cappa | « Un chat ne doit pas avoir un rongeur comme maître »
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Il faut reconnaître au titre du topic son effet bœuf. Après cela, dire si oui ou non Stewart Little est un film raciste ne sera pas tellement le but de la discussion. Après tout est-ce que c'est grave :
(a) que la souris soit blanche comme neige, (b) qu'il n'y ait pas de personnages noirs importants dans le film,
(c) que le bateau de Stewart se fasse appeler WASP, acronyme de White Anglo-Saxon Protestant?
Je laisse à chacun le loisir d'en décider car en prenant le film dans sa globalité, l'accumulation de faits d'apparence raciste (plus précisément : qui introduisent une discrimination en faveur de la race WASP) m’est apparue de second ordre. Autrement dit, parler de racisme à propos de Stewart Little reste anecdotique, sauf peut-être dans le sens suivant : (a) par le mot raciste, même s'il est trop étroit pour cette cause, on peut signaler :
(b) un phénomène plus général et plus intéressant que le film relate et que voici :
(Stewart Little, récit d'un phénomène général)
Stewart Little exhibe bel et bien une échelle discriminante de valeur, une gradation parmi les valeurs, mais à conditions de prendre valeurs dans un sens noble. D’après l’échelle de Stewart Little, la valeur attribuée à un personnage se fait :
(a) en fonction non pas de son apparence brute (est-il blanc / est-il noir), ou
(a’) de la race au sens de la parenté biologique associée aux caractères visibles, matériels, et sociaux des individus (est-il wasp?), mais l'attribution de la valeur se fait différemment, (b) en fonction du premier des ressorts du jugement : l'affection.
Autrement dit, la valeur des uns et des autres dans Stewart Little est associée à la quantité d'affection susceptible d'être associée à chacun des protagonistes. En particulier, c'est nous, spectateurs, qu’on invite à présider à cette attribution, aussitôt qu'on veut bien prêter foi à la mise en scène du film. Et je vais assez longuement (c’est mérité) parler de la condition nécessaire à un quidam pour qu'il puisse être l'objet de notre affection et par là de notre estime, et accéder ainsi au rang d'objet de valeur à nos yeux. Pour découvrir cette condition sachez qu'il faut commencer par se demander quelle est la voûte maîtresse de Stewart Little. [A ce niveau du topic, vous pouvez faire une pause, brancher Stewart Little, épisode 1 ou 2, et plancher là dessus. Mais si vous êtes du genre pressé, lisez la suite, vous apprendrez ce que vous auriez du découvrir.]
(Le thème de Stewart Little révélé)
Le thème premier de Stewart Little est une distinction entre :
(a) un monde gravitant autour de Stewart Little, monde de grande valeur malgré la taille de l'individu en question, et,
(b) un monde qui s'en éloigne, qui est un monde de moindre intérêt et dont l'intérêt s'effondre au fur et à mesure que croît la distance avec le rongeur. C'est dans cette distinction, exhibée à longueur de pellicule, que réside la clef de voûte de cet ouvrage cinématographique. Rappelons comment une telle chose est possible. (Généralités)
Imaginez ceci, qu'on veuille vous expliquer ce qu'est un arbre à l'aide d'un film. On ne pourra jamais rien faire d'autre que d'exhiber un certain nombre d'arbres - à longueur de pellicule : sapins, chênes, épicéas ... Si on vous passe ce film sur l'Arbre, sans en indiquer le but, l’un de vos proches y verra peut-être un film banal, sans aucun fil conducteur, une histoire d'arbres certes, mais qui ne se réfère à rien de supérieur. Il se peut aussi que certains voient bien un film général, mais traitant d’un autre topic, de la couleur verte, de la mousse des arbres .etc.. De la même façon, Stewart Little nous montre ceci :
