la pluie persistait, puis au moment où il lui sembla tomber dans le sommeil, Dragnan sagita à côté de lui, lobligeant à tourner les yeux.
Le vieux mage sétait visiblement réveiller. Lair un peu perdu il jeta un regard circulaire sur la pièce et retrouva bien vite la mémoire en voyant tout le petit monde sactiver autour dune table.
Ils jouent aux cartes ? demanda t-il dune voix quelque peu pâteuse.
Sewin acquiesça dun geste de la tête.
Dragnan but un verre deau pour se rincer la bouche et toisa ensuite Sewin.
Tu ne joues pas toi ?
Non, ce genre de jeu ne me passionne guère. Jai aimé étant plus jeune, mais maintenant je préfère regarder les autres.
Tu as bien raison ! déclara le mage. Mais il faudra bien que jaille y faire un tour, histoire de mettre tout le monde daccord !
Et Dragnan sourit comme un enfant. Comme prit de contagion, Sewin ne put sempêcher de rendre le sourire au vieil homme. Ils se regardèrent pendant un instant, puis Sewin baissa la tête et dégaina une dague quil frotta contre un couteau. Quelques petites étincelles senvolèrent.
Demain je part pour Arda-ondo, jai quelques petits échanges à faire avec les nains. Tu à quelque chose à porter quelque part ? demanda Sewin tout en gardant les yeux rivés sur la dague.
Dragnan partit dun petit rire.
Bien sûr ! Jai deux ou trois potions à refiler à un magicien, et lui aussi aura sûrement deux ou trois choses à me donner.
Très bien, si ce nest pas trop loin de la route marchande jy ferai un petit tour. Demain matin je viendrai chercher ce que tu veux me donner.
Très bien. Il y aura peut-être aussi un glaive dans le lot, mais je nen suis pas encore sûr.
Sewin hocha la tête et regarda Dragnan dont le visage parut sassombrir.
Pourquoi tu nen es pas sûr ?
Ce glaive est magique. Seulement je narrive pas à déterminer quels sont les sorts qui la protègent. Je ne peux donc pas parler avec lesprit de lépée.
Sewin ouvrit de grands yeux ; Dragnan avait bien dit parler avec lesprit de lépée ?
Comment ça ? On peut communiquer avec une arme ?
Le magicien partit dun petit rire.
Ho, pas nimporte qui, mais les personnes qui ont certaines compétences en magie le peuvent. Cest normalement très simple, mais là je ny parvient pas. Cest tout de même bizarre, ajouta t-il en haussant les épaules.
Et tu penses que cet autre magicien pourra taider à percer le mystère ?
Je ne sais pas. Je vais encore essayer cette nuit de voir si je nai pas oublier quelque chose, mais si une fois de plus, je narrive à rien alors je te la donnerai pour quil puisse lexaminer. Normalement il ne devrait rien trouver, mais je garde espoir. Un miracle peut arriver !
Exactement !
Et ils partirent dun petit rire moqueur. Sewin lança un regard vers la table de jeu, puis revint vers Dragnan.
Et au fait, combien de temps va encore durer cette tempête ? demanda Sewin pour changer de conversation.
Cest bientôt terminé. Encore une heure ou deux et tout le monde pourra rentrer chez soi.
Enfin, souffla t-il.
Ce fut au tour de Sewin dêtre satisfait. Il adorait ce genre de soirées, cela était incontestable, mais il se lassait vite, et lorsquelles séternisaient, il perdait vite patience et ruminait des injures.
Un peu plus tard, Tedan revint du tournoi. Son expression navait guère changé depuis quil était parti, hormis peut-être un petit agacement.
Alors ? demanda Sewin. Comment ça cest passé ?
Pas trop mal, dit-il. Jai réussi à tenir six parties comme joueur, mais mon jeu était vraiment trop mauvais pour que je fasse quelque chose ensuite.
Dommage, il ne reste plus que sept personnes.
Dragnan se leva dun bond et salua les deux hommes.
Je crois quil est temps que jagisse, décréta t-il en adressant un clin dil malicieux à Sewin.
Et il sen fut, sa cape faisant voler des nuages de poussière derrière lui.
