La mise en ombre de l' Egypte et la naissance du modèle aryen
Martin Bernal (New York)
Le noyau de mon projet portant le titre général Athena noire est formé par les origines de l'ancienne civilisation grecque. Premièrement, sur un plan heuristique, il est utile de concevoir l'ancienne Egypte comme une civilisation africaine; deuxièmement, d'accepter le point de vue des anciens Grecs d'après lequel l'Egypte et la Phénicie ont joué un rôle central dans la formation de leur haute culture; et troisièmement, que le refus de ces deux points par les savants européens et nord-américains depuis le début du XIXe siècle s'explique mieux en termes idéologiques que purement académiques.
Deux modèles historiques de la fondation de l'ancienne Grèce
La structure d'Athena noire repose sur la distinction entre deux versions de l'histoire primitive de la Grèce que j'appelle le modèle antique et le modèle aryen. Selon le modèle aryen, généralement le plus enseigné encore, la civilisation classique grecque fut le résultat de la conquête de la Grèce par le Nord par les "Hellènes". C'étaient des Indo-européens ou "Aryens". La population indigène de l'Egée qu'ils ont conquise est simplement étiquetée comme "pré-hellène" par les savants modernes.
Tout ce que ceux du modèle aryen "savent" sur les "pré-hellènes" c'est qu'ils étaient Caucasiens - ils ne parlaient pas de langue sémitique ni l'égyptien - et ils ne parlaient pas de langue indo-européenne. Le modèle aryen n'a vu le jour que vers 1830 et 1840; ce que j'appelle le modèle antique soutient que les ancêtres des Grecs ont écu dans une simplicité idyllique jusqu'à l'arrivée des leaders égyptiens et phéniciens. Ceux-ci se sont rendus maîtres des villes et ont introduit l'art de la civilisation; surtout l'irrigation, différents types d'armes et l'alphabet.
J'ai fait des recherches pour savoir comment le modèle antique s'était transmis de l'époque classique jusqu'en 1800. Ici, le point central est constitué par l'origine égyptienne de la religion grecque. Hérodote soutient que les Egyptiens avaient enseigné aux Grecs les noms de presque toutes les divinités et beaucoup de ce qui était religieux. Dans le même esprit, les anciens Grecs disposaient d'équivalents complets des divinités égyptiennes et grecques. Leur Zeus correspondait au dieu Ammon des Egyptiens et Athena à Neit. A l'époque hellénistique et romaine, il est évident que les Grecs considéraient les formes égyptiennes comme étant plus anciennes et supérieures aux leurs. C'est ce qui explique que les Grecs et les Romains de cette époque- là aient souvent remplacé leurs cultes par des cultes égyptiens.
La situation change avec le triomphe du christianisme. Sous la nouvelle administration, beaucoup de divinités égypto-gréco-romaines sont incorporées dans la nouvelle religion sous forme de saints. Thoth, le dieu égyptien de la sagesse et son homologue grec Hermès restent en dehors de l'orbite religieux. Hermès avec le titre de Trismegistos. Il fut associé à un nombre de textes mystiques, philosophiques et magiques qui ont circulé en Egypte du second au sixième siècle de notre ère, bien que certains d'entre eux pourraient être plus anciens de quelques siècles.
Les textes hermétiques avec leur accent sur les possibilités humaines ont joué un rôle important dans l'éclosion de l'humanisme de la Renaissance. Ils étaient aussi le centre d'un profond respect pour l'Egypte. L'intérêt pour ces textes diminua vers la fin du XVIIe siècle. Cependant, cela n'eut aucun effet négatif sur la réputation de l'ancienne Egypte. En effet, l'admiration pour ce pays connut de nouveaux sommets au XVIIIe siècle qui a vu apparaître la franc-maçonnerie au milieu des Lumières. Or, les francs-maçons se considéraient comme les prêtres égyptiens idéalisés de l'ère moderne.