(a) un récit, et des tas de faits particuliers qui ont divers fils conducteurs, les thèmes. La question que je pose est alors :
(b) quel est, non pas un thème secondaire parmi les nombreux possibles, mais celui des thèmes qui est le plus essentiel ? l'épine dorsale qui donne à la construction son unité pleine et entière (Syn. -assemblée plénière, assemblée constituante). Réponse :
Le thème qui répond le mieux à la question de savoir quelle thème unique et général est exhibée au fil de la pellicule de Stewart Little, ce thème principal : (a) ce n'est pas la couleur blanche, (b) ce n'est pas les relations zoologiques entre les chats, les souris, et les hommes. (c) C'est plus général. Le thème premier c'est celui de l’échelon des valeurs indexées sur l'affection. Enfin cette affection a sa marque repère. Car, il me faut le signaler immédiatement : la gradation des valeurs présentée dans Stewart Little est (a) non seulement observable, de manière qualitative, de l'ordre de l'affectif donc, mais (b) cette gradation est aussi parfaitement mesurable. L'unité de cette mesure est la 3ème variable que voici :
(Unité de mesure de la valeur fondée sur l'affection dans Stewart Little)
L'unité de mesure de la valeur dans Stewart Little est simplement la capacité des personnages à parler, avec toutes les nuances que cela comporte. Autrement dit, il y a autant de classes de valeurs que de degrés dans la capacité effective des protagonistes du film à faire usage de la parole. Rappelons tout de même que Stewart Little met en scène humains et animaux - mais on y reviendra suffisamment, nous soulignons que ce n'est qu'une semi-évidence. En tous cas voilà posées les bases de ce topic. Ceux qui (a) ont vu le film ou (a’) qui le verront, (b) peuvent dores et déjà ou (b’) le pourront, (c) contester ou (c’) attester, très facilement, (d) de ce lien entre (e) la parole des personnages du film et (f) la valeur des mêmes personnages.
Enfin, (g)-spère que ça pourra constituer la une base d’une riche discussion. Dans tous les cas, je recommande le DVD pour les soirées en famille avec une mise en garde tout de même : (a) Il est clair que Stewart Little se déroule dans un certains milieu bourgeois protestant New Yorkais. (b) Mais les valeurs mises le plus en avant dans Stewart Little ne sont pas les valeurs bourgeoises, ou protestantes, ce qui ne rendrait pas service au scénario (au contraire). Au moins pour ce qui gravite de près autour du personnage principal, Stewart Little est le récit des valeurs humaines, et ce genre de récit est supérieur à une simple classification des groupes en fonction de critères sociaux. Voilà qui est dit. Sinon, si on aime les films à la sauce bourgeoise New Yorkaise en tant que tel, il reste Woody Allen, et je peux prêter le DVD de « You've got a mail » qui convient à la ménagère de moins de 50 ans. Mais je m'égare, il est temps d'entrer dans le vif du sujet! Le titre définitif du topic, qui devrait être compréhensible après la brève introduction ci-dessus, est: « Stewart Little, ou, la Parole comme mesure de la Proximité Affective. » Branchez vos clés USB ça va démarrer.
Notations: on notera désormais SL ou Stewart Little sans faire de différence. On signale par NdA, les notes de l’auteur glissées à des fins de développement ultérieur, ou d’aide-mémoire. Syn. Veut dire synonyme.
Transportons nous dans le monde de SL, Stewart Little : New York 2013, euh, 1993 plutôt, je confonds. J'espère que la petite animation reprenant le générique de SL2 ne provoquera pas de crises d'épilepsie, le but est d'aider à restituer le décor du film.
Note sur le décorum : SL y révèle d’emblée sa forte centralité : Central Park – La maison des Little, un point focal – Stewart Little lui-même, un point focal/sujet central.
