A moins d'une semaine du référendum, voici quelques raisons de voter Oui.
Le rêve européen s'incarne autour de deux grandes idées : la Paix pour tous et la Réussite pour chacun. Le premier objectif a été atteint mais doit être poursuivi, le second reste à construire. Il est immense et reste très largement à élaborer; Raison de plus pour s'atteler à la tâche sans tarder.
Pour commencer, il nous faut un engagement qui créera une véritable union, et non un ensemble de 25 politiques et économies différentes qui s'entremêlent, s'observent et se défient. Il nous faut un engagement qui s'adresse à tous et avant tout aux jeunes qui revendiquent plus que tous un droit pour un avenir de paix, d'échanges, d'ouverture et donc d'équité. C'est là qu'intervient la Constitution. C'est l'outil de décision et d'action de l'Europe de demain. Une Europe qui ait une vraie dimension internationale, une vraie légitimité pour nos enfants, une vraie protection politico-économique. Si l'Europe d'aujourd'hui est fragile, sans envergure et coûte cher, c'est par ce qu'elle n'a pas les moyens de s'organiser et d'agir.
Pourquoi faut-il aller vite ?
En dehors de l'Europe, trois grands blocs se partageront le monde économique de demain. Les USA qui ont pris une sérieuse avance; Ils constituent la première puissance et veulent le rester (une Europe dispersée les arrange...); Le continent asiatique (Inde et Chine en tête) arrive en force et veut rattraper des siècles de domination; Les marchés européens sont et seront leur premier terrain de jeux. Enfin, la Russie se réveille peu à peu et a l'intention de se faire entendre. l'Europe doit définir très vite le rôle qu'elle occupera demain et qu'elle devrait déjà occuper depuis de nombreuses années. N'accumulons pas les retards... !
D'autre part, nous savons tous que la mondialisation n'est plus un leurre mais une réalité qui va bousculer tous les pans de notre économie. En schématisant, les pays "développés" mèneront le secteur tertiaire et les pays en voie de développement ou sous-développés domineront la fabrication des produits manufacturés. Avec ou sans l'Europe, cette dérive est inéluctable et s'est d'ailleurs déjà amorcée. Ce que nous ne savons pas, c'est combien de temps les pays européens pourront rester dans la course du développement; une course qui n'est ni plus ni moins que la survie de leur économie.
L'enjeu de l'Europe c'est aussi de conduire rapidement chacun de ses membres vers plus de formation, plus de création, plus d'initiative et de développement, plus de recherche, plus d'environnement propice à l'innovation. L'entreprise de demain doit créer encore plus de valeur et a donc besoin d'un environnement qui la stimule. L'Europe doit être prête. Ne perdons pas de temps, il est trop précieux !
Une économie forte.
L'Europe d'aujourd'hui, bien qu'étant devenue une puissance économique et monétaire n'est pas encore une puissance politique. Une Europe handicapée par l'absence à sa tête d'un véritable responsable, identifié et disposant des moyens d'être efficace. On ne peut conduire un ensemble de 25 pays pesant 460 millions d'habitants avec un système de présidence tournant tous les six mois, et de surcroît à temps partiel puisque cumulable avec des responsabilités nationales (le traité de Nice doit être corrigé).
La Constitution va doter l'Europe d'une présidence politique stable et responsable.
"Je crois à la primauté du politique car dans l'Europe que j'imagine, pas un Commissaire européen, fût-il anglais, ne pourra dire à neuf ministres de l'Industrie à propos du textile « on a le temps » alors que nos industriels sont en train de disparaître. D'ailleurs, quand nos intérêts vitaux sont en jeu ce n'est pas M. LAMY, quelles que soient ses compétences, qui doit représenter l'Europe à l'OMC. C'est le Président élu de l'Union qui n'hésitera pas à taper du poing sur la table car il saura, lui, qu'en démocratie, chaque responsable doit être prêt à rendre des comptes et qui, investi, de la légitimité de représenter 460 millions d'habitants, parlera vraiment en leur nom.
