Comme vous le savez certainement, la situation de l?emploi dans les services informatiques en France est DRAMATIQUE depuis plus d?un an et le sera tout autant au moins en 2003 d?après les sombres prévisions du SYNTEC-INFORMATIQUE (2002 est la 1ere année de régression du secteur en France depuis 10 ans, tandis que l?année 2003 ne devrait connaître au mieux qu?une stagnation?).
L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a confirmé récemment le très fort repli de la fonction informatique en France : entre juillet 2001 et juin 2002, le volume des offres d?emploi dans le secteur a chuté de moitié environ !
De nombreuses offres d?emploi sont même parfaitement fictives en réalité (?).
Parmi les huit pays étudiés par l'Apec pour son panel Europe, la France enregistre même la baisse la plus notable, le niveau d'embauche restant inchangé pour la moyenne CEE.
Les jeunes diplômés en informatique sont les premières victimes de cette crise majeure au même titre que les scientifiquement fraîchement et rapidement reconvertis à l?informatique ces dernières années.
Les SSII et éditeurs de logiciels (la plus grosse partie des effectifs d?informaticiens en France) licencient continuellement dans le plus grand silence, en évitant soigneusement les plans sociaux et au prix parfois de méthodes très contestables (harcèlements et chantages divers?), si bien qu?il y a maintenant 3 fois plus d?informaticiens au chômage qu?il y a 2 ans (source ANPE).
(Cf liens http://www.01net.com/rdn?oid=198193&rub=1720 , http://www.01net.com/article/201074.html et http://www.weblmi.com/articles_sto [...] icle_view)
Néanmoins, ces sociétés continuent pour la plupart à afficher des CA en croissance (certes, sans doute aussi « grâce » à ces licenciements?), la convenance boursière, au détriment de l ?emploi, n?y étant pas toujours étrangère...
On (i.e principalement le SYNTEC INFORMATIQUE, le MEDEF et certaines grandes SSII?) avait menti à la France, aux pouvoirs publics et aux informaticiens eux-mêmes premiers concernés il y a encore 1 ou 2 ans de cela en parlant de « pénurie d?informaticiens » et de « surenchère salariale » : en effet, le marché de l?emploi informatique était alors globalement équilibré (seules certaines compétences faisaient vraiment défaut, ce n?était pas le cas par-contre pour les informaticiens les plus âgés ou les moins qualifiés?) et on assistait à rien d?autre alors qu?à une certaine « frustration » des organisations pré-cités qui ne pouvaient profiter à ce moment-là de la « flexibilité habituelle » sur leurs recrutements (ou ceux des entreprises adhérentes).
Par ailleurs, des études (de l?APEC notamment) ont bien montré qu?il n?y a jamais eu de forte surchauffe salariale dans l?informatique ces dernières années (étonnant dans un contexte de soit-disant « pénurie d?informaticiens »?)
Je vous invite à ce sujet à prendre connaissance de l?article publié dans la presse informatique en juin 2001 ici : http://www.01net.com/article/152943.html
Il est important de noter également que « l?effet papy-boom » ne profitera que très marginalement à notre secteur qui se distingue des autres secteurs de l?économie par une moyenne d?âge très nettement plus jeune?
A présent, plus personne certes n?ose parler de « pénurie d?informaticiens » mais il n?en demeure pas moins que la recherche d?une meilleure « flexibilité » est plus que jamais d?actualité pour beaucoup d?entreprises : en effet, comme si cette situation désastreuse sur le front de l?emploi ne suffisait pas, l?avenir de la profession est désormais menacé par des facteurs qui ne sont plus seulement conjoncturels mais structurels, je veux parler essentiellement de la délocalisation des développements informatiques dans des pays à faible coût de développement ou « l?offshore ».
En effet, à défaut (heureusement?) d?avoir pu obtenir une ouverture massive des frontières aux informaticiens étrangers ces dernières années (et d?avoir pu les payer surtout avec leur salaire d?origine?), nombre d?entreprises font réaliser désormais leurs besoins informatiques à l?étranger par le biais de sociétés locales partenaires, tout en restant extrêmement discrètes sur cette pratique qui semble bien tout de même leur poser quelques « scrupules »?
Ce dernier avatar d?une mondialisation sauvage incontrôlée vient directement des USA ou il représente désormais près de 30 à 40% des développements en informatique tandis que la part du revenu global émanant de ces projets exportés serait passée de 5 à 10% en France en 1 an d?après une enquête récente. Avec l?Inde, ce sont maintenant les informaticiens des pays de l?Europe de l?Est et du Maghreb qui sont recherchés à moindres coûts (gains estimés entre 30 et 40%?) par nos SSII et les directions informatiques des entreprises.
(Cf liens http://www.01net.com/rdn?oid=198688&rub=3339 et http://www.weblmi.com/articles_sto [...] ticle_view )
Non seulement CETTE CONCURRENCE DELOYALE participe peu à peu à la destruction de nos emplois mais elle ne fait de surcroît que tirer les salaires et honoraires de notre profession à la baisse.
