Il a été arrêté dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X le 8 juillet et dirigée par des juges d'instruction spécialisés de Paris, après une enquête préliminaire de la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris.  
 
Elle vise notamment le «refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi», la complicité de délits et de crimes qui s'organisent sur la plateforme (trafic de stupéfiants, pédopornographie, escroquerie et blanchiment en bande organisée) et «la fourniture de prestations de cryptologie visant à assurer des fonctions de confidentialité sans déclaration conforme». Les investigations sont confiées au centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et l'office national anti-fraude (Onaf).

Accompagné de son garde du corps et de son assistante, le fondateur milliardaire russe de la messagerie, âgé de 39 ans, avait fait l’objet d’une spectaculaire interpellation, samedi soir, dans l'aérogare du Bourget (dans le nord de Paris), en vertu d'un mandat de recherche français, puis placé en garde à vue. Pavel Durov arrivait alors de Bakou, en Azerbaïdjan, et devait passer au moins la soirée à Paris, où il avait prévu de dîner.

Ce samedi 24 août, retour à la réalité. L'homme d'affaires, volontiers parano, qui aime brouiller les pistes, à peine arrivé à 17 h 32 sur le sol français à bord de son jet, un Embraer Legacy 600, capable de pointes à 980 kilomètres-heure, a été arrêté.  
 
Un dîner parisien pour cet admirateur de l'architecture du Grand Palais, habitué du Plaza Athénée, du Ritz ou encore du Bristol, en présence de son amie Yulia Vavilova, influenceuse en cryptomonnaie, passionnée de piano et qui parle aussi bien russe, espagnol, anglais qu'arabe, après quelques jours passés notamment en Asie centrale..
 
 Au Kazakhstan, le duo avait multiplié les séances de tir à la carabine, s'était ému de la «  majestueuse Astana  », avait flâné le long du parc Panfilov, à Almaty, avant de se perdre dans le canyon de Charyn, à la frontière chinoise.
 
En Ouzbékistan, Pavel Durov avait reconnu être impressionné par la riche histoire de Samarcande et, au Kirghizistan, était monté à cheval dans les monta-gnes surplombant le lac Lessik. En Azerbaïdjan, dernière étape de sa folle escapade dans l'est de l'Europe, Durov avait eu moins de chance. Résidant au Four Seasons, celui qui n'a toujours pas remis un pied dans sa Russie natale depuis 2014 a manqué rencontrer Vladimir Poutine, alors en visite officielle en Transcaucasie orientale. Mais le rendez-vous n'a pas eu lieu, le chef du Kremlin l'ayant, selon la Pravda et le journal -azerbaïdjanais Turan, refusé. Quel-ques heures plus tard, le fondateur de Telegram s'envolait pour Paris, où il a été appréhendé.

ce dossier a franchi une étape décisive début août lorsqu’un officier de police judiciaire, sous le contrôle d’Elsa Evrard, vice-présidente chargée de l’instruction au tribunal judiciaire de Pontoise, a signé une réquisition pour obtenir les données d’identification des auteurs d’un canal Telegram, aujourd’hui fermé. Cette réquisition a été envoyée aux îles Vierges britanniques, là où la messagerie est enregistrée. L’information ouverte « contre X » énumère une longue liste d’infractions, qui, faute de coopération satisfaisante avec les autorités françaises, a pu conduire à cette arrestation « pour complicité », samedi 24 août au Bourget, selon TF1. L’intéressé, visé par un mandat de recherche de l’office mineurs (OFMIN), est depuis en garde à vue.
le parquet de Paris confirme ces informations, en indiquant que les magistrats instructeurs avaient en amont « cosaisi le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et l’Office national anti-fraude (ONAF) de la poursuite des investigations ».

Après quatre jours de garde à vue, Pavel Dourov, fondateur et patron de la messagerie cryptée Telegram, a été mis en examen à Paris mercredi soir par deux juges d'instruction pour une litanie d'infractions relevant de la criminalité organisée, a annoncé la procureur de Paris Laure Beccuau dans un communiqué. L’entrepreneur de 39 ans a été remis en liberté avec un lourd contrôle judiciaire ; celui-ci prévoit l'obligation de remettre un cautionnement de 5 millions d'euros et de pointer au commissariat deux fois par semaine, et l'interdiction de quitter le territoire français.

Las! L'amitié ne paie pas. Le 24 août, donc, Macron n'était pas dans la confidence de l'arrestation imminente de Dourov. C'est Xavier Niel, le magnat des télécoms, -que le Russe avait demandé à joindre lors de sa garde à vue-, qui a annoncé la nouvelle au Président. Le parquet de Paris avait tout fait pour rester sous les radars afin d'éviter les pressions, et ça a marché.
Le Canard Enchaîné, septembre 2024

Selon nos sources, cette coopération bénéficie à tous les pays européens qui sont au sein d’Eurojust. Ainsi, la Belgique aurait pu obtenir des réponses à ses réquisitions concernant un groupe Telegram ayant commandité près d’une centaine d’assassinats. Même la justice américaine aurait demandé à bénéficier du nouvel état d’esprit de Telegram.  
 
10.000 procédures auraient déjà été recensées par la justice française, dont une centaine émanant de la seule gendarmerie et une dizaine de l’«office mineurs». D’autres sont encore en attente en provenance d’autres pays, y compris de Corée. De quoi étayer le dossier. D’autres personnes que Pavel Durov pourraient être impliquées dans les mois prochains.
https://www.lefigaro.fr/actualite-f [...] v-20240920