Giuseppe_P | thermocline a écrit :
Si on ne peux nier le role "actif" des politiques et donc de l'Etat Francais dans la guerre revolutionnaire lors de la decolonisation en indochine/algerie, il n'en va probablement pas de meme pour le soutien aux dictatures sud americaines. Je ne dis pas que les instructeurs ont agi completement seuls, mais il n'y avait pas une volonte politique francaise de permettre ce genre de chose.
Autrement dit, l'Etat Francais ne pouvait euthanasier les monstres qu'il avait engendres dans les annees 50. ce qui ne veut pas dire qu'il soutenait leurs initiatives a leur epoque sud americaine.
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Ben voyons.... !
Quelques éléments incontrolés de l'armée... hein...
Toujours cette attitude de nier les responsabilités de l'état français...
Dès la fin des années 1950, les méthodes de la « Bataille dAlger » sont enseignées à lÉcole supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où sinstalle une « mission militaire permanente française » constituée danciens dAlgérie (elle siègera dans les bureaux de létat-major argentin jusquà la dictature du général Videla). De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la « guerre moderne », quils appliqueront au Sud-Viêtnam.
Fruit dune enquête de deux ans, menée en Amérique latine et en Europe, ce livre apporte détonnantes révélations, appuyées sur des archives inédites et sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux - français, américains, argentins, chiliens... Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusquà la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard dEstaing avec les dictatures de Pinochet et de Videla, ce livre dévoile une page occulte de lhistoire de France, où se croisent aussi des anciens de lOAS, des fascistes européens ou des « moines soldats » agissant pour le compte de lorganisation intégriste la Cité catholique..
Harguindeguy (ministre de l'intérieur de la junte argentine) déclare que Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur français, a demandé que les polices collaborent... Contreras, le bras droit de Pinochet, raconte comment la DST le prévenait chaque fois qu'un Chilien rentrait au pays, cela veut dire qu'on les envoyait a la mort.
Citation :
C'est vrai qu'il y a de quoi s'offusquer de cette bonne vieille spécificité française : tandis qu'aux États-Unis, la publication de photos, par la chaîne CBS, montrant l'usage de la torture en Irak par des militaires américains déclenchera en avril 2004 une crise légitime outre-Atlantique et fera la une des journaux français pendant une quinzaine de jours, les déclarations, documents à l'appui, d'une palanquée de généraux français, nord et sud-américains et d'un ancien ministre des Armées sur le rôle joué par le « pays des droits de l'homme » dans la genèse des dictatures du Cône sud ne provoquent en France que. l'indifférence générale.
Ou presque : le 10 septembre 2003, le jour où paraît le numéro précité de Télérama, les députés Verts Noël Mamère, Martine Billard et Yves Cochet déposent une demande de commission d'enquête parlementaire sur le « rôle de la France dans le soutien aux régimes militaires d'Amérique latine de 1973 à 1984[2] », auprès de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, présidée par Édouard Balladur. Pas un journal, à l'exception du Monde[3], ne se fait l'écho de cette demande. Qu'importe : on se dit, à l'instar de Marie Colmant, qu'il existe bien, en France, « quelques députés plus réveillés que les autres » et que quelque chose va, enfin, se passer. Nenni ! Nommé rapporteur, le député Roland Blum, qui, malgré ma demande écrite, n'a même pas daigné m'auditionner, publie, en décembre 2003, son « rapport » : douze pages où la langue de bois rivalise avec la mauvaise foi[4].
On peut notamment y lire : « La proposition de résolution est fondée, sur un point, sur des faits inexacts. En effet, elle émet le souhait qu'une éventuelle commission d'enquête puisse étudier le "rôle du ministère des Armées et en particulier l'application des accords de coopération entre la France, le Chili, le Brésil et l'Argentine entre 1973 et 1984". Or, aucun accord de coopération militaire entre la France et l'un de ces trois pays d'Amérique latine n'était applicable lors de la période considérée. [.] Aucun accord de ce type ne figure au recueil des accords et traités publié par le ministère des Affaires étrangères. » Roland Blum - c'est un comble ! - n'a manifestement pas vu mon documentaire, où je montre une copie de l'accord, signé en 1959, entre la France et l'Argentine, pour la création d'une « mission permanente militaire française » à Buenos Aires, laquelle perdurera jusqu'à la fin des années 1970, ainsi que le prouvent les documents que je produis également à l'antenne (voir supra, chapitres 14 et 20). D'ailleurs, si le rapporteur avait fait l'effort de me contacter, j'aurais pu lui indiquer où retrouver ledit accord dans les archives du Quai d'Orsay[5].