(A) La première remarque à faire lorsqu'on débarque dans l'univers Stewartien est que les animaux sont capables de parler, ce n'est pas réservé aux hommes. Mais peut-on vraiment dire ça? (B) Non, il semble qu'on doive plutôt dire quelque chose comme : les humains, si c'est là la catégorie capable de sentiments et d'expression valables, c'est-à-dire méritant notre attention, les humains peuvent tous parler. C'est même à cela qu'on les reconnaît(!) Et parmi les personnages de SL :
(a) ceux qui ne parlent pas sont des sous-catégories très basses de personnages, (b) ceux qui parlent un peu, sont les membres de sous-catégories un peu plus élevées. Commençons donc par un petit inventaire. Voilà qui parle et comment dans Stewart Little. (1) La catégorie des humains qui parlent aux humains, et uniquement
(1a) Des humains qui ne parlent qu'aux humains :
(Autant parler à un vase - NdA)
(a) Le ‘capitaine’ qualifie Stewart de « souris sur un bateau », plutôt que d'enfant sur un bateau par exemple. A quoi doit-on que cette souris ne soit pas aux yeux du capitaine un enfant comme un autre venu participer à la couse de bateaux ? (b) La jeune femme blonde de la fin de la course s'exprime à peu près ainsi : 'y a personne qui sait à qui est cette souris ? '. Voici la réponse que lance George à cette femme (réponse proférée dans le vide car cette jeune blonde ne semble nullement l'entendre, c'est un dialogue de sourd, il y a comme une barrière physique) : 'Ça, ce n'est pas une souris, c'est mon petit frère!'
Notes sur l’étrangeté : (a) Souris, frère d‘ homme ? Voilà qui est étonnant, voire étrange. Difficile d’éviter cette problématique. Pourtant s’attarder sur le côté étrange de association désignée par (a) serait une faute, car :
(a) s'il est bien étrange qu'un garçon ait un rongeur pour frère dans le quotidien qui est le notre (ou qu’un chat ait un rongeur comme maître…), (b) il reste le spectateur ne pense pas une seconde que Stewart Little puisse être un récit non-métaphorique de son quotidien - comme le serait par exemple un reportage sur la vie à New York. (c) De plus SL est un film métaphorique certes, mais réaliste et il est même exact - en cela qu’il adopte une description profonde du réel. Autrement dit : Question (a) : Le film est-il réaliste à cause des objets posés là dans le monde de SL : une famille, des bateaux, toute sorte de pains de viandes, des souris et des hommes? Réponse (b) : Non, car au fond tout est faux, aussi fidèle qu'en soit la restitution à l'écran. Ce n'est pas un reportage, et quand bien même... Citons aussi la présence des effets spéciaux. Et qu'il suffise de dire que même les voix sont fausses, les acteurs ne parlent pas un mot de français à l'origine .etc..
Pourtant le film est réaliste. Mais au niveau auquel nous devons nous placer, les objets matériels ne dominent pas . Le film est réaliste à cause de sa transposition parfaite des relations entre objets du réel quotidien à la métaphore du film. Pour ainsi dire, les relations dans le film ont des rouages qui épousent avec justesse les lois de la mécanique des sentiments humains, et même avec une précision d'horloger. Attention tout de même, lorsque, je dis « objet » c’est dans le sens où le film pourrait faire le récit de tout objet, absolument quelconque, animé ou non (cf Toy Story). Pour cela, il est clair qu’il suffit que sur les objets filmés on ait pris soin de mapper nos sentiments humains. Dés cet instant, et cet instant est dépassé dans SL, rien de choquant à voir mimée notre expérience quotidienne par des objets. Ceux-ci ont été dotés des attributs relationnels adéquats, attributs qui ne sont pas liés rigidement aux formes matérielles de l’expérience quotidienne. Pour le dire concrètement, la forme de la poire est loin d’être le véritable obstacle à sa capacité à arborer notre modèle de vie sociale. De même on a vu des cochons mimer finement les relations sociales humaines (cf Babes), autant qu’on a pu jadis faire jouer à des hommes le rôle de bêtes primitives à l’écran (cf La guerre du feu). Si on revient à notre capitaine, ce ne sont pas les considérations d’étrangeté qui l'empêchent de reconnaître les qualités que Stewart détient de bon droit . L'aveuglement du capitaine tient à autre chose, et nous allons justement voir à quoi.
