Pourquoi je vais voter BAYROU
Un enjeu de taille
Il est temps de se positionner dans cette campagne pour la présidentielle.
Cela fait déjà plusieurs mois que je discute de cette échéance autour de moi et sur le net, et jai remarqué que beaucoup ignoraient totalement le projet du candidat centriste, ce qui ma causé beaucoup de polémiques et de discussions houleuses. Ma volonté, partisane, et convaincue par ce projet, sest bien souvent heurtée au scepticisme, au dédain, à lironie, au dénigrement, mais rarement à de vrais arguments concrets et tangibles, basés sur les idées et les mesures. Alors quil était encore à 5% dans les sondages, en Septembre 2006, personne ne limaginait monter aussi haut. Aujourdhui cette opportunité semble enfin possible, et beaucoup hésitent encore, tétanisés par le souvenir de 2002. Je me permets donc de donner mon opinion, dexprimer ma plus profonde sympathie ( au sens premier du terme ) pour François Bayrou, et de vous communiquer brièvement mon sentiment.
NB : Je ne pense pas être un naïf qui croit que tout va changer avec Bayrou, mais je suis convaincu par son projet, enthousiaste et optimiste : jai envie de voir ce projet se concrétiser. Il se peut donc que vous rencontriez dans les lignes qui suivent des gros mots comme « espoir », « humanisme », « respect », « démocratie », etc
Un jeu pour certains
La question se pose avec acuité, intérieurement, intimement, parce que lenjeu est de taille, et que chacun souhaite le changement, après cinq ans dune politique outrancière et monarchique. Beaucoup ont le sentiment que le pays va de plus en plus mal, quon est au bord dune crise majeure voire que nous y sommes déjà et que la radicalisation frappe à la porte. Beaucoup sinquiètent pour leur avenir, leur situation personnelle, professionnelle, familiale, et parfois même sinquiètent du devenir de notre pays, de notre avenir commun, de la mondialisation. Certains encore nont pas très bien compris le refus de participer à lEurope manifesté un 29 Mai 2005, et une autre moitié se demande si le fait davoir voté Non leur servira un jour à quelque chose, à quelque amélioration. En bref, les gens cherchent à résoudre une énigme qui leur semble aussi proche que lointaine : qui faut-il élire le 6 Mai pour participer raisonnablement à la destinée de la France, à son essor, et surtout : comment contrer Sarkozy ?
Aussi, on est en droit de se demander si cette élection à venir nous apportera une réponse concrète, ou si encore une fois ce ne sera quune entourloupe de plus, qui servira à donner le pouvoir à ceux qui lont déjà. A cette question, jai ma propre réponse, et je pense que chacun la aussi. On se formule à peu près tous le même constat : le prochain président aura le même pouvoir que ses prédécesseurs, il en fera ce que bon lui semble, sans se soucier un seul instant du peuple et de ses problèmes, si ce nest devant les micros et les caméras de télévision, lors de grands et beaux discours pour séduire et appâter le chaland, pour apaiser les foules et leur dicter sa loi. Le prochain président fera bonne figure, parlera au cur des français, yeux dans les yeux, sourire inclus, et nous protègera paternellement ( ou maternellement ), alors quen coulisse se tisseront toujours les mêmes combines politico financières, les mêmes entreprises de profit
Le prochain président, oui, mais peut-être pas celui que je soutiens.
Un choix crucial pour dautres
Lorsquon me demande quels sont les raisons qui me poussent à voter Bayrou, je réponds par deux questions : quel est le candidat qui vous semble le plus honnête, le plus sincère, et quel est celui qui vous semble le plus crédible ? Cest je crois les deux principales questions à résoudre. Au-delà de la campagne avec ses éternelles divagations médiatiques et son flou artistique sur la teneur politique réelle et des différents projets, ou programmes, il faut bien admettre que cest une personne que lon va élire, et que cest delle que va dépendre lavenir de beaucoup daspects de notre vie quotidienne, et de notre avenir. Il sagit donc de bien doser, de mesurer chaque élément et de ne pas faire derreur.
Pour moi un candidat un éventuel président de la république - doit faire preuve dune honnêteté et dune force intérieure imparables, en plus de correspondre à nos attentes et notre sensibilité. Il faut être sûr de ses aptitudes à gouverner, et ne pas douter un instant de ce quil fera une fois élu, car la tentation de changer de cap est grande. Selon moi, François Bayrou expose un diagnostic lucide et précis sur létat du pays, il nous propose des solutions à dimension humaine, la réponse sociale que la France attend depuis plus de quinze ans, en sappuyant sur un financement qui me semble plus réaliste que ceux de ses rivaux. Il présente, avec une maîtrise parfaite des différents dossiers et un langage simple, sans détours, une vision claire et pragmatique, inédite : louverture, et non la sempiternelle même recette clanique vouée à léchec.
