- Résultat des sondages précédents :
Citation :
Quel avenir pour la Wallonie s'il y a séparation ?
8.5 % 14 votes 1. Wallonie indépendante
37.0 % 61 votes 2. Fédération Wallonie-Bruxelles indépendante (= Belgique sans la Flandre)
50.9 % 84 votes 3. Rattachement à la France
3.6 % 6 votes 4. autre (précisez votre réponse)
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- Ci-dessous, un résumé de la situation de l'ami bphenix
Source: ULB
Citation :
La ligne du temps
1830 le 4 octobre 1830, la Belgique proclame son Indépendance en se détachant du Royaume des Pays-Bas.
Elle adopte une Constitution libérale qui proclame les droits et libertés individuels, instaure une monarchie parlementaire et un Etat unitaire. Le droit de vote n'est accordé qu'aux personnes qui paient un certain montant d'impôt (le cens), soit 1% de la population.
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En conséquence, les peuples sont privés de tout droit politique, qu'ils soient Flamands, Limbourgeois, Brabançons, Liégeois, Wallons, Picards, Luxembourgeois, Gaumais, Bruxellois, ...
L'injustice est d'autant moins acceptée par les populations du Nord (Flandres, Anvers, Limbourg, Campine, Liège) car ce sont eux, particulièrement le peuple, qui est à l'origine de la révolution contre les Provinces-Unies, pour des raisons diverses (représentation politique juste, accès aux fonctions régaliennes, charge de la dette publique, ...) mais surtout pour des raisons religieuses (Provinces belgiques catholiques, Pays-bas protestants) et non pour des raisons linguistiques !
Citation :
La bourgeoisie francophone qui domine le nouvel Etat tire grand profit de ses avantages naturels (charbon), géographiques (position centrale en Europe) et politiques (le Gouvernement soutient l'industrie). La Belgique connaît un spectaculaire développement.
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Cette classe dirigeante belge est francophone, où qu'elle soit (Nord, Sud, centre). Les peuples belges sont dirigés par des francophones, que ce soit en Wallonie, à Bruxelles, ou dans les provinces du Nord de la Belgique. Cette classe dirigeante a fui pendant la révolution, et est revenue opportunément lorsque la victoire semblait acquise, pour restaurer "l'ordre" (milices bourgeoises) et prendre le contrôle du nouveau pays, pour son plus grand intérêt, d'où la constitution très libérale et le système de vote qui ne donne le contrôle qu'aux seuls nantis.
C'est une injustice sociale, mais qui a été autant subie par les habitants du Nord de la Belgique qu'au Sud.
Citation :
1831 7 février : adoption de la Constitution.
21 juillet : prestation de serment de Léopold Ier.
1863 Première prestation de serment d'un député en néerlandais.
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Ces autorités belges, francophones du fait de leur statut élevé (ils n'allaient pas parler les divers patois locaux de la basse classe), se heurtent au fait "néerlandais": ils ont voulu former une nation (totalement artificielle) autour d'un Roi, d'un drapeau et d'une langue (le français, langue internationale, diplomatique, et langue des cours royales d'Europe à l'époque). Hors, de leur côté, les Pays-bas, qui connaissaient les mêmes difficultés d'homogénéisations linguistiques depuis longtemps, avaient bien progressé dans cette tâche, en créant une langue nouvelle, mélange de tous les patois parlées aux Pays-bas. Et cette homogénéisation a été bien acceptée par la population des Pays-bas. Aujourd'hui ne subsistent plus que le Limbourg néerlandais, la Zélande et la Frise où on parle encore une langue locale, en plus du néerlandais officiel.
