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  Néophyte en quête d'avis et de conseils ( écriture de fantasy )

 


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Néophyte en quête d'avis et de conseils ( écriture de fantasy )

n°9822659
Edwin hock
Posté le 29-10-2006 à 17:54:29  profilanswer
 

Salut tout le monde  :jap:  
 
Alors voila, j'essaie depuis un petit moment d'écrire une histoire de fantasy et j'en suis à un stade où j'ai besoin d'avis. Je sais que ça peut sembler un peu prétentieux à mon âge mais bon  :ange:  
 
Je vous poste donc le prologue en espérant que j'aurais quelques réponses et un peu d'aide  :)  Merci d'avance.
 
Ps : Ne me ménagez pas. Si je poste ici, c'est pour être fixé  ;)  
 
 
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   Peut on parler de bien en l’absence de mal ? Voila une question bien étrange… une de celles que jamais je ne me serais posée si je n’avais vécu tout cela. Néanmoins, comme tant d’autres, j’aurais affirmé que seul le mal est superflu, oui je l’aurais juré…autrefois…bien avant de comprendre ce que malfaisant signifiait…  
 
                                                  Prologue : Le fils des Eyènes
 
              « La souffrance qui lui était chose inconnue, l’entraînera vers la destinée du vertueux… »
 
   Tout débuta lors d’une fraîche nuit d’automne, dans l’une des plus importantes villes portuaires du continent de Maéxence : Edèna. Un jardin aussi vaste que somptueux entourait d’immenses battisses érigées en cercle. En leur centre, se dressait une gigantesque tour blanchâtre dont le sommet n’était visible que des astres. Un solide mur de pierre clôturait la demeure et l’imposant portail était gardé par de nombreux soldats. En somme, il était impossible de pénétrer dans le domaine de la noble famille des Eyènes sans y avoir été convié.  
 
   C’est alors qu’un terrible hurlement brisa la quiétude nocturne ! D’innombrables torches s’allumèrent ça et là et en quelques instants la nuit disparut de la propriété. Tous s’afféraient à la porte du bâtiment nord d’où s’était échappé le cri.  
 
   _ Penses tu qu’il sera là avant l’aube ? souffla l’un des gardes à son compagnon, un rien sarcastique.  
   _ C’est apparemment ce qu’espère Agrime… répondit l’autre, debout face à la large porte en chêne.
   Le fameux Agrime, le chef de la garnison des Eyènes, se tenait près de la porte, au milieu des autres soldats, guettant l’arrivé de son second. C’était un grand homme, plus que robuste, à l’habitude fort calme et qui pour la première fois semblait contrarié.  
 
   Finalement, un soldat d’une certaine corpulence arriva, éreinté et tenant dans ses mains un trousseau de grosses clés rouillées qu’il retournait en tous sens.
   _ Surtout Oleq, ne te précipites pas ! gronda Agrime à la vue de son second titubant.
   _ Cette porte… Pourquoi l’aurais je verrouillé ? C’est…c’est à n’y rien comprendre, balbutia l’homme tout en cherchant avec empressement la bonne clef.  
   _ Peu m’importe que tu l’ais un jour fermé ! Je veux que tu l’ouvres ! s’impatienta Agrime.
   Enfin, le soldat brandit triomphant une longue clef argentée qu’il s’empressa de glisser dans le trou de la serrure, voyant qu’Agrime était à bout.  
 
      La lourde porte s’ouvrit laissant apparaître un couloir obscur.  
   _ Mieux vaut que j’aille remettre ces clefs en lieu sûr, lança Oleq en s’éloignant à grandes enjambés du bâtiment. Ne m’attendez pas !
   _ Jamais il ne changera … chuchota l’un des soldats.
   _ Pour ça il faudrait que la famine nous guette, ajouta un autre en riant doucement.
   Soudain de la porte jaillit un jeune garçon affolé, une longue épée à la main. Un magnifique fourreau gravé entourait la lame d’où s’écoulaient encore quelques gouttes d’un liquide rougeâtre. La garnison reconnue immédiatement l’enfant et plusieurs soldats tentèrent vainement de le stopper.  
   _ Laissez-le ! commanda Agrime. Inutile de le poursuivre, les gardes du portail s’en chargeront. Voyons plutôt quelle diablerie a effrayé notre jeune maître.
   Tout en disant ces mots, le chef de la garnison pénétra dans la maison et cela sans aucune hésitation. Il tira l’épée de son étui et le reste des hommes en firent de même. Ils longèrent prudemment le couloir, brandissant quelques torches pour éclairer le passage. Une seconde porte apparut face à eux, cette fois entrouverte. Agrime fit signe à ses hommes de s’arrêter et s’avança discrètement vers l’entrée.
 