Ce qu’il importe de noter dans le comportement du capitaine et de la jeune stagiaire, c’est que SL met en scène 2 mondes de matérialité similaire, mais qui au rang émotionnel, nous affectent très différemment. Nous les nommons :
(a) monde affectivement valable, et (b) monde indifférent. Dans les exemples précédents, on voit bien qu'il ne découle pas de ce que les personnes aient un corps humain qu’elles aient du même coup le plus grand sens des valeurs (NdA : cf notion de ressemblance objective, RO). Et c’est d'avoir pris pleinement la mesure de ces considérations, et de n’en n’avoir jamais démordu que le réalisateur de SL tire tout son mérite dans cette œuvre. Grâce à un point de vue constant, il est parvenu à peindre un tableau au milieu duquel se dresse tel l’immeuble Pishkin la « barrière d’affectivité » (NdA : ou ses corrélats). Ainsi dans SL, le réalisateur a choisi de nous montrer qu’à travers cette barrière tout objet peut passer, et matériellement les choses s'interpénètrent,sauf quelque chose qui ne passe pas la frontière : la parole. Et rester concentré sur le monde de valeur - centré sur Stewart - cela dévoile avec netteté - par un contraste - le deuxième des mondes : celui de l’indifférence. Ce sous-univers (cf Riddick) purement schématique, à la rigueur animé mais à la manière de l’animation des automates, est un monde fondamentalement dépourvu d’âme. En résumé, pour souligner le mérite de l’équipe de réalisation du film sur la petite souris j’ajouterai ce qui suit :
(a)Tracer à travers les transactions du langage, (b) les frontières entre des mondes perméables aux corps, (c) mais non perméables aux sentiments, (d) aurait été au-dessus des forces du cinéaste amateur, ou peu inspiré.
Il est certainement plus facile de mettre en scène une copie imparfaite des objets du quotidien, que de peindre un tableau parfait des transactions entre ses objets.
Pour ceux à qui l’enjeu qui se profile ici n’apparaît pas encore clairement, voici une analogie.
Citation :
(Un film est rarement un laboratoire de physique…)
Dans l’animation ci-dessous, une personne réaliste (Jessica Lang) subit une chute qui viole la loi physique dite « loi de la chute des corps » (Cf Wikipédia).
De façon analogue, au cinéma on peut aller aussi loin et même au-delà dans l’aberration physique (Cf Mission Impossible : scène dite « de la moto sur le train »). Je pose maintenant la question : Question : que feriez-vous si vous aviez le rôle du réalisateur chargé de rendre notre petite animation plausible, voire réaliste ? La question reste posée, répondez-y et vérifiez que la solution commune est :
Réponse : je fais une collure. Ici par exemple il faut « plaquer » un décor de montagne sur le fond.
Or, ce genre de prouesses techniques motivées par la volonté de rendre une scène animée plausible après coup, c’est la règle, ce n’est pas l’exception. Les scènes filmées doivent ainsi faire l’objet de correctifs, et ces derniers doivent être d’autant plus complexes que ces premières sont dynamiques : ni le son ni l’image ne survivent au mouvement. Par ailleurs les changements de points de vue, changements de plans, sont une nuisance pour les 2 raisons qui suivent : (a) ou bien ils génèrent des coupures ou des superpositions dans la séquence échantillonnée,
(b) ou bien s’agissant de montages à partir d’échantillons différents, la scène physique figurée perd irrémédiablement trace de son origine réelle. Ceci fait que finalement, en lieu et place du réalisme, le cinéma nous sert le plus souvent des édifices techniques qui ne restituent que de loin en loin la trace des lois physiques originelles.