Ils sont cuit, ricana Tedan.
Sewin acquiesça.
Lorsque Dragnan, le magicien se mêlait dune partie de carte ou de dé, on pouvait être sûr que personne ne le battrait.
La tempête devrait ce calmer dici une à deux heures, linforma Sewin.
Très bien. Pendant ce temps je vais commander deux bières.
Tedan se leva donc, et partit à la recherche de Culd, laubergiste dans lespoir de lui soutirer deux bières pas trop chères. Sewin le regarda partir et lespace dun instant repensa à lépée et aux propos de Dragnan.
Rien ne laissait présager que le mage ne réussirait pas à désensorcelé lépée demain, et pourtant Sewin était persuadé du contraire. Il naurait su dire pourquoi, mais il avait limpression que lépée était plus maligne que le magicien.
Arrachant son esprit à ces pensées dénuées dintérêt, il se leva et entreprit de coller sa figure contre une fenêtre. Le bruit avait maintenant refait son apparition, et lon encourageait avec fureur les derniers joueurs de cartes. Certains enfants avaient quand même réussi à sendormir malgré la cohue et les restants jouaient maintenant à des jeux plus calmes.
Sewin posa son regard contre une vitre, et de sa main dispersa la buée qui la recouvrait.
Dehors, tout était noir. Aucune lumière nétait visible, pas même un petit point ; les ténèbres sétendaient sur le village. Les gouttes de pluie sécrasait toujours avec violence sur les carreaux, mais elle semblait plus fine maintenant. La tempête diminuait en intensité. Sewin leva ensuite les yeux vers le ciel, mais les étoiles nétaient pas encore visibles, la couche de nuage était encore trop dense.
Soudain, on vint taper sur son épaule.
Tu viens Sewin ? demanda Tedan en lui tendant une chope de bière mousseuse, on va voir Dragnan jouer.
Avec plaisir ! répondit-il en attrapant la chope et en buvant une grosse gorgée.
Dragnan était assis face à un jeune homme aux cheveux roux. Lair un peu simplet, il contemplait à la fois incrédule et amusé les cinq cartes quil avait en main. Face à lui, le visage du magicien nexprimait aucune expression, mais ses mains tenaient fermement les cartes vers le bas, de manière à ce que personne ne sache ce quil possédait. Tout autour de la table, une meute observait les joueurs, certains encourageant le roux, dautres acclamant Dragnan. Tout ceux qui se trouvaient derrière le rouquin arboraient un sourire triomphal, et tout ceux qui se trouvaient derrière Dragnan restaient de marbre.
Les deux hommes relevèrent alors le regard et se fixèrent, les yeux lançant des étincelles. La guerre était lancée !
Allons-y, ordonna Dragnan.
Le rouquin acquiesça et abattit violemment sa première carte sur la table.
Un cinq.
Dragnan posa ensuite une des cartes quil navait pas même regarder.
Un cinq.
Le jeu continua ainsi, jusquà la dernière carte quils tenaient.
Ainsi, au dernier tout, Dragnan avait posé : cinq, un, sept, un, pour un total de 14.
Et le roux : cinq, trois, deux, quatre, pour un total de 14.
Le suspense était à son comble. De la sueur roulait sur les visages rubiconds des joueurs, et le public commençait à simpatienter. Des gestes dénervement survenait de temps à autres, lorsque le comportement des joueurs devenait énigmatique.
Poses ta dernière carte ! tonna Dragnan.
Dans un geste magistral, le rouquin lança sa carte sur e. Elle vola, tournant de nombreuses fois en lair, avant de se poser doucement sur la table, révélant un trois.
Des cris de joie retentirent dans la salle. Pour les supporters du roux, la partie était déjà gagnée, mais sétait sans compter sur Dragnan. Le mage posa sa carte face cachée sur la table et ordonna au roux de la retourner.
Quest-ce que cest que ce cinéma ? beugla une voix dans les spectateurs.
Rouge comme une pivoine, et tremblant, le rouquin tourna lentement la carte
deux !