Les Allemands et les Grecs
Avec les débuts de la Réforme en Allemagne, un intérêt positif pour la Grèce a augmenté lorsque Martin Luther et ses disciples se sont tournés vers le Nouveau Testament en grec comme moyen de supplanter la Vulgate, la Bible en latin, et les prétentions de la papauté de remonter à l'Antiquité. Avec la sécularisation du XVIIIe siècle, les intellectuels allemands commencèrent à s'identifier aux anciens Grecs pour une autre raison. Voyant qu'il n'y avait pas d'espoir que l'Allemagne devienne une "nouvelle Rome" unifiée politiquement et puissante militairement, ils ont cru que leur propre nation, composée d'états indépendants se querellant entre eux, mais dotée d'un haut niveau culturel, pourrait devenir la nouvelle Grèce, la "nouvelle Hellas".
L'attachement de l'Allemagne pour l'ancienne Grèce s'est nettement accru après la Révolution Française. Les intellectuels de la haute société allemande qui avaient d'abord bien accueilli la Révolution lui ont tourné le dos après la Terreur et en réalisant que l'Allemagne aussi pourrait directement en être affectée. C'est dans cette atmosphère qu'en 1793 Wilhelm von Humboldt a donné les grandes lignes d'un nouveau système éducatif en Allemagne. En son centre se trouvait l'étude de "l'Antiquité en général et de la Grèce en particulier". En analysant ce qu'il pensait être le peuple le plus harmonieux de l'Histoire, Humboldt préconisait que l'Allemagne pourrait éviter les extrêmes de la révolution et de la réaction.
Quatre facteurs, causes de l'abandon du modèle antique
A l'arrière-plan du changement académique, la force accélératrice fut la guerre d'indépendance de la Grèce contre l'Empire Ottoman en 1821. Elle fut perçue comme une lutte entre le christianisme et l'islam. Le mouvement philhellène des années 1820 avec ses héros, les poètes blancs Byron et Shelley et leur mort ont provoqué un jaillissement de sympathie pour la Grèce en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Dans cette atmosphère tendue, il devenait de plus en plus intolérable aux Européens "progressistes" que la Grèce, ce pur emblème blanc de l'Europe, ait pu provenir d'une civilisation originaire de continents "foncés".
Il y avait aussi des raisons plus profondes pour abandonner le modèle antique. Après les défaites de la Révolution Française et de Napoléon en 1815, un grand renouveau chrétien se fit jour à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans les classes élevées, nouvellement chrétiennes, beaucoup de gens haïssaient l'ancienne Egypte qu'ils considéraient comme le centre de la franc-maçonnerie qui elle, à son tour, a été considérée comme une conspiration à l'intérieur du Siècle des Lumières et à l'arrière-plan de la Révolution.
Les anciens Egyptiens comme noirs et comme fondateurs de la civilisation occidentale
A la fin du XVIIIe siècle, une troisième vision commença à être défendue. Selon elle, les anciens Egyptiens étaient à la fois Africains et fondateurs de la civilisation européenne. A l'origine de cette tendance intellectuelle se trouvent les ouvrages d'un voyageur intrépide écossais, James Bruce. Dans les années 1760 et 1770 Bruce a traversé l'Egypte et a passé plusieurs années en Ethiopie. Il a constaté des relations entre les civilisations éthiopiennes et égyptiennes et était convaincu que la forme éthiopienne était la plus ancienne. Pour Bruce, la source du Nil (bleu) était la source de la civilisation.
Charles François Dupuis, quant à lui, était un chercheur érudit de l'Antiquité et un brillant inventeur scientifique. Il avait pris parti pour la Révolution et avait organisé une "Religion de la raison" anti-chrétienne, promue par les Jacobins de la Révolution, et utilisant incidemment nombre de symboles égyptiens. Dupuis soutenait que l'astronomie égyptienne, qu'il considérait comme la science fondamentale, était venue en Egypte par le Sud. Son ami, Constantin Chasseboeuf de Volney, a rendu encore plus explicite le lien entre les "nègres" et les origines de la civilisation occidentale. Son oeuvre a fourni une arme puissante aux abolitionnistes. En France, le grand abolitionniste l'Abbé Grégoire a consacré dans son ouvrage de recherche sur "les facultés morales et la littérature des nègres" le premier chapitre aux arguments de Volney en soulignant que les anciens Egyptiens étaient des "nègres" et il conclut:
"Sans imputer à l'Egypte le plus haut degré de savoir humain toute l'Antiquité décide en faveur de ceux qui la considèrent comme une école célèbre d'où procèdent la majorité des hommes instruits et vénérables de la Grèce."
