Partie 1 : Élucubrations testamentaires
"Chapitre 1
Tout commença, le lundi 29 octobre 2001, je rentrais chez moi après une journée de cour à la faculté de droit de Montpellier. En effet, j'étais en seconde année de droit, mon passage ayant surpris plusieurs personnes dont moi le premier. J'habitais à Boutonnet dans la cité U, au 4ème étage du bâtiment G. De ma chambre on apercevait une bonne partie du centre de Montpellier. Ce lundi là, je vis de loin une sorte d'attroupement devant le bâtiment F. Curieux je m'approchais rapidement. J'aperçus des voitures, certaines de la police d'autre du SAMU. Plusieurs étudiants badauds s'arrachaient les miettes du drame qui venaient de se dérouler.
En me rapprochant, je reconnus un de mes voisins, un arabe bien sympathique qui dormait plus souvent la journée que la nuit.
"Que se passe-t-il? Lui demandais-je
-Une fille s'est jetée du 3ème étage et on l'a retrouvé en bas en bouillit, j'ai entendu dire qu'on l'avait jeté de la fenêtre.
-Qui l'a jeté ?
-J'en sais rien, me répondit-il, peut être un voisin jaloux ou un tueur psychopathe qui traînerait dans le coin...
-Pourquoi pas ? Lançais-je avec une pointe d’ironie.
Je décidais de rentrer chez moi, j'avais du travail. Le soir, je mangeais au restaurant universitaire de Boutonnet avec mes deux amis Théo et Luc.
Théo était grand, brun, beau gosse au dire de certaine de mes amies, malheureusement il avait souvent des problèmes d'attentions. Il faisait du droit tout comme moi. Lui était en première année, il avait redoublé, bien que j'aie l'impression qu'il avait plus travaillée que moi.
Luc était plus petit que moi il venait de la Réunion, sa peau bronzé contrastait bien avec ses fins traits du visage, certain de ses ancêtres étaient asiatiques. Son succès avec les filles n'était plus à démontrer, Théo l'enviait sur ce point. Luc étudiait à la fac de lettre.
Ce soir là au resto U tout le monde ne parlait que de la mort de cette pauvre fille. Les spéculations allaient bon train. On pouvait entendre qu'elle était dépressive, voire suicidaire ou qu'on l'avait assassiné après l'avoir volé ou encore violé...
J'engageais une discussion sur cet incident :
"Tout à l'heure, quand je suis rentré chez moi, il y avait la police et une ambulance devant le bâtiment F. Une fille est tombée du 3ème étage il parait qu'on l'a poussé.
-C'est bizarre, dit Luc, ce genre de truc arrive rarement.
-Non au contraire dans les cités U on avait déjà eu des vols, des viols, des agressions et maintenant on a un meurtre, lui répondis-je, moi je dis qu'il faut plus de sécurité.
-Je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions, on risque de tomber dans un état sécuritaire, dit Théo, le meurtre de tout à l'heure c'est un cas isolé, non ? C’est le premier.
-Attendez, reprit Luc, on ne sait pas si c'est un meurtre il se peut que ce ne soit qu'un suicide.
-Je n'en sais rien, commençais-je, mais il se peut qu'il se passe des choses étranges pendant la nuit, par exemple je connais quelqu'un qui a fait tomber son téléphone portable par sa fenêtre un soir et on l'a retrouvé à une vingtaine de kilomètre d'ici dans les mains d'un gitan.
-Ta copine ce ne serai Assia ? demanda Théo.
-Oui
-Elle ne serait pas en fac de lettre en AES
-Oui
-C'est bien connu les étudiants à la fac de lettre on une grosse imagination et en plus la plus part sont des drogués, se moqua Théo.
-A pourquoi tu crois qu'en droit vous êtes mieux ! s'exclama Luc"
La discussion se poursuivit ensuite sur la quinzaine d'heures de cours en lettre avant de déboucher sur le programme de la soirée de mercredi, en effet se déroulerait la première grande soirée de l’année : Halloween et il fallait fêter ça.
Vers 21h00 je rentrais chez moi, je m'apprêtais à passer une soirée tranquille lorsqu’un quart d'heure plus tard on tapa à ma porte. J'accourais vers le judas et j'aperçus Assia, je la fis rentrer. C'était une fille grande et assez mince. Elle n'était pas très belle, plutôt laide avec un visage enfoncé et des dents en avant. Elle avait raté 3 fois sa première année de droit et était cette année en A.E.S. à la fac de lettre. Assia était particulièrement "futile" comme personnage. Elle ne pensait qu'à apprendre les potins plus ou moins en rapport avec le sexe, de la fac de droit. Elle passait des soirées entières à me parler de la vie sexuelle de sa voisine qu’elle entendait tard le soir.
Assia tout comme moi habitait à Boutonnet au rez-de-chaussée du bâtiment F chambre 12.
Je fis donc entrer Assia ce soir là dans ma chambre.
