Tout d'abord !
Merci tout le monde! Le post est intéressant! plusieurs questions, plusieurs point de vues, quelques HS quand même(pour la plupart) en rapport. La lecture fut des plus instructive. Je vais maintenant y ajouter mon grain de sel avec ma propre histoire:
Dimanche! Un dimanche parmi tant d'autre. Je viens d'arriver dans une nouvelle région, hébergé chez un ami. Il est parti pour le week end, avec sa femme, à Tours (dans le 17). Je suis seul chez lui et sa femme, la voiture de cette dernière dans le parking. Comme je suis arrivé le vendredi, il m'a filé son trousseau de clé juste avant de partir chez ses beaux parents. Sur son trousseau de clé, la clé du réservoir de sa voiture. Le voilà donc a rade d'essence à Tours, la clé du réservoir à Angoulême. Il m'appelle pour que je prenne les clés de la voiture de sa femme et que je vienne le chercher à la gare, aux alentours de minuit.
ça fait 3 jours que je suis à Angoulême, avec un CNI dont l'adresse est LA REUNION, au volant d'une voiture immatriculée dans le 17, dont la carte grise est au nom d'une fillle. Je fais, quoi, 2 kilomètres au volant pour tomber sur un contrôle de police, un contrôle de routine apparemment. Pas de problèmes, si ce n'est que ces braves policiers restent près d'un quart d'heure dans leur voiture avant de revenir me donner la carte grise et me laisser partir. Sur le coup, je me suis dit qu'ils ont pu trouver étonnant (bizarre?) en charentes (16) une voiture immatriculée dans le 17 conduite par un gars vivant dans le 97 ... bref, on en a rigolé avec mon pote, une fois récupéré à la gare
Lundi! 7h! toc-toc! 3 flics, en civil, débarquent et, sans vraiment demander l'autorisation, vident tous les tiroirs, commodes, armoires et bureaux de l'appartement. Mon pote a d'ailleurs été choqué de voir l'un des policier s'attarder sur les petites culottes de sa copine.. A peine réveillé, sans caféine dans les veines les voila qui me demandent de les suivre:
-"heu? pourquoi?"
-"on a des questions à vous poser.. suivez nous?"
-"concernant?"
-"vous verrez au poste! Et là, on vous demande gentiment de nous suivre!"
-"A priori, si je peux vous aider.. allons.. le temps d'un café peut etre?"
-"NON!"
Dans la voiture:
-"De quoi s'agit il?"
Il s'agit d'une enquête dans le cadre d'un viol aggravé avec violence
-"Vous êtes ok pour un prélèvement ADN, histoire de vous disculper?"
-"Heu?... oui! Si ça peut vous aider
Là, sans être "mis en examen" on me fait la totale:
- line up à la "Kaizer Sauzé" avec 4 autres "suspects" pour voir si la victime allait me reconnaitre
- l'identification vocale (moi dans une pièce, récitant les textes du récit de la victime, elle, dans la pièce d'à coté, pour m'identifier
- l'attente du résultat ADN
sans compter la séance photo et le relevé d'empreinte. Jusque là, tant pour me "disculper" d'un truc que j'ai pas fait que pour aider ceux qui arrêteront le responsable, ça ne m'a posé aucun problème.. C'est au niveau de la forme que les gens en charge du dossier se sont montrés effrayants, voire abjectes:
Tout d'abord, les soupçons se sont tournés vers moi parce que :
A- je passais par là
B- je correspondait à la description : Un peu plus grand que la moyenne et brun -?-
Cela a suffit pour que le trio d'inspecteurs focalisent sur ma personne, en oubliant toute autres pistes (là, c'est ce que j'ai perçu) J'ai donc passé la journée au commissariat (de 07h a 16h) parce que j'étais "COUPABLE JUSQU'A PREUVE DU CONTRAIRE" (je relate là mot à mot ce que m'a dit un des inspecteur! effarant non?)
concernant le déroulement de "ma" journée, j'ai passé le plus clair de mon temps dans une cellule de dégrisement, entre deux étapes de leur "travail d'enquête"
La, je vais reprendre quelques moments, et surtout quelques "phrases" sorties "innocemment" de la bouche des policiers:
INTERROGATOIRE
"Vous inquiétez pas! aujourd'hui on a l'ADN. On va quand même suivre la procédure, mais si votre ADN vous innocente, le reste n'a pas d'importance?"
LINE UP
"le suspect est brun, un peu plus grand que la moyenne, un peu mince"
Dans la ligne de suspect tous les autres faisaient 1m60 max, étaient gros et blond (tous flics au passage). Dans le genre orienté c'est pas très subtil. Évidemment, la victime, sortie un peu "brusquement" de l'hopital, ne m'a pas reconnue
MOI: "Elle m'a reconnue?"
Agent: "non!"
MOI: "Ben tant mieux, on a finit?"
Agent: "non! Elle vous reconnaîtra peut-être demain!"... Assez perturbant comme réponse non?
IDENTIFICATION "VOCALE"
Je suis dans une pièce, avec une feuille A4 dans les mains. La victime est dans la pièce d'à côté, porte à peine entre ouverte. "LISEZ CE QUI EST SURLIGNE!". Je m'exécute, assez choqué de ce que je lis. La victime ne m'a toujours pas reconnue. Sans même aborder l'aspect "accoustique" de la chose (voix déformée par le mur) il faut savoir que contrairement au suspect, j'ai un CHUPER ZEVEU FUR LA LANGUE qui ne passe pas inaperçu (surtout dans des mots genre "salope" et j'en passe)
Réaction du policier:
"Elle vous a pas reconnu visuellement, vous n'avez pas la voix du suspect. De plus, le suspect a de très grandes mains (contrairement à moi) mais tant qu'on a pas le retour de l'ADN vous êtes notre principal suspect!. Il faut aussi que vous compreniez que vis à vis de la gravité des faits, le préfet et le ministre nous mettent la pression: il leur faut UN coupable"...
Voilà la procédure d'enquête policière telle que je l'ai vécue. Je ne dis pas que tous les flics de tous les commissariats sont comme ça. Certains sont pires, mais beaucoup ont l'amour de leur travail et des valeurs qu'il représente.. Mais ça ne m'inspire pas un sentiment ni de confiance, ni de "vouloir aider" si demain le cas se représente...
PS: consultant un juriste pour voir si une quelconque compensation étaient possible (perte d'un contrat du journée de taf ce fameux jour, plus détérioration du mobilier de mon ami, plus "dommages psychologiques liés à l'emprisonnement, aux soupçons, etc.) la réponse de l'avocat: "Oh vous savez! En France on attaque pas l'état, c'est peine perdue...
Sur ce... ^^