Il est cohérent dans ses idées, ses principes, ses valeurs, et dans sa démarche pour se libérer des contraintes et des voies habituelles. Il a le courage de sattaquer aux pouvoirs politiques, médiatiques et financiers, au risque den pâtir douloureusement, mais il en a lhabitude : il a relevé lUDF depuis 1998 tout en refusant de sacoquiner au grand UMP. Ce nest pas une position pour exister dans cette campagne, cest la finalité dun parcours singulier, qui a appris au sein du pouvoir ce quil fallait changer, sans chercher à se faire une petite place confortable. Il est calme et sérieux, modéré, avec parfois des élans, mais ne cherche jamais à flatter ou à ridiculiser les autres. Il est à lécoute, attentif, ouvert au dialogue et au débat. Homme de culture, douverture, de fidélités, de franchise, on sent chez lui un profond respect pour les hommes, la terre, les croyances, ce qui fait la vie dans sa diversité. Il est celui qui peut enfin rendre le pays plus intelligent et plus généreux. Cela ne fait aucun doute, et ça compte beaucoup.
Cest aussi lun des rares ( en tout cas le seul parmi les quatre candidats principaux ) à ne pas se focaliser sur ses rivaux, à ne pas lancer des phrases assassines ou ironiques sur tel ou tel fait dactualité, le seul à ne pas passer son temps à chercher à rabaisser et critiquer les principaux candidats des partis dont il dénonce seulement le monopole politico médiatique, les catalogues de promesses et les méthodes trompeuses. Il essaie de rester en retrait de ces mesquineries de saison, qui napportent rien au débat, mais permettent den occulter les fondements, et de dialoguer, de confronter ses idées à celles des autres qui, bien évidemment, sy refusent. Cest pourquoi je me dis quil est sincère, crédible, et puisquen plus il formule une idée politique qui me correspond, jai envie de communiquer cet élan qui me prend.
Voter utile sans conviction, cest sasservir
Depuis plusieurs mois, je discute avec de nombreuses personnes, et à chaque fois on me rétorque que cette fois-ci il faut voter « utile », quil ne faut pas revivre le 21 Avril 2002, quil faut contrer le vote dextrême droite, et donc voter PS, par lintermédiaire de celle que je nomme « la dame des sondages ». Et cest là un argument stupide quil faut tenter de démonter intelligemment.
Quentends-t-on véritablement par voter « utile » ? Il sagirait donc de voter massivement pour le PS, afin que le sieur Le Pen ne passe pas au second tour ? Bien. Il sagirait donc de tout faire pour battre lextrême droite et se retrouver avec un face à face Sarko/Ségo, répondant ainsi docilement aux appels au secours des deux grands partis qui, à lagonie, se mettent à combattre ensemble le candidat UDF qui commence à menacer sérieusement leur monopole, en évoquant le spectre du 21 Avril 2002 ? De fait, tous les votes de gauche reportés seraient majoritaires et la dame lemporterait ? Bien. Cest rassurant de le croire, et cest vrai que lidée nest pas désagréable, pour tous ceux qui se situent de ce côté de la barrière politique ( dont je fais partie, mais jy reviendrai ), et si le vote de gauche se retrouvait majoritaire, ce dont on ne peut jurer aujourdhui.
Maintenant, essayons délargir le concept de vote « utile ». Ne serait-il pas plus judicieux de voter sans arrière pensée - librement, sans se préoccuper du mode de scrutin bipartite, sans se soucier de linfluence des sondages et des médias, qui nous dictent nos choix et nos actes pour éviter cet état de fait et uniquement voter selon nos idées, nos espoirs et nos attentes ? De voter avant tout pour soi, et non pour satisfaire les ambitions dune candidate uniquement obnubilée par son sort ? Voter utile, ne serait-ce pas aussi voter constructif et imaginer que Bayrou lemporterait plus facilement face à Sarkozy que la candidate socialiste au second tour ? Choisir un candidat ou une candidate par défaut, cest faire le jeu de ceux quon veut contrer, et surtout ne pas choisir le candidat qui propose un vrai changement salutaire.