   D’un geste lent, le chef de la garnison poussa la porte, serrant toujours sa lame dans son autre main. Soudain, il sentit que quelque chose bloquait le battant. Ne laissant pas le temps à un éventuel adversaire de se dégager, il s’engouffra derrière la porte !
   Un cri retentit ! Alertés par le bruit, les hommes en retrait accoururent. Le premier passa la tête dans l’embouchure de la porte et, surpris par la scène, s’exclama :  
   _ Agrime… mais qu’est ce que… ?
   Le chef de la garde se tenait debout au côté d’une jeune femme, affalée sur le sol et apparemment terrorisée. Le soldat comprit alors qu’il ne s’agissait que de l’une des servantes du seigneur.
   _ Toi... Mènes la hors d’ici. Nous la questionnerons plus tard, dit doucement Agrime au garde.  
   L’homme acquiesça. Agrime quant à lui fixait d’un air soucieux l’autre extrémité du couloir. Il savait qu’au bout de ce dernier se trouvait la salle de réunion des Eyènes. Un étrange frisson le parcouru… Il fallait qu’il sache. Les autres hommes le virent avancer lentement vers la salle et ne purent que le suivre, inquiets de l’étrange comportement de leur chef.
   Enfin, le groupe pénétra dans la grande pièce. Tous, excepté Agrime, furent horrifiés par cet épouvantable spectacle.
   _ Par Aghnor, mais que s’est-il passé ici ! laissa échapper l’un des soldats.
   Trois corps gisaient sur le sol. Celui du seigneur, de sa femme et de leur jeune fille, tout trois lacérés de toutes parts. D’étranges cicatrices parcouraient le visage et les bras du seigneur : de profondes brûlures. Qui avait pu commettre un tel acte ? C’était la question qui hantait tout les esprits. Ce vieil homme à la chevelure grisâtre, ce symbole de la communauté gardienne, venait de s’éteindre emportant avec lui la force qu’était celle des Eyènes.  
   Un profond silence régnait dans la large pièce ; un hommage pour un homme que tous avaient aimé et servi. L’air était lourd, sans doute à cause de cette horrible odeur de sang.  
   _ Sortez tous de cette salle… Verrouillez toutes les issues et ne laissez personne entrer ni sortir ! ordonna promptement Agrime. Puis il ajouta tout bas et d’un air préoccupé :
   _ Mieux vaut que personne ne voit le seigneur dans cet état…  
   
   L’activité frénétique qui régnait dans le domaine des Eyènes le faisait ressembler à une gigantesque fourmilière. Les hommes retournaient chaque parcelle de la propriété à la recherche d’un éventuel intrus. Quant à Agrime, il venait de sortir du batiment nord et se dirigeait maintenant vers l’édifice central, la tour où résidaient les grands dirigeants d’Edèna : les conseillers de l’Ordre.
   Comme la plupart des hommes, il se doutait que le meurtrier était déjà loin et que toutes ces recherches étaient vaines, mais que faire à part chercher et espérer ? Pour Agrime, il s’agissait maintenant de prévenir les conseillers avant que la nouvelle ne s’ébruite.
   Alors qu’il marchait d’un pas déterminé vers la bâtisse, une voix familière l’interpella. Il se retourna et vit Oleq accourir dans sa direction. L’opulent soldat revenait péniblement du portail principal.  
   _ Agrime ! Nous avons un grave problème ! annonça le second, s’efforçant tant bien que mal de reprendre son souffle.
   _ Si seulement nous n’en avions qu’un… rétorqua le chef de la garnison, maussade.
   _ Cela ne concerne pas l’alerte ! C’est Shaïlo… Il a réussi à franchir le portail. Les hommes se sont lancés à sa poursuite mais je doute qu’ils le rattrapent… expliqua avec empressement Oleq.
   _ Les gardes du portail tu dis… Mais qu’adviendrait t-il si il s’agissait d’une armée ! tonna Agrime.
   _ Ce n’est pas n’importe quel enfant… fit remarquer Oleq. Ils ne pouvaient risquer de blesser l’unique fils du seigneur…
   Agrime n’écoutait plus. Il avait tourné la tête et fixait la tour centrale d’un air pensif. Brusquement son visage se crispa. Une terreur indescriptible l’envahit. Et si le seigneur avait dit vrai.
   Le second, quant à lui, continuait seul ses réflexions :  
   _ Je ne saisis toujours pas sa réaction… avoua t-il tout en massant sa tempe humide.  Pourquoi fuir si il est innocent ? Même les hommes commencent à douter…
   Agrime se retourna vers le soldat et l’interrompit.
   _ Oleq ! Cours te présenter à la chambre de l’Ordre, tu parleras en mon nom au conseil ! ordonna t-il promptement. Je n’ai plus de temps et il me faut à tout prix avertir les gardiens éyènes du danger qui menace le descendant… Seuls eux ont le pouvoir de le sauver à présent.
   Pantois face à l’attitude de son chef, le second s’exécuta sans poser de question. Quel choix avait il…affronter le conseil lui était impossible, désobéir à Agrime lui serait fatal. Le commandant de la garnison le vit repartir au pas de course, ne le quittant pas des yeux. Enfin, Agrime chuchota comme pour lui-même :  
   _ Pourvu que vous vous soyez trompé mon seigneur…que ce ne soit qu’une simple coïncidence…  
 