Légende:
# A. Southwestern dialect group (Zeeuws/West-Flemish)
* 1. West-Flemish and Zeeuws-Flemish
* 2. Zeeuws
# B. Northwestern dialect group (Hollands)
* 3. South-Hollands
* 4. Westhoeks
* 5. Waterlands and Volendams
* 6. Zaans
* 7. Kennemerlands
* 8. West-Frisian
* 9. Bildts, Midslands, Stads-Frisian and Amelands
# C. Northeastern dialect group (Low Saxon)
* 10. Kollumerlands
* 11. Gronings and North-Drents
* 12. Stellingwerfs
* 13. Middle-Drents
* 14. South-Drents
* 15. Twents
* 16. Twents-Graafschaps
* 17. Gelders-Overijssels (Achterhoeks) and Urks
* 18. Veluws
# D. Northern-Central dialect group
* 19. Utrechts-Alblasserwaards
# E. Southern-central dialect group
* 20. South-Gelders
* 21. North-Brabants and North-Limburgs
* 22. Brabants
* 23. East-Flemish
# F. Southeastern dialect group
* 24. Limburgs |
Mais les provinces du Nord de la Belgique aux dialectes plutôt germanophones (Flandre, Brabant, Campine, Limbourg) restent imperméables à cette "néerlandisation", toujours pour des raisons religieuses: les écrits en néerlandais sont apportés par des religieux, hors les Belges sont toujours en parfaite opposition à ce sujet avec les Néerlandais: catholiques contre protestants. C'est également pour cela que le Limbourg néerlandais est resté très attaché à sa langue locale, le limbourgeois: ils sont aux Pays-bas, mais le Limbourg néerlandais est très largement catholique.
La classe émergente des peuples du Nord de la Belgique ne peuvent revendiquer tous leurs patois locaux (Ostendais, Gantois, Anversois, Limbourgeois, Plat-Deutsch, Brabançon, Bruxellois, ...). Ils se résignent donc à s'unir, au moins contre les autorités francophones belges, derrière la seule langue néerlandaise, standardisée par leurs ennemis du Nord, les Néerlandais. Il faut donc bien comprendre que c'est à contre-cœur que ces populations vont s'unir officiellement, dans un combat revendicatif politique, derrière une langue qui leur est étrangère.
Notons que la symétrie est alors respectée, puisque les provinces du Sud se voient imposer une autre langue étrangère, celle du pays limitrophe, le français...
Citation :
1873: Première loi linguistique: la procédure pénale doit se dérouler en néerlandais dans les provinces flamandes.
1878: Loi garantissant le bilinguisme de l'administration en Flandre.
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Au lieu de parler de Belgique néerlandophone, puisque ça ne correspond ni à la réalité, ni à l'aspiration de ses habitants, on parle de "Provinces flamandes", même si on inclus là-dedans le Limbourg ou le Brabant du Nord (province d'Anvers).
On peut, bien sûr, défendre qu'à un moment ou l'autre, on a entendu par "les Flandres" tout, depuis Dunkerque jusqu'à Luxembourg, mais là, c'est ouvrir la boite de Pandore...
Les peuples du Nord revendiquent (à juste titre) de pouvoir accéder à la justice et à l'administration dans leur langue (ou au moins une langue étrangère moins différente de la leur que le français) et les autorités belges lâchent du lest: ils renoncent déjà à leur projet de pays unilingue francophone et concèdent ce droit.
Je souligne ici que ce ne sont pas les Wallons ou le peuple bruxellois qui brime les pauvres Flamands, mais les autorités belges (riches, bourgeois, nobles, ...), francophones partout, qui ont tenté le coup de l'homogéinisation linguistique souhaitable pour le pays, et qui y renoncent finalement assez rapidement, face aux revendications légitimes d'une partie de la population.
Note: aujourd'hui, la Région flamande veut justement supprimer ce droit aux Francophones, via la scission brutale, unilatérale, sans concessions et non négociée de l'arrondissement électoral et judiciaire bilingue de BHV, ainsi que via la suppression illégale (contraire à la Constitution) des "facilités" linguistiques concédées aux "minorités" francophones enfermées en Région flamande suite à l'établissement arbitraire et erroné de la "frontière" linguistique en 1963.