"Tu as vu ce qui s'est passé tout à l'heure dans mon bâtiment ? Commença-t-elle.
-J'imagine que tu veux parler du cadavre.
-Oui, oui, c'est bien ça c'est super excitant, tu ne trouve pas ?
-Moyennement, lui répondis-je désabusé, une fille s'éclate par terre et tu trouve ceci excitant.
-Mais cette fille était en fac de Droit l'année dernière, elle a raté son année et elle est venue en AES.
-Comme toi !
-Oui comme moi ! Et alors c'est quoi le problème ?
-Il n'y en a pas, c'est juste que ce ne soit pas donné à tout le monde d'être bon en droit, lui lançais-je ironiquement.
Assia me fixa sombrement du regard, je sentis que sa main lui démangeait de me coller une baffe. Il fallait que je change de sujet au plus vite.
-Tu la connaissais la fille qui est tombé ? Lui demandais-je soudain intéressé.
-Seulement de vu, elle s'appelait Sylvia, elle n'avait pas de copain, et sa meilleure amie est à la fac de droit en première année elle s'appelle Cindy, Cindy Martin..."
Assia fit une pause tout en me lançant un regard inquisiteur :
"Tu la connais, n'est-ce pas ?"
Je la connaissais en effet, nous étions dans les même travaux dirigés l'an dernier elle était insolente, orgueilleuse et hautaine, je détestais ce genre de personne. C'était une petite blonde, aux yeux bleus et à l'allure faussement bourgeoise. Les rumeurs les plus folles courraient sur elle. Il paraîtrait qu'elle aurait couché avec Monsieur Carsé célèbre et aimé professeur de droit civil. Cependant, Cindy avait redoublé.
Je me souviens le jour des résultats, elle était entrée dans une colère noire, insultant tous ceux qui avaient réussit ce qui avait posé certains problèmes.
"Je connais le personnage en effet, répondis-je à Assia.
-Tu sais, me dit-elle ce qu'elle a fait était légitime. C'était une sorte de vengeance contre le système.
-Une vengeance ! Mon cul tu veux plutôt dire qu'elle est devenue hystérique à cause de son ignorance et de son échec..."
Je fut couper dans mon élan de haine anti-Cindy par un bruit à ma porte quelqu'un y tapait. Je me levais de mon lit où j'étais assis et j'allais voir dans le juda. A ma grande surprise, j'aperçus Cindy. Avec beaucoup d'hésitation, j'ouvris la porte, c'était la moindre des politesses...
Cindy m'offrit un sourire forcé, elle me haïssait presque autant que moi je la haïssais. La première seconde de surprise passa avec une lenteur pesante. Elle pris la parole, sa voix n'était pas naturelle, certaine de ses intonations vinrent me caresser les oreilles avec une certaine perversité malsaine :
-Mon cher Arthur Cobit, comment va-tu ?
Cette question me surpris fortement comme la personne qui me la posait. Je gardais le silence pendant quelques secondes avant de lui répondre :
-ça, ça va plutôt bien, mais que tu fous... enfin non, euh... Qu'est-ce qui t'amène chez moi ?
-Je fais une fête mercredi soir chez un ami de la fac, je t'invite, tu viens ?
Ma surprise venait d'atteindre son paroxysme. Je repris au plus vite mes esprits pour pouvoir mieux refuser son invitation.
-Tu rêves, moi venir à une de tes fêtes ? Si c'est pour te voir-je préfère la compagnie d'une bouteille de whisky !
Nos regards se croisèrent, ses yeux plongèrent dans les miens, quelque chose d'immatériel rentra dans mon esprit pour mieux l'asservir. Le temps se suspendit, ma volonté fus jeté à bas je n'étais plus qu'un pantin entre ses mains, elle montra pourquoi je devais l'écouter, elle me fit accepter le fait qu'on aurait pu être ami si je n'avais pas été aussi bête. A présent elle m'offrait une deuxième chance de me racheter, je me sentis donc obligé à accepter. Je ne pris conscience d'avoir été manipulé que bien plus tard, pour l'instant j'étais un enfant qui venait de faire une bêtise. Un adulte me grondait, Cindy.
-Va-tu venir à ma fête ? Répéta-t-elle.
Une petite voix à l'intérieur de moi grandissait en me commandant : "Accepte"
-Oui, répondis-je enfin avec conviction.
-Très bien, tes amis pourront venir aussi"
Sans dire un mot Assia observa la scène, lorsque Cindy parti elle se rapprocha de moi et me demanda si tout allait bien.
-Oui tout va bien, répondis-je, maintenant peut-tu me laisser, s'il te plait.
-Attend j'ai un autre truc à te...
-Sort tout de suite, crie-je"
Assia sortit en vitesse sans protestation. Je m'assis sur mon lit avec l'impression d'avoir été lobotomiser. Une grosse migraine me fit rapidement sombrer dans le sommeil.
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les ombres sont les enfants de la lumière