A Cuba, les procès des dissidents s'ouvrent dans un huis-clos bien gardé
Accusés de "conspirer" avec les Etats-Unis et d'attenter à la sécurité de l'Etat, ils encourent jusqu'à la réclusion à perpétuité. La Commission cubaine des droits de l'homme dénonce une "justice expéditive". Le représentant américain dans l'île a mis en garde tout candidat au départ.
Saint-domingue de notre correspondant
Les procès des 78 dissidents cubains arrêtés au cours des quinze derniers jours se sont ouverts jeudi 4 avril, à La Havane et dans plusieurs villes de province de l'île (Le Mondedu mardi 1er avril).
Des peines allant de quinze ans de prison à la réclusion à perpétuité sont requises contre ces opposants, accusés par les autorités castristes de "conspirer" avec le représentant des Etats-Unis à Cuba, James Cason.
Selon le dernier décompte de la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (CCDHRN), douze dissidents risquent la perpétuité. Les opposants sont accusés de collaborer avec une puissance étrangère et de mettre en péril la souveraineté nationale. Ces "délits contre la sécurité de l'Etat" sont sanctionnés par "la loi 88 de protection de l'indépendance nationale", une législation très sévère adoptée en 1999 et qui n'avait jusqu'à présent pas été appliquée.
Ni la presse internationale ni les diplomates étrangers en poste à La Havane n'ont eu accès aux salles d'audience. Des diplomates des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays européens se sont présentés en vain au Tribunal suprême de La Havane, où étaient jugés Hector Palacios, l'un des principaux promoteurs du projet Varela, une campagne visant à obtenir des changements démocratiques par la voie constitutionnelle, et Osvaldo Alfonso, le président du Parti libéral démocratique.
"Il s'agit d'une justice expéditive, de procès sommaires comparables à la justice en temps de guerre", notait Elizardo Sanchez, le président de la CCDHRN, qui attendait jeudi soir les premiers verdicts en compagnie d'autres opposants ayant échappé à cette rafle, la plus sévère des dix dernières années.
"Les accusés n'ont aucune garantie, les droits de la défense sont bafoués comme lors des procès de Moscou. La majorité des avocats ont vu leurs clients pour la première fois à l'ouverture des audiences", ajoutait M. Sanchez. Après avoir annoncé les arrestations, la presse officielle n'a pas dit un mot des procès. "Dans l'histoire de Cuba, y compris durant l'époque coloniale, on n'avait jamais vu autant de personnes traduites en justice pour des délits d'opinion. Les seules pièces à conviction sont des livres, des carnets de notes, des ordinateurs ou des appareils photos", poursuivait le président de la CCDHRN.
Le procès de l'économiste indépendante Marta Beatriz Roque, l'une des figures emblématiques de la dissidence, n'a duré que quelques heures jeudi au Tribunal provincial populaire de La Havane où elle est jugée en compagnie de cinq autres accusés, dont un autre économiste Arnaldo Ramos Lauzurique.
La réclusion à perpétuité a été requise contre Marta Beatriz Roque après la déposition du témoin à charge Aleida Godinez Soler. Secrétaire générale de la Confédération ouvrière nationale indépendante de Cuba, ce dernier assistait fréquemment aux réunions et aux conférences de presse de l'opposition et avait récemment organisé un atelier d'éthique journalistique à la résidence du représentant des Etats-Unis, James Cason. Mme Roque s'est présentée à l'audience comme l'agent Vilma de la Sécurité de l'Etat.
Tandis que les dissidents étaient traduits devant les tribunaux, le président cubain Fidel Castro s'efforçait de mettre fin à la prise d'otages par un groupe d'hommes armés qui a détourné mercredi un ferry dans la baie de La Havane. Au nombre d'une dizaine, armés de pistolets et de couteaux, les pirates veulent se rendre aux Etats-Unis et détiennent une cinquantaine de passagers en otages. Après avoir dérivé vers le large, l'embarcation en panne de carburant a été remorquée jusqu'au port de Mariel, à l'ouest de La Havane.
Fidel Castro est resté plusieurs heures dans la zone portuaire de Mariel où avaient été dépêchées plusieurs ambulances et des unités d'élite de la police. Selon un communiqué officiel, les pirates ont de lourds antécédents pénaux, "un comportement féroce et un niveau culturel très bas". Ils menacent de s'en prendre aux otages s'ils sont attaqués par les forces de l'ordre.
Mercredi 2 avril au soir, la télévision avait diffusé une déclaration du représentant américain M. Cason mettant en garde les candidats au départ et annonçant que tout pirate de l'air ou de la mer serait lourdement condamné aux Etats-Unis et ne pourrait y obtenir le statut de résident.
Jean-Michel Caroit
http://www.lemonde.fr/article/0,59 [...] 6-,00.html
après la chine et la russie, cuba aussi se met à profiter du desinteret total des medias pour tout ce qui ne concerne pas l'irak pour faire le ménage tranquillement ...
(en esperant ressuciter ce topic mort né ...)
edit : voir aussi l'editorial du monde
http://www.lemonde.fr/article/0,59 [...] 0-,00.html
A+
Message édité par Babouchka le 05-04-2003 à 12:23:53