Melomania3 a écrit :
Bonjour à tous,
Je suis nouvelle sur ce topic et je tiens à vous livrer mon vécu. Je suis une personne transidentitaire. Je suis née dans un corps masculin mais je sais depuis toujours que j'aurais du naitre dans un corps féminin. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la discrimination envers les personnes transidentitaire est bien plus importante encore que celle envers les Homosexuels. Vous allez vite vous en rendre compte...
Le caryotype d'une personne ne définit pas son genre, c'est à dire son sentiment d'appartenir à un sexe en particulier. A tous ceux qui se sentent bien dans leur corps, demandez vous pourquoi vous vous sentez bien dans votre corps masculin/féminin ? Je doute fortement que seul votre organe sexuel et votre caryotype définissent à eux seul votre appartenance à un sexe. Il y a une manière de voir les choses, une envie intense et profonde de vouloir vivre les choses différemment qui définit notre véritable personnalité. Cette personnalité, singulière et propre à chacun, définit notre identité, donc notre sentiment d'appartenir au sexe opposé lorsque l'on est transgenre.
Déjà, la discrimination a marquée ma scolarité. De nature timide, j'ai caché du mieux que j'ai pu mon mal être jusqu'en classe de Seconde. A vrai dire, j'ai toujours redouté le regard des autres, les jugement de valeur que l'on pouvait me porté. Alors, pour ne pas subir une quelconque forme de discrimination, je me suis jurée de ne pas parler de ma transidentité à mon entourage, y compris à mes amis. Entre l'école primaire et le collège, j'ai donc fais tous les efforts possible pour me faire accepter des autres et pour essayer d'accepter mon corps. Jusqu'à mes 15 ans, j'ai laissé mes parents choisir mes vêtements, décider de ma coupe de cheveux, tout en essayant d'adopter un comportement "masculin". J'avais honte des vêtements que je devais porter, le moment où la tondeuse à cheveux venait raser mon crane était un acte d'humiliation et l'attitude que l'on me forçait à adopter me répugnait. J'étais la marionnette de mes parents, je n'avais pas le droit d'exister pour ce que j'étais réellement, mais j'obéissais et je ne voulais pas m'opposer aux autres.
C'est à ce moment là que j'ai compris que j'avais beau faire tous les efforts du monde, je n'obtenais pas pour autant (loin de là) le respect des autres. Malgré mon caractère réservé, j'essayais de m'ouvrir aux autres, mais j'étais très souvent rejetée et mise de coté. Et malgré tous les efforts que je fournissais quotidiennement pour cacher ma transidentité auprès des autres, je n'obtenais absolument pas le respect des autres élèves qui me traitaient de "PD".
J'éprouvais énormément de dégouts pour tous ces gens qui me rejetaient et ne me respectaient pas, quoi que je fasse. J'ai donc décidé de vivre davantage pour moi sans me préoccuper du "quand diras t'on", d'affirmer une partie de ma "vraie" personnalité en décidant notamment d'avoir enfin les cheveux longs. J'ai toujours eut envie d'avoir les cheveux longs, mais jusqu'à mes 15 ans, on me l'a interdit car ça ne faisait pas "assez masculin et efféminé" aux yeux de mes parents. De toute façon, quoi que je fasse, on me reprochait toujours quelque chose dans mon attitude, alors que j'obéissais systématiquement et que je travaillais très sérieusement à l'école
Je pensais que mon entrée au lycée allait être l'occasion de gagner en confiance et de faire quelque connaissance. Pour commencer, j'ai décidé de parler de ma transidentité à mon meilleur ami qui avait toujours été dans les même classe que moi depuis la 6ème. Évidemment, il a été très surpris et ne pouvais pas me considérer comme une fille. Étant de nature calme et compréhensive, j'ai compris son attitude et je me disais que le principal, c'était d'avoir pu me confier auprès de quelqu'un qui ne m'a jamais manqué de respect. Mais face à l'incompréhension de mon ami, je me suis tournée vers d'autres filles de ma classe qui me semblaient digne de confiance. Mais là encore, je devais faire face à l'incompréhension et l'ignorance des gens qui assimilaient la transidentité à l'homosexualité ! J'avais honte de ne pas être comprise des autres, je me sentais seule face à ce mal être qui s'accentuait durant cette période de l'adolescence, marquée par de violents changements physiques. Plus les jours passaient, et plus j'éprouvais un profond dégout pour ce corps en pleine transformation. ce corps se "masculinisait" de plus en plus, et je ne pouvais rien y faire. Du coup, je me nourrissais moins à la cantine, me privant notamment de protéines pour ralentir la croissance de ce corps que je haïssais plus que tout !!! A la fin de l'année, des camarades de classe mal intentionné ont fouillé mon cartable dans les vestiaires du gymnase, et on trouvé une sorte de "lettre d'amour" adressée à mon meilleur ami, dans mon cahier de texte. J'aimais mon meilleur ami depuis toujours, comme n'importe qu'elle autre fille de mon age, j'éprouvais des sentiments sincères pour quelqu'un. Quand la classe ainsi que mon meilleur ami ont lu cette lettre, ce fut le début de mes ennuis. J'ai tout d'abord bien entendu perdu complètement de vue mon meilleur ami. En l'espace d'une demi journée, j'étais devenue une parfaite inconnue à ses yeux, et il s'est éloigné de moi, mettant ainsi un terme à une longue et sincère amitié, où l'écoute et le partage était au centre. Et puis, ma transidentité a été révélée dans tout le lycée via les réseaux sociaux. Photographiée à mon insu, j'étais devenue la tête de turc sur Facebook où de parfaits étrangers se permettaient de me menacer de mort, de me traiter de "PD", "Sale travelo", "Pouffiasse". Les gens ont peu à peu déformé la réalité, ignorant alors une part non négligeable de ma personnalité, à savoir ma vision purement et simplement platonique de l'amour (et oui, être transgenre ne signifie pas être dévergondé) !