 
 
                                                                        ____
 
 
 
 
   Un rapide regard en arrière et il comprit qu’il les avait semé. Il fallait fuir, il le savait…mais fuir pour aller où et surtout pour échapper à qui ? Voila tant de questions qui se bousculaient dans la tête du jeune Shaïlo. Tout juste âgé d’une quinzaine d’années, le jeune enfant faisait peine à voir. Blessé au visage et à la jambe, il avançait péniblement dans l’une de ces ruelles sombres dont regorge le sud d’Edèna.  
 
   _ Ayez pitié de votre serviteur… chuchota une voix dans son dos.
   Shaïlo sursauta puis se retourna, anxieux. Un grand homme se tenait là, emmitouflé dans un drap sal et usé, la main tendu en direction de l’enfant. Shaïlo fit un pas en arrière, méfiant : ce n’était qu’un indigent, un de plus en ce jour de festivités… Certains ne connaissaient rien de cette misère qui infestait les rues d’Edèna ; encore moins Shaïlo. Il suffisait d’observer la magnifique étoffe blanche qui recouvrait son torse pour deviner combien ce jeune garçon ignorait tout de la pauvreté.
   Il avait détourné le regard et s’apprêtait à poursuivre son chemin. Dans sa main, il serrait toujours cette longue épée dont la gaine était entachée de quelques gouttes de sang séché. Ce fourreau de métal, argenté et luisant, était orné de nombreux symboles gravés, semblant appartenir à une langue inconnue. Curieusement, l’arme n’était pas fixée à la ceinture de Shaïlo. Il l’a portait à bout de bras et ne sembler pas être gêné par ce fardeau.  
   _ Mon seigneur serait donc pressé… reprit la voix accompagnée d’une pointe indécelable d’ironie, alors que Shaïlo s’éloignait.
   Le jeune garçon n’osa pas s’arrêter et feignit de n’avoir entendu ces paroles. Que lui voulait il ? C’était une question de plus, une de trop à laquelle il n’attendait aucune réponse, préférant se hâter de quitter ces lieux.  
 
   L’extrémité de la ruelle n’était plus qu’à quelques pas et déjà il apercevait la lueur de plusieurs torches. Ces flambeaux illuminaient l’allée que rejoignait l’étroit et sombre passage qu’il longeait. Puis brusquement il s’arrêta ! Ses sourcils se froncèrent, sa respiration cessa : au bout du passage, venait de surgir une silhouette.  
   Shaïlo n’attendit pas que l’ombre dévoile ses intentions et pivota pour s’enfuir ; mais à peine s’était il retourné, qu’il se heurta à un obstacle massif. Le jeune garçon recula malgré lui, repoussé par le choc. Face à lui, se tenait l’indigent qu’il venait d’abandonner. Il était là, les bras croisés et le fixait d’un air amusé. Le drap qui le couvrait auparavant s’étalait maintenant sur le sol et l’enfant put alors constater qu’il ne s’agissait pas d’un mendiant. Une longue épée pendait à sa ceinture et sur sa cuisse était attaché un poignard.  
 
