ferdi mcneal | Bonjour. Je remonte ce topic mort depuis des années pour donner un petit témoignage "à jour" concernant l'executive MBA-MAE de l'IAE de Paris-Sorbonne Business School. Comme on trouve peu de témoignages récents en ligne, ça servira peut-être à quelqu'un.
D'abord, je reprends les témoignages intéressants de différents anciens du topic (ça date de quelques années maintenant) :
starbolt71 a écrit :
Je l'ai fait en cours du soir pendant 2 ans. C'est très prenant ... surtout en parallèle de ton boulot. Bref, tu retombes un peu sur les rythmes des prépas.
Pas beaucoup de temps pour les loisirs le soir et le week-end. C'est vraiment un investissement donc faut être motivé.
Après le diplôme vient justifier tout ce que tu peux demander qui ne correspond pas à ton diplôme d'ingénieur. Tu es plus crédible si tu veux faire une mobilité vers le Marketing par exemple.
Sinon attention, il y a une légère différence entre le MAE en formation initiale, et le MBA/MAE en formation continue. En formation initiale, tu n'obtiens qu'un seul diplôme ... c'est le Master Administration des Entreprises de Panthéon Sorbonne. En formation continue, tu obtiens 2 diplômes, un Master Administration des Entreprises de Panthéon Sorbonne et un MBA de l'IAE Paris. En terme de pédagogie, c'est très proche .... la différence se fait au niveau du coût. Environ 5000 euros pour la formation continue, et juste environ 200 euros pour la formation initiale.
Mon avis est qu'il vaut mieux le faire après environ 5 à 10 ans d'expériences professionnelles. Tu arrives à une phase où tu maitrises bien ton métier technique d'ingénieur, et tu sais comment mettre à profit ta formation complémentaire. En formation initiale, tu n'as pas encore pratiqué ton métier d'ingénieur et tu ne sais pas vraiment quoi en tirer d'une formation comme le MAE.
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starbolt71 a écrit :
A mon époque la sélection se faisait sur un concours propre à l'IAE Paris (avant la mise en place du Score Message). Il y a eu ensuite le Score Message donc, mais j'ai cru comprendre qu'aujourd'hui, pour la formation continue, c'est uniquement sur dossier.
Il y a environ 80% d'ingénieurs en MBA/MAE. J'avais estimé, à l'époque, qu'il y avait 20% de Groupe A, 40% de Groupe B et 40% de Groupe C/D.
J'ai un diplôme du Groupe A, et je trouve dommage qu'il n'y en ait pas plus à l'IAE Paris (Ceux de ma promo d'ingé ont plutôt fait les MBA de Dauphine ou HEC/ESSEC. Dans une moindre mesure, celui de l'IAE Paris. Aucun n'a fait ceux de EM Lyon/ESCP). C'est une des raisons pour lesquelles je viens parfois sur ce forum pour informer les personnes qui y sont intéressées. D'ailleurs, je remarque je n'interviens jamais pour mon école d'ingé d'origine.
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Robben_Chevrolet a écrit :
Salut,
juste un témoignage : j'ai un bon copain qui est au MAE/MBA, à l'IAE de Paris Sorbonne, en formation continue le vendredi. Voila ce qu'il dit :
- La première chose (que beaucoup de gens ignorent) c'est le que MBA est basé sur le fait que l'étudiant doit comprendre, appendre et restituer par écrit (comme tous les étudiants du monde), mais - et c'est ici la spécificité du MBA de type Harvard - il doit être capable de restituer ses connaissances devant une assemblée. C'est vraiment une différence fondamentale entre un master eco/gé et un MBA.
- La sélection est plutôt difficile. Environ 15 à 20% des candidats sont retenus.
- Il vaut mieux faire une formation en journée bloquée le vendredi qu'en cours du soir. Les cours du soir rament beaucoup beaucoup. Ils reçoivent des cours dans des conditions moins favorables que les gens du vendredi. Donc, ils ont plus de mal.
