Zapan77 a écrit :
bonjour tt le monde, Un petit message pour rappeler que l'idée des biocarburants peut paraitre interessante, mais qu'un engouement trop important aura (et a déjà) des répercussion assez importante. Voici un premier article interessant sur les effets pervers d'un engouement trop important :
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Et voici un second article (même si l'aspect biocarburant n'en est qu'une petite partie que j'ai mis en gras).
ARTICLE TIRE DU COURRIER INTERNATIONNAL N°828, Page 61.
On navait pas connu cela depuis trente ans : les stocks de céréales nassurent plus que cinquante-sept jours de nourriture à la population mondiale. La réduction dramatique de lapprovisionnement alimentaire risque de plonger le monde dans la plus grave crise quil ait connue depuis trente ans. De nouvelles statistiques montrent que les récoltes de cette année seront insuffisantes pour nourrir tous les habitants de la Terre, pour la sixième fois depuis sept ans. Les hommes ont jusquici mangé à leur faim en prélevant sur les stocks constitués durant les années de vaches grasses, mais ceux-ci sont désormais tombés au-dessous du seuil critique.
En 2006, selon les estimations de lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) et du ministère américain de lAgriculture, la récolte de céréales diminuera pour la deuxième année consécutive. Selon la FAO, elle dépassera à peine 2 milliards de tonnes, contre 2,38 milliards en 2005 et 2,68 milliards en 2004, alors que lappétit de la planète ne cesse de croître, à mesure que sa population augmente. Les estimations du gouvernement américain sont encore plus pessimistes : 1 984 milliards de tonnes, soit 58 millions de tonnes de moins que la consommation prévue pour cette année. Les stocks alimentaires sont passés dun niveau suffisant pour nourrir le monde pendant cent seize jours en 1999 à cinquante-sept jours seulement à la fin de cette saison, bien en deçà du niveau officiel de sécurité [soixante-dix jours]. Les prix ont dores et déjà grimpé dau moins 20 % cette année.
La production a baissé dans les pays riches
La crise qui se dessine est passée largement inaperçue parce que, pour une fois, les récoltes ont chuté dans les pays riches comme les Etats-Unis et lAustralie, qui, en temps normal, sont exportateurs de denrées alimentaires, et non dans les pays les plus affamés du monde. Aussi, ni lAfrique ni lAsie nont-elles souffert de grande famine. Leffet du déficit se fera sentir progressivement, lorsque les populations pauvres ne pourront plus acheter des aliments devenus trop chers, ou lorsque leurs propres récoltes baisseront. A travers le monde, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim.
De 1950 à 1990, les rendements céréaliers ont plus que doublé, et la production est passée de 630 millions à 1,78 milliard de tonnes. Mais, depuis quinze ans, les rendements progressent bien plus lentement, et la production atteint péniblement 2 milliards de tonnes. Les paysans ont obtenu un résultat extraordinaire en triplant quasiment la récolte mondiale, note Lester Brown, qui préside actuellement lEarth Policy Institute, un institut de recherche respecté de Washington. En une seule génération, ils ont presque doublé la production céréalière par rapport aux 11 000 années qui avaient précédé, depuis le début de lagriculture. Mais maintenant, le ressort est cassé. Outre lamélioration des rendements, une autre méthode traditionnelle pour doper la production consiste à agrandir la superficie des terres arables. Mais cela nest plus possible. A mesure que la population saccroît et que les terres cultivables servent à la construction de routes ou de villes et sépuisent en raison de la surexploitation , la quantité de terres disponible pour chaque habitant de la planète diminue. Elle a chuté de plus de moitié depuis 1950 [de 0,23 à 0,11 hectare par personne]. Pourtant, la production alimentaire permettrait de nourrir correctement tout le monde si elle était bien distribuée. Certes, les habitants des pays riches mangent trop et ceux des pays pauvres pas assez. Mais des quantités énormes de céréales servent également à nourrir les vaches et les voitures. A mesure que les gens senrichissent, ils consomment plus de viande, et les animaux dabattoir sont souvent nourris au grain. Ainsi, il faut 14 kilos de céréales pour produire 2 kilos de buf, et 8 kilos de céréales pour 2 kilos de porc. Plus dun tiers de la récolte mondiale sert ainsi à engraisser les animaux.
Les voitures sont devenues un autre sujet de préoccupation, depuis que lon encourage la production de carburants verts pour combattre le réchauffement climatique. Une ruée vers le maïs sest déclenchée aux Etats-Unis, avec lutilisation dune partie de la récolte pour produire un biocarburant, léthanol grâce aux subventions considérables du gouvernement Bush qui voudrait de cette façon contrer les critiques concernant son refus de ratifier le protocole de Kyoto. Un seul plein déthanol pour un gros 4 x 4, rappelle Lester Brown, nécessite autant de céréales quil en faut pour nourrir une personne pendant une année entière. En 2006, la quantité de maïs américain utilisée pour fabriquer du carburant sera égale à celle vendue à létranger. Traditionnellement, les exportations américaines contribuent à nourrir cent pays, pour la plupart pauvres.
A partir de lannée prochaine, le volume consommé par les automobiles américaines sera supérieur à celui des exportations, et la part disponible pour nourrir les pays pauvres risque bientôt de se réduire. Les usines de production déthanol existantes ou en projet dans lIowa, la grande région céréalière des Etats-Unis, absorberont pratiquement toute la récolte de cet Etat. Les pauvres affamés seront alors mis en concurrence avec les propriétaires de voitures. Un combat perdu davance, si lon considère quils consacrent déjà 70 % de leurs maigres revenus à la nourriture.
Fabriquer des voitures moins gourmandes et manger moins de viande atténuerait le problème, mais la seule solution à long terme est de permettre aux pays pauvres et particulièrement à leurs populations les plus défavorisées daccroître les cultures vivrières. Le meilleur moyen dy parvenir est dencourager les petits paysans à privilégier des cultures respectueuses de lenvironnement. Les études menées par luniversité de lEssex montrent que cela permet de doubler les rendements. Mais le monde doit prendre conscience de lurgence de la situation. Nous sommes au bord du gouffre, met en garde Lester Brown. LHistoire juge les dirigeants sur leur capacité à faire face aux grands problèmes. Et pour notre génération, le grand problème risque fort dêtre la sécurité alimentaire.