   La peur…un sentiment que Shaïlo n’avait jamais éprouvé avant cette nuit, et pourtant, pour la première fois sa main tremblait. Les battements de son cœur s’intensifiaient, sa respiration s’accélérait : la panique s’emparait de lui. Allait t-il mourir, abandonner la vie comme le reste de sa famille ? Non…une seule image hantait son esprit. Il revoyait son père, agonisant dans une épaisse marre de sang et laissant échapper en soupir d’adieu, le nom de son propre fils. La crainte disparut de son visage. Son père était un gardien Eyène ; lui aussi. Il ne pouvait faillir, pas avant d’avoir vengé les siens. La haine le dévorait.  
   D’une main ferme, le jeune garçon empoigna le long fourreau de son épée et de l’autre serra le manche, s’apprêtant à sortir la lame. Désormais, le danger n’avait plus aucune importance, seul survivre lui importait : vivre pour la mémoire de sa famille, et pour la venger !  
 
   C’était impossible ! Il n’arrivait pas à extraire l’épée du fourreau ! La main de l’homme qui se tenait face à lui était posée sur la sienne et la bloquait.  
   _ Tirer son épée face à un Drak tiens davantage de la folie que du courage, mon garçon…qui plus est à ton âge… dit d’une voix grave l’homme tout en esquissant un sourire.
   Shaïlo ne pouvait admettre cette défaite. Si il tombait maintenant, jamais il ne pourrait honorer sa promesse. D’un mouvement d’une rapidité surprenante, il libéra sa main de celle de son adversaire et fit un bond en arrière. Prendre ses distances pour mieux réattaquer, oui, mais il s’agissait de ne pas échouer.
   
   Soudain, sa vision se troubla. Une douleur indescriptible se fit ressentir à l’arrière de son crâne. Il s’effondra ! Le second homme, resté en arrière, s’avança près du jeune garçon qu’il venait d’assommer. Il se pencha et saisit l’épée à côté de laquelle gisait Shaïlo.
   _ Que fait une telle arme entre de si jeunes mains… soupira l’inconnu en considérant avec attention les nombreuses gravures du fourreau.
   _ Peu importe… Elle est notre à présent, fit observer l’autre homme, toujours avec ce même sourire satisfait.
   C’était certainement la toute première fois qu’un Drak épargnait son adversaire, enfin…si telles étaient ses intentions… Ces bandits sanguinaires étaient en effet connus pour leur extrême cruauté. Originaires de Iokam, le continent des Insurgés, les Draks erraient dans la plupart des cités portuaires que comptaient les terres de Maéxence, toujours à l’affût de quelques fortunes à dérober.  
   L’homme examinait toujours la lame avec intérêt. De ses doigts, il effleurait délicatement les sillons qui parcourraient le fourreau. Puis il passa lentement sa main autour du manche, le saisit fermement et tira. La lame ne sortait pas, comme bloquée ! L’homme eut beau s’obstiner, l’épée ne cédait pas ! Le Drak cessa de tirer, comprenant qu’insister était inutile… Il retira sa main, impassible.
   _ Gassahn, nous perdons un temps précieux, reprit doucement le second homme en s’avançant vers Shaïlo. Assurons nous que ce jeune garçon n’a rien d’autre à nous offrir et finissons en…
   Les yeux toujours rivés sur l’épée qu’il tenait entre ses mains, le dénommé Gassahn ne réagissait pas. Il ne pouvait en détacher son regard, fasciné et intrigué. L’autre brigand, quant à lui, s’était agenouillé près de Shaïlo et s’apprêtait à le retourner. Il avança la main et saisit le tissu qui recouvrait le torse du jeune enfant, puis l’empoigna. A peine eut il commencé à tirer que l’étoffe glissa de l’épaule du garçon laissant apparaître sa fine poitrine. Le Drak poussa un cri de stupeur !
   Son compagnon tourna immédiatement la tête. Sur la poitrine de Shaïlo, se dessinaient les contours d’un motif sculpté dans la peau, ressemblant à un sillon entrecoupé d’un cercle.
   _ La marque des gardiens… murmura stupéfait le Drak, serrant toujours la magnifique épée dans sa main.  
   Puis il examina à nouveau le fourreau. Se pouvait-il qu’il tienne entre ses doigts l’illustre glaive d’Arac, la lame qui avait scellé le destin de l’ïle de Daega il y a si longtemps ? Bien loin d’être un érudit, Gassahn savait néanmoins que depuis de nombreuses générations la lame appartenait au patrimoine de la lignée Eyène. Le rapprochement s’avérait tentant. Ce jeune gardien égaré et cette épée…un tel hasard était impossible ! L’homme ne savait plus que penser.
   _ L’aube approche… Il nous faut partir avant que l’une des garnisons de l’Ordre ne nous surprenne ! déclara le second homme en se redressant, inquiet.
 
