preuves americaines a l'appuis...
VIENNE (Reuters) - Quelques heures et une connexion à internet ont suffi aux inspecteurs en désarmement de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour réaliser que les documents anglo-américains censés prouver la reprise du programme nucléaire irakien étaient fabriqués de toutes pièces, apprend-on lundi de source anonyme mais haut placée à l'AIEA.
Ainsi les documents qui tenaient ainsi pour acquis que l'Irak avait tenté d'acheter 500 tonnes d'uranium au Niger étaient si grossièrement falsifiés que le haut fonctionnaire français de l'AIEA qui les a consultés en est "resté bouche bée".
"Quand les experts ont commencé à les étudier avec un oeil critique, les choses ont commencé à se détricoter", dit-on de même source, en estimant que les efforts minutieux déployés à cette occasion "aurait été exercés plus utilement ailleurs".
Les Etats-Unis ont accusé l'Irak l'an dernier d'avoir ressuscité son programme nucléaire sur la foi d'un rapport de la CIA affirmant que Bagdad serait en mesure de fabriquer une bombe atomique dans un délai d'un an.
George W. Bush avait estimé cette hypothèse crédible et l'avait incorporée dans son discours sur l'état de l'Union, en janvier, menaçant de désarmer lui-même le régime de Saddam Hussein si les Nations unies ne prenaient pas le problème à bras-le-corps, alors que les inspecteurs de l'Onu étaient déjà à l'oeuvre sur le terrain.
Toute tentative d'acquisition d'uranium par l'Irak, si elle avait été prouvée, serait revenue à un aveu qu'il possédait des armes atomique car cela aurait été pour lui l'unique intérêt d'acquérir ce métal. A l'époque des accusations américaines, le Niger avait démenti toute fourniture d'uranium à l'Irak.
FAUSSE SIGNATURE DU PRESIDENT DU NIGER
Lorsque l'AIEA a enfin eu accès aux "preuves" brandies par les Etats-Unis - cela a pris des mois - le physicien nucléaire français Jacques Bautes, chef du bureau de vérification du programme nucléaire irakien, s'est rapidement rendu compte qu'elles étaient forgées de toutes pièces.
Deux documents étaient particulièrement suspects, dont une lettre du président nigérien actuel qui se référait à ses pouvoirs aux termes de la Constitution de 1965, alors que celle-ci était caduque depuis quatre ans. En outre la signature du chef de l'Etat avait été visiblement imitée.
Une autre lettre se référant à l'uranium, datée d'octobre 2000, était censée émaner du ministre des Affaires étrangères Alle Elhadj Habibou, qui n'occupe plus ces fonctions depuis...1989. Elle portait de surcroît l'en-tête du Conseil militaire suprême dissous en 1999.
Après avoir fait confirmer par des experts que ces documents étaient bien faux, l'AIEA a demandé aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne s'ils disposaient d'autres preuves que l'Irak avait tenté de se procurer de l'uranium. Les deux pays ont répondu par la négative.
Le directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed ElBaradeï, a informé début mars le Conseil de sécurité que ces documents étaient des faux et que 218 inspections dans 141 sites potentiels sur une période de trois mois s'étaient révélés vaines.
Le vice-président américain Dick Cheney a répété la semaine dernière les accusations américaines sur la détermination irakienne à se doter de l'arme nucléaire, en ajoutant que ElBaradei se trompait.
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