- contrairement à ce qu'on peut lire sur les plaquettes de présentation du MBA, le temps de préparation d'une semaine sur l'autre est de l'ordre de 8 à 12 heures en moyenne. La semaine où tu as 2 interros et un cas, tu es juste explosé. A tel point que les étudiants prennent des congés pour pouvoir sortir la tête de l'eau dans ces moments là.
- Un témoignage d'un copain de promo qui a fait un master management à l'EM-lyon : "L'EM-lyon, c'était des vacances par rapport à l'IAE de Paris."
- Ils faut se battre sur chaque interro et chaque cas : les profs ne concèdent rien. Tu prends des tôles si tu n'es pas excellent. (Je connais le cas d'un gars qui a fait un troisième cycle et qui se tape plusieurs notes en dessous de 5/20 au MAE.)
Ensuite, du point de vue professionnel, les portes s'ouvrent assez rapidement. Récemment, il s'est vu proposer un poste de manager avec une équipe de 30 employés, alors qu'il n'est pas encore sorti du MBA.
Donc, il y a un sacré enjeu à faire cette formation.
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MaurizioDaLucia a écrit :
Je trouve le trait un peu forcé. J'ai fait il y a peu de temps comme starbolt71 un MAE en formation continue en semaine et sans être un cador, j'y suis parvenu.
La méthode des études de cas est un classique que l'on retrouve dans beaucoup d'écoles de commerce hormis les établissements dispensant des MBA. La différence principale à mes yeux vient du peu d'enseignement "classique" en amphi au profit du concret (étude de cas, présentations ...) d'où un travail d'étude et de recherche assez important.
La sélection existe (environ 10% sélectionnés au 1er jury et autant au 2nd jury) soit à peu près 20% l'année où je m'y suis présenté. C'est le garant d'une certaine réussite finale. Après, le public qui postule est moins hype que dans des gros MBA (INSEAD, Parisiennes et consorts). L'entrée est tout à fait accessible à condition de pas être totalement stupide et de bachoter.
Évidemment c'est une formation exigeante qui nécessite un certain investissement. Le travail nécessaire dépend du niveau et de l’investissement de chacun. J'ai connu des personnes qui étaient un peu passagers clandestins mais au final ça se fait au détriment de ce qu'ils retirent de la formation.
Le mérite du MAE vient du fait qu'il s'agit d'un master (diplôme universitaire) ce qui garantit un niveau minimum à la formation contrairement à toutes les formations type MBA, terme éminemment galvaudé.
Je confirme qu'il s'agit bien d'un diplôme que l'on n'achète pas. Il faut avoir au moins 10 sur chaque module pour réussir et il y a parfois des tôles; mais il y a une repêche et la possibilité de redoublement si un module n'est pas obtenu.
Il y a moins de 10% d'échec pour ceux qui ne partent pas dès les premières semaines sur 2/3 ans.
En ce qui concerne la présence limitée des ingés groupe A, c'est essentiellement un effet auto-entrenu des formations élitistes qui attirent l'élite : les très bons ont plus de facilité intellectuelle leur permettant de passer les sélections, de meilleurs postes et situations économiques leur offrant un meilleur accès aux coûteuses formations (plus souvent pris en charge par leurs boîtes ou plus d'argent en cas de financement personnel) et sont souvent préférés par les grosses écoles pour des raisons d'affichage (classements, notoriété de l'établissement, salaires moyens, postes occupés ...).
Je pense que n'importe qui irait vers la formation la plus prestigieuse s'il avait le choix et dans ce cadre le MAE est bien moins intéressant que les grands noms.
Ça reste néanmoins une bonne formation avec un bon rapport qualité/prix à un moment où même les gros MBA n'offrent plus les ROI promis.
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starbolt71 a écrit :
En phase avec tout ce qui est écrit. Juste quelques précisions:
La charge de travail est parfois élevée (surtout quand on a un boulot en parallèle), mais les matières ne sont jamais "difficiles" ... surtout quand on vient d'une formation d'ingénieur (quelque soit le groupe A/B/C). J'ai vraiment été surpris par le peu de "densité" qu'ont les disciplines liées à la Gestion ... en comparaison des Sciences "dures". Ce qui explique peut-être le fait qu'un ingénieur peut se former à la Gestion (en 1 an), mais qu'il est impossible pour un gestionnaire de se former à l'ingénierie.