Citation :
1878: Vote plural.
Premières élections au suffrage universel masculin tempéré par le Vote plural. Certains électeurs disposent d'un maximum de trois voix en fonction de leur situation familiale, financière et de leur niveau d'études.
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Avec l'ouverture progressive à la démocratie pleine et entière (un homme, une voix), la Belgique fait rentrer au parlement des représentants bien plus à gauche, et issus du peuple. Ce sont donc des grandes quantités de "néerlandophones" et wallons qui arrivent au pouvoir.
Cependant, depuis 1830, les Wallons ont très bien adopté le français, comme on le leur avait demandé. Ils parlent encore divers patois locaux dans les campagnes, mais l'usage du français est très largement adopté, au moins comme seconde langue, et très largement acceptée. C'est pourquoi
Citation :
1898: Loi d'égalité entre langues française et néerlandaise.
Promulgation des lois dans les deux langues qui acquièrent la même valeur juridique.
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Les Wallons ne revendiquent pas du tout la reconnaissance du (des) wallon(s) comme langue officielle légale en Belgique ! Ils ont progressivement changé de langue, ce qui résout leur problème de morcèlement linguistiques. Dorénavant, un Tournaisien peut communiquer avec un Liégeois, un Bruxellois et un Arlonnais via la langue française, adoptée et considérée comme un progrès social (c'est une langue internationale, diplomatique, la langue des Cours d'Europe, disposant d'une grande culture et vaste littérature, ...). Les Wallons maintiennent leurs traditions (Gilles de Binche, Bières typiques, tarte al djote, littérature, chansons ou théâtre populaire, ...) en traduisant en Français, tout en maintenant une certaine forme locale. (Ex: "Bossemans et Coppenolle", "Toine, Maïeur De Trignolles", "Le Mariage de Mademoiselle Beulemans"...).
Citation :
1899: La représentation proportionnelle remplace le scrutin majoritaire.
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On progresse dans la démocratie: on augmente d'office le nombre d'élus "du peuple" dans les assemblées, réduisant encore l'influence des "classes supérieures", toujours francophones partout en Belgique.
Citation :
1912: Lettre ouverte au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre de Jules Destrée
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Célèbre lettre, qui révèle au Roi ce qu'il sait déjà:
Citation :
« laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité: Il n'y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands. Sire [...] Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique, des Wallons et des Flamands ; il n'y a pas de Belges. »
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C'est le constat que la "mayonnaise" belge n'a pas pris, que la politique suivie par les premières autorités belges de former un peuple, une nation, à partir de divers peuples qui se sont retrouvés dans un même "pays" suite à un hasard de l'histoire (Wallons, Liégeois, Luxembourgeois, Bruxellois, Flamands, Limbourgeois pour l'essentiel) autour d'un drapeau, d'un Roi et d'une langue, a échoué. Il y a clairement deux zones linguistiques distinctes en Belgique: au Nord, des provinces aux dialectes divers caractérisés par leurs racines germaniques (flamand occidental, anversois, brabançon, bruxellois, limbourgeois, plat-deutsch), qui ont exigé et obtenu d'être officiellement reconnus comme néerlandophones (mais il n'en est rien). Au Sud, les Wallons, Lorrains, Ardennais, Gaumais, Liégeois, Luxembourgeois, mais aussi Bruxellois, ont bien adopté le français, comme on le leur avait demandé.
A Bruxelles, la situation est particulière, car le peuple y parlait historiquement un dialecte local brabançon, donc aux racines germaniques, mais la classe dirigeante parlait français, et cette population a, elle, adopté très facilement le français qu'avaient imposées les premières autorités belges, du fait de la proximité des administrations belges initiales (donc francophones), de l'aspiration du peuple à l'émancipation sociale représentée par la langue française par rapport aux patois locaux (marollien, brusseleer et bargoensch, entre autres).
