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Vendredi, Youssouf Fofana a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté pour l'assassinat d'Ilan Halimi. Pour les 26 autres accusés, la cour a prononcé à leur encontre deux acquittements et des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à 18 ans de réclusion. Après l'avocat de la famille d'Ilan Halimi, plusieurs associations juives (le Crif et l'Union des étudiants juives de France) et finalement la mère d'Ilan Halimi ont dénoncé des sanctions trop faibles contre les co-accusés du chef du Gang des Barbares. Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) dénonce un procès "incomplet" et en réclame un nouveau. Mon opinion: Que l'on ne se fasse pas d'illusions - et tous les tartuffes de la conscience humaine non plus : en cas de nouveau procès, ce pays en sortira divisé et affaibli, les rancœurs seront bien plus profondes encore, et plus tenaces. Est-ce l'objectif de ceux qui, sur ce procès, entendent jouer la carte du jusqu'au-boutisme? Irresponsables à l'égo surdimensionné pour lesquels la société n'est qu'un vaste prétoire pour, l'index vengeur, une mise en accusation et une mise en abyme de ces composantes au gré de l'actualité ? Et nul besoin de faire montre de beaucoup d'imagination pour désigner ceux qui, en particulier, feront les frais de ce qu'on doit bien appeler : un règlement de compte du type " communautaire " sous le couvert d'une soif inextinguible de justice que d'aucuns nommeront " acharnement judiciaire ", fruit d'une exacerbation identitaire longuement macérée, murie, cajolée et entretenue, et dont personne n'a souhaité interroger le caractère dommageable pour la société – pour peu que cette exacerbation reconnaisse la société comme un ensemble qui transcende les particularismes ethnique, sociale et politique ; ce qu'elle est bien évidemment incapable d'accomplir seule par définition, et par voie de conséquence. Il ne faudrait pas qu'au malheur d'une famille - malheur qui aurait dû pour une large part, rester dans la sphère de l'intime -, ne vienne s'ajouter, à l'ombre d'une exploitation éhontée et de son " développement " à un niveau sans commune mesure avec les enjeux dont ce drame était porteur, un second malheur, plus grand encore, qui lui, se répandra comme un cancer : celui des affres d'une humiliation publique, sans distinction, d'une communauté tout entière au prétexte de lui enseigner, sans nuance, l'anti-antisémitisme, passant à la trappe, comme pour mieux enfoncer le clou d'une crucifixion bête et irresponsable, l'anti-sionisme et le caractère plus que conjoncturel de cet anti-sémitisme qui, le plus souvent, exacerbé (encore et toujours l'exacerbation !) ne demande qu'à trouver sa résilience dans un rapprochement qui aurait pour ciment la compassion, l'écoute et la compréhension. Il serait temps que les leaders d'opinion de la communauté juive fassent preuve du courage nécessaire, qu'ils se lèvent, se dressent et hurlent : " Assez ! Justice a bien été rendue ! " Ces leaders n'auraient aucune excuse s'ils devaient se soustraire à ce nouvel impératif car, la sagesse n'est-elle pas toujours du côté de la lucidité, et la force du côté de l'intelligence, de la Culture et du talent – parfois et souvent même, du génie ? Nul ne peut ni n'osera croire que toutes ces qualités aient pu déserter la communauté juive de France. Ou bien alors…
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