Un copie-coller de yahoo:
mardi 16 mars 2004, 22h49
La France menacée par un mystérieux groupe islamiste
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PARIS (Reuters) - Un groupe islamiste menace la France et les intérêts français à l'étranger d'attentats, cinq jours après le massacre de Madrid imputé au réseau Al Qaïda, a annoncé mardi le gouvernement.
Ce groupe se faisant appeler "les serviteurs d'Allah le puissant et le sage" a adressé une lettre au chef du gouvernement dans un courrier envoyé à plusieurs journaux et signé d'un commando Movsar Baraïev.
Ces menaces, qui semblent signées du nom du chef du commando islamo-tchétchène à l'origine de la prise d'otages du théâtre de Moscou en octobre 2002, ont été prises très au sérieux par les services antiterroristes, dans l'attente de leur évaluation.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a déclaré dans la soirée sur France 2 que la France prenait "au sérieux" les menaces islamistes à son encontre mais qu'il ne fallait pas céder à "la panique".
"Nous sommes aujourd'hui en situation d'autorité face à ces questions de terrorisme, donc il faut les prendre au sérieux. Mais surtout qu'il n'y ait pas de panique", a-t-il dit.
Jean-Pierre Raffarin a néanmoins précisé que la menace reçue mardi était "plus structurée qu'à l'ordinaire", raison pour laquelle les autorités la traitaient "avec sérieux".
LOI SUR LE VOILE
Une enquête en flagrant délit a été confiée à la brigade criminelle, a précisé le parquet de Paris.
Le groupe islamiste "Les serviteurs d'Allah le puissant et le sage" menace de "plonger la France dans le terreur et le remords" en raison de l'adoption de la loi interdisant le voile à l'école, a dit à Reuters le directeur adjoint de la rédaction du Parisien.
"Nous allons plonger la France dans la terreur et le remords et faire déborder le sang au-delà de vos frontières", indique le communiqué, selon Jacques Esperandieu.
"Ils disent en gros 'vous vous croyiez à l'abri à cause de votre position sur l'Irak mais la France n'est plus du tout à l'abri depuis le 10 février'", date du vote par l'Assemblée nationale de loi, qui a été définitivement adoptée le 3 mars.
Cette lettre de deux pages rédigée en français et postée à la poste principale de la rue du Louvre, à Paris, a été reçue mardi matin par Le Parisien et Le Monde.
L'existence de ces menaces a été révélée dans l'après-midi par le ministère de la Justice puis confirmée un peu plus tard par celui de l'Intérieur.
"Un groupe se faisant appeler les serviteurs d'Allah le puissant et le sage a adressé aujourd'hui au chef du gouvernement français, par l'intermédiaire du journal Le Parisien, un communiqué comportant des menaces d'attentats, tant sur le territoire national qu'au préjudice de nos intérêts à l'étranger", a déclaré une porte-parole de la Chancellerie.
DIATRIBES D'AL QAIDA CONTRE LA FRANCE FIN FEVRIER
"Dès réception de ce document, le procureur de la République de Paris a ouvert une enquête qu'il a confiée aux services de police spécialisés", a-t-elle ajouté.
"Le Parisien avait décidé de ne pas rendre publique la lettre tant que l'authenticité et la crédibilité n'étaient pas avérées", a précisé Christian de Villeneuve, directeur de la rédaction du Parisien.
En milieu de journée, le président Jacques Chirac avait déclaré que la France n'était pas "à l'abri d'actes terroristes" mais qu'elle n'était pas "visée spécifiquement".
Lors d'une conférence de presse à l'Elysée avec le chancelier allemand Gerhard Schröder, le chef de l'Etat avait appelé les Français à la "vigilance".
Il a rappelé que les dispositifs d'alerte, de contrôle et de sécurité étaient renforcés depuis vendredi dans le cadre du plan Vigipirate.
Ce plan a été porté au niveau rouge - qui vise à prévenir des attentats graves - dans les gares et les aéroports français à la suite des attentats de Madrid, qui ont fait 201 morts et près de 1.500 blessés.
Les experts antiterrotistes pensaient depuis quelques semaines que la France pourrait être une cible du terrorisme islamiste non pour son attitude envers l'Irak, où elle s'est clairement démarquée des Etats-Unis, mais pour sa récente loi interdisant le voile islamique à l'école.
PROCES DE TROIS ISLAMISTES
Le 24 février, deux semaines après l'adoption de cette loi à l'Assemblée nationale - elle a été définitivement votée par le Parlement le 3 mars -, Paris s'était en effet retrouvé au coeur des diatribes d'Al Qaïda.
Dans une cassette audio diffusée par la chaîne de télévision Al Arabia, Ayman al Zaouahri, considéré comme le bras droit d'Oussama ben Laden, avait accusé Paris de participer à la "croisade haineuse" des Occidentaux contre l'islam en interdisant aux jeunes musulmanes de porter le voile en classe.
La grande majorité des messages attribués à Al Qaïda se concentraient jusqu'alors sur les pays ayant participé ou soutenu l'opération américaine en Irak - Espagne, Grande-Bretagne et Italie notamment.
"La France est le pays de la liberté qui défend la liberté d'exposer son corps, d'être immoral et dépravé", pouvait-on entendre sur l'enregistrement attribué à Ayman al Zaouahri.
Ayman al Zaouahri, chef de file du mouvement égyptien des Frères musulmans, aurait trouvé refuge, de même qu'Oussama ben Laden, dans les zones tribales entre l'Afghanistan et le Pakistan.
Le Parti des Musulmans de France, tête de proue de la campagne contre l'interdiction du port à l'école de signes religieux ostentatoires, a condamné la menace adressée au Premier ministre "si elle s'avère réelle".
Dans un communiqué, le PMF réaffirme son intention de combattre "cette loi liberticide" tout en condamnant "cet odieux chantage que seuls les ennemis de la liberté peuvent imaginer proférer". Il met par ailleurs en garde contre toute tentation d'amalgame entre Musulmans et terrorisme.
Mercredi s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris le procès de trois islamistes, dont deux Français, accusés d'avoir fréquenté des camps d'entraînement pakistano-afghans ou recruté des combattants.
Parmi les prévenus figure David Courtailler, alias "Daoud", un Savoyard de 28 ans converti à l'islam, qui aurait rencontré dans une mosquée de Madrid en novembre 1998 Djamel Zougam, principal suspect parmi les cinq hommes interpellés après les attentats de jeudi dans la capitale espagnole.
Il comparaîtra libre, en compagnie d'un autre Français, Ahmed Laidouni, et de l'Algérien Mohamed Baadache, soupçonné d'être un volontaire afghan.