Il est désormais venu le temps d'affirmer que la concurrence en Europe, si elle est saine et loyale n'est en rien contradictoire avec l'affirmation d'une volonté industrielle de la France. Si nous avons voulu l'Europe c'est pour être plus forts face à l'Asie, à l'Inde, à la Chine, aux Etats-Unis, pas pour rester les bras ballants devant l'explosion des importations du textile chinois." nous dit Sarkozy.
Avec la constitution, l'Europe aura les moyens de devenir la première puissance économique du monde. L'Europe, capable de garantir le droit à la réussite pour chacun, doit affirmer sa volonté plus fortement.
L'Europe politique
Un président qui ne soit pas en même temps chef dEtat dun pays de lUnion, pour ne pas confondre les intérêts. (I-22.1) : « Le Conseil européen élit son président à la majorité qualifiée pour une durée de deux ans et demi renouvelable une fois » ;(I-22.3) : « Le président du Conseil européen ne peut pas exercer de mandat national. »
Un ministre des affaires étrangères pour porter une politique étrangère commune. (I-28.1) : « Le Conseil européen[...]nomme le ministre des affaires étrangères de lUnion. » Ce poste permettra d'affirmer le rôle de l'Union européenne sur la scène internationale.
Pour que l'Europe reste fidèle à ses promesses et à son idéal, la concurrence se doit d'être loyale et le dumping fiscal et social supprimé. C'est justement ce que propose la Constitution avec la Charte des droits fondamentaux qui fera reconnaître dans les 25 pays les droits des salariés. Les offres de mutation en Roumanie faite aux employés d'une PME française et au contrat France Télécom donné à une société Portugaise rappellent que les règles de l'Europe doivent changer. On ne peut conserver le Traité de Nice qui n'est qu'un traité transitoire plein de bugs.
Armement. Le traité contient des avancées, même si ce ne sont que des petits pas. Il facilite les « coopérations structurées » entre les Etats membres qui ont des capacités militaires significatives. Il crée aussi une Agence européenne de défense destinée, notamment, à harmoniser et rationaliser les politiques d'achat et de gestion des armements existants. Non seulement la passivité de l'Europe est moralement inacceptable, mais elle nuit à nos intérêts car sa crédibilité est mise en doute. Si l'Europe veut pouvoir compter dans le monde, elle doit assumer ses responsabilités.
L'intégration. Grâce à la Constitution, l'intégration d'un nouveau membre ne pourra se faire que par un vote à l'unanimité des 25 membres. Un seul vote contre entraînera le refus de l'adhésion. La Constitution prévoit en revanche pour nos voisins la possibilité d'un statut de partenaires privilégiés. C'est donc bien qu'il existe une 3ème voie entre l'intégration et le refus de l'intégration. Une solution qui peut s'appliquer à la Turquie. La Turquie sera associée à l'Europe parce qu'elle est sa voisine. Elle ne sera pas intégrée parce qu'elle n'est pas en Europe.
La Santé et l'Environnement
Ces nouvelles frontières européennes doivent être celles de la recherche pour que l'Europe devienne la zone du monde la plus innovante et celle de la santé pour que l'Europe soit le berceau de nouveaux progrès décisifs contre la maladie. De l'autre côté, la Constitution dit que (II-95)« Toute personne a le droit daccéder à la prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux [...] Un niveau élevé de protection de la santé humaine est assuré dans la définition et la mise en uvre de toutes les politiques et actions de lUnion. »
L'article III- 248 consacre pleinement "l'Espace européen de la recherche" et par la même la circulation des chercheurs par delà les frontières. La politique de recherche n'est plus vue sous le seul angle de la compétitivité industrielle. Il jette les bases d'un principe de libre circulation des connaissances scientifiques et des technologies et pose ainsi un rempart face au mouvement d'extension continue des droits de propriété intellectuelle dans le domaine technologique.
Dans un souci d'une meilleure coordination et mise en cohérence des politiques, l'article III-250, prévoit que la Commission encourage la coopération entre les États membres dans les domaines de la recherche et du développement technologique.
Pour la première fois, "l'Espace" est considéré comme une compétence européenne ce qui permettra notamment une meilleure synergie avec l'agence spatiale européenne.
L'écologie. Les Verts ne s'y trompent pas, la Constitution est une avancée pour l'environnement. La Constitution met en avant le développement durable et la protection de lenvironnement (II-97) : « Un niveau élevé de protection de lenvironnement et lamélioration de sa qualité doivent être intégrés dans les politiques de lUnion et assurés conformément au principe du développement durable. »
Une Europe plus démocratique
Le Traité Constitutionnel est un progrès. Il ny a que des avancées, il ny a pas de recul par rapport aux textes existants.
- Il donne plus de pouvoir de décision au Parlement européen, seule instance européenne élue par tous les citoyens de lUnion. Le Parlement pourra, par exemple, voter sur la Politique Agricole Commune (qui représente la moitié du budget de lUnion) alors quil ne peut aujourdhui que la commenter !
- Il donne le droit de pétition aux citoyens européens, sils recueillent un million de signatures sur un sujet.
- Il inscrit pour la première fois une politique étrangère commune avant tout basée sur la prévention des conflits.
- Il intègre des objectifs nouveaux pour la politique sociale et lenvironnement.
... et pour la France ?
La France est l'une de plus grandes bénéficiaires de l'Europe. Cette constitution est un moyen de moderniser la politique française et de lui proposer une rigueur fiscale et budgétaire que nos politiques ne parviennent pas à tenir. Notre économie est trop alourdie par des dépenses publiques colossales et des dettes abyssales; Elle est freinée par un manque de flexibilité et une administration omniprésente. Cette Constitution, rédigée par la France, est un levier vers des changements que nous mettrions des années à mettre en place. Elle rendra notre économie plus compétitive et réduira d'autant le chômage persistant.
La réussite n'est pas un péché et l'ambition est aussi une qualité. La France a besoin de toute l'énergie et de l'enthousiasme de sa jeunesse pour retrouver son rang de première nation en Europe. Comme dans toute l'Europe, nous voulons que l'on donne leur chance en France à tous ceux qui veulent innover, investir, créer, entreprendre. Comme dans toute l'Europe, nous voulons les meilleurs enseignants, les meilleurs chercheurs, les meilleures universités, les meilleurs étudiants du monde.
L'Europe, c'est la plus formidable occasion de réveiller la France, de la faire bouger, de lui donner une nouvelle énergie.
L'Europe est une chance formidable, celle d'un nouveau cycle de prospérité, d'un nouvel élan pour notre pays,
Nous voulons le meilleur pour l'avenir de nos enfants.
et si le "Non" l'emportait...
- D'abord un retour au traité de Nice qui sclérose nos institutions en muselant le Parlement européen. La Turquie pourrait rentrer dans l'Europe, les délocalisations s'accéléreraient et l'innovation piétinerait.
- Un éventuel "plan B" verrait le jour dans les 10 à 12 années à venir. Quelques modifications seraient apportées par le fruit des discussions des Communistes, José Bové, l'extrême droite, la Ligue Communiste Révolutionnaire, Fabius et Emmanuelli réunis... ces éventuelles modifications seraient reprises dans une nouvelle Constitution qui ne serait plus soumise au référendum...
- Un « non » serait le signe d'une grosse euro-fatigue : la possibilité d'une Europe politique s'évaporerait et l'Europe économique serait à terme fragilisée.
- Un "non" ferait la joie de Bush qui redoute une Europe unie et conquérante.
La "Constitution", c'est tous les traités précédents en mieux. Pourquoi la refuser ?
---------------
"Le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens. Il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés" Paul Valéry.