L'ouvrage de Grégoire fut traduit en anglais en 1810 et, très tôt, il a redonné confiance aux Afro-Américains cultivés. Ce thème des Egyptiens noirs ayant fondé une civilisation fut repris dans deux pamphlets virulents, publiés en 1829, The Ethiopian Manifesto, Issued in Defense of the Black Man's Rights in the Scale of universal Freedom par R.A.Young et Appeal to the Coloured Citizens of the World de David Walker, qui eut encore plus d'influence.
Il n'y a pas lieu de croire que les savants européens qui ont créé la nouvelle discipline Altertumswissenschaft/Science de l'Antiquité aient eu connaissance de ces écrits. Mais ils connaissaient pertinemment Bruce, Dupuis, Volney et Grégoire.
L'idée que les Egyptiens étaient noirs et, par là, que des Noirs aient été à l'origine des civilisations occidentales n'était pas seulement déplorable mais dénuée de toute science pour les savants "progressistes" européens. Au XIXe siècle, la "science" des races a non seulement montré que les "Blancs" étaient supérieurs aux "Noirs" mais, conformément aux caractères permanents des races, qu'il en avait toujours été ainsi. Donc les historiens grecs ont dû faire erreur ou alors souffraient de ces maladies mystérieuses que sont "la barbarophilie" ou encore "l'égyptomanie" lorsqu'ils affirmaient que des Phéniciens "sémitiques" et des Egyptiens africains avaient civilisé la Grèce.
Le premier coup porté au modèle antique le fut en 1820 par Karl Otfried Müller, l'un des produits du système d'éducation de Humboldt. L'argument de Müller consistait à dire que les légendes sur lesquelles reposait ce modèle n'avaient aucune consistence et qu'il n'existait aucune preuve qu'une colonisation égyptienne ou phénicienne ait eu lieu.
Parfois, on affirme que les grands progrès du XIXe siècle dans la connaissance des langues anciennes et de l'archéologie ont amené ce changement. Or, la moitié égyptienne du modèle antique fut détruite avant que les langues mésopotamiennes, écrites en cunéiforme, n'aient été comprises et bien avant que Heinrich Schliemann n'ait découvert la culture matérielle mycénienne. Bien que ce soit exact que Champollion ait déchiffré dès 1820 les hiéroglyphes, les savants allemands n'ont pas accepté ce savoir pendant les 30 ans qui ont suivi.
Par contre, il y avait une importante raison "interne" derrière l'établissement du modèle aryen, c'était l'élaboration d'une famille linguistique indo-européenne dans laquelle le grec fut inclus. Si l'on suppose, comme cela paraît plausible, que les peuples parlant un proto-indo-européen vivaient quelque part au Nord et à l'Est des Balkans il faut postuler que le bassin égéen ait reçu une influence substantielle venant du Nord. Cela a pu se passer sous diverses formes, mais, étant donné la prédisposition ethnique de la moitié du XIXe siècle, on l'a considérée immédiatement comme une conquête de la "race des maîtres" des Hellènes dont la vigueur aurait été comme celle de l'acier par une formation ethnique dans les froids de l'Asie Centrale ou de la steppe.
Pendant des décennies, la nouvelle image des origines des Grecs a co-existé avec peine avec la croyance traditionnelle selon laquelle les Phéniciens - et pas les Egyptiens - auraient joué un rôle primordial. Ce point de vue fut attaqué dans les années 1890 mais a survécu jusqu'en 1920. Quant à moi, j'associe ce déclin des Phéniciens - "les Juifs de l'Antiquité" - à la montée de l'antisémitisme racial opposé à celui qui était religieux à la fin du XIXe siècle. Je rattache aussi la recrudescence d'intérêt pour les Phéniciens après 1950 à l'accroissement de la confiance en soi des Juifs après la création de l'Etat d'Israël. La restauration de la facette égyptienne du modèle antique fut plus lente. Les défenseurs des anciens Egyptiens furent les Noirs américains qui furent plus éloignés de l'"establishment" académique que les professionnels juifs.