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Citation :
(…un film est encore plus rarement un laboratoire des sentiments)
Dans SL, l’enjeu n’est pas situé au cœur de la physique mais du domaine hyperfin qu’on peut qualifier d’univers sentimental. Toutefois il en va de même des forces physiques allègrement bafouées par Jessica Lang (la glisseuse, cf slide ci-dessus), que des lois sentimentales. Ces dernières font elles aussi l’objet de toutes les mutilations, à longueur de scripts, dans le plus gros de la production cinématographique du monde entier. Les relations exposées à l’écran ne sont souvent ni vraies, ni cohérentes, ni plausibles (cf la série Friends). Tout au plus nous les rend-on plausibles par des adaptations, des arrangements, qui sont l’œuvre des réalisateurs. Mais faut-il que ces derniers soient pleinement conscients des lois qui régissent les sentiments. Sans cela ils doivent se contenter de lisser le rendu sentimental de leur œuvre, c’est-à-dire d’en gommer les incohérences les plus grossières.
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Voilà, comme il reste du chemin à parcourir, il ne serait pas raisonnable d’agrémenter d’avantage cet aspect de la discussion par d’autres exemples. Mais on pourra y revenir plus tard. Pour l’instant le lecteur peut prendre acte de la conclusion qui suit :
S’il est vrai que :
(a) SL peut présenter au premier abord les aspects d’un zoo déjanté, il est non moins vrai que (b) dés qu’on approfondit un peu, on trouve une géniale construction qui épouse fidèlement les lois qui fondent et ordonnent l’affectivité, ce qui n’est pas commun ! (2) Certains humains parlent entre eux et à certains animaux
- Frédéric...
Le personnage principal, dont les sentiments et l'expression sont les plus valables, est une souris : c'est Stewart.
D'après l'hypothèse formulée en introduction, c'est donc le modèle d'humanité. Et de fait, (a) tous les personnages, animaux ou humains, qui (b) parlent toutes les langues, la langue humaine et la langue animale, et qui la parlent avec la finesse de Stewart, (c) de tels personnages, quand il y en a, sont (d) les plus importants de l'histoire. C'est là ce que l'on ressent en regardant le film. Une preuve par un contre-exemple exception est donnée par la gène provoquée par les faux-parents souris de Stewart Little lorsqu'ils interviennent à l'écran : (Les faux parents)
Potentiellement, ces souris (les parents potentiels) héritent des capacités de Stewart, puisqu'il faut qu'elles soient crédibles ayant potentiellement transmis par hérédité à SL les capacités du langage évolué dont ce dernier peut se targuer. Mais la réalité est que ces souris ne sont pas ses parents et plutôt des personnages affectivement éloignés du modèle proéminent de Stewart Little. C'est à dire qu'ils n'ont rien de l'honnête citoyen, bien qu'ils présentent le parallèle américain-humain-blanc ou assimilé et souris-américaine-blanche-humaine ou assimilé, parallèle dont on sait qu'il n’est que secondaire (cf Introduction). Voilà donc des souris qui simulent les parents de Stewart, c'est-à-dire des simulatrices, qui plus est fort malhonnêtes ( ) .La symétrie entre capacité de langage et valeur humaine est donc brisée? Qu'à cela ne tienne, le réalisateur a fait en sorte de réduire les dommages. Les souris simulatrices ne sont vues entrain de parler à des humains qu'à une seule et unique occasion, avec les 2 parents adoptifs de Stewart, (et à la rigueur au fils George, un court instant, encore que ce soit discutable), on peut donc à la limite attribuer ce fait au mérite de ces 2 derniers personnages, Frédéric et sa femme, particulièrement valeureux, présentant un intérêt affectif de premier ordre, et donc doués de la plus grande capacité de parole. Si on admet, bien que ce soit un peu tiré par les cheveux malgré le travail du film pour nous gagner à cette cause, que les souris simulatrices sont moins aptes à parler l'humain que les parents adoptifs de Stewart à parler l'animal, les apparences sont sauvées. Rappelons que les apparences résident dans la corrélation entre la valeur des 2 parents adoptifs de Stewart, celle de George, et de leurs capacités orales. La conséquence en est que ce que ces personnages là, pensent, ressentent, expriment, mérite bel et bien toute notre attention, George, un peu moins d'ailleurs mais ce serait aller trop loin dans les détails que de développer ce point ( ...ce n’est qu’un marmot, et les marmots sont moins importants, non ? ;-) )
