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Beaux-Arts: le face-à-face entre le maire et les étudiants vire au "clash"
Après lannonce brutale de la fermeture de lécole des Beaux-Arts de Perpignan, étudiants et enseignants devaient hier rencontrer Jean-Paul Alduy. Un rendez-vous dabord manqué qui sest ensuite transformé en séance de lourds dérapages verbaux du maire.
La suite au conseil municipal de lundi.
Tout était prêt pour 14heures. Lheure à laquelle Jean-Paul Alduy avait donné rendez-vous aux étudiants et enseignants de lESAP. Lheure du dialogue tant attendu face à tant dincertitudes. Tout était fin prêt pour recevoir le maire en lécole municipale de la rue Foch. Dialectiquement orchestré dans la matinée en AG. Masques blancs pour la mise en scène artistique et prise de parole accompagnée de gestes précis. Puis lheure a tourné, pour ne pas dire mal tourné.
Pas de Jean-Paul Alduy à lhorizon. Cest Dominique Malis, le directeur des services généraux de la mairie, qui surgit alors en médiateur pour expliquer que le maire ne viendra pas, qu"il a changé de position" mais attend les étudiants en mairie "au sein de la maison du peuple". Regards dincompréhension dans lassistance. Rendez-vous manqué. Sentiment de trahison et dabandon.
"Ce sera ici, en lécole municipale ou nulle part ailleurs. Vous jouez sur la hiérarchie plutôt que sur la liberté dexpression, cest grave!" lance une étudiante. Cest limpasse.
"Ma volonté est faite"
Les esprits séchauffent. Le médiateur parachuté quitte la salle. Une demi-heure plus tard, JPA fend la foule et prend la parole, une note de synthèse de quatre pages dans les mains. "Perpignan est une ville qui a placé la culture au cur de son projet urbain
" Début du monologue. Une voix sélève. "Vous nous endormez!" La salle est à cran. Terriblement déçue par un discours qualifié de programme électoral par les étudiants. "Allez-vous oui ou non fermer lécole?" La réponse fuse: "Oui. Ma volonté est faite. Je présenterai le projet en conseil municipal lundi soir. LEtat la déjà accepté mardi dernier." La foule qui avait pris soin de sasseoir pour calmer le jeu, bondit brusquement.
"Mais quallons-nous devenir? Vous nous empêchez de terminer notre cursus!" Dans la précipitation et leffervescence, le maire tente de décliner le nouveau projet et évoque la future "formation post diplômante". Soit une formation de niveau bac +6 qui permettrait à certains artistes de venir en résidence dans la nouvelle structure. Un projet qui évacue par conséquent les étudiants du système. "On ne veut pas quitter cette école que nous avons choisie pour ces enseignements spécifiques et uniques en France! On aime Perpignan!"
"Des phrases graves"
Et cest à ce moment-là que tout bascule. "Vous aimez Perpignan mais vous nêtes même pas dici!" Cen est trop. Pour Aurélie Palau, étudiante en 3e année et pilier de la contestation: "Ce sont des phrases très graves de la part du maire dune ville cosmopolite, cest totalement discriminatoire. Si aujourdhui lart a des frontières, où va-t-on? Quand bien même on ouvrirait une formation diplômante aux artistes, croyez-vous quils viendront seulement de Perpignan?" Impossible de poursuivre. Lassistance est excédée par lattitude et les propos de Jean-Paul Alduy qui décide de quitter immédiatement lécole sous les huées. " Il veut, il choisit, il impose, cest scandaleux, il nécoute pas ses citoyens!"
Un quart dheure plus tard, cest à lhôtel de ville que le maire recevra la presse. Pour décliner et justifier une nouvelle fois son nouveau projet. JPA, qui est lui-même passé par les Beaux-Arts, ne démord pas. Absolument convaincu par sa vision de lavenir culturel perpignanais. Conforté par sa directrice de laction culturelle, Marie Costa et ladjointe Maité Freneix.
En soirée, les Beaux-Arts se transformaient en QG du désarroi. Que faire dès lors? " Continuer à se battre!" Pétitions, manifestes rédigés par des artistes, lettre au gouvernement
Tout est passé en revue sous le regard absent dun Vincent Emmanuel Guitter, directeur de lESAP, qui durant trois jours sest abstenu de tout commentaire et de toute empathie manifeste à légard de ses étudiants.
Droit ou devoir de réserve?
Hier, Jean-Paul Alduy est sévèrement sorti de la sienne