Le ministre délégué à lEmploi, au Travail et à lInsertion professionnelle des jeunes a présenté une ordonnance relative au code du travail (partie législative).
Cette ordonnance est prise sur le fondement de la loi du 30 décembre 2006 pour le développement de la participation et de lactionnariat salarié et portant diverses dispositions dordre économique et social.
Elle procède à une nouvelle codification de la partie législative du code du travail à droit constant : son plan et sa rédaction sont améliorés afin quil soit plus facilement accessible et consultable.
Le nouveau code est le fruit de travaux menés depuis deux ans par les services du ministère chargé du travail en concertation avec les partenaires sociaux. Afin de répondre aux préoccupations exprimées par ces derniers, la partie législative du code nentrera en vigueur que lorsque la partie réglementaire sera achevée.
http://www.europe.premier-ministre [...] 57906.html
http://www.legifrance.gouv.fr/WAsp [...] CX0700017R
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Quelques réactions :
Le 7 mars 2007, au Conseil des Ministres, le ministre Larcher a annoncé la parution de lordonnance réformant la partie législative du code du travail, ordonnance prise sur le fondement dune loi qui na donné lieu à aucun débat au parlement, lordonnance elle-même devant être publiée au Journal Officiel sans aucun débat non plus. Aucune confédération syndicale, aucun juriste na donné quitus au gouvernement de cette prétendue recodification à droit constant.
Les modifications de fond que cette recodification induit :
- des dispositions législatives ont été déclassifiées en dispositions réglementaires ce qui facilitera leur mise en cause permanente ;
- des modifications du plan dans une certaine optique :
La durée du travail ne fait désormais plus partie des conditions de travail mais a été rattachée au salaire, en réponse à une vieille revendication patronale, qui ne considère le temps de repos et de congés des salariés que sous langle du coût et non sous celui de leurs conditions de travail.
Egalement, un chapitre a été créé, intitulé : « dispositions communes à tous les contrats » qui annonce le contrat unique cher à Mme Parisot, et à la Commission Européenne ;
Dans la partie sur lemploi, il ne sagit plus en titre de « prévenir les mutations économiques » mais de « les anticiper et de les accompagner » ;
Linspection du travail est englobée dans un vaste chapitre sur « ladministration du travail ».
- Là où le code du travail insiste sur les obligations de lemployeur : « lemployeur doit consulter
. », le nouveau code atténue ses obligations : « lemployeur consulte
. ». - En matière de droit de grève, la réforme future annoncée est déjà structurée en vue de sa limitation puisque, dorénavant la grève est liée à la négociation collective et nest plus envisagée comme un mode de règlement des litiges collectifs : le service minimum est déjà organisé. Enfin, des dispositions sont sorties du code du travail pour aller vers le code rural ou celui des transports. Ce ne sont là que quelques exemples des modifications de fond qui sont contenues dans cette recodification.
L'ordonnance du 7 mars ne s'attaque qu'à la partie législative du Code, laissant au prochain gouvernement le soin d'en charcuter la partie réglementaire. Une fois retaillé des pieds à la tête, le nouveau Code devra encore être ratifié par le Parlement avant d'entrer en vigueur. La démolition du droit du travail est un chantier ardu qui exige persévérance et doigté. Inutile cette fois de lâcher le mot anxiogène de «réforme» : on parlera de «remise à plat progressive», d'une «démarche concertée» pour simplifier un droit du travail «devenu trop complexe».
Écartelage et toilettage. Reste que le «français de tous les jours» se parle avec un fort accent de Neuilly. Dans le chapitre sur l'emploi, par exemple, le Code Larcher ne propose plus de «prévenir les mutations économiques» mais de «les anticiper et de les accompagner». Plus loin, un nouveau chapitre intitulé «dispositions communes à tous les contrats» préfigure le contrat unique cher à Laurence Parisot, la madone du MEDEF, pour qui «la liberté s'arrête là où commence le Code du travail». Autre subtilité sémantique : des principes énoncés naguère à l'impératif se déclinent désormais au présent de l'indicatif. Ainsi, la formule «l'employeur doit consulter» devient «l'employeur consulte» : la notion d'obligation, trop «complexe», a sauté au passage.
La chafouinerie patronale se reconnaît aussi à la réorganisation des passages sensibles. Le licenciement collectif a été transféré dans le chapitre sur les relations individuelles, ce qui rabaisse la garantie collective au rang d'un contrat de gré à gré. Plus sournoisement, le gouvernement fait basculer certaines dispositions du registre législatif dans le domaine réglementaire. Résultat : les seuils à partir desquels toute entreprise doit désigner un délégué du personnel (ou un comité d'entreprise) ne seraient plus garantis par la loi. Chaque gouvernement pourrait relever ces seuils à sa convenance, du jour au lendemain et sans vote parlementaire. Par ailleurs, la durée du travail a disparu du chapitre sur les conditions de travail pour être rattachée à celui des salaires, manière d'exaucer une vieille exigence du MEDEF qui ne veut considérer les questions de repos et de congés que sous l'angle du coût financier.
L'inspection du travail, elle, est désormais noyée dans un vaste chapitre sur «l'administration du travail»... On n'en finirait plus d'énumérer les «simplifications» de ce genre. Par petites touches techniques d'allure inoffensive, le Code Larcher déroule le tapis rouge aux bétonnières du patronat. Un legs de Chirac aux salariés, en témoignage de son amour.
Autre example, la durée des délibération est limitée à 3 heures alors qu'il faut 4 à 6 heures pour rédiger les compte-rendus officiels correctement.