   Une brise glaciale parcourait la sombre ruelle tandis que Gassahn frissonnait légèrement. Il avait à nouveau tourné la tête en direction de Shaïlo et contemplait cette étrange cicatrice qui creusait sa poitrine.  
   Soudain, il sentit une main se poser sur son épaule et se retourna. Son complice lui désignait du doigt l’extrémité du passage, silencieux. Au bout de ce dernier, une silhouette venait de surgir d’entre les ombres et s’avançait lentement en direction des deux Draks. Sa longue aube sombre traînait sur le sol tandis que l’inconnu marchait la tête baissée et les mains jointes.
   _ Mon ami, tu me sembles bien mal servi par le sort…devoir ainsi périr pour que ta langue ne nous trahisse… lança d’un ton cynique le compagnon de Gassahn, alors que l’étranger continuait d’avancer.
   A ces mots, l’inconnu s’arrêta, la tête toujours recouverte par la large capuche de son vêtement, masquant ainsi son visage. Les deux malfrats guettaient le moindre de ses gestes, attentifs au premier signe qui trahirait sa fuite. Immobile au milieu de la ruelle, il semblait néanmoins très calme, comme si sa présence en ces lieux n’était aucunement le fruit du hasard. Puis de sa bouche s’échappa un murmure à peine perceptible :
   _ Disparaissez…  
   La réaction du malandrin ne se fit pas attendre. Alors que Gassahn fixait toujours l’étrange personnage d’un air troublé, son compagnon s’élança en direction de ce dernier.
   _ Comment peux tu oser ! vociféra le Drak dans sa course.
   D’un bond rapide, il se retrouva face à l’inconnu, le poing en avant, prêt à porter le coup. L’individu ne bougeait pas, la tête toujours baissée. Le choc s’annonçait terriblement violent !  
 
   Le corps de son compagnon alla s’écraser contre le mur qui longeait le sombre passage, puis retomba lourdement sur le sol. D’un simple geste de la main et avec une force inouïe, l’inconnu avait projeté son adversaire contre la solide construction de pierre. Gisant ainsi sur le chemin pavé, agonisant, le Drak tourna lentement la tête vers Gassahn. Sa main tremblante se souleva légèrement du sol, le bras tendu en direction de son ami. Il laissa échapper un dernier gémissement puis sa main retomba : ses paupières étaient closent, il s’en était allé.
   Le regard de Gassahn semblait vide, figé sur la dépouille de ce Drak. Que lui arrivait il ? Il ne sentait plus son cœur battre, comme si la mort de cet homme avait été la sienne. C’était peut être ça les liens si singuliers que tous reconnaissaient aux peuples de Iokam. Aussi vils qu’ils soient, les Draks formaient une famille dont les membres étaient unis par bien plus qu’une simple amitié. Liés aussi bien par un passé souvent des plus atroce que par une volonté de vivre sans limite, ces bandits étaient avant tout des hommes…
   Le désarroi laissa place à la colère. Gassahn avait détourné le regard et dévisageait le sinistre meurtrier de son ami. Ses yeux apparaissaient aussi noirs que son cœur pouvait l’être. Il observait la capuche qui recouvrait la tête de l’étranger, croyant entrevoir un sourire se dessiner sur son visage. Il devina alors quelle cruauté habitait ce personnage semblant des plus malfaisant.  
   Qui était t-il pour posséder un tel pouvoir…cela n’avait plus aucune importance pour Gassahn, à présent aveuglé par une haine indescriptible. Il laissa tomber l’épée qu’il avait ôté des mains de Shaïlo ; le fourreau heurta le sol pavé dans un bruit métallique retentissant ! Puis de sa ceinture, il tira lentement une courte lame que la pleine lune faisait étinceler, fixant toujours son nouvel adversaire du coin de l’œil.  
   _ J’ignore qui tu es, mais je jure sur mon âme qu’ici et maintenant tu vas expier tes péchés, proféra Gassahn d’une voix amère.
   Ayant dit ces mots, il s’avança en direction de l’inconnu. Certes son pas était lent mais témoignait d’une détermination inébranlable comme si la mort de cet étranger pouvait justifier la sienne. Puis brusquement il s’élança, parcourant en un instant les derniers mètres qui le séparait du meurtrier. Son poignard traversa l’épais tissu de l’aube et s’enfonçant dans la poitrine de son adversaire : un coup droit au cœur pour apaiser le sien.
   _ Meurt ! lança sèchement Gassahn, remuant vivement la lame dans la plaie.
 