Au final, j'ai été victime de violences scolaires. J'ai tout d'abord reçu un nombre incalculable de coups de téléphone anonymes, pendant plusieurs soirs d'affilé, où l'on me traitait là encore de tous les noms. Ensuite, les insultes à mon égard fusaient tellement dans les bus de ville, que je me suis décidée à changer d’arrêt de bus voir parfois à rentrer chez moi à pied (près de 10 Km) lorsque je sentais l'arrivée imminente d'une crise d'angoisse. Mais le pire est venu lorsqu'un jour, en marchant dans la rue, je me suis faite agressée : 3 personnes m'ont couru après, rattrapé et trainé dans les toilettes publics. C'était le soir, dans une petite ruelle peu fréquentée. Ils m'ont insulté, placé des coups de poings et des coups de pieds dans le dos (endroit où les bleus sont caché par les vêtements et donc insoupçonnés par mon entourage), craché à la figure, brulé l'épaule droite avec de la cendre de cigarette, et clou du spectacle ils ont carrément uriné sur mes baskets. Je me sentais si humiliée et salie que j'ai fini par développer une véritable phobie des centres villes ! Ma vie est devenue un enfer : je vivais dans un climat de violence et d'insécurité permanente, et je ne pouvais pas vraiment compter sur les autres pour m'aider. A la maison, mes parents affichaient en effet très clairement leur position transphobes et je me suis au fil du temps rendu compte qu'aucun dialogue n'étaient possible avec des gens aussi borné qu'eux. Si je leur avais parlé de ma transidentité et des problèmes que je rencontrais, ils m'auraient mis illico presto à la porte avec mes bagages. Sans compter les problèmes de dépendances rencontré par un proche qui vivait sous le même toit, qui étaient déjà à l'origine de très violentes disputes. Pour pouvoir étudier sérieusement dans le calme, je devais donc cacher à mes parents les moindres problèmes causé par ce proche et rattrapé ces bêtises. Autant dire que le climat familial n'était pas du tout propice au dialogue, et au final, je n'avais que très peu de temps à m'accorder pour prendre soin de moi. Pourtant, si fragilisée par tout ce qui venaient de m'arriver, cela m'aurait fait le plus grand bien !
Voilà, tout ça pour vous souligner toute la haine déclenchée par le fait que je suis une personnes transidentitaire qui aimait plus que tout son meilleur ami. Ces gens m'ont humilié, traité comme un sous homme et jugé pour ce que je suis et non pour ce que j'ai fais. Ceci n'est ni plus ni moins que la définition du racisme, que l'on apprend au collège et au lycée en étudiant le régime Nazis... Des personnes informées sur les dangers et le caractères immonde du racisme, mais qui se complaisent toujours dans l'ignorance et la bêtise, et qui n'ont que la haine à opposer à ma différence. Essayer de comprendre quelqu'un, de l'accepter dans sa différence tel qu'il est, ça leur demandait surement trop d'effort. L'homosexualité et la trasidentité sont 2 choses différentes. Les homosexuels ne ressentent en aucun cas le sentiment d'appartenir au sexe opposés, ils ne se sentent pas mal à l'aise dans leur corps. Moi, en tant que personne transidentitaire, j'ai honte de mon corps, je sais depuis toujours que j'appartiens au sexe opposé et j'avais envie d’être aimé comme une femme dans les yeux d'un homme. J'estime que les personnes transidentitaire sont victime d'une erreur de la nature, comme c'est le cas pour les personnes handicapées physiques ou mentales. D'ailleurs, croyez moi, le fait d’être transgenre est une sorte de handicap en soit. Je ne compte pas me faire opérer pour changer de sexe : je n'ai pas les moyens pour me payer les opérations, et il me sera très difficile de faire face aux limites de l'administratif et du monde du travail ! Dés lors, chaque jour est un supplice, surtout lorsque je dois cocher "sexe M" ou "Monsieur" sur un document administratif. Je me console en me disant qu'à force de travailler ma petite voix aiguë (je chante) ma mue n'est jamais venue. Sinon, pour ce qui est du corps, je m’habille avec des vêtements unisexes (je suis contre cette sexualisation poussée de la société, qui vise à enfermer chaque sexe dans une case bien délimitée. La société de consommation et son marketing à accentué la mise à l'écart et le malaise des personnes transgenres) , je m'épile et j'attache mes cheveux long. ça en reste là, je ne me maquille pas et ne porte pas de vêtements de femmes : je ne suis pas un travestis, d'ailleurs je ne sors pas le soirs. Donc, mort au clichés (qui ont hélas la vie longue, très longue) ! Conclusion : Avant de faire un enfant, demandez vous si vous serez capable de l'accepter et de l'aimer comme il est et non comme vous voudriez qu'il soit ! Demandez vous si vous serez capable de l'éduquer en tenant compte de son éventuel différence ? Pour moi, de vrais bon parents auront sérieusement réfléchi à cela avant la naissance de leur enfant...
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