sisi38 a écrit :
Très interessant et très complexe à la fois !
Il est vrai que cette région suscite beaucoup de convoitise et constitue la principale source de discorde entre les marocains et algériens.
De nombreux sujets (contrats, collaborations quelconque, ...) entre le Maroc et l'Algérie avorte aussi à cause du Sahara Occidental...
En espérant qu'il y aura une sortie à cette crise le plus rapidement possible, et comme tu le dis on n'en parle pas beaucoup.
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Ce qu'il faut bien comprendre c'est que le Sahara Occidental est en quelques sortes "l'Alsace-Lorraine" du Maroc. Toute la diplomatie marocaine s'axe sur le simple critère de l'attitude adoptée vis-à-vis du dossier saharien. On a par exemple pu voir le Maroc rompre quasi-unilatéralement ses relations diplomatiques avec la république du Mali car elle avait commis l'affront de reconnaitre la fantoche R.A.S.D. (République arabe sahraouie démocratique). Au contraire les alliés traditionnels du Royaume du Maroc en Afrique (Sénégal, Gabon, Cameroun et dans une moindre mesure la Côte d'Ivoire) ont le devoir tacite d'apporter un soutien indéfectible au royaume concernant le dossier.
Outre ces aspects de diplomatie bilatérale, le Maroc s'est par exemple retiré de l'Organisation de l'Union Africaine (OUA) en 1982 suite à la reconnaissance par cette même entité de la R.A.S.D. On saisit d'autant plus l'ampleur de l'ire marocaine face à cette décision lorsque l'on sait que le royaume a été un des principaux artisans de la création de l'OUA.
Mais le gros du problème réside dans les répercussions du conflit sur les relations bilatérales maroco-algériennes. Déjà durant les premiers jours de la Marche Verte (vaste mouvement populaire habilement orchestré par feu Hassan II), Boumediane reconduisait silencieusement les quelques 360 000 Marocains installés dans l'Oranais, dans la région de Tlemcen mais aussi dans le Touat ou même les oasis du M'zab depuis plusieurs siècles. Au Maroc également, les Algériens ayant pour beaucoup fui la guerre d'Algérie lors des décennies précédentes sont espionnés et traqués par la DGST de Hassan II. Lors de la déroute des forces du P.O.L.I.S.A.R.I.O. et suite à la signature du cessez-le-feu en 1991, l'Algérie réaffirme régulièrement son soutien aux indépendantistes en hébergeant par exemple une immense partie de ces Sahraouis dans des camps de fortune près de Tindouf. Au-delà de cette générosité de façade, l'Algérie apporte un soutien logistique et militaire au P.O.L.I.S.A.R.I.O. Mais le plus grave, c'est qu'en amont ou en aval de ces manoeuvres politiciennes, on assiste à un battage médiatique intense savamment orchestré et dosé par les deux partis pour entretenir une rivalité qui se mue ponctuellement en haine entre les deux peuples. Aussi est-il fréquent d'entendre parler au Maroc du peuple algérien comme d'un peuple inculte, sous-produit colonial, qui ne doit sa richesse que sur son sous-sol. A l'opposé tous les médias en Algérie ont réussi à forger auprès des Algériens la conviction que le Maroc est un pays asservi aux Etats Unis, où la prostitution est rampante et où le cannabis règne en maître. Finalement la grande perdante de cette vive animosité est l'U.M.A., l'Union du Maghreb Arabe qui devait permettre d'ériger dans ce petit bout d'Afrique un géant à même de concurrencer l'Egypte et l'Afrique de Sud. Au lieu de cela on ne peut que contempler avec un certain fatalisme cette situation ubuesque où les frontières maroco-algériennes demeurent désespérément fermées (et ce malgré le récent appel du Maroc à une réouverture) et où l'Algérie se retrouve reléguée au rang de 29ème partenaire commercial marocain.