   Le temps semblait s’être arrêté. Ni le Drak, ni l’inconnu ne bougeaient. Etait il mort ? Gassahn n’en savait rien, mais le doute s’installait peu à peu dans son esprit. Enfin, le silence se brisa :
   _ Pourquoi vouloir ainsi précipiter son destin… ironisa l’inconnu, d’une voix sépulcrale.
   Ces mots avaient résonné dans la tête de Gassahn comme une sentence prononcée par la mort elle-même ; l’infâme était donc bien vivant. Pris de panique, le Drak comprit soudain que son seul salut résidait dans la fuite. Retirer la lame et disparaître ; la stratégie était fort simple. L’homme avait pourtant connu bien des dangers avant cela mais jamais il n’avait frémis de la sorte.
   
   C’est alors que l’inconnu releva lentement la tête, laissant ainsi le Drak découvrir son mystérieux visage. Leurs regards se croisèrent et Gassahn prit alors conscience de ce qu’avait été son erreur. Un fond des plus sombre entourait une pupille d’un rouge intense : ces yeux ne pouvaient que le terrifier ! Gassahn tenta dans un dernier élan d’espoir de pivoter pour s’enfuir, mais il était trop tard… L’individu lui avait déjà saisis le bras et de son autre main lui avait agrippé la gorge.
   Il serrait fermement, étranglant doucement Gassahn qui gémissait faiblement. Le Drak griffait désespérément le bras du sombre meurtrier, sentant qu’il ne l’épargnerait pas. Puis soudain, Gassahn se mis à hurler. Il se tordait de douleur alors que l’autre restait flegmatique. Que lui infligeait il ? Il sentait sa peau le brûler, comme si son corps entier s’enflammait. Une lueur bleue commença à se former autour de lui, la douleur devint insupportable.
   _ Achèves moi ! supplia t-il dans un cri mêlant souffrance et désespoir, le visage crispé.
   L’autre ne bronchait pas, esquissant toujours ce même sourire, témoin d’une cruauté sans limite. Puis, la lueur qui entourait Gassahn s’intensifia, illuminant la ruelle tel un halo divin. Un dernier hurlement déchira la nuit, puis ses traits se relâchèrent… La lumière avait disparu.
 
   Ses bras pendaient le long de son corps ; il ne bougeait plus. Seul la main de l’assassin qui pressait son gosier, maintenait Gassahn sur ses appuis. L’inconnu lâcha prise, le Drak s’écroula, inanimé. Sa dépouille gisait sur le sol, couverte de crevasses rougeâtres et ensanglantées, la chair marbrée d’innombrables brûlures.  
   L’inconnu lui jeta un regard indifférent puis tourna la tête vers l’autre extrémité de la ruelle, apparemment préoccupé. Son sourire arrogant s’estompa, lorsqu’il comprit que cet insignifiant marmot s’était joué de tous ; Shaïlo ainsi que l’épée qui avait tant attiré l’attention de Gassahn, s’étaient tout deux volatilisés.  
   _ Inutile de fuir jeune gardien… Quoi qu’il arrive ta destinée rejoindra celle de ton père… murmura l’étranger tandis qu’il inclinait à nouveau la tête. Ses yeux couleur de sang disparurent sous le pli de sa capuche.
   Une brise glaciale balaya pour la seconde fois l’obscure ruelle, soulevant un fin nuage de poussière qui se déposa sur les corps des deux Draks. La venelle avait retrouvé son calme, déserte…  
 