Il seffondra alors sur la table, et un cri de surprise parcouru le public. Ce fut ensuite une vive acclamation qui retentit. Des « hourra » et autres cris sélevèrent, tout comme Dragnan, qui dun pas assuré regagna lautre table en compagnie de Sewin et Tedan qui le félicitaient pour cette nouvelle victoire.
Encore une, sémerveilla Tedan.
Et oui, ca devient trop facile pour moi, se vanta le vieil homme.
Sewin rit.
Tu verras, si un jour je décide de participer, tu ne connaîtras plus le repos tellement je te surpasserais !
Dragnan éclata dun rire tonitruant. Visiblement, les propos de Sewin lamusait.
Jaimerai voir ça ! dit-il en reprenant son souffle.
Comme Dragnan lavait dit, la pluie cessa une heures plus tard, aux alentours des deux heures du matin. Les étoiles montraient enfin le bout de leur nez et les nuages se dissipaient. Le vent avait lui aussi cesser.
Dans lauberge, lambiance festive sétait considérablement altérée. On entendait plus que quelques conversations, et les voix étaient fatiguées. La plupart des villageois dormaient sur leur chaise, ou par terre, certains ronflant bruyamment. Les quelques braves qui avait réussi à rester éveiller sen allait lentement, remerciant laubergiste de son hospitalité.
Sewin se leva doucement pour ne pas réveiller Dragnan qui dormait et sapprocha de Tedan. Celui-ci lutait pour ne pas sombrer et la main que lui plaça Sewin sur lépaule le fit sursauter.
Ah, cest toi, lâcha t-il.
Allons-y, il ne pleut plus.
Tedan se leva, but une gorgée de bière et reposa sa chope parmi les assiettes et les restes de nourriture qui encombraient la table. Il rejoignit Sewin qui remerciait laubergiste et le salua à son tour. La porte se referma avec un claquement sonore derrière eux.
Aussitôt dehors, Sewin étendit ses bras dans lobscurité de la nuit, et inspira profondément. Lair était humide, et il ne faisait pas particulièrement chaud pour une nuit daoût. Une brise fraîche soufflait toujours, et quelques fines gouttes tombaient avec lassitude.
Tedan qui regardait son ami avec impatience lâcha une injure en recevant une énorme goutte dans les cheveux. Aussitôt il leva la tête et saperçut quil se trouvait juste en dessous de la gouttière.
Ma chance habituelle, soupira t-il en se passant la main dans les cheveux.
Sewin se tourna vers son ami, les bras toujours tendus et le regarda en riant.
Allez, retournons chez nous.
Dans les rues de Vallée verte ne se trouvait presque personne. Les seuls individus que lon rencontrait étaient ceux qui avait passé la soirée dans lauberge. Ils retournaient eux aussi vers leurs demeures. Des lumières séchappaient de quelques vitres ouvertes, éclairant ainsi la rue pavée.
Doucement, ils arrivèrent vers leur maison. Guidés par la douce lumière des étoiles, ils avait rapidement rejoint la point le plus au Nord du village. Ils nétaient plus quà cinquantaine de mètres de la porte lorsque Tedan dit :
Sewin, je crois que lon nous suit.
Sewin se retourna doucement et vit deux silhouettes se rapprocher lentement.
Ce sont des villageois qui rentrent chez eux, décréta t-il.
Je nen suis pas si sûr, ils sont beaucoup plus grands que nous, et plus gros.
Sewin acquiesça aux propos de Tedan car ils étaient vrai. Dans lobscurité de la nuit, on pouvait discerner deux grandes formes qui se rapprochaient deux. Jugeant la situation, Sewin ne pu trouvé mieux à dire que :
Cours !
Ils sélancèrent alors vers la maison. En courant, Sewin tira les clés de sa poche, et ouvrit péniblement la porte de sa demeure.
Ils sont tout proches, chuchota Tedan.
A ce moment, la porte céda, et avec un soupir de soulagement, ils pénétrèrent à lintérieur et verrouillèrent immédiatement la porte. Adossés contre, ils reprirent leur respiration.
Dans la maison, la pénombre obscurcissait la vue. Rien nétait discernable précisément. A tâtons, Sewin senfonça dans la pièce, et on entendit un raclement. Aussitôt, une lumière illumina la pièce.