Pour retourner à l'impact de Dupuis, Volney et Grégoire, les abolitionnistes noirs et blancs ont continué à faire usage de leurs arguments après que les académiciens aient abandonné le modèle antique. Par exemple, le célèbre philosophe et théologue John Stuart Mill a écrit en 1849:
[/i][/b]"Il est très curieux que la première civilisation dont nous ayons connaissance ait été une civilisation noire, et nous avons toutes les raisons de le croire. Les Egyptiens d'origine, à cause de l'évidence de leurs sculptures, supposent avoir été une race noire: donc les Grecs ont appris leurs premières leçons de civilisation de ces Nègres et les philosophes grecs, à la fin de leur carrière, ont eu recours aux traditions et aux documents de ces Nègres (je ne dirais pas avec beaucoup de fruit) comme étant le trésor d'une sagesse mystérieuse."[/b][/i]
De tels points de vue ont diminué chez les Euro-américains après l'abolition de l'esclavage. Ils ont cependant persisté chez les Afro-américains. Des intellectuels comme Frederick Douglas et des chercheurs come W.E.B. Dubois et St. Clair Drake n'étaient pas sûrs de la négritude ou de la "physionomie nègre" des anciens Egyptiens mais ils n'avaient aucun doute quant à "l'africanité" de l'ancienne Egypte ou à la quantité de la contribution des Egyptiens à la civilisation grecque.
Parmi le groupe connu comme les "Afrocentristes", il y a peu de doutes ou pas du tout sur les origines afro-asiatiques de la civilisation européenne de l'Antiquité. Dans ce sens, ce sont les académiciens et les défenseurs européens du modèle aryen et non les Afrocentristes qui ont rompu fondamentalement avec la tradition. Jusque récemment, les idées des scientifiques noirs n'ont pas été connues des non-noirs. Même actuellement, leurs points de vue sont considérés comme une "plaidoirie spéciale" ou une "thérapie plutôt que de l'histoire". Et ce n'est pas une aide de consulter les écrivains afrocentristes sur ce sujet uniquement en termes de socio-pathologie. Le modèle aryen lui-même sert à la même fonction thérapeutique pour les racistes européens.
Même si l'on décrit le modèle aryen comme "conçu dans le péché ou même dans l'erreur", je ne crois pas que cela le rende invalide en tant qu'instrument historique. Je propse, quant à moi, un "modèle antique revu" qui affirme que la Grèce ait subi à maintes reprises des influences extérieures aussi bien de la Méditerranée orientale que des Balkans et que c'est ce mélange extravagant qui a produit cette culture attrayante et féconde, la gloire qu'est la Grèce.
© Martin Bernal (New York)
http://www.inst.at/trans/15Nr/plenum/bernal15FR.htm
Mais aussi...
CET ARTICLE EST UN EXTRAIT DE LA TRANSCRIPTION DE LINTERVENTION DE PHILIP EMEAGWALI LORS DU MOIS DE LHISTOIRE DES NOIRS À LUNIVERSITÉ DETAT DE PHEONIX EN ARIZONA, AUX ETATS-UNIS, LE 17 FÉVRIER 2003.
(Emeagwali won the 1989 Gordon Bell Prize, which has been called "supercomputing's Nobel Prize," for inventing a formula that allows computers to perform their fastest computations - a discovery that inspired the reinvention of supercomputers. He was extolled by then U.S. President Bill Clinton as "one of the great minds of the Information Age" and described by CNN as "a Father of the Internet;" and is the most searched-for scientist on the Internet.)
Quand javais dix ans, vivant en Afrique, mon père me posa la question suivante : "Lhistoire ou le guerrier, quel est le plus puissant ?"
"Le guerrier !" Répondis-je. Mon père secoua sa tête en signe de désaccord.
"Lhistoire. Lhistoire est plus puissante que le guerrier," me dit-il.
"Comment est-ce possible ?" lui demandai-je.
"Lhistoire vie encore bien longtemps après que le guerrier ne soit mort" mexpliqua-t-il.
Ce mois (NDLR : Février) est le Mois de lHistoire des Noirs. Nous le célébrons en racontant lHistoire des contributions des Noirs américains en Amérique.