Mais bon, on se retrouve dans un pays bilingue... Ok, et alors. Il y en a d'autres, et les Belges du Nord ont obtenu tout ce qu'ils voulaient: justice, administration, enseignement, armée dans leur langue. Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, les dirigeants francophiles de la première heure ayant cédé maintenant le pouvoir aux peuples belges, du Nord comme du Sud.
Pas si simple... Le peuple "flamand" (par extension, ce terme couvre aujourd'hui toutes les provinces officiellement néerlandophones du Nord de la Belgique) n'a pas perçu que les Wallons ou Bruxellois issus du peuple, qui parlent français (depuis maintenant seulement quelques générations) n'ont rien à voir avec les dirigeants initiaux de la Belgique primitive, les classes dirigeantes francophones qui ont confisqué la révolution aux peuples du Nord de la Belgique... Ils persécutent leurs familles dirigeantes historiques (une dernière est la famille Lippens de Knokke) en leur reprochant leur ignorance des langues locales (pas du néerlandais, mais du parler local, encore très variable de nos jours d'une ville à l'autre en Région flamande de Belgique). Ils persécutent également les Flamands (il y en a eu) qui ont suivi les directives de la Belgique primitive, et qui sont devenus bilingues ou même francophiles, tout en gardant leurs racines flamandes (Brel en est un bel exemple). Ils tournent le dos à tout ce qui est écrit en français, même si c'est leur propre littérature, leur propre patrimoine culturel, leur propre identité historique. C'est le début d'une politique populaire de "flamandisation" et de purification linguistique et culturelle, à contre sens de l'histoire, puisque la Flandre (comme les Pays-bas ou l'Angleterre) a une histoire commune avec la langue française.
Citation :
1914-1918: Première guerre mondiale qui divise le mouvement flamand
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Gros gros problème: une légende nait: celle des Flamands qui auraient été commandés par des officiers francophones en français, qui auraient été brimés, envoyés en première ligne, auraient été tués parce qu'ils ne comprenaient pas les ordres, ...
C'est factuellement faux et reconnu comme faut par tous les historiens, même flamands, mais cette légende a la vie dure et fonde un sentiment profond de besoin de revanche contre ces "francophones", vus là encore, comme leurs dirigeants illégitimes. Pour info, à cette époque, les Belges du Sud envoyés comme simples soldats comptaient également dans leurs rangs nombreux pauvres gars qui ne comprenaient pas non plus tout-à-fait le français.
Citation :
1919: Suffrage universel masculin pur et simple
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On supprime le lien du nombre de votes à la richesse ou au niveau d'études. Ca permet d'autant aux élus du peuple de remplacer les derniers dirigeants de l'"ancienne belgique".
Citation :
1926 Naissance du Vlaams Ekonomisch Verbond qui regroupe les patrons flamands
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Le mouvement flamand s'émancipe. Les richesses ne sont plus entre les mains de seuls francophones, et les nouveaux puissants de Flandre veulent marquer le coup. Ils s'organisent donc entre eux, laissant les dirigeants du Sud, pourtant aussi nouveaux qu'eux, pourtant issus du peuple comme eux, pourtant n'ayant rien à voir avec les classes dirigeantes francophones de Flandre d'un siècle plus tôt, de leur côté. Le société civile belge se bipolarise, toujours à l'initiative du Nord, qui poursuit une politique d'ostracisation du francophone (belge, français, bourgeois, noble ou du peuple, flamand ou wallon, ils s'en foutent)
Citation :
1930: Flamandisation de l'université de Gand.
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Toujours cette volonté de purification linguistique et culturelle, même si une université se doit, par nature, d'être universelle et ouverte. Ca ne colle pas avec la logique flamande, donc on "flamandise".