De taille moyenne, des armes traînaient partout et nimporte comment. Une table se trouvait contre le mur de gauche et un arc était posé dessus, quelques flèches à ses côtés. Deux fenêtres ouvertes perçaient le mur de chaque côté de la pièce.
Vite, fermes-les ! ordonna Sewin.
Tedan se jeta précipitamment sur lune delle, et rabattit les volets contre, empêchant tout accès de lextérieur. Il fit de même pour la deuxième, sans sattarder davantage. Il revint ensuite prêt de Sewin et attrapa une dague.
Je crois que tout est fermé, dit-il.
Bien, mais peut-être nen voulaient-ils pas à nous.
Comme pour contredire ses paroles, on entendit des frappements puissants contre la porte. Celle-ci trembla sous la force des coups et sous le regard figé de Tedan et Sewin.
Prudemment et silencieusement, ils ramassèrent chacun une épée et se rapprochèrent de la porte. La lumière brillait toujours, et ils pourraient facilement voir qui osait les importuner à cette heure aussi tardive.
Qui va là ? demanda Sewin.
On entendit des chuchotement derrière la porte et un bruit métallique.
Cest nous ! répondit une voix.
Ouvres, déclara lautre.
Sewin se tourna vers Tedan et le regarda ; ils haussèrent les épaules.
Qui cest « nous » ?
Tu ne reconnais plus nos voix Sewin ?
Non.
Allons, deux goraix que tu connais bien
Liran et Téhédoff ! enchaîna lautre voix.
Sewin laissa tomber son épée sur le sol pierreux. Elle rebondit en se courbant légèrement et en émettant un bruit aigu. Il ouvrit aussitôt la porte. Après le cliquetis de la serrure, il se retrouva face aux deux goraix et ne put réprimer un petit cri de joie. Tedan qui ne connaissait pas les deux amis de Sewin garda sagement sa dague en main. En regardant les retrouvailles, il remarqua quun gros lézard courait à côté deux.
Comment allez-vous ? sécria Sewin en leur empoignant la main.
Très bien, répondit le prénommé goraix.
Comme toujours, ajouta gaiement lautre.
Sewin acquiesça en souriant.
Allez, entrez. Vous nallez pas rester planté ici à vous faire arroser !
Et comment !
Les deus goraix pénétrèrent donc dans la maison de Sewin et Tedan.
Comme tout goraix, ils étaient très grands, dépassant les deux mètres vingt et très musclés. Leur peau marron presque aussi dur que la roche rendait égratignure toutes blessures qui auraient été fatales pour un humain ; et les pics dune vingtaine de centimètres qui ornaient leurs dos leurs conféraient une arme redoutable et puissante. Ils arboraient presque toujours un sourire enfantin, et lorsquil ne riaient pas, cétaient quils dormaient ! Car leur deuxième passion après les fêtes était le sommeil. Chaque après-midi si possible, ils sobligeaient à dormir ne serait-ce quune heure. Leurs yeux dun marron foncé brillaient de malice, et leur petit nez ressemblait à deux trous sur leur visage rond.
Voici Tedan, mon apprenti. Tedan, voici Téhédoff et Liran.
Les salutations faites, ils sassirent tous autour de la table.
Attendez-moi là, je vais chercher à boire et à manger.
Profitant de labsence de Sewin, le dénommé Liran déballa les affaires quils transportaient dans leurs grands sacs à dos en cuir. Il y avait parmi elles, une carte et de la nourriture. Il attrapa ensuite lépée ornée de deux magnifiques dragons qui trônait contre sa cuisse.
Téhédoff souleva ensuite le gros lézard qui courait autour de la table en couinant.
Quest-ce que cest ? demanda Tedan curieux.
Un rattoneur, répondit Téhédoff, cest en fait un gros lézard. Ils sont plutôt rare dans cette région, et pour ainsi dire, ils sont rares partout !
Long de soixante centimètres et large de vingt, cétait surtout sa couleur orangée qui le rendait unique.
Comment avez-vous fait pour le trouver ?
Nous lavons en fait acheté à deux vagabonds qui voulaient sen débarrasser. Bizarre, il est pourtant tellement gentil.