   Quel goût horrible. Un étroit filet de sang s’écoulait le long de sa joue, se faufilant dans sa bouche par la commissure de ses lèvres. Cette profonde entaille faite sous l’œil de Shaïlo le faisait souffrir depuis un long moment. La plaie atteignait presque la longueur d’un pouce et menaçait de s’infecter. Il n’y prêtait pourtant guère attention, trop tourmenté par les récents évènements.  
   Tandis qu’il arpentait cette longue allée qui semblait mener au port, l’enfant tentait tant bien que mal de comprendre sa situation. Tant de sang avait déjà coulé cette nuit, autant de meurtres dont il avait été témoin. Pourquoi…pourquoi voulait-on sa mort ? Se sentir ainsi en danger était pour lui une chose nouvelle, effrayante. Sa main serrait avec force le fourreau de l’épée qu’il avait récupéré dans sa fuite. Quelle défense dérisoire comparée au pouvoir de son poursuivant… Il se sentait si faible, si impuissant, lui qui se disait gardien et qui à présent était incapable de protéger sa propre vie. La honte s’ajouta au désespoir.
   
   Apeuré, épuisé, la sueur abondait sur son visage égratigné. Le vent faisait s’agiter sa sombre tignasse alors qu’il dévalait à toute vitesse le passage désert, malgré sa jambe sanguinolente. Atteindre le Soun, cette vélocité propre au gardien ; lui qui en rêvait tant ; mais ce n’était pas aujourd’hui et avec un membre dans cet état qu’il y parviendrait…  Néanmoins, il progressait rapidement en direction du port, toujours soucieux de ses arrières. Ce mystérieux assassin…était il encore sur ses traces ? Cela n’eut plus d’importance lorsque enfin il aperçut l’extrémité de l’allée. Déjà il distinguait quelques embarcations qui tanguaient au rythme des flots ; mais à peine s’était il engagé sur le quai, qu’une main puissante le saisit au bras et l’obligea à pivoter, emporté par son élan.  
   Ces hommes étaient au nombre de six, une patrouille de l’Ordre au complet, chacun d’eux vêtus d’une cuirasse luisante en cuir fin et armés d’une épée pour le moins dissuasive.
   _ Où comptiez vous aller ainsi, jeune gardien ? demanda doucement le soldat qui le retenait.
   Shaïlo leva les yeux et contempla le visage si avenant du soldat : son sauveur. Allait il enfin se réveiller, sortir de cet épouvantable cauchemar ? Il fixait sa main, emprisonnée dans celle de l’homme ; elle ne tremblait plus.  
   Voyant que l’enfant prêtait attention à son étreinte, le garde pensa immédiatement que le geste l’avait offensé. Il libéra avec empressement la main du jeune gardien et posa un genou à terre, tout en inclinant la tête.
   _ Veuillez pardonner mon impertinence, mon seigneur ! Nous avions pour ordre de vous reconduire au domaine mais si vos désirs sont autres nous ne pourrons que vous obéir, assura t-il, les yeux baissés en signe de soumission.
   Beaucoup avaient péri pour un affront bien plus futile ; il en était conscient. Les gardiens avaient un tel pouvoir et une telle emprise sur l’Ordre, que d’un simple mot ils étaient en mesure d’ôter la vie de quiconque.
   
   Il y eut un long silence et finalement l’homme se hasarda à relever la tête. Le regard de Shaïlo ne s’était pas attardé sur son humble posture. Dépité, il avait froncé les sourcils et fixait l’allée située dans le dos de son bienfaiteur. Le soldat tourna lentement la tête, intrigué. Un inconnu vêtu d’une sombre pèlerine se tenait debout à une dizaine de mètres. Shaïlo n’en croyait pas ses yeux ; il ne l’avait pas semé...
   Le garde se releva et fit plusieurs pas en direction de l’étranger, affichant toujours ce même air affable.
   _ Que veux tu brave homme ? demanda t-il calmement, la main posée sur le pommeau de son épée. La réponse se fit attendre quelques secondes.
   _ Vos vies… murmura enfin l’inconnu tout en relevant la tête. Ses yeux rouges contrastaient avec l’obscurité de la nuit, lui donnant un air des plus démoniaque. Il n’en fallu pas plus pour faire réagir le chef de l’escorte. D’un geste rapide du bras, il écarta le jeune gardien qui était resté figé :
   _ Mon seigneur, fuyez ! Vous devez vivre. Nous le retiendrons tant qu’il faudra, mais je vous en supplie, sauvez vous ! , dit il rapidement, sans quitter l’étrange personnage du regard.
   Le soldat empoigna le manche de son épée et la sortit précipitamment du fourreau puis commanda à ses homme d’encercler l’ennemie qui demeurait immobile.
   
