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A Marseille, on a volé un parking !
Publié le mercredi 03 août 2011 à 15H06
Les délinquants ont fait fuir le gestionnaire Vinci Park. Personne n'a rétabli l'ordre.
"Rentre frère, rentre. Tu paieras en sortant !"
15h au parking de la Porte d'Aix (2e arrondissement de Marseille). Un jeune soulève la barrière et l'automobiliste va garer sa voiture. Il paiera en partant. 5 €, c'est le tarif unique, inscrit grossièrement au feutre sur une borne. 5 €, c'est l'argent qu'empochera un groupe de jeunes qui actionnent la barrière toute la journée. 5€, c'est l'argent que perdra la société Vinci Park qui a abandonné son parking. Trop dangereux.
Incroyable ! À l'entrée de Marseille, on entre dans un parking comme on traverse une République bananière. Vinci gérait pourtant le parking Jules Guesde dans le cadre d'une délégation de service public (DSP) signée avec la communauté urbaine. Mais le délégataire a disparu. Pschitt ! Envolé ! Plus de société, plus de gardien, plus personne pour organiser le stationnement, si ce n'est le groupe de jeunes très confraternels. "Rentre, frère, rentre
". On connaît la suite.
Mais comment en est-on arrivé là ? À Vinci, on explique : "Il y a eu des dégradations, des intimidations visant le personnel. On a bien dû déposer une vingtaine de plaintes. Mais personne n'a bougé. On est parti. Ce n'est pas à nous de faire la sécurité."
La police municipale était bien là. Mais elle ne voulait pas assurer seule cette mission. Quant à l'intervention de la police nationale, c'est un peu comme l'éclipse solaire : un phénomène extrêmement rare. Vinci Park n'a pas voulu attendre. Et en partant, la société s'est assise sur des recettes. La communauté urbaine aussi, qui encaissait chaque année 100 000 €.
Au début du malaise, il y a 6 mois, les bénéfices sont tombés à 40 000 €. Aujourd'hui, le parking rapporte à MPM ce que la Grèce rapporte à l'Europe. Tout part dans les poches des intrus. Combien peuvent-ils gagner sur ce parking de 49 places ? 5€ +5€ +5€
pendant toute une journée. Sacré job d'été. Mais au fait : Vinci a-t-il été chassé par ce groupe de jeunes ? Autrement dit, ceux qui soulèvent la barrière ont-ils également actionné le phénomène de délinquance ?
En fait, à la Porte d'Aix, la délinquance est partout. Et depuis longtemps. Lisette Narducci, maire de secteur PS (2e et 3e) s'en arrache presque les cheveux : "La situation ne fait que s'aggraver. Il y a désormais des individus dangereux à la Porte d'Aix. Je suis très inquiète. C'est du jamais vu et on laisse pourrir la situation. J'ai honte quand je vois qu'on est dans la 2e ville de France. La situation était redevenue sereine pourtant quand la police municipale était là mais on a supprimé le dispositif alors que la Porte d'Aix doit être traitée prioritairement. Si la Ville et la préfecture ne font rien, ça ne s'arrangera pas. Mais le préfet dit qu'il ne peut pas mettre des hommes partout. On est devant une gestion irresponsable. Et les habitants sont apeurés."
Quand ils ne sont pas agressés. Alain Dulion fait partie de ceux qui ont croisé les champions du vol à l'arraché. "J'étais parti acheter des vêtements sur la place et un individu, arrivé par derrière, m'a arraché une chaîne en or que j'avais depuis 20 ans et à laquelle je tenais beaucoup. J'ai alors proposé 500 € à un individu pour retrouver le voleur." Alain n'a toujours pas de nouvelle de l'individu. Qui, au passage, était un "souleveur" de barrière auquel Alain avait glissé 5 € pour reprendre sa voiture. C'est qu'il s'était garé, lui aussi, dans le parking fantôme. "C'est en regagnant le parking, à trois mètres de ma voiture, qu'on m'a arraché la chaîne."
Alors récapitulons : parking sauvage, parking dangereux. Et parking horriblement sale. Car s'ils actionnent la barrière, les nouveaux "gestionnaires" n'assurent pas le nettoiement. Et comme ce parking est le royaume des vendeurs à la sauvette, auxquels se sont mêlés les Roms, on se retrouve face à une mini-décharge avec un océan de vêtements invendables et abandonnés. Abandonnés comme le parking où on cultive néanmoins l'esprit marseillais. Car on y fraternise pour à peine 5 €. "Entre frère, entre
"
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