Fondé sur le déni pur et simple, le reste du rapport procède du même tonneau négationniste. En voici quelques morceaux choisis : « Que des généraux argentins ou chiliens indiquent qu'ils ont appliqué des méthodes enseignées par d'autres peut se comprendre : ils cherchent à atténuer leur responsabilité individuelle en faisant croire qu'ils agissaient dans le cadre d'une lutte mondiale contre le communisme, mais cela ne doit pas nous faire oublier que les tortionnaires en question ne sont pas vraiment des témoins dignes de confiance. [.] La politique française à l'égard de l'Amérique latine fut à l'époque dépourvue de toute ambiguïté. Au-delà des condamnations verbales de ces régimes, la France agissait concrètement en accueillant massivement des réfugiés de ce pays. [.] Certes, il n'est pas inenvisageable que des personnes de nationalité française aient pu participer à des activités de répression, mais si cela a été le cas, ce fut à titre individuel. »
La lecture du rapport devant la commission des Affaires étrangères a provoqué quelques remarques acerbes du député Noël Mamère, qui a estimé que « les arguments avancés par le rapporteur n'étaient ni valables ni justifiés. Leur seul objectif est d'éviter de faire la lumière et de travestir la vérité ». Venant à la rescousse de son collègue Vert, le député socialiste François Loncle a, quant à lui, « souligné l'intérêt pour les membres de la commission parlementaire de visionner ce documentaire ». Chose que ceux-ci n'ont pas jugé nécessaire, puisque « conformément aux conclusions du rapporteur, la commission a rejeté la proposition de résolution ».
Le déni, encore et toujours. Voilà l'attitude adoptée systématiquement par les gouvernants du « pays des droits de l'homme » chaque fois que des journalistes ou des historiens tentent de lever le voile qui couvre la face peu glorieuse de l'histoire post-coloniale de la France. Le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin s'est lui aussi comporté en bon petit soldat de l'omerta institutionnelle, lorsqu'il a effectué, en février 2004, une visite officielle au Chili, où les journaux avaient largement rendu compte de mon film[6]. Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse, le ministre de la République s'est contenté de nier purement et simplement toute forme de collaboration de l'armée ou du gouvernement français avec les dictatures latino-américaines, en laissant entendre que l'enquête sous-tendant le documentaire, qu'il n'a selon toute vraisemblance pas vu, n'était pas sérieuse[7].
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Et au Rwanda c'est aussi quelques militaires incontrolés ???
Citation :
La « doctrine française » au cour du génocide rwandais
Après la lecture de l'interview réalisée par ma consour du Mercurio, j'ai eu envie de prendre ma plume pour écrire à Dominique de Villepin. Finalement, je ne l'ai pas fait, mais j'ai lu, depuis, le long essai que lui a adressé Patrick de Saint-Exupéry, journaliste au Figaro, qui lui reproche un autre déni : celui du génocide perpétré au Rwanda par les Hutus contre les Tutsis, d'avril à juin 1994[8]. Un déni, qui, en réalité, en cache un autre : celui du rôle joué par la France dans la genèse du troisième génocide du xxe siècle, où plus de 800 000 innocents furent massacrés en cent jours.