   Shaïlo fit quelques pas à reculons, terrorisé. Que devait il faire ? Jamais il n’aurait la force d’affronter un tel adversaire… Soudain il pivota et s’élança vers l’appontement le plus proche. Il s’esquivait, une fois de plus, abandonnant à leur triste sort ces hommes si dévoués.  
   En quelques secondes, il atteignit l’autre extrémité du quai ; puis s’écroula. Recroquevillé sur le sol, la main posée sur sa cuisse ensanglantée, il tentait en vain de calmer la douleur. A ce rythme, il ne pourrait bientôt plus marcher, il le savait. Quelle ironie pour un gardien… Rassemblant ses dernières forces, il plaqua son autre main sur le sol et se redressa péniblement pour scruter les alentours. Un vieux trois mats encore amarré attira son attention. De nombreux hommes s’occupaient de son chargement, prévoyant sans doute d’appareiller avant l’aurore ; c’était sa chance.  
   C’est alors que tous tournèrent la tête vers l’orée du port. Un épouvantable cri venait de rompre la douce mélodie des flots. L’aube était proche mais dans cette demie pénombre, la plupart des matelots ne pouvaient distinguer la provenance du hurlement. Certains crurent pourtant apercevoir deux hommes, l’un à genoux, l’épée à la main, l’autre debout et vêtu d’un long vêtement sombre.  
   Soucieux, les marins quittèrent immédiatement le ponton qui longeait le navire, après quoi la passerelle roula sur le bastingage ; quoi qu’il se trame, ce n’était pas le moment de s’éterniser…
   
   Ainsi agenouillé, sa main épousait parfaitement la surface pavée du sol, alors que de l’autre il serrait toujours sa longue épée. La lame raclait le dallage d’un mouvement circulaire, produisant un grincement métallique fort désagréable ; le chef de l’escorte s’était bien battu mais le combat était terminé. Il entendait déjà les pas de son ennemi se rapprocher, sonnant le glas de sa défaite.
   _ Mais…mais qui es tu ? gémit le soldat, relevant la tête pour affronter le regard de son impitoyable adversaire.  
   L’inconnu ne donna en signe de réponse qu’un simple sourire qui en disait long sur ses intentions. S’arrêtant près de l’homme, il leva la main en direction de son front. L’instant d’après, le garde s’effondra, ayant donné sa vie pour une cause dont il ignorait tout…
   
   Son dessein restait inchangé ; ses yeux rouges scrutaient les environs à la recherche de son insignifiante proie : cet individu n’avait donc qu’une volonté… C’est alors que son attention se porta sur les pavés à quelques mètres de là. Plusieurs gouttes de sang frais maculaient le sol à ces pieds : il tenait sa trace !  
   Rapidement, cette piste mena l’étranger sur une large passerelle qui dominait les eaux tumultueuses. Il laissa échapper un profond soupir. Un vétuste trois mats s’éloignait lentement du port, emportant sans doute le fruit de sa quête :  
   _ Où que te conduises ces vents, jamais tu ne trouveras le repos, proféra t-il, la voix imprégnée d’une certaine colère.  
   Une brise légère et glaciale enveloppa l’assassin qui disparut aussitôt.    
 
   Les vagues déferlaient sur la coque du navire dans un bruit de tonnerre, couvrant celui de ses sanglots. Shaïlo avait survécu, pour l’instant, mais au prix de nombreuses vies. Ecroulé contre le bastingage et les genoux repliés, il sentait enfin disparaître sa peur.  
   Il se redressa lentement et se retourna pour poser un bras sur la rambarde. De ses yeux brillants, il contempla la beauté de cette mer agitée alors que roulait sur son visage meurtri une dernière larme.  Les reflets du soleil levant trahissaient déjà la venue de l’aube, annonçant le début d’un bien long périple…
 
 

mood
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Posté le 29-10-2006 à 17:54:29  profilanswer
 

n°9822693
667
Le voisin de la Bête
Posté le 29-10-2006 à 18:00:32  profilanswer
 

Je pense qu'il serait plus approprié de poste ça la: http://forum.hardware.fr/hardwaref [...] 206-30.htm


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