Citation :
1932: Lois linguistiques : l'administration et l'enseignement seront unilingues en Flandre et en Wallonie, bilingue à Bruxelles. Les communes où la minorité linguistique dépasse 30% passent sous statut bilingue
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D'un côté, l'inconscient populaire au Nord assimile la langue française à l'occupation (française) et à l'oppression du peuple (par l'ancienne classe dirigeante flamande, qui était francophone). D'un autre côté, les Belges francophones constatent l'ostracisme appliqué par cette Flandre conquérante à l'égard de ses habitants francophones, y compris flamands, de ses auteurs flamands qui ont écrit en français, de ses universités, etc... La méfiance est de mise. On organise une forme de séparation, d'apartheid: chacun chez soi. Une limite linguistique est instaurée, basée sur des recensements réguliers (tous les 10 ans) et des règles modifient cette limite administrative en fonction des résultats.
Citation :
1936: Percée du parti nationaliste Vlaamsch Nationaal Verbond (VNV).
Le parti catholique s'organise en deux ailes linguistiques.
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Rien n'y fait: le nationalisme flamand vient renforcer une Flandre menaçante et conquérante, qui a déjà conquit toutes les provinces du Nord (Limbourg compris) et veut s'attaquer à Bruxelles.
Citation :
1940-1944: Occupation allemande de la Belgique
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Gros gros sujet. En résumé, le Roi est obligé de capituler car les pelotons néerlandophones de l'armée belge passent à l'ennemi nazi. Hitler joue sur le clivage belge (diviser pour mieux régner) et libère les prisonniers de guerre flamands dès 1941. Les prisonniers de guerre francophones (et Bruxellois) ne seront libérés que par les alliés, en 1945. La Flandre, beaucoup plus germanophile et caressée dans le sens du poil par les Nazis, va collaborer beaucoup plus franchement que la Wallonie (même s'il y a eu de célèbres collabos au Sud aussi). En conséquence, une fois la guerre terminée, la justice passe, et condamne à la mort civile les collaborateurs les plus ardus, principalement flamands, même si des instructions sont données pour équilibrer le nombre de condamnations au Nord et au Sud... Aujourd'hui, un Flamand sur 5 a un ancêtre incivique, et cette tâche reste un ciment fédérateur de la nation flamande. Depuis, la Flandre revendique l'amnistie pour ces collabos flamands. En 1998, ils votent même une pension d'indemnisation aux inciviques flamands, en compensation de leur condamnation injuste, la position de la Flandre étant que la collaboration avec l'Allemagne nazie était parfaitement justifiée par le juste combat nécessaire contre les Francophones.
Citation :
1945: Congrès national Wallon à Liège.
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Face à tout cela, un début de mouvement wallon voit le jour, qui n'aura jamais la force ni la durée du mouvement nationaliste flamand.
Citation :
1949: Les femmes votent aux élections législatives.
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N'importe quoi...
Le Roi Léopold III, qui a capitulé en 1940, qui a été fait prisonnier, qui s'est marié pendant sa captivité et ne s'est pas trop soucié du sort de ses sujets pendant la guerre, envisage de revenir au pays... Mais, prudent, il demande leur avis aux Belges.
Les Flamands, qui ont eu beaucoup de sympathie pour les Nazis et ont beaucoup moins souffert que les autres Belges (libérés en 1941, favorisés comme "peuple frère", ...) votent en majorité pour le retour du Roi.
Les Wallons, eux, votent contre. Au total, le vote est légèrement majoritaire en faveur du retour du Roi. Mais celui-ci, prudent, considère inopportun d'imposer son retour et son règne à un peuple qui n'est pas uniformément et massivement d'accord. Il préfère abdiquer en faveur de Baudouin, son fils, âgé de seulement 20 ans à l'époque.
