On se dit tous que la vie politique est foiré quelque part, et même à plusieurs endroits, mais à part la restauration de la terreur, on a pas trop d'idées ...
J'ai - un temps - été très intéressé par les modes d'expression populaire directs ... Jusqu'à ce que je comprenne qu'en pratique, le peuple pris dans son ensemble est systématiquement plus con que ses hommes politiques (avec Trump au pouvoir, ce n'est pas peu dire), et donc que ce n'était pas une super idée.
Pourtant, avec la victoire de Trump, avec le ratage fabuleux des primaires de droite ET de gauche, à cette élection comme aux précédentes, on pourrait se dire que notre système de scrutin majoritaire à 2 tours est complètement merdeux, et plus réellement démocratique, surtout quand on y ajoute des primaires à 2 tours.
Démonstration :
Si on suppose que le premier tour des primaires se fait avec 10 candidats, alors le premier tour peut être remporté avec à peine plus de 10% pour le premier, et encore moins pour le 2nd.
Au second tour, les électeurs ont pour la plupart perdu leur candidat favori, et vont se rattacher un peu n'importe comment à l'un des candidats qu'ils ne soutenaient pas.
Si on suppose que chaque parti faisant des primaires ne rassemble que 25% de la population, cela signifie que le vainqueur d'une primaire n'était soutenu initialement que par 2,5% des votants.
En pratique, un candidat ultra-minoritaire représentant moins de 2,5% de la population peut arriver au pouvoir par ce système en remportant successivement n tours d'elections, et en récupérant "mécaniquement" les voix de tous les électeurs qui ne voulaient pas de lui. (et qui suivent connement le système)
De plus, cette mécanique permet de sélectionner un candidat minoritaire provenant d'un parti totalement extrémiste, sincèrement supporté par une très faible partie de la population.
En exagérant un peu, ce système permettrait d'obtenir un second tour "Bozo le caniche vs Gégé la courge"
On a la logique inverse aussi : un candidat "rassembleur", dont tout le monde s'accorderait plus ou moins (profil type : un mec intègre, pas chiant, intelligent, mais pas super funky), mais sélectionné idéalement par personne va se faire rapidement éliminer par ce système.
En synthèse, le système electoral actuel a le seul avantage d'être très simple à comprendre et donc à faire accepter, mais ne reflète absolument pas la préférence de l'ensemble du peuple. Par ailleurs, "l'astuce" du second tour consistant à forcer les électeurs à accorder leur plébiscite au futur président ne protège aucunement le président ainsi élu d'une chute considérable de popularité après son élection. Bref, le second tour était une astuce qui ne sert plus à rien.
Et l'election qui en souffre le plus directement est l'election présidentielle, étant donné le très grand nombre de votant, et l'absence d'autres complications. (pour les députés, c'est un suffrage indirect, vu que l'on en sélectionne plusieurs centaines à chaque élection... Les impacts sont largement plus complexes à étudier)
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En pratique, la solution existe depuis aussi longtemps que la république (aidé en cela que les mathématiciens ont généralement quelques centaines d'année d'avance sur tout le monde), mais n'était pas facilement applicable jusqu'à présent... Sauf qu'aujourd'hui, les machines existent pour aider au dépouillement des votes.
Cela s'appelle le système de Condorcet, ou le système de Borda (bon, perso, je préfère Condorcet, qui est largement plus intègre et bloque largement mieux les stratégies anti-démocratiques)
Le principe est simple, il s'agit de faire choisir à chaque votant non pas son candidat préféré, mais d'évaluer l'ensemble des candidats, pour trouver celui qui convient globalement le mieux à l'ensemble de la population simultanément. Le vote est ainsi réalisé avec un seul tour, et permet de reprendre directement le choix de chaque électeur, sans filtrage.
Il y a bien des petits ajustements à faire, mais ce sera toujours largement plus démocratique que le système actuel.
Pour moi, un tel système électoral entraînerait rapidement un changement du profil des candidats :
- les candidats bruyants, agités, démagogues seraient rapidement éliminés par une majorité de la population aux dépends de leur petit fan-club d'abrutis
- les candidats sérieux, réfléchis, intègres et expérimentés reporteraient la confiance de la majorité des électeurs, qui commenceraient par voir en eux des présidents potentiels convenables.
Du coup, les seconds qui n'essaient même pas à ce jour, de peur de se prendre une branlée, pourraient remplacer les premiers qui occupent massivement le devant de la scène politique actuelle.
Pensez vous qu'un tel changement soit bénéfique, utile, et si oui, est-il vraiment prioritaires sur d'autres réformes ?
Message édité par Peuwi le 04-05-2017 à 11:44:47