Sans cette analogie à sauvegarder (la corrélation qu’on vient de citer), en considérant le fait que les souris simulatrices débarquent chez les Little au beau milieu d'une réunion incluant de nombreuses personnes de la famille, le réalisateur aurait pu (dû, NdA) inclure au scénario une scène transitoire qui nous aurait montrer les souris simulatrices placées sous le regard des humains plus quelconques de la famille. Mais il s'en serait suivi un malaise pour le spectateur par l'affirmation d'une capacité de parole maximale chez les personnages affectivement secondaires des souris simulatrices, par ailleurs malhonnêtes. C'est ainsi, que pour éviter une extension de ce trouble, les simulatrices ne peuvent être surprises à parler aux humains, excepté aux parents Little qui leurs parlent. Ainsi elles évitent la famille, et sont ignorées du chauffeur de taxi qui doit les reconduire chez eux à leur départ. On trouve pourtant étrange que le chauffeur n'aide pas les clients à porter les valises, ni à ouvrir la portière, ou n'importe quelle petite interaction banale faisant partie du jeu du chauffeur de taxi et qui est attendu sans incidence sur la neutralité du personnage. Du moins sans incidence en tant normal, car il s'agissait ici de limiter le choc pour le spectateur d'une affirmation trop grande de la capacité à parler chez les souris simulatrices représentant assez nettement les personnes de catégories subalternes dans ce film basé sur un classification affective claire, et qui comporte une logique que tout le monde comprend, que le spectateur ne manquerait pas de trouver déplaisant de voir violée.
(Une certaine logique)
Tout cela ne nous dit pas encore ce qu'est cette logique - cette logique qui divise le monde en catégories de personnes valables et moins valables, qui a de remarquable qu'elle est naturelle, comprise par tous et qu'elle ne choque personne, sauf si elle est bien établie puis ostensiblement violée... Ne peut-on la nommer? On peut déjà dire que c'est une logique qui ne choque pas les enfants, mais on pourrait penser qu'ils ne savent pas distinguer entre la parole donnée à des humains et celle donnée à des animaux, ou même donnée aux choses, dans un récit. Mais on constate qu'on ne surprend pas d'avantage les adolescents ou les adultes. Or, si on peut admettre que les adultes soient capables d'intégrer les codes de l'enfance sciemment et par condescendance en quelque sorte, les adolescents de leur côté rejettent ces codes, et ce nécessairement (par définition), souvent avec brutalité. Or, Stewart Little n'est pas un film qui provoque le rejet des adolescents en cela que l'accent n'est pas mis sur les divisions classiques entre les ages, l'opposition adolescent timoré et adulte responsable par exemple. L'accent est mis sur le clivage (Syn. séparation) humain / non humain. Et les adolescents comprennent fort bien ce clivage, puisqu'ils se considèrent eux-mêmes comme prototype d'humanité. C'est-à-dire que - dans les termes de notre hypothèse de départ - ces derniers s'imaginent évoluer au centre d'un modèle analogue à celui de Stewart Little, pour les sentiments. Ceux qui peuvent parler ce sont, pour les adolescents, non pas les adultes, non pas les enfants, mais les adolescents. Ne serait-ce que par analogie donc, Stewart Little en se plaçant au niveau du clivage humain / non humain, est nécessairement compris de tous. Enfin, discuter comment Stewart Little est un film sur les qualités humaines devrait faire l'objet de développements mais reportons les à plus tard. Revenons à la question de savoir, quelle est cette logique du film qui permet d'identifier êtres dotés de parole aux humains, et êtres sans parole ou très peu à des "moins humains", ou à la limite à des "non humains" ? Nous dirons ceci que cette logique est celle de la division naturelle des personnes, en personnes de différentes valeurs, certes, mais s'en que pour cela on se base sur la ressemblance générale et des critères d'ensemble, mais sur un point particulier et très focalisé : l'affection portée, ressentie, tout simplement.
[TbC] Message édité par cappa le 02-09-2010 à 02:01:50 ---------------
Tester le 1er multisondage HFR ---> MULTISONDAGE.
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