Aujourdhui, il sagit également de la Journée du Président. Nous le célébrons en racontant lHistoire des contributions des Présidents américains en Amérique.
Nous parlons de Thomas Jefferson, le troisième président des Etats-Unis. Nous disons comment Jefferson a inventé lexpression "Tous les hommes naissent égaux." Une expression écrite dans la Déclaration dIndépendance.
Jefferson a écrit, "Tous les hommes naissent égaux." Mais il a voulu dire, "Tous les hommes blancs naissent égaux."
THOMAS JEFFERSON
Jefferson ne croyait pas que les femmes blanches étaient égales aux hommes blancs. Il ne croyait pas que les Noirs étaient égaux aux Blancs. Très peu de choses ont changé deux siècles plus tard. Comme ils disent, plus les choses changent, plus ils restent les mêmes.
Dans son seul et unique livre publié, appelé "Notes sur lEtat de Virginie," Jefferson a expliqué pourquoi les hommes blancs sont intellectuellement supérieurs aux hommes noirs. Jefferson a écrit que ce serait impossible pour une personne noire de comprendre la formule mathématique dans le célèbre livre dEuclide appelé "les Éléments."
Jefferson a écrit dans son livre "Notes sur lEtat de Virginie" que les Africains sont intellectuellement inférieurs et quils ne peuvent pas comprendre les mathématiques.
Euclide a écrit son livre, appelé "les Éléments," il y a 2,300 ans. Cest le second livre le plus ré-imprimé dans lhistoire. Cest le second après la Bible. Et Euclide est, peut-être, le plus grand mathématicien du monde de tout temps.
Pour les anciens, "Les Éléments" dEuclide était un manuel bien connu pour sa difficulté. Lhistoire parle dun étudiant découragé qui demanda à son professeur :
"Quel profit aurai-je en apprenant des choses aussi difficiles ?"
Le professeur, visiblement irrité, dit à son assistant :
"Donnez un penny à ce garçon , puisquil doit tirer un bénéfice de ce quil apprend."
Parce que "les Éléments" était notoirement reconnu comme étant difficile à comprendre, Jefferson a écrit que ce serait difficile de comprendre le travail dEuclide pour un Noir.
Il a cru que seuls les gens dascendance européenne pourraient comprendre la Géométrie.
En tant que mathématicien Africain , jai étudié et jai compris la Géométrie. Il ny avait rien dans mon expérience qui pouvait me pousser à croire que les Blancs soient plus aptes aux Mathématiques que les autres races. Aujourdhui encore, ce stéréotype persiste parmi les mathématiciens blancs.
En faisant des recherches sur les origines du travail dEuclide, jai été étonné lorsque jai appris quEuclide navait jamais voyagé hors du continent Africain.
"Comment Euclide pourrait-il être Grec, sil est né, a grandi et fut instruit en Afrique ?" demandai-je.
Il mest venu à lesprit quEuclide, le mathématicien le plus grand de tout temps, nétait ni Grec, ni Blanc. Il mest venu à lesprit quil était probablement noir et même Nègre authentique.
Jai trouvé la meilleure explication dans un livre sur "lHistoire des Mathématiques." Lauteur a expliqué que lEgypte ancienne nétait pas en Afrique. "LEgypte faisait partie de la Grèce," a-t-il ajouté.
Jétais curieux de savoir quel pouvait être lapparence physique dEuclide. En poussant mes recherches, jai découvert une photo largement diffusée dEuclide. Cétait la photo dun homme européen qui semblait avoir 90 ans.
EUCLIDE
Jai demandé : "Est-ce vraiment le portrait dEuclide ?"
Après mûres recherches, jai découvert que cétait un portrait factice. Il a été dessiné 2,000 ans après quEuclide soit mort.
Euclide est mort il y a 2,300 ans en Afrique. Et il nexiste pas de vrai portrait daucune personne qui ait vécu avant Jésus Christ. Nous navons de vrai portrait daucune personne européenne qui ait vécu il y a même 500 ans.
Jai appris plus tard que beaucoup de scientifiques grecs de lantiquité sont nés, ont grandi et ont été instruits en Afrique. Et je me demande toujours si ces scientifiques Grecs étaient en réalité des Africains noirs.