Cette affaire laisse encore une fois un goût très amer dans l'inconscient commun flamand: ils considèrent que, dans ce pays, lorsque la Flandre dit OUI et la Wallonie NON, même si la Flandre est majoritaire, même si la réponse majoritaire nationale est OUI, c'est le NON qui l'emporte, et que donc, ils sont toujours bien brimés par le francophone, qu'il soit français, belge ou bourgeois flamand. C'est cette question qui va mettre le feu aux poudres quant à l'organisation des recensements linguistiques périodiques qui fixent la limite administrative entre les zones néerlandophones et francophones de Belgique, la Flandre refusant dorénavant d'organiser des consultations populaires à caractère linguistique.
Citation :
1960: L'I.N.R. se divise en R.T.B. et B.R.T.
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La télévision a à peine 8 ans. L'INR (Institut National de Radiodiffusion), qui diffuse sur une même chaîne des programmes en français et néerlandais, doit être "splittée" car rien ne doit rester bilingue dans ce pays, la méfiance entre les communautés étant déjà très exacerbée.
Citation :
1962: Fixation "définitive" de la frontière linguistique. La commune de Fourons passe en Flandre et la commune de Comines en Wallonie
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Sauf que cette "frontière" sera refixée définitivement e 1963...
Fourons, commune de la province de Liège, à 93% francophone, est arbitrairement rattachée à la province du Limbourg, néerlandophone (officiellement car limbourgophone en fait). Rien n'y fera. Des scènes de quasi guerre civile se succéderont dans cette commune pendant des décennies et finalement, les francophones finiront par partir.
A contrario, la commune de Comines, pourtant majoritairement néerlandophone, est rattachée à la Wallonie.
La différence, c'est que la Wallonie respecte ses minorités (germanophones, néerlandophones ou autres) et permet donc à Comines de faire fonctionner une école en néerlandais, une bibliothèque communale en néerlandais, d'organiser des activités culturelles en néerlandais, de conserver son nom en néerlandais, etc... Du coup, les habitants de Comines demandent juste qu'on leur foute la paix car ils vivent très bien, en néerlandais et en Wallonie.
Citation :
1963: Loi sur l'emploi des langues en matières administratives. La Belgique est divisée en quatre régions linguistiques.
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La constitution prévoit que l'usage des langues est libre en Belgique, sauf en matières administratives et judiciaires. On définit donc les zones linguistiques: zone néerlandophone (la Région flamande de Belgique), germanophone (Communauté germanophone de Belgique), bilingue (Région de Bruxelles-capitale) et francophone (Wallonie). A noter que la Wallonie est donc trilingue, vu ses communes germanophones et des communes néerlandophones rattachées à la Wallonie comme Comines, ce qui ne pose aucun problème à personne, que Bruxelles est intégralement bilingue Fr/Nl, ce qui pose des difficultés, car on nomme autant de juges néerlandophones que francophones à Bruxelles, mais 93% de la population y est francophone... Idem pour les "cadres linguistiques" appliqués à la police, aux pompiers, aux administrations, ... Du coup, aujourd'hui, une très importante part des fonctionnaires bruxellois sont des Flamands qui viennent travailler tous les jours à Bruxelles (navetteurs), ce qui pourrait poser des problèmes à terme (frictions entre une police "bruxelloise" flamande et une population bruxelloise francophone, par exemple).
La Région flamande de Belgique est également bilingue, vu les communes à majorité (jusqu'à 93%) situées sur son territoire administratif, vu le caractère bilingue de l'arrondissement judiciaire et électoral de BHV (dont la partie HV est en Flandre), etc... Mais ça, elle ne le supporte pas et viole, systématiquement et de plus en plus, toutes les lois, y compris la Constitution, pour y mettre fin...
Citation :
1964: Fondation du Front Démocratique des Francophones (F.D.F.)
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Les violations des lois, accords intercommunautaires et autres sont tels qu'un parti de défense des droits des francophones belges voit le jour. Il est perçu comme un chancre d'extrémistes par les Flamands, mais lorsqu'on analyse froidement ses thèses et son programme, il ne s'agit que de l'obtention du respect des lois votées et accords passés entre communautés, que la Flandre viole systématiquement sans vergogne, au point d'en émouvoir l'Union Européenne, l'ONU et la presse internationale.