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Mon témoignage, en rebondissant sur les éléments fournis par les anciens :
La formation délivre un M2 de Paris 1-Sorbonne + le MBA de l'IAE de Paris. Aujourd'hui, la formation coûte 7000 € (cours du soir) ou 12 000 € (journées bloquées), est accessible à bac +4 sauf dérogation, après quelques années d'expérience pour les plus jeunes. Recrutement sur dossier avec entretien. Ce n'est pas sélectif : environ 50% des candidats sont admis d'après le site de l'IAE. Format en cours du soir (un soir/semaine pendant deux ans) ou en journées bloquées (vendredi+samedi tous les 15 jours pendant 15 mois). De l'avis général, les journées bloquées donnent aux professeurs beaucoup plus de latitudes pour détailler ce qui doit l'être, bien que les deux jours soient très intensifs. Les cours du soir ressemblent à d'épuisants sprints chaque semaine recommencés.
Niveau profils, essentiellement des gens "normaux", quelques beaux CV néanmoins, mais on est bien loin de l'INSEAD. Une grosse majorité d'ingénieurs français ou étrangers. Ensuite on trouve des profils type ESC de province/fac d'éco. Puis une micro-minorité de profils alternatifs type juristes, sciences politiques, lettres et langues. Les gens travaillent majoritairement dans l'industrie et les services sur la plaque parisienne. Pas mal de gens dans la banque, le conseil, le numérique. Pas mal de gens issus de divers ministères aussi (des officiers, des fonctionnaires en reconversion, des contractuels, quelques énarques, etc). Niveau classes d'âge, grosso modo, une moitié des gens a plus ou moins 30 ans (très grossièrement les jeunes pas mariés sans enfant(s)), l'autre moitié va de 35 à 55 ans (très grossièrement les moins jeunes avec des situations socio-pro et familiales plus installées). Le jeune cadre dynamique côtoie donc le cadre intermédiaire et le cadre dirigeant dans une certaine horizontalité.
C'est effectivement une formation prenante au sens "chronophage" du terme : il faut de la détermination pour tenir dans la durée car la charge de travail est soutenue et les moments de ras-le-bol plutôt fréquents. On peut certes se comporter en passager clandestin et essayer de parasiter un peu les travaux de groupe, mais de l'avis général, si on fait vraiment le taff, ça ressemble au rythme d'une bonne prépa, surtout en ce qui concerne les matières les plus techniques (finance, économie, comptabilité, logistique, droit, etc). Les trois premiers mois - les plus difficiles - font office de crash-test : il y a un taux d'abandon qui me parait relativement élevé, peut-être quelque chose comme 15% ou 20% de chaque groupe de 20-25 étudiants. Ce doit être habituel car ça n'a pas l'air d'inquiéter beaucoup l'équipe enseignante. S'il y a une sélection, c'est davantage là qu'elle s'opère à mon sens. La charge ressentie dépend bien sûr beaucoup de votre profil académique : si vous êtes issu d'une école d'ingénieur bien classée, il y a des chances que les matières abordées vous paraissent moins lunaires que si vous avez fait lettres modernes. Mais elle dépend aussi considérablement de la situation professionnelle et familiale de chacun. Si vous êtes un pré-trentenaire célibataire, au chômage et sans enfant, c'est potentiellement plus facile à gérer que si vous êtes un cadre dirigeant avec un agenda de dingue ou un cadre intermédiaire avec 3 mômes en bas-âge. Concrètement, le rythme implique plus ou moins de faire une croix sur ses week-ends, ses vacances et une grande partie de ses soirées pendant la durée de la formation, même si à l'usage, on apprend à travailler plus efficacement et à moins se perdre dans les détails (ce n'est pas aussi évident selon les matières). Reste qu'au bout d'un certain temps, quand les gens