Ce faux portrait dEuclide représenté sous les traits dun homme blanc a renforcé lidée de Jefferson selon laquelle seuls les Blancs peuvent comprendre les mathématiques. Puisquil ny a aucune preuve quEuclide ait jamais voyagé hors dAfrique cela signifie quil est légitime de supposer quil est probablement un noir autochtone de lAfrique.
Nos livres dhistoire sont remplis dénoncés erronés.
Le mois de lHistoire des Noirs est une période pour nous de réexaminer les énoncés erronés dans nos livres dhistoire.
Une période pour nous de remettre en question les énoncés erronés dans nos livres dhistoire.
Une période pour nous denseigner la vérité à nos enfants. Apprenez-leur quEuclide nétait pas Grec. Quil nétait pas blanc. Quil est né, a grandi, a été instruit et a travaillé en Afrique. Quil est africain.
Une période pour nous de reconnaître que la science est le cadeau de lAfrique ancienne au monde moderne.
Si Euclide na jamais voyagé hors dAfrique, nous devrions supposer quil est africain. Ce qui soulève la profonde question :
Si Euclide est africain, alors Thomas Jefferson devait avoir tort quand il a soutenu quun Africain ne pouvait pas comprendre le travail dEuclide.
Euclide était le guerrier et Thomas Jefferson était le conteur.
Comme mon père ma appris, lhistoire est plus puissante que le guerrier.
Lhistoire vit encore longtemps après que le guerrier soit mort.
La croyance de Thomas Jefferson, selon laquelle un Africain ne peut pas comprendre le sujet de la Géométrie, vit encore 200 ans encore après que Jefferson soit mort. Elle vit encore dans la croyance que les blancs font des meilleurs mathématiciens que les noirs. Elle vit encore parmi les historiens des sciences qui sont pu disposer à reconnaître les contributions des Africains à la connaissance mathématique. De nombreux historiens des sciences sont encore peu disposés à reconnaître les contributions des Africains à la connaissance mathématique.
Etant jeune, jai cru que le guerrier était plus puissant que lhistoire. Je navais pas compris que le stylo était plus puissant que lépée.
Jeune homme, jai cru que lhistoire était la vérité.
Plus vieux, jai appris que lhistoire était à la fois une vérité et une illusion.
Jai appris que la valeur de ma découverte scientifique réside dans la perception quen ont ceux qui lévaluent.
Jai appris que létudiant noir me considère comme son modèle.
Jai appris quun scientifique blanc en formation nest pas disposé à faire de moi son modèle à atteindre.
Jai appris que le scientifique blanc établi me considère comme une anomalie. Il me considère comme une "bizarrerie de la Nature." Il me voit comme lAntéchrist. Il me considère comme un vampire scientifique qui se nourrit de la race blanche. Il me voit comme un monstre avec des cornes sur la tête.
Jai appris que ce que je suis (réellement) nest pas aussi important que ce que je suis à vos yeux.
Jai appris que quand vous me demandez : "Qui êtes-vous ?" En réalité, vous auriez voulu dire "Qui suis-je ?"
Jai appris que vous vous cherchiez vous-même en moi.
Il y a douze ans, un magazine a recruté un Blanc pour réaliser une illustration dun supercalculateur de génie conduisant une charrue. Jétais supposé être ce supercalculateur de génie. Mais lillustrateur Blanc, qui savait que je suis noir, ma dessiné sous les traits dune personne blanche dans la version publiée.
Jai appris que lillustrateur blanc se cherchait lui-même en moi.
[im]http://emeagwali.com/speeches/black-history-month/emeagwali-chicken-and-the-oxen-analogy-for-massively-parallel-supercomputers.jpg[/img]
Le premier projet dun portrait dEmeagwali en tant que supercalculateur de génie conduisant une charette tiré par des milliers de poulets (une métaphore pour ses 65,000 processeurs faibles qui ont exécuté le calcul le plus rapide du monde). Le "Nègre Emeagwali" (première illustration) a été rejeté et remplacé par un "Caucasien Emeagwali" (deuxième illustration).