Citation :
1968: "Walen buiten": revendications flamandes pour scinder l'Université de Louvain.
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La flamandisation nécessaire de toute chose n'a pas de limite. On chasse d'une université vieille de centaines d'années les enseignants et étudiants non flamands. La bibliothèque est divisée en deux: les références paires ici, les impaires là, rendant inutilisables de nombreuses œuvres multi-volumes...
Citation :
Naissance du Rassemblement wallon (R.W.)
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Face à ces événements, des radicaux wallons s'organisent en parti. Ils n'iront pas loin: le nationalisme est une caractéristique du Nord en Belgique. Le Sud veut rester "belge" avant tout, même si cette notion n'a plus rien à voir avec ce qu'en comprennent les habitants du Nord. La Belgique unitaire cesse progressivement d'exister. Les premières attaques constitutionnelles apparaissent: violation du principe d'égalité devant la Loi de tous les Belges, respect de la liberté d'emploi des langues, ...
Citation :
1970: Première étape de la réforme de l'état: les fondations du fédéralisme
- Trois communautés culturelles (néerlandaise, française et allemande)
- Trois régions (flamande, wallonne et bruxelloise) sont créées.
Des mécanismes de protection des minorités sont également prévus : pour les Francophones au niveau fédéral et, parallèlement, pour les Flamands au niveau bruxellois. Seule, la communautarisation sera suivie d'effets au cours des années septante.
" L'Etat unitaire est dépassé par les faits. Les communautés et les régions doivent prendre leur place dans des structures rénovées mieux adaptées aux situations spécifiques du pays ".
Prononcé par Gaston EYSKENS, Premier Ministre, à la Chambre des représentants le 18 février 1970.
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Le principe veut que les questions territoriales (routes, urbanisme, ...) sont scindés sur base de circonscriptions territoriales (les Régions), alors que les questions touchant aux personnes (enseignement, culture, santé, ...) sont scindés sur base de compétences communautaires, liée au choix linguistique de la personne concernée.
La Flandre viole le principe par deux fois: elle fusionne immédiatement sa Région et sa Communauté, ce qui pose de réels problèmes: elle a d'une part une compétence territoriale, de l'autre une compétence touchant aux néerlandophones... Du coup, elle décide unilatéralement un principe de territorialité là où ça l'arrange (elle prend le contrôle des écoles francophones en périphérie bruxelloise, malgré la loi qui dit le contraire), et applique le principe inverse à Bruxelles (elle veut contrôler Bruxelles sous prétexte des moins de 7% de néerlandophones qui y habitent).
Deuxième violation, malgré plusieurs décisions juridiques lui donnant tort, elle établi sa "capitale" à Bruxelles, pourtant située hors de son district territorial, toujours en utilisant ses compétences liées aux personnes, alors qu'une Communauté n'a pas, en droit belge, de capitale...
Citation :
1971: Installation des Conseils des communautés culturelles néerlandaise et française
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Citation :
1978: Chute du gouvernement Tindemans incapable d'appliquer le Pacte d'Egmont-Stuyvenberg sur la réforme de l'état
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Citation :
1980: Deuxième étape de la réforme de l'état: la régionalisation
Les régions wallonne et flamande se mettent en place dix ans après leur création. Bruxelles reste "au frigo" faute d'accord sur son statut. Les compétences des communautés sont élargies à des matières sociales dites "personnalisables" parce que leur mise en œuvre implique un contact avec les personnes. Pour cette raison, on ne qualifie plus les communautés de "culturelles".
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Citation :
1984: Installation de la Cour d'arbitrage chargée de trancher les conflits de compétence entre le pouvoir fédéral, les communautés et les régions.