commencent à se connaître, tout le monde finit plus ou moins par admettre qu'il ou elle pose des jours de congés et/ou bosse sur ses heures de bureau pour pouvoir rendre les devoirs à temps ou réviser les exams. À ce sujet, comme c'est un diplôme universitaire validé par des exams universitaires, il arrive nécessairement un moment, en contrôle continu comme en contrôle final, où l'on se retrouve seul devant sa copie. Et il faut valider toutes les matières, il n'y a pas de compensation (il y a 14 UE). Donc ce n'est pas vraiment une formule "pay-to-win", on est un peu condamné à cravacher. Globalement, la formation fonctionne suivant le modèle de "l'étude de cas" : au risque de se voir vite largué, chaque étudiant est supposé préparer chaque cas pour chaque session en se débrouillant par ses propres moyens sur la base des cours en ligne et les manuels fournis par l'IAE. Les professeurs assurent la correction des cas mais guère le suivi théorique, il faut se débrouiller seul ou en groupe si on se dégote un groupe convenable, ce qui est chaudement recommandé car ça permet de rester dans la course quand on trébuche à titre individuel (par ailleurs, il n'y a pas vraiment d'esprit "promo", c'est dommage). Il y a des exposés/dossiers/devoirs écrits et oraux à rendre régulièrement/très régulièrement selon les matières, seul ou collectivement. Bref, ça qui implique un paquet d'heures/semaine. Et enfin des exams sur table donc, avec rattrapages et redoublements si nécessaire ; nombre d'étudiants en passent par là, mais ça alourdit encore la charge de travail. Et en fin de cycle, un mémoire à rendre qu'il vaut mieux éviter de trop négliger car il compte comme une UE aussi. Niveau sévérité des notes, ça dépend des matières ; certaines sont plutôt relax mais certaines sont volontiers punitives et les correcteurs ne font pas de cadeaux. Dans l'ensemble on est à l'université, c'est un peu "marche ou crève", le coût de la formation relativement bas par rapport à un équivalent en ESC implique que c'est à l'étudiant d'aller au carton. Il y a même des recalés au mémoire. Au global, l'IAE ne s'adaptera pas à vous. Mais si vous allez au bout, a priori, vous finirez diplômé.
Point de vue "valeur absolue/perçue", le rapport qualité/prix me semble bon, mais à l'évidence on est très loin, en termes de ROI, des grands noms les plus prestigieux (et les plus onéreux). Les grosses RH de la plaque parisienne savent plus ou moins ce qu'implique "faire l'IAE de Paris", mais au-delà, c'est tout de même moins garanti. Peu importe le fait que le programme soit le même qu'à HEC, ou que l'équipe enseignante soit composée de cadres opérationnels de grosses boites et d'agrégés par ailleurs profs en ESC et/ou anciens directeurs d'ESC. Ça reste un IAE, ça reste un "MBA" d'IAE, c'est à dire un MAE. Pour l'anecdote, j'ai tout de même entendu un ancien n°2 du MEDEF expliquer publiquement que c'était "the" diplôme à faire à Paris pour les gens qui cherchaient à se reconvertir efficacement. Un avantage néanmoins à l'expatriation : le brandname "Sorbonne" continue de parler un peu à l'étranger. Il vaut mieux, car contrairement à l'IAE d'Aix, l'IAE de Paris n'a pas les accréditations EQUIS/AMBA (je ne sais pas s'il cherche vraiment à les obtenir...).
Quant à conseiller ou déconseiller ce diplôme, tout dépend de votre profil. Si vous pouvez accéder au E-MBA de l'INSEAD, d'HEC, de l'ESSEC ou de l'ESCP sans vous ruiner personnellement, il n'y a évidemment pas photo et vous n'aurez de toute façon probablement pas pris la peine de lire ce topic. Si tel n'est pas le cas, il me semble judicieux d'évaluer l'intérêt de l'IAE de Paris avant d'aller claquer nettement plus d'argent dans une ESC hors top 5.
Voilà. J'espère que ce témoignage profitera à quelqu'un. |