J'entends depuis deux mois les ténors de l'UMP et du PS nous expliquer doctement quil ne saurait y avoir dautre choix queux, sinon malheureux. C'est une conception particulière de la démocratie, que je ne partage pas. Je pensais que le poids de ces deux partis était la résultante d'un rapport de force électoral à une période donnée. Ils seraient donc incontournables, forts dune légitimité s'inscrivant en dehors du choix des français ? De fait, ces deux partis qui désirent garder le monopole méritent une leçon, une bonne gifle centriste. Non seulement les propositions de Bayrou me paraissent les plus pertinentes compte tenue de la situation du pays, mais il faut aussi renier le jeu de l'UM et du PS pour leur apprendre l'humilité.
La Ségolénitude du PS
Bien sûr, jaurais voulu voter PS. Jaurai souhaité que la gauche plurielle se reconstruise et propose, au bout de cinq ans, un projet neuf, fort, décomplexé, rassemblé. Jaurai voulu une gauche généreuse et unifiée ( je ne parle même pas de la gauche antilibérale, qui na dambition assumée que de faire tribune ). Javais écrit à Lionel Jospin pour quil se représente il y a un an - ce quil a tenté de faire. Puis, cet automne, lors des primaires, jaurais préféré que DSK soit élu. Même si mon choix était déjà fait, jaurais sans doute hésité, rebattu les cartes. Mais en ratant cette occasion de se moderniser et en désignant Ségolène ( qui nest quune rustine médiatique ), le PS paraît impuissant, fracturé, incapable dincarner une réponse claire et efficace face à lUMP. Alors on nous prétexte un « vote de raison » en perdant totalement de vue la ligne politique du 22 Juin 2006
Aujourdhui j'ai honte du niveau d'argumentation déployé par les dirigeants et les militants socialistes. Plus je les écoute, plus je suis sidéré par leur mauvaise foi, qui semble être devenue leur arme préférée. Pourquoi se battre sils sont si forts et sûrs deux ? Certains vont même jusquà défendre Ségolène en public tout en avouant en coulisse quils vont voter Bayrou. Quand je vois le niveau de la campagne socialiste, il est évident que Ségolène n'incarne plus le changement qui la portait à la victoire lan passé, quelle en décourage beaucoup. Il y aurait fort à dire sur cette dernière, et sur son « désir davenir », mais là nest pas le propos de ce papier. Néanmoins, comment faire fi dune telle candidate pour se prononcer uniquement en faveur dun parti engoncé dans sa doctrine archaïque et dépassé - par les évènements, et par le sens de lhistoire ?
Je fais partie de ces sympathisants qui regrettent que le socialisme se soit embourgeoisé. Il n'a plus la pêche, il n'a plus la flamme. Il s'est rendu complice des puissants, il ne comprend plus le peuple, qui dailleurs sest très vite approprié le message de François Bayrou, pourtant enseveli par les deux grandes forces. Alors certes il reste beaucoup de gens de valeur au PS, que je voudrais voir gouverner. Mais quand ils veulent parler des problèmes concrets ( par exemple les financements avec Besson ), ils sont réduits au silence par tous ceux qui n'aspirent qu'à conquérir leur place par la démagogie. Nombre dentre eux sont déjà en train de penser à la refonte du parti après léchec de la dame des sondages, et nous jouent la comédie de la gauche rassemblée, main dans la main pour cacher la misère et les contradictions idéologiques pourtant flagrantes. On aurait presque envie de rire si ce nétait aussi pathétique
Pas étonnant, devant ce triste spectacle dun parti en quête de lui-même, que Bayrou prenne la relève dans lesprit de certains fidèles de la gauche, déçus le mot est faible - désabusés. Les gens veulent désormais affirmer un choix clair, et celui de Ségolène ne lest pas. Dailleurs, pourquoi donc Bayrou fait-il autant de reproches au programme de Sarkozy, quil dit être à lopposé du sien, et très peu sur celui de Ségolène, quil dit ne pas bien connaître ? Serait-ce un signe vers lélectorat de gauche, un geste subliminal, après voir évoqué la possibilité de prendre un premier ministre de gauche ? Je ne voudrais pas extrapoler, mais pour moi cest clair : non seulement il veut détruire les barrières imposées par la gauche et la droite, mais il veut aussi très ouvertement se rapprocher de la gauche. DSK et Cohn-Bendit semblent lavoir bien compris. Daucuns, surnommés « Spartacus » ou les « Gracques » semblent aussi partager ce point de vue