Installation de la Communauté germanophone
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Citation :
1986: Annulation par le Conseil d'Etat de la nomination du bourgmestre de Fourons José Happart
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José Happart, agriculteur de Fourons, est élu par la majorité francophone des habitants. Mais la loi imposant que les conseils communaux se tiennent en néerlandais (exclusivement) en Flandre, l'autorité flamande lui demande de prouver sa connaissance du néerlandais. Cette condition n'étant nulle-part précisée dans le droit belge, en tout cas dans les conditions d'éligibilité, un gros conflit linguistique vient encore se greffer sur cette commune rattachée à la Flandre contre la volonté clairement exprimée de sa population et la logique géographique. José Happart ne parviendra jamais à exercer son mandat, ce qui démontre qu'en Flandre, déjà à l'époque, le droit des gens, même le droit politique, est bafoué au nom du "droit du sol" et de l'intérêt supérieur flamand.
Citation :
1989: Troisième étape de la réforme de l'état:
Approfondissement de la communautarisation et de la régionalisation.
L'enseignement est transféré aux communautés et les compétences régionales s'élargissent aux travaux publics et aux transports. Le système de financement est profondément remanié afin de rendre communautés et régions plus responsables. Flamands et Francophones s'accordent pour organiser la Région de Bruxelles-Capitale (avec neuf années de retard sur les deux autres régions). Une loi dite de "pacification communautaire" définissant les connaissances linguistiques exigées des élus locaux est adoptée pour régler l'affaire Happart.
[quote]1989: Mise en place de la Région de Bruxelles-Capitale
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... que la Flandre continue de refuser de reconnaître comme Région à part entière, malgré les lois qu'elle a contribué à voter et la Constitution qui le précise...
Citation :
1993: Accords "de la St-Michel" sur la poursuite de la réforme de l'Etat
Quatrième étape de la réforme de l'état:
L'accomplissement du fédéralisme
La Constitution proclame officiellement que la Belgique est un état fédéral. Les Parlements communautaires et régionaux ne sont plus composés de parlementaires fédéraux, mais de personnes élues directement au départ des régions linguistiques. Le Sénat est transformé en assemblée censée représenter les communautés et régions. De nouvelles compétences sont à nouveau octroyées aux communautés et régions qui interviennent désormais dans les relations internationales. La Communauté française transfère certaines de ses compétences à la Région wallonne et, pour ce qui concerne Bruxelles, à la Commission communautaire française.
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En résumé, dans le passé lointain de l'histoire de la Belgique, on trouve les racines du mal: la non-nation belge, la confiscation de la révolution par la classe dirigeante francophone, les "hasards" de l'Histoire qui ont mis dans même pays des peuples divers.
Plus tard, malgré l'obtention (peut-être pas simple) de leurs droits, les "Flamands" continuent à nourrir des fantasmes de persécution à l'égard des Francophones. Ceux-ci sont persécutés dans leurs droits les plus fondamentaux (droit de vivre en français en Belgique, droit d'être élu, en tant que Francophone, dans une commune très majoritairement francophone, ...) pour arriver aujourd'hui à des extrêmes totalement inadmissibles, qui font clairement penser qu'un parallèle entre les comportements flamands actuels existe avec les pratiques allemandes à l'égard des Juifs dans les années 30, avec les pratiques de l'apartheid en Afrique du Sud, ou avec les discriminations internes qui ont provoqué l'explosion de la Yougoslavie.
Le problème n'est pas linguistique. Il est pseudoethico-politico-culturel, l'aspect linguistique étant le plus facile à voir au premier abord. Et il n'est pas du tout symétrique, les attaques et revendications venant toujours du Nord, en réponse à des brimades légendaires remontant à d'autres temps...
- Quelques liens pour comprendre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Situa [...] a_Belgique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Probl [...] n_Belgique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Francisation_de_Bruxelles
http://fr.wikipedia.org/wiki/Front [...] n_Belgique
Elections législatives fédérales belges de 2010
La N-VA devient le premier parti flamand, tandis que le PS est le premier parti francophone.
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