Or, il faut bien voir que les cas ou le recours à l?offshore est cité comme une nécessité de survie pour l'entreprise restent en réalité des cas exceptionnels même dans le contexte actuel : ce qui se pratique ainsi AU PERIL DE L?EMPLOI ET DE L?INTERET NATIONAL ET EUROPEEN, c?est tout simplement le soucis croissant de certaines entreprises de vouloir « GRIGNOTER » TOUJOURS PLUS SUR LEURS COUTS DE DEVELOPPEMENT ET SUR LEURS MARGES BENEFICIAIRES?
Par ailleurs, il serait un peu maladroit de faire l'analogie directe avec la délocalisation des industries manufacturières depuis déjà plusieurs décennies : en effet, même si le principe reste le même, il faut bien voir que ce sont des personnels sous-qualifiés qui relèvent de ce genre de délocalisation à la différence de celle de l'offshore (ce qui ne signifie pas pour autant que cela doit être forcément approuvé pour ces travailleurs « sous-qualifiés »? !) ?aussi ne faudrait-il surtout pas penser que les informaticiens français et européens, qui ont derrière eux pour la plupart plusieurs années d'études supérieures et qui sont le plus souvent en début de carrière, accepteront docilement une telle situation si le préjudice venait à s'accentuer pour notre profession (ce qui est hélas pour le moment le cas le plus envisageable).
Constatant une certaine inertie des syndicats de la profession et des pouvoirs publics sur ce sujet, je tenais donc à vous informer qu'un début de mobilisation d'informaticiens français et européens est bien entamé à travers plusieurs associations.
En France, nous sommes désormais plusieurs centaines d?informaticiens TRES DETERMINES à nous être déjà rassemblés en vue de créer le 1er grand rassemblement professionnel, apolitique et indépendant des consultants/prestataires en informatique de France, qu'ils soient salariés des SSII, intérimaires, indépendants, en portage salarial...ou au chômage.
Une de nos tâches principales sera bien-sur de lutter autant que se peut contre l'offshore et toutes les autres formes de destruction de l?emploi informatique local?
Nous travaillons actuellement à créer un grand site internet (le premier « portail » d?expression des consultants informaticiens en France) avec un grand forum de discussions national : à partir de là, nous serons alors en mesure de rassembler bien plus massivement et rapidement pour cette cause commune?
Nous nous efforcerons alors, entre autres, de SIGNALER aussi bien les entreprises préférant recourir à l?offshore plutôt que de recruter « en local »?que les pouvoirs publics et administrations si leurs décisions (et manque de décisions surtout) sont préjudiciables à notre égard !
Toutefois, en tant que simple association, nous savons bien que nos moyens d?action sont très limités face à cette menace croissante pour nos emplois, aussi DEMANDONS-NOUS UNE PRISE DE CONSCIENCE URGENTE DE CE PROBLEME DE LA PART DES POUVOIRS PUBLICS ET DES ACTIONS CONCRETES POUR LIMITER ET ENCADRER AUTANT QUE POSSIBLE LE RECOURS A CETTE PRATIQUE TROP SOUVENT ABUSIVE.
- ETENDRE LA NOTION DE « DUMPING » (SUR LES PRIX) AUX CONTRATS DES SERVICES INFORMATIQUES ou INSTAURER UNE TAXATION DES PRESTATIONS OFFSHORE afin de contrôler cette concurrence sauvage par des sociétés étrangères (en effet, dans ce cas précis la « mondialisation » ne bénéficie qu?à elles et à ces pays?les services informatiques français et européens ne s?exportent jamais chez eux par-contre !)
- FAIRE INTERDIRE LE RECOURS A L'OFFSHORE DANS LES ADMINISTRATIONS, ENTREPRISES PUBLIQUES ET SEMI-PUBLIQUES et leurs filiales (Renault, par exemple, fait pratiquer directement l?offshore avec l?Inde avec sa filiale RCI, le Conseil régional Midi-Pyrénées a signé également des accords d?offshore avec des sociétés marocaines...)
- MIEUX SURVEILLER TOUTES LES AIDES ET AUTRES AVANTAGES ACCORDES AUX ENTREPRISES afin qu?elles profitent bien à l?emploi local et pas à ceux qui délocalisent pour améliorer leurs marges !
- ALERTER LES INSPECTIONS DU TRAVAIL notamment sur le délit de marchandage et le prêt illicite de main d??uvre auquel se livrent parfois les SSII (plus particulièrement dans le cadre de l?offshore???)
- DELIVRER DES PERMIS DE TRAVAIL AUX SEULES QUALIFICATIONS INEXISTANTES sur le marché du travail intérieur (cas invraisemblable pour le marché de l?informatique actuel en France !)
- et pourquoi pas PRENDRE EXEMPLE SUR L?ANGLETERRE LIBERALE?qui a décidé de s?attaquer à ce problème pour protéger l?emploi de ses informaticiens ! (Cf. notamment http://www.weblmi.com/news_store/2 [...] News_view)
(entre parenthèses, il est prévu chez eux en 2003 deux fois plus de créations d?emplois dans les services informatiques que chez nous?)
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