Appelé à témoigner en janvier 2004 devant le tribunal pénal international d'Arusha (Tanzanie), dont la mission est de juger les responsables du génocide rwandais, le général canadien Roméo Dallaire, commandant des forces de l'ONU au Rwanda, expliquera : « Tuer un million de gens et être capable d'en déplacer trois à quatre millions en l'espace de trois mois et demi, sans toute la technologie que l'on a vue dans d'autres pays, c'est tout de même une mission significative. Il fallait qu'il y ait une méthodologie. Cela suppose des données, des ordres ou au moins une coordination[9]. » Celui qui commandait alors les 2 500 casques bleus de la Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda (Minuar) et qui, après une longue dépression, a fini par écrire ses mémoires[10], s'est fait plus explicite dans une interview à Libération : « Les Belges et les Français avaient des instructeurs et des conseillers techniques au sein même du quartier général des forces gouvernementales, ainsi que dans les unités d'élite qui sont devenues les unités les plus extrémistes. [.] Des officiers français étaient intégrés au sein de la garde présidentielle, qui, depuis des mois, semait la zizanie et empêchait que les modérés puissent former un gouvernement de réconciliation nationale[11]. »
Qui étaient ces Français et quelle était leur mission ? C'est précisément le cour de l'enquête de Patrick de Saint-Exupéry, qui rappelle qu'en 1990, le président François Mitterrand décida de s'engager résolument aux côtés de son homologue Juvénal Habyarimana, arrivé au pouvoir au Rwanda après un coup d'État sanglant. Représentant la majorité hutue du pays, le dictateur se dit alors menacé par les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais de Paul Kagamé, soutenus par l'Ouganda anglophone. Et c'est là que resurgirent les vieux démons coloniaux de la « patrie des droits de l'homme » : obsédé par le « complexe de Fachoda[12] », le président Mitterrand craignait de voir tomber le Rwanda dans le giron anglo-saxon, en l'occurrence américain. Or, le « pays des mille collines », c'est bien connu, fait partie du pré-carré français.
Dans l'entourage présidentiel, on susurre que les États-Unis ont décidé de parrainer une « guerre révolutionnaire » contre la France, menée par le FPR, dont le chef Paul Kagamé, rappelle-t-on opportunément, a été formé à Cuba et à. Fort Bragg. C'est ainsi que, le 4 octobre 1990, après une « manipulation[13] » simulant une fausse attaque des « rebelles » à Kigali, Paris vole au secours de Habyarimana en envoyant des « renforts ». « De 1990 à 1993, nous avons eu cent cinquante hommes au Rwanda, dont le boulot était de former des officiers et sous-officiers rwandais, écrit Patrick de Saint-Exupéry. Ces hommes étaient issus du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) et du 2e REP, deux régiments de la 11e division parachutiste (DP), le creuset du service Action, le bras armé de la DGSE[14]. » La DGSE, qui, on l'a vu, s'appelait SDECE du temps où un certain général Aussaresses officiait précisément au service Action.
Un extrait du rapport établi par la mission d'enquête parlementaire qui, à la fin de 1998, essaya de faire la lumière sur le rôle de la France au Rwanda, donne une idée précise du « boulot » effectué par les « renforts » français : « Dans le rapport qu'il établit le 30 avril 1991, au terme de sa deuxième mission de conseil, le colonel Gilbert Canovas rappelle les aménagements intervenus dans l'armée rwandaise depuis le 1er octobre 1990, notamment :
- la mise en place de secteurs opérationnels afin de faire face à l'adversaire ; [.]
- le recrutement en grand nombre de militaires de rang et la mobilisation des réservistes, qui a permis un quasi-doublement des effectifs ; [.]
- la réduction du temps de formation initiale des soldats, limitée à l'utilisation de l'arme individuelle en dotation ; [.]
- une offensive médiatique menée par les Rwandais[15]. »
Et Patrick de Saint-Exupéry de décoder le langage militaire, en appliquant le jargon caractéristique de la « doctrine française » : « Ces mots nous décrivent un type précis de guerre, écrit-il :
"Secteurs opérationnels", cela signifie "quadrillage".
"Recrutement en grand nombre", cela signifie "mobilisation populaire".
"Réduction du temps de formation", cela signifie "milices".