Un portrait Caucasien "blanchi" dEmeagwali était acceptable et fut largement diffusé. Un illustrateur a soutenu quEmeagwali avait une trace de sang Caucasien et a dit quil pouvait voir "le look Caucasien" sur son visage.
Il y a cinq cents ans, on a demandé à Leonard de Vinci de peindre son chef-doeuvre "le Dîner du seigneur." Avant la période de la Renaissance, beaucoup de peintures de la Madone ont été réalisé sous les traits dune femme noire. Lenfant-Dieu ou lenfant-Christ était représenté sous les traits dun Noir. Mais Leonard de Vinci se cherchait lui-même dans Jésus Christ. Il a re-dessiné Jésus Christ sous les traits dun blanc.
La Bible ne nous a pas dit à quoi Jésus ressemblait. Mais nous savons quil a vécu dans le Moyen-Orient ou une extension orientale de lAfrique. Nous savons que les Hébreux ont séjourné en Egypte et en Afrique. Nous savons que Moïse avait une femme Koushite (éthiopienne). Quand nous mettons les faits ensembles, nous savons que Jésus a probablement ressemblé à un Palestinien, un Yéménite ou un Egyptien à peau foncée.
Michel Ange a utilisé sa famille pour faire un portrait de Jésus Christ. Michel Ange se cherchait lui-même en Jésus Christ. Pendant la Renaissance, la mère du Christ est devenue une femme blanche.
Jai appris que le Roi James a écrit la Bible de la façon dont il a cru quelle était supposé devoir être écrite.
Jai été formé par des mathématiciens blancs. Jai lu des livres de lHistoire des Mathématiques écrites par des auteurs blancs. Jai appris dans les écoles contrôlées et dominées par les modes de pensée Eurocentristes.
Etant donné mon pays dorigine, cétait une hérésie de suggérer quEuclide soit africain. Le psychologue a appelé ce phénomène "Dissonance Cognitive." Je lappelle "Peur de la Vérité." Nous avons peur de cette vérité que le vrai Jésus Christ ait la peau foncée. Nous avons peur de cette vérité que le vrai Euclide était un africain et un Nègre authentique.
Jai appris quEuclide a été dessiné sous les trais dun Européen pour stimuler le sens de la fierté chez des étudiants blancs. Pour intégrer un sentiment de suprématie intellectuelle dans leur subconscient collectif. Jai appris que les mathématiciens européens se cherchaient eux-mêmes en Euclide.
Jai appris que les Africains sont les pionniers dans beaucoup dautres domaines détude.
Jai appris que le chimiste daujourdhui ne sait pas que le terme "chimie" signifie "science de lhomme noir."
Jai appris que le mot chimie vient du mot "Kemet". Et que Kemet est lancien nom du pays que nous appelons maintenant lEgypte. Et que Kemet se traduit par "la terre des Noirs." Et que "chimie" signifie "science de lhomme noir."
Aujourdhui encore lHistoire de la contribution du peuple noir à la Chimie nest pas incluse dans les manuels de Chimie. Comme mon père me la appris, lhistoire est plus grande que le guerrier.
Nous, Africains, devons dire notre histoire. Nous sous-estimons le pouvoir(la puissance) de lhistoire.
"Quest-il arrivé au peuple noir de Kemet," le voyageur demanda au vieil homme.
"Daprès la légende, le peuple de Kemet était-t-il noir ? Quest-t-il arrivé ?"
"Oh," hurla le vieil homme, "ils ont perdu leur histoire et ils sont morts."
Isaac Asimov est lauteur de plus de 500 livres. Un de ses livres appelé "lEncyclopédie Biographique des Sciences," est une référence standard dans beaucoup de bibliothèques.
Isaac Asimov, le plus prolifique écrivain en sciences, reconnaît que les mathématiques, la science et la technologie sont le cadeau danciens Africains à notre monde moderne.
LEncyclopédie de Science :
Reconnaît quun africain nommé Imhotep est le Père de la Médecine.
Il reconnaît quun africain est le Père de lArchitecture.
Il reconnaît quun africain est le premier scientifique dans lhistoire écrite.
Il reconnaît que les tout premiers scientifiques grecs ont été instruits en Afrique par des Africains. Quils ont vécu et travaillé en Afrique. Quils sont même nés en Afrique.
