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Service obligatoire pour Bernard Laporte
Dans un entretien accordé aux Dernières nouvelles d’Alsace, Bernard Laporte propose l’instauration d’un service civique à caractère obligatoire. Le Secrétaire d’État préconise un service de cent heures, pour tous les jeunes de 18 à 25 ans, afin de "mobiliser les énergies [de ces jeunes] pour les clubs et les associations".
Il reprend là une idée, le caractère obligatoire, qui était défendue par les deux principaux candidats lors des dernières présidentielles, bien qu’une bonne partie de la majorité actuelle soit plutôt favorable à un service volontaire. Un tel service a en effet été mis en place par la loi du 30 mars 2006, dite "pour l’égalité des chances", loi qui mettait également en place le fameux CPE. N’oublions pas non plus que c’est Jacques Chirac qui avait supprimé le service militaire obligatoire, contre l’avis d’une partie de l’opposition, au PS notamment.
On peut s’interroger à plusieurs titres sur une telle proposition. Certes, 100 heures, ce n’est pas énorme, à peine trois semaines à temps plein, l’équivalent d’un job de vacances en gros. Mais, justement, ce n’est un secret pour personne, les jeunes ont énormément de difficulté à trouver une situation professionelle stable. Après être passés par plusieurs stages mal rémunérés (voire pas du tout), des jobs d’été et un boulot à temps partiel leur permettant à peine de financer leurs études, il leur faudrait maintenant consacrer trois semaines au service de la collectivité. Et pour quelle contrepartie ? Pour "un certain nombre de facilités fiscales", sans plus de détail. Gageons que les principaux concernés apprécieront.
On peut également se demander si c’est bien là le rôle d’un Secrétaire d’État aux sports. Si le service civil est effectivement une idée à creuser, et si l’on peut penser que le pays manque de bénévoles, il n’y a pas de raison de considérer en priorité les clubs et associations sportives. Le secteur social, la santé ou l’environnement semblent bien plus prioritaires. Et ces domaines-là ne sont pas du ressort de Bernard Laporte.
Enfin, si la France manque de "bénévoles" (bien que le terme semble usurpé lorsqu’il concerne une personne qui travaille contre son gré), pourquoi ne pas les recruter par exemple parmi les citoyens condamnées à des peines de prison ? Cela permettrait de régler du même coup le problème de la surpopulation carcérale...
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