"Offensive médiatique", cela signifie "guerre psychologique"[16]. »
De fait, ainsi qu'il ressort des documents d'archives consultés par mon confrère du Figaro, « la France prend les rênes de l'armée rwandaise », deux ans avant le génocide. Le 3 février 1992, une note du Quai d'Orsay à l'ambassade de France à Kigali met celle-ci devant le fait accompli : « À compter du 1er janvier 1992, le lieutenant-colonel Chollet, chef du détachement d'assistance militaire et d'instruction (DAMI), exercera simultanément les fonctions de conseiller du président de la République, chef suprême des Forces armées rwandaises (FAR), et les fonctions de conseiller du chef d'état-major de l'armée rwandaise. » La note précise que les pouvoirs de l'officier français auprès du chef d'état-major consistent à « le conseiller sur l'organisation de l'armée rwandaise, l'instruction et l'entraînement des unités, l'emploi des forces[17] ».
Tandis que les instructeurs français du DAMI forment dans les camps militaires rwandais des unités, qui seront, plus tard, le fer de lance du génocide, Paris reste sourd aux dénonciations de massacres qui émaillent le début des années 1990, et continue d'armer massivement le Rwanda[18]. « Nous n'avons tenu ni machettes, ni fusils, ni massues. Nous ne sommes pas des assassins, commente, meurtri, Patrick de Saint-Exupéry. Nous avons instruit les tueurs. Nous leur avons fourni la technologie : notre "théorie". Nous leur avons fourni la méthodologie : notre "doctrine". Nous avons appliqué au Rwanda un vieux concept tiré de notre histoire d'empire. De nos guerres coloniales. Des guerres qui devinrent "révolutionnaires" à l'épreuve de l'Indochine. Puis se firent "psychologiques" en Algérie. Des "guerres totales". Avec des dégâts totaux. Les "guerres sales"[19]. » Et d'ajouter : « Cette doctrine fut le ressort du piège [.] qui permit de transformer une intention de génocide en génocide. [.] Sans lui, sans ce ressort que nous avons fourni, il y aurait eu massacres, pas génocide[20]. »
À ceux qui voudraient se raccrocher aux branches de la bonne conscience en se disant qu'après tout le « pays des droits de l'homme » ne pouvait pas prévoir quelle serait l'ampleur du drame en gestation, le journaliste du Figaro apporte de nouveaux éléments qui terrasse leurs dernières illusions : du 17 au 27 septembre 1991, Paul Kagamé, le chef des « rebelles » tutsis a effectué une « visite en France au cours de laquelle il a pu rencontrer MM. Jean-Christophe Mitterrand et Paul Dijoud », note un télégramme diplomatique, cité dans le rapport de la mission d'enquête parlementaire[21]. C'est lors d'un rendez-vous avec Paul Dijoud, le directeur des Affaires africaines au Quai d'Orsay, que le futur président rwandais aurait entendu celui-ci proférer de sombres menaces : « Si vous n'arrêtez pas le combat, si vous vous emparez du pays, vous ne retrouverez pas vos frères et vos familles, parce que tous auront été massacrés[22] », aurait dit celui qui occupera plus tard le poste d'ambassadeur de France en Argentine, au moment où j'enquête pour mon film Escadrons de la mort : l'école française.
En lisant ces lignes, j'ai frémi : la veille de mon départ pour Buenos Aires, j'avais failli informer l'ambassade de France de mes projets, estimant que mon tournage comportait quelques risques et qu'il convenait peut-être d'aviser le représentant des autorités françaises. « Je te le déconseille, m'avait dit Horacio Verbitsky. Dijoud est comme cul et chemise avec les militaires argentins, et il vaut mieux que tu restes le plus discrète possible, si tu ne veux pas faire capoter tes interviews avec les anciens généraux de la junte. »
En attendant, une chose est sûre : fin avril 1994, alors que le génocide rwandais bat son plein, une délégation du « gouvernement intérimaire » de Kigali est reçue à l'Élysée, à Matignon et au Quai d'Orsay. Parmi les dignitaires criminels en visite à Paris, il y a notamment Jean-Bosco Barayagwiza, le chef politique des extrémistes hutus et actionnaire de Radio Mille Collines, qui sera condamné en décembre 2003 par le Tribunal pénal international d'Arusha à trente-cinq ans de prison.
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http://www.algeria-watch.de/fr/art [...] lusion.htm
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