«Salut, moi, c'est Pif! Et toi? On se connaît? On s'est peut-être déjà rencontré», lance le chien emblématique dans un édito de ce numéro d'été. «Je crois que j'ai côtoyé ton père et ta mère quand ils avaient dix ans - à l'époque, ils n'en rataient pas une! Mais la différence, c'est que je n'ai pas pris une ride...».

Pourtant, ce sont quelques 380 000 exemplaires d'un nouveau mensuel au titre prestigieux qui viennent de déferler dans les kiosques à journaux et autres points de vente.

Richard Medioni, dit Ric  
 
À 20 ans, il participe à la création de Pif Gadget et en deviendra peu après le rédacteur en chef jusqu’à fin 73. Devenu un directeur artistique renommé de beaux livres et de livres d’art, il a publié en 2003 le premier récit sur l’histoire de Pif Gadget. Aujourd’hui, il reprend comme scénariste le personnage qu’il connaît comme un ami de toujours: Pif. Il est aussi le maître d’œuvre du «Journal des Jeux». Pif

Au début des années 1970, le magazine - alors hebdomadaire - tirait en moyenne à 600 000 exemplaires avec des pointes à un million d'exemplaires par semaine à l'occasion des grands gadgets.

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Devenu mensuel, "Pif Gadget" renaît, avec ses accessoires
LE MONDE | 01.07.04  •  MIS A JOUR LE 01.07.04 | 15h23  
La nouvelle formule propose bandes dessinées, jeux et pages d'actualité.
Le légendaire Pif Gadget réapparait dans les kiosques à partir du jeudi 1er juillet. Les nostalgiques vont être ravis de retrouver Placid et Muzo, Pif, Pifou, Hercule, la fée Kaca, Léo, Corinne et Jeannot, Dicentim, Lobo Tommy... et des séries comme "Couik", "Docteur Justice", etc., qui chercheront aussi à séduire les lecteurs de 7 à 13 ans, auxquels le magazine s'adresse. Il est désormais mensuel, alors qu'il était hebdomadaire avant l'arrêt de sa parution, en 1993.  
 
Pif Gadget est né le 24 février 1969, héritier du Journal de Vaillant, lui-même né en mai 1945. Aujourd'hui, le "nouveau" Pif se veut le digne héritier de son prédécesseur, qui publiait des séries comme "Gai-Luron", de Gotlib, "Rahan", de Lécureux et Chéret, "Corto Maltese", d'Hugo Pratt, ou les aventures potagères du Concombre masqué de Nikita Mandryka. Dans le Pif version 2004, certaines séries sont des créations, comme "Docteur Justice" ou "Dicentim l'Eurovingien".  
 
"Nous entendons renouer avec l'esprit Pif, qui porte les valeurs de fraternité, de créativité, de diversité qui ont fait son histoire", explique Patrick Apel-Muller, directeur de Pif Gadget, qui planche sur cette renaissance depuis plus d'un an. "En choisissant nos BD, nous voulons susciter les envies en s'inscrivant dans un courant progressiste basé sur des valeurs d'humanité", rappelle François Corteggiani, rédacteur en chef BD, un ancien de Pif "première génération".
 
Chaque numéro comportera un gadget. Pour la première livraison, ce seront les fameux "pifises", ces œufs de crustacés séchés (des artémias), qui reprennent vie dans l'eau, et qui avaient déjà fait le bonheur des enfants il y a trente-quatre ans. Avec un sachet de nourriture et un aquarium à monter soi-même, ce gadget vise à "inciter l'enfant à faire quelque chose", explique M. Apel-Muller.
 
La première livraison du nouveau Pif Gadget est un numéro double, de 132 pages, avec une maquette relativement classique. Il comprend 16 pages de jeux et, nouveauté, des pages d'actualité. "Nous visons autant les filles que les garçons, tout en reconnaissant les différences, mais nous nous situons à l'opposé d'une presse de plus en plus sexuée", explique Pierre Dharréville, rédacteur en chef.
 
Comme son père, Pif est lié au Parti communiste français. Le chien Pif, qui donna son nom au journal, a été créé en Espagne par José Cabrero Arnal, républicain espagnol réfugié en France, dont les dessins seront hébergés à partir de 1948 dans les pages de l'Humanité.  
 
Aujourd'hui, Pif est édité par Pif Editions, qui adhère à la société à actions simplifiées (SAS) l'Agora des médias alternatifs et pluralistes (Amap), présidée par Patrick Le Hyaric, directeur de L'Humanité, qui comprend aussi Terre. Ses actionnaires sont les mêmes que ceux du quotidien communiste, explique M. Le Hyaric. Les responsables du titre ne donnent pas de chiffre sur les ventes espérées, le point d'équilibre se situant à 70 000 exemplaires. Ce numéro d'été a été tiré à 380 000, et le tirage de septembre dépendra des ventes. Pif "première génération" fut un vrai phénomène de presse, avec des pointes à 600 000 exemplaires, allant même jusqu'à 1 million, voire 1,2 million pour le numéro mémorable des "pifitos", les pois sauteurs du Mexique.
 
Les éditeurs espèrent que les parents qui ont adoré Pif Gadget dans leur jeunesse seront des prescripteurs pour leurs enfants, petits-enfants ou neveux. "Il faut montrer qu'on est à la hauteur de ce qu'était Pif, qui est une marque très forte", souligne l'équipe, consciente du défi à relever. La concurrence est en effet vive : Pif se retrouvera dans les kiosques à côté de Super Picsou Géant, du Journal de Mickey, tous deux édités par Disney Hachette Presse, ou de J'aime lire (groupe Bayard).
 
Pascale Santi
 
Pif Gadget, 132 pages, 3,90 euros. Prochain numéro en septembre.