Si les tout premiers scientifiques grecs ont vécu en Afrique, donc cela nous amène à la profonde conclusion que la Grèce nest pas le lieu de naissance de la civilisation Occidentale. Cela nous amène à la conclusion plus logique que lAfrique est le lieu de naissance de la civilisation.
Les manuels de mathématiques les plus vieux sont appelés : Payrus Rhind, de Moscou et de Berlin.
Le papyrus antique est notre source primaire dinformation sur les mathématiques des civilisations de la Vallée du Nil. Une page du papyrus Ahmes qui mesure environ 32 cm de large et 5m de long. Ce livre a été rebaptisé "Papyrus Rhind."
Le Papyrus Rhind na pas été écrit par Alexandre Rhind -le voyageur écossais qui la acheté. Il a été écrit il y a 4,000 ans par un africain nommé Ahmes. Mais il a été rebaptisé daprès un non-mathématicien qui la acheté.
Le Papyrus de Moscou na pas été trouvé à Moscou. Il a été trouvé en Afrique. Mais il a été rebaptisé daprès la ville de Moscou.
Le Papyrus de Berlin na pas été trouvé à Berlin. Il a été trouvé en Afrique. Mais il a été rebaptisé daprès la ville de Berlin.
Mesdames et Messieurs, nous devrions donner du crédit à ce qui est crédible. Les savants intitulent un livre daprès son auteur. Les scientifiques nomment une découverte daprès son découvreur. Et les technologues nomment une invention daprès son inventeur.
Pourquoi donc les textes des livres africains ont-ils été Européanisés en les intitulant daprès des personnes ou des villes européennes ? La raison en est que lhistoire est plus puissante que le guerrier. Des Africains Antiques étaient les guerriers antiques et les Européens modernes sont les conteurs modernes.
Un portrait probable dAhmes
En anglais "HISTORY" (histoire), se dit "HIS STORY (son histoire)."
Cest une histoire raconté à partir du point de vue du conteur. Du déplacement du conteur. Avec le préjugé du conteur.
"Quest-ce que lhistoire ?" demanda Napoleon, lempereur français vaincu.
"LHistoire nest rien dautre quun mensonge convenu !" Napoléon répondit.
Carter Woodson est le nom de lhistorien qui a fondé la Semaine dHistoire nègre en 1926. Woodson a écrit :
"Quand vous contrôlez la pensée dun homme, vous navez pas à vous inquiéter de ses actions."
"Vous navez pas à lui dire de ne pas rester ici ou daller là-bas. Il trouvera sa (place appropriée) et y restera. Vous navez pas à lenvoyer à la porte de service. Il ira sans quon lui dise. En fait, sil ny a aucune porte de service, il construira une pour propre bien. Son éducation rend ces actions nécessaires, " nous dit Woodson qui était le fils danciens esclaves.
Quelquun ma demandé : "pourquoi nous navons pas de Mois de lHistoire des Blancs ?"
"Chaque mois est le Mois de lHistoire des Blancs." lui expliquai-je.
Cependant, notre but est de faire de chaque mois le Mois de lHistoire des Noirs. Notre but est dinclure lhistoire des Noirs dans lhistoire américaine. Et inclure lhistoire africaine dans lhistoire du monde.
Lhistoire africaine est une recherche de réponses aux questions profondes. Des questions universelles comme :
Qui sommes-nous ? Doù venons-nous ? Et comment sommes-nous arrivés là ?
Lhistoire est la boussole qui nous révèle qui nous sommes, doù nous venons et où nous allons.
Nous savons maintenant que lAfrique est le lieu de naissance de lhumanité. Cest la Patrie de tous les êtres humains : noirs ou blancs.
Nous devrions apprendre à nos enfants que :
La science est le cadeau de lAfrique ancienne à notre monde moderne.
Finalement et le plus important encore, nous devrions leur rappeler que :
Les Africains étaient les porteurs de la lumière.
Les Africains nattendaient pas dans lobscurité que dautres viennent leur apporter la lumière.
Merci de mavoir donner loccasion de partager mes pensées avec vous ce soir.
PHILIP EMEAGWALI
http://emeagwali.com/