Il nest donc pas méchant ? demanda Tedan méfiant.
Ho non, tout le contraire. Regarde. (Téhédoff le porta à son visage pour le poser sur sa tête). Tu as vu ?
Soudain, le Rattoneur lui infligea un petit coup de patte sur la joue et sauta sur la table. Il fit danser sa petite langue crochue et retourna sur le sol pour courir.
Bon là, il ne connaît pas trop la maison, donc il est un peu nerveux, tu comprends ? déclara timidement Téhédoff en rougissant.
A côté de lui, Liran soupira.
Et il a un nom ?
Bien sûr, il sappelle Trouvtou. Cest son ancien nom, et nous navons pas voulu le changer, il ne se serait plus reconnu après !
Tedan hocha la tête. Visiblement, Téhédoff paraissait très proche de son animal.
Attention jarrives !
Sewin revint dans la pièce tenant dans une main un plat de crudités, et dans lautre un grand bol de bière mousseuse. Il déposa précautionneusement le tout sur la table et sassit à son tour. Il souffla, enleva précautionneusement larc et les flèches du bois et remplit les verres de chacun.
Alors, fit-il en souriant, quest-ce qui vous amènes dans ma petite bourgade ?
Nous avions envie de voyager un petit peu. Tu sais, notre Bourgoraix à beau être un magnifique village, lair de la campagne nous manque, et puis Vallée verte nest-il pas un beau village ?
Ho que si, peut-être même le plus beau !
Et puis toujours le froid des montagnes, la neige et laltitude. Nous en avions marre.
Je vous comprends. On est si bien ici. Village où nous sommes sûr de ne pas tomber à chaque pas !
Tu ty habituerais. Les montagnes sont peut-être dangereuses, mais avec lhabitude elles deviennent vite un allié.
Très peu pour moi, la seule fois où je suis aller chez vous, jai bien crut que je mourrai au moins dix fois !
Chacun profita du silence qui sinstalla dans la salle pour avaler quelques bouchées de salade.
Mais comment ce fait-il que vous voyagiez à cette heure ?
Ce nest quaujourdhui, répondit Liran en riant. Lorage nous a surpris, et comme aux alentours de la route il ny avait pas dendroit où sabriter et que nous nétions plus si loin de Vallée Verte, nous avons tiré jusque chez toi !
Sous la pluie ? sétonna Sewin.
Et oui ! Quel courage ! se vanta Téhédoff en bombant le torse torse quil avait suffisamment musculeux sans prendre la pose.
Et ils partirent dun rire joyeux. Ils parlèrent encore un bon moment, se contant toutes les nouvelles fraîches des deux villages, riant et buvant inlassablement.
Alors comme ça votre Roi a décidé de poster des goraix aux pieds des montagnes pour aider les voyageurs dans leur ascension ? disait Sewin.
Une bien noble décision, approuva fortement Liran. Il y a tous les jours des voyageurs qui narrivent pas jusquà nos villages. Grâce à ça, je pense que tout le monde pourra arriver jusque en haut sans encombre.
Bien sûr, une proposition a aussitôt été faite, ricana Téhédoff. Les vieux du villages ont demandé à ce que cette aide soit payante !
Mais si elle est payante, beaucoup moins de monde lutilisera, répliqua Sewin, surpris.
Va donc leur expliquer ça !
Et encore une fois ils remplirent leurs chopes de bières. Ils devaient bien en être à leur huit ou neuvième quand ils se levèrent et allèrent dans les chambres, anéantis par la fatigue et lalcool.
Mettez-vous dans celle-là, dit Sewin en baillant, vous serrez un peu serrer, mais cest mieux que de dormir sur les pierres.
Les goraix se dirigèrent lentement vers la porte et avant quils nentrent Sewin dit :
Tiens, pendant que jy pense, demain nous sortirons voir un magicien, jai une affaire à régler.
Ne trouvant plus le courage de répondre, Téhédoff se contenta dun vague signe de tête.
Sewin rejoignit alors sa chambre, et sans prendre le temps de se déshabiller, il sallongea sur le lit et sendormit aussitôt, toujours souriant.
Message édité par karnh le 27-10-2004 à 15:35:17
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