Des joueurs dénoncent le machisme dans les jeux en ligne
SOPHIA ANTIPOLIS (EAP) A l'occasion de la Journée de la Femme, le dirigeant d'une association d'amateurs de jeux de rôles en ligne dénonce le "machisme" dont sont victimes les joueurs assumant une identité féminine.
Antoine Lestrade, 27 ans, est responsable pour la France de "Azeroth Amazons", la plus importante organisation de joueurs du jeu de rôle en ligne World of Warcraft. Connu dans ce jeu sous le nom de "Johanna", une guerrière elfe, Antoine subit quotidiennement des vexations sexistes de la part de participants restés de sexe masculin.
"Au début, on s'étonne des attentions que vous prodiguent les joueurs ; ils vous offrent potions ou baguettes magiques sans raison apparente" explique Antoine dans son blog. "Mais bien vite, la conversation dévie sur la taille des seins de mon avatar et la couleur de son string".
Les jeux de rôles en ligne permettent à des milliers de joueurs de s'affronter virtuellement pour accumuler richesses et puissance. Les spécialistes estiment que près de 30% des participants, constitués essentiellement d'adolescents et de jeunes adultes, choisissent un alter ego de sexe féminin. Ceux-là sont régulièrement la proie d'allusions obscènes et de comportements machistes.
Le philosophe Paul Ricoeur de l'université Paris X affirme que les jeunes hommes qui fréquentent les jeux en ligne reproduisent inconsciemment les préjugés de leur environnement. Spécialiste des jeux de rôle, le professeur Ricoeur a constaté que son alter ego "Olga", créé dans le jeu Anarchy Online, subissait jusqu'à deux remarques sexistes par heure, et cela depuis trois ans.
Mais ce harcèlement sexuel n'est pas la seule épreuve qui attend les jeunes gens qui évoluent sous un alias féminin. Car des aspects encore plus sombres du monde réel font intrusion dans ces univers virtuels.
"Récemment, une organisation de joueurs catholiques d'Everquest a exclu mon personnage Graziella car ses jupes étaient trop courtes" explique Jean-Marc Olier, 18 ans, qui n'en revient toujours pas. "De plus, ils veulent interdire aux personnages féminins de jouer des rôles de prêtres."
Et Stéphane, dit "Samantha", se souviendra encore longtemps de ces joueurs musulmans qui ont refusé d'approcher son personnage de magicienne tant qu'elle ne se couvrirait pas la tête d'un voile.
Cet environnement hostile n'est pas sans conséquence sur la progression des joueurs. Selon la société américaine Blizzard Entertainment qui édite World of Warcraft, les avatars féminins accumulent les pièces d'or 20% moins rapidement.
Les causes de ces comportements ne sont pas claires. Antoine Lestrade, qui a alerté de nombreux quotidiens, invoque le sentiment d'impunité de certains joueurs. "Protégés par l'anonymat, ils adoptent des comportements qui seraient inimaginables dans le monde réel."
Source : http://zartregu.blospot.com
"Ce texte est une fiction"