Citation :
1- La faillite de leuro et de la BCE
La faillite économique de leuro et de la BCE nest pas due à lincompétence de ceux qui les ont gérés, mais à leur nature même.
Avec leuro, nous avons en effet délégué notre pouvoir monétaire à des banquiers centraux représentant les détenteurs dactifs financiers. En même temps, avec le pacte de stabilité et les conditions du traité de Maastricht, nous avons perdu notre capacité dintervention budgétaire (déficit limité à 3 % du produit intérieur brut).
Dépossédés de la monnaie et du budget, nous avons ainsi perdu notre souveraineté économique, cest-à-dire notre souveraineté nationale. Ce qui sest passé depuis lors montre bien au profit de qui : des créanciers et des rentiers. Pourquoi ? Parce que dans le système que nos dirigeants de droite et de gauche ont eu le tort daccepter, la stabilité monétaire et des taux dintérêt réels élevés (par rapport à une inflation faible ou quasi nulle) leur ont constamment profité. Qui sont ces créanciers et ces rentiers ? Certains intérêts français et européens, mais surtout les puissances financières - loligarchie - qui contrôlent la mondialisation actuelle. Celles-ci ont bénéficié de la libération absolue des flux de capitaux, qui leur permet dinvestir sur les marchés les plus rentables, dont elles peuvent sortir à tout moment. Elles ont pu ainsi exiger une « rentabilité de lactionnaire » de 15 % par an ou même davantage, incompatible avec toute activité productive à long terme, notamment avec la construction dinfrastructures. Cest pourquoi le plan Delors de grands travaux européens a échoué, bien quil ait été trop limité : il ny a pas dargent pour le long terme lorsque la priorité est le gain à court terme. Le plan Delors était conçu la tête en bas ! Ayant accepté de tomber dans ce piège, que nous est-il resté pour défendre la vie économique de notre pays ? Quatre choses qui ont atténué les effets de la situation à court terme tout en laggravant à moyen et long terme : a) une baisse de notre fiscalité en faveur des capitaux financiers et des revenus élevés, pour quils naillent pas se placer ailleurs ; b) une suppression progressive de nos avantages sociaux et une baisse du pouvoir dachat de nos salaires, pour « demeurer compétitifs » ; c) emprunter pour conserver un minimum dinfrastructure (TGV...), gérer progressivement notre chômage, notre baisse du pouvoir dachat salarial et la délocalisation de nos productions, tout en promouvant chez nous la création demplois de services faiblement rémunérés par un abaissement des charges patronales ; d) en même temps, comme les autres pays du monde, nous avons artificiellement maintenu notre niveau de vie en achetant au détriment de la main doeuvre chinoise dans lhabillement, léquipement des ménages (TV, ordinateurs, réfrigérateurs...) et certains produits alimentaires. Ceux-ci, de qualité relativement moindre mais dun prix inférieur, se substituent progressivement aux produits français ou européens. (Plus des deux tiers des produits importés par la Chine sont incorporés dans les biens quelle réexporte, ce qui prouve que nous achetons lexploitation de sa main doeuvre, qui travaille jusquà 90 heures par semaine, pour un salaire de 30 à 200 euros et sans contrat de travail ni protection sociale.)
Cest ce système, géré par leuro et la BCE, qui nous ruine, car il défavorise systématiquement les entrepreneurs, les jeunes et les salariés qui font la croissance, pour pouvoir servir les créanciers et les rentiers. En clair, la BCE et leuro constituent un système dusure.
Il ne peut de toutes façons pas continuer ainsi pour au moins cinq raisons essentielles : a) Les capitaux financiers à la recherche de bas salaires, dune faible imposition et dinstruments spéculatifs (immobilier, tourisme...) sont dabord allés se placer en Espagne, en Grèce, en Irlande et au Portugal, au détriment des salaires et des économies française et allemande. Aujourdhui, ils désertent les pays européens en faveur des pays de lEst et des pays asiatiques, avec pour résultat un appauvrissement global de léconomie européenne et mondiale, car ils sinvestissent dans des régions sans infrastructure de soutien humaine ou physique (école, hôpital, laboratoire, transports, eau potable, etc.), quils ne financeront pas eux-mêmes car ces infrastructures ne sont pas, par nature, rapidement « rentables ». b) Dans les pays où ces capitaux sinvestissent, notamment en Chine, les déséquilibres internes deviennent énormes (intérêts des producteurs agricoles contre intérêts des travailleurs urbanisés) et des conditions de travail inhumaines (mines de charbon, construction dinfrastructures...) ne sont légitimement plus tolérées. c) Non seulement la réduction du pouvoir dachat et la baisse des salaires deviennent intolérables en Europe, mais elles ne permettront bientôt plus dacheter les productions des pays de lEst et de Chine, dont les prix augmentent fatalement. Une économie de services et la société post-industrielle que nous sommes devenus ne peuvent à moyen terme se suffire à elles-mêmes car elles nengendrent plus les découvertes améliorant et transformant la nature. d) Notre infrastructure nest plus bâtie ni entretenue (par exemple, les voies de chemin de fer inter-régionales, la recherche, lhôpital...). e) Notre capacité dendettement public atteint ses limites pour financer un simple traitement social du chômage ou des expédients économiques, même sils visent à maintenir notre infrastructure